Lucien Crevel préside depuis plusieurs années l'assemblée spirituelle nationale des Bahá'ís de France. Rencontre avec cet habitant de Niederhaslach qui vient de participer au congrès mondial de sa religion.
Pour les adeptes de la foi baha'ie, "la Terre n'est qu'un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens". C'est cette conviction qui vient de réunir, à Haifa en Israël, les représentants de 175 pays des cinq continents, venus participer à la convention internationale baha'ie.
Ce congrès a lieu tous les 5 ans dans cette ville israélienne qui abrite le conseil international de la religion baha'ie, et le tombeau de son fondateur, Bahá'u'lláh. La délégation française, composée de neuf membres, était menée par Lucien Crevel, un habitant de Niederhaslach.
Celui-ci préside depuis plusieurs année l'assemblée spirituelle nationale de Bahá'ís de France, et avait déjà assisté au précédent congrès de cette religion, il y a cinq ans. "J'ai l'impression de revenir du futur. J'avais l'impression de vivre dans 50 ans, lorsque ces idées seront beaucoup plus répandues", nous a-t-il confié lorsque nous l'avons rencontré lundi chez lui. Il rentrait tout juste de Haïfa.
Une religionLa foi baha'ie, qui est reconnue comme une religion à part entière, compte aujourd'hui quelque 6 millions d'adeptes dans le monde. Ils sont peu nombreux en France, quelque 4000 personnes, précise M. Crevel. La religion s'interdit tout prosélytisme. On ne verra jamais les Bahá'ís faire du porte à porte pour tenter de vous convertir.
Cela ne les empêche pas, convaincus que l'humanité aurait tout à gagner à s'unir, et que le temps est désormais venu pour cela, d'oeuvrer à cette unité entre les hommes et de ne pas craindre de le faire savoir. Cela passe par différentes voies, alliant le social et le spirituel.
On a ainsi évoqué à ce congrès parmi d'autres exemples, le travail mené en Inde, où les adeptes sont nombreux, en faveur de la création d'écoles et de dispensaires, et les action en Bolivie pour la survivance de la langue quechua des Indiens des Andes.
"Dans le monde occidental, le besoin le plus criant est d'aider les enfants a acquérir des principes moraux", souligne Lucien Crevel. C'est ce sur quoi ont insisté les délégués des divers pays d'Europe, y compris ceux d'Europe centrale et orientale. "Nous sommes dans une société en crise morale".
EspoirOn a parlé de la nécessité d'une éducation morale, de problèmes de drogues, de délinquance. "On essaye, selon les pays, de savoir ce que les gens ont besoin". Mais le message qu'apportent les Bahá'ís est un "message d'espoir".
Le 8e congrès mondial. qui a réuni quelque 1500 délégués, a vu livrer des témoignages du monde entier, des projets spécifiques pour l'éducation des femmes au Paraguay aux actions menées au Kazakhstan et dans d'autres anciennes républiques soviétiques. Près de 1300 projets socio-éducatifs sont ainsi menés dans le monde.
Les Bahá'ís insistent beaucoup l'égalité des hommes et des femmes. "c'est une obligation morale pour les filles de savoir lire et écrire", rappelle Patricia Crevel qui partage la foi de son époux et oeuvre, à Niederhaslach, dans le cadre de l'association baha'ie des femmes pour le développement, la paix et l'unité, en organisant des conférences, cours de soutien scolaire et autres rencontres culinaires interculturelles. Les femmes turques ou maghrébines du village y sont heureusement associées.
Promouvoir l'égalité des droits de l'homme et de la femme figure parmi les grands principes de la foi baha'ie. On sait que c'est par les femmes que se transmet la culture qui permettra de lutter contre les superstitions, les préjugés et les discriminations de race, de classe, de sexe, de nation ou de religion.
PrincesseToute la planète, mais aussi toutes les couches sociales étaient représentées à la convention de Haifa où Lucien Crevel a côtoyé la princesse de Sàmoa et l'épouse du président des Seychelles, qui partagent la même foi baha'ie. "On nous dit. vous êtes des utopistes. Non, ce congrès vient de démontrer que c'est possible : on peut avoir une vue commune de la race humaine".
M. Creve1 en est persuadé, "le monde avance chahotiquement, mais il avance vers son unité". A chaque Bahá'í "d'apporter quelque chose, selon l'endroit où il se trouve". Parlant de Bahá'u'lláh (1817-1892), fondateur de la foi baha'ie, Patricia Crevel souligne que "pour la première fois, nous avons un éducateur universel, qui vient donner des solutions pour toute la planète". Il y en eut d'autres parmi les religions révélées.
Les adeptes de la foie baha'ie ne les rejettent pas. Ils les reconnaissent, en pensant que leur religion baha'ie est l'aboutissement de ces croyances, une étape supplémentaire, à l'âge de la société multiculturelle et mondiale qui est la nôtre. Les Bahá'ís célébreront en automne prochain à Paris le centenaire de leur foi en France.
Huhert Birringer