LES Bahá'ís, UNE RELIGION AU SERVICE DE L'HUMANITE
Article réalisé par Djénane Kareh Tager, et présentée par Hélène Guyot-Sander(1)
Pourchassée sans répit en Iran depuis qu'elle est née au XIX° siècle, et plus cruellement encore sous le régime des ayatollahs (2) , cette religion méconnue est présentée aujourd'hui dans la plupart des régions du monde. Les Bahá'ís - ces tolérants non tolérés, comme les qualifie Amnesty International - prêchent la paix et l'unité, et donnent à la femme un vrai statut...
Depuis plusieurs mois, mollah Hussein sillone les routes d'Iran en quête de " Celui qui va venir ". Avant de mourir, son maître spirituel lui a confié cette mission et lui a fourni deux indications : l'envoyé de Dieu qu'il cherche est un descendant du prophète Mohamed (Mahomet). Et il a un rayonnement extraordinaire.
C'est à Chiraz que mollah Hussein rencontre sayyed ali Mohamad. Il le reconnaît d'emblée : il est " celui qui va venir ". L'homme se fait appeler le Báb, la Porte, en arabe. Car, dit-il, sa seule mission est d'ouvrir la voie à un nouveau messager, " Celui que Dieu rendra manifeste ". Le 23 mai 1844, le Báb proclame sa Révélation (3) : il abroge la loi islamique, décrète l'égalité des sexes, et multiplie les diatribes contre le fanatisme des religieux et la corruption des politiques. Nombreux sont les iraniens qui le suivent : ils se font appeler les Bábis. Mais le pouvoir en place flaire le danger. Une persécution féroce s'abat sur eux, faisant plus de vingt mille victimes. Le Báb lui-même est arrêté et condamné à mort. Il est exécuté à Tabriz le 9 juillet 1850. Le peloton doit s'y reprendre à deux fois : la première fois, le Báb se volatilise, échappant à ses bourreaux. Il est retrouvé dans sa cellule où il achève une discussion avec son secrétaire. A la deuxième tentative, il meurt.
Deux ans plus tard. Un jeune Bábi, Hussein Ali Nouri, fils d'un vizir du shah, le monarque iranien, croupit à la Fosse Noire, la redoutable prison de Téhéran. Une nuit d'août 1852, un flot de paroles divines se déverse sur lui : " En vérité, nous te rendrons victorieux par toi-même et par ta plume. " Peu après, Nouri est libéré, puis exilé à Bagdad avec d'autres Bábis qui le reconnaissent comme leur maître spirituel. Son demi-frère voulant s'emparer de cette fonction (4), Hussein Nouri se retire seul, durant deux ans, dans les montagnes du Kurdistan. Il écrit, il médite, il entre en contact avec des mystiques soufis. A son retour à Bagdad, il révèle être le messager annoncé par le Báb. Il prend le nom de Baha'ullah et ses compagnons s'appelleront plus tard les Bahá'ís.(5)
La communauté gagne en importance, les discours de son chef, s'en prenant aux pouvoirs religieux et politique, qu'il accuse de fanatisme et de despotisme, alarment les autorités. Alors, l'exil se poursuit. D'abord en Turquie, où Baha'ullah et les Bahá'ís sont déportés, par les autorités ottomanes, à Constantinople (Istanbul) et Andrinople (Edirne), puis à Saint-Jean-d'Acre, où Baha'ullah est emprisonné à la Citadelle. Dans toutes les villes qu'il traverse, les conversions à la nouvelle religion se multiplient. Les fidèles franchissent des centaines de kilomètres pour approcher le nouveau prophète. Sorti de prison, Baha'ullah est assigné à résidence à Saint-Jean-d'Acre. Il y décède le 28 mai 1892 après avoir désigné son fils, AbdulBahá'í pour lui succéder comme chef de la communauté.
Ce dernier encourage le développement du Bahá'ísme en Asie, en Europe et en Amérique du Nord - ou il effectuera deux voyages. Il pose les bases administratives de la nouvelle religion qui, à sa mort, en 1921, compte plusieurs milliers de fidèles. Son petit-fils, Shoghi Effendi, lui succède en tant que " gardien de la foi ". Il complète l'organisation de la communauté entamée par son grand-père, explicite son fonction- nement, instaure les premiers plans de développement de la communauté (6) : tous les Bahá'ís sont invités à s'y investir; d'une manière ou d'une autre. Shoghi Effendi meurt en 1957, sans descendant et donc sans possibilité de poursuivre le gardiennat. La destinée de la communauté repose depuis 1963 entre les mains d'un conseil international élu, la Maison universelle de Justice, installée à Haïfa, en Israël.
LES LIVRES SACRESEn 1863, Baha'ullah achève la révélation du Kitáb i-Aqdas, littéralement le Livre le plus Saint. Divisé en versets, cet ouvrage d'une cinquantaine de pages mêle envolées métaphysiques et conseils pratiques relatifs à la communauté et à ses membres. Baha'ullah y expose sans ordre apparent des règles d'hygiène - par exemple l'obligation de se laver chaque jour les pieds -, et d'autres de solidarité - telle la constitution de caisses d'aide aux agriculteurs en cas de mauvaises récoltes. Le Livre est rédigé en prose, dans un arabe littéraire très sophistiqué : le fondateur du Bahá'ísme connaissait pourtant très mal cette langue. Dans le deuxième ouvrage, en ordre d'importance, Kitáb i-Iqan, le Livre de la Certitude, écrit cette fois en persan, Baha'ullah expose les bases doctrinales de sa nouvelle religion. Il reprend des versets du Coran et de la Bible, et les interprète sur de nouvelles bases, revendique la création d'une nouvelle religion et pose les qualités que doit acquérir tout être en recherche de Dieu. Au total, le fondateur du Bahá'ísme a écrit une centaine de livres, en prose et en vers, en arabe et en persan. Plusieurs ont été traduits en français. Ils sont tous considérés comme des ouvrages saints par les Bahá'ís qui y puisent, à leur gré, les textes de leurs prières et de leurs méditations.
