Dimanche dernier, les Bahá'ís de France ont tenu des commémorations (accessibles à toute personne intéressée) dans les 513 localités de l'Hexagone où ils résident. Pour l'lle-de-France, elle a eu lieu à Paris, de 9 h à 12 h 30 (leur prophète, le Bàb ayant été exécuté à midi), une cérémonie pour laquelle l'antenne massicoise était présente. D'autant plus que depuis le mois de mai, la ville est impliquée dans le manifeste pour la paix édité par l'Unesco et disponible dans tous les lieux publics.
Qui sont les Bahá'ís ? Le 9 Juillet 1850, à Tabriz, capitale régionale située au Nord-Ouest de la Perse (l'Iran actuel), devant les autorités civiles, religieuses et le corps consulaire, un jeune homme de 31 ans, surnommé "le Bàb" (la Porte), était exécuté publiquement par un escadron de soldats. "Son crime ? Avoir prêché au nom de Dieu, la liberté de conscience de chacun, l'égalité des sexes et la justice sociale, explique Pierre Martin, de l'antenne massicoise de l'association cultuelle, reconnue comme telle par le gouvernement français, le mouvement de réformes sociales et religieuses qu'il a lancé avait aussitôt suscité l'adhésion de très nombreux Persans, y compris parmi les dignitaires de la Cour et les membres du Clergé".
Le message du Bàb, toujours d'actualité, dénonce le fanatisme, les abus de pouvoir, et appelle à l'égalité à l'égard des femmes. Et c'est pourquoi, sous l'instigation de "la faction la plus fanatique" du clergé chiite, une persécution féroce s'est abattue historiquement sur les adeptes du Bàb. En effet, "vingt mille d'entre eux ont été sauvagement massacrés et martyrisés. Mais ceci n 'a pas empêché le mouvement de s'étendre". En Occident, ce drame a même été décrit dans toute son horreur par les diplomates étrangers en mission en Perse, notamment le comte de Gobineau, ou l'attaché militaire autrichien, Von Goumoëns. En France, les journalistes et les écrivains s'étaient émus à leur tour du destin tragique de ces Persans dont les idées correspondaient de manière surprenante aux aspirations des utopistes français. "Sarah Bernhardt, par exemple, voulait jouer l'histoire de la belle Tàhérèh au théâtre. En effet elle voulait incarner celle qui, le visage découvert et les cheveux au vent, jeune poétesse et érudite persane, l'une des apôtres du Bàb, avait osé en public, enlever son voile afin de démontrer, par ce geste symbolique, le commencement d'une ère nouvelle, avant d'être étranglée sur ordre des autorités". Une religion, au delà de son martyre, riche en histoire et en symbole.
MARTYR ET VIVANTAujourd'hui, 150 ans après, les Bahá'ís de Massy - qui considèrent le Bàb comme l'un des fondateurs de leur religion - se souviennent et commémorent cette souffrance, car cette religion, appelée la "Foi Bahá'ie", est toujours persécutée dans l'Iran actuel, même si elle est établie dans le monde entier. "Aujourd'hui elle compte quelque 7 millions de fidèles dans 235 pays et territoires dépendants", précise encore Pierre Martin. Sans clergé, elle s'organise sous la forme de conseils élus aux échelons local, national et international, et participe en qualité d'organisme non gouvernemental (ONG) aux actions de développement durable de l'Onu, et collabore avec l'Unicef, 1'OMS et le WWF.
Pour les Bahá'ís, il n'y a qu'un seul dieu, inaccessible, mais source d'inspiration. Les grandes religions mondiales étant toutes des chapitres de l'éternelle révélation de dieu aux hommes, et l'humanité une seule famille dont les membres sont voués à apprendre à vivre en paix. Un message de tolérance à considérer.
"Communauté internationale baha'ie", ONG accrédité avec statut consultatif, auprès de l'Organisation des nations unies, de l'Unicef, de l'OMS et du WWF. Renseignements auprès de Pierre Martin à Massy au 06.60.94.35.72.
Les "Bahá'ís de France" sont officiellement reconnus par le gouvernement français en tant qu' "association cultuelle".