Mais la liste des ouvrages sacrés du Bahá'ísme ne s'arrête pas là. Elle comprend les écrits d'AbdulBahá'í le fils du fondateur... et tous les textes saints des autres religions : la Bible des juifs et des chrétiens, la Bhagavad-Gira des hindous, les sermons du Bouddha, le Coran des musulmans. Considérés être le fruit de révélations successives, ces textes sont tous lus et étudiés par les membres de la communauté. Les Bahá'ís recherchent ce qui constitue le tronc commun de toutes les religions.
LA FOI BAHA'IE" La terre est un seul pays et tous les hommes en sont les citoyens. " Cette phrase de Baha'ullah constitue le pilier du Bahá'ísme, une religion profondément égalitaire quelque soit le critère retenu : âge, sexe, race ou religion. Elle explicite par ailleurs le projet-phare du fondateur : transformer notre planète en une Fédération mondiale, garante de la paix civile. Sur cette planète-là, régie par la justice sociale et économique, chaque peuple exalterait ses singularités dans une perspective constructive.Les richesses n'appartiendraient pas à quelques groupes ou nations elles seraient le patrimoine commun de l'humanité.
D'autre part, la foi baha'ie repose sur le principe de l'unité fondamentale de toutes les grandes religions. Celles-ci, a dit Baha'ullah, ont été révélées progressivement par les " manifestations " (7) successives du Dieu unique : Krishna, Zoroastre, Abraham, Bouddha, Moïse, le Christ, Mahomet et le Báb. Et la liste n'est pas exhaustive. Ces manifestations ont toutes transmis le même message divin, un message d'amour et de respect, qu'elles ont toutefois adapté à leur contexte socioculturel. Elles ont alors abrogé des rites et des lois spécifiques qui ont constitué autant d'avancées décisives pour leur époque, mais qui sont ensuite devenues caduques. Inspirées par Dieu, ces lois sont le moteur de la civilisation.
La révélation baha'ie n'est qu'une étape supplémentaire de l'Alliance (8) , c'est-à-dire le rapprochement entre l'homme et Dieu. Chaînon d'un " processus qui n'a pas eu de commencement et n'aura pas de fin ", Baha'ullah sera lui-même un jour appelé à avoir un successeur qui instaurera une nouvelle religion, quand l'évolution sociale l'exigera. Pas avant mille ans, a pris soin de préciser le fondateur du Bahá'ísme. Entre-temps, son message spécifique consiste à réaliser l'unité de la race humaine, contribuer bien sûr à son développement spirituel, mais aussi assurer les conditions économiques propices à ce développement. Car, souligne Baha'ullah, une vie matérielle décente favorise le progrès moral.
Tel est le sens de la vie au regard des Bahá'ís. Notre vie terrestre, a encore dit Baha'ullah, est comparable à la vie du foetus dans le ventre de Sa mère : ignorant presque tout du monde extérieur, le foetus acquiert cependant des aptitudes qui lui permettront de s'adapter à ce monde et d'y parfaire son développement. De même, au cours de cette vie, la seule qui nous soit accordée sur terre, l'âme acquiert les outils nécessaires pour affronter l'autre vie où son développement se poursuivra sous forme d'un cheminement vers Dieu.
RITES ET PRATIQUESLa religion baha'ie s'est constituée sans clergé : n'importe quel membre de la communauté, homme ou femme, âgé de plus de vingt et un ans, peut conduire les assemblées de prières et célébrer les mariages et les enterrements. Cette religion ne connaît pas non plus de sacrements. Ainsi, il n'existe pas de "baptême" baha'i, mais une simple profession de foi, révocable, et qui peut même être prononcée en l'absence de témoins. La présence de ces derniers est cependant indispensable lors de la cérémonie de mariage : celle-ci consiste, pour les époux, à prononcer une seule phrase, " en vérité, nous dépendons tous de la volonté de Dieu ".
Le calendrier Bahá'í est divisé en dix-neuf mois de dix-neuf jours chacun, auxquels s'ajoutent quatre jours intercalaires (cinq, lors des années bissextiles). Chaque mois débute par une réunion communautaire qui se déroule soit dans un centre local, soit chez un membre de la communauté. La réunion se déroule en trois parties. La première est consacrée aux prières et lectures de textes sacrés, la deuxième aux questions administratives, et la troisième, plus festive, au partage d'une collation. D'autres réunions sont organisées à l'occasion des fêtes Bahá'ís (9) : les questions administratives ne sont alors pas évoquées. Par ailleurs, les Bahá'ís sont tenus de prier au moins une fois par jour, le regard tourné vers Saint-Jean-d'Acre où est enterré Baha'ullah (10). Ils récitent alors l'un des trois textes prescrits par le fondateur. Ils lisent également un extrait de ses écrits matin et soir. Ala', le dix-neuvième mois de l'année baha'ie (du 2 au 20 mars) est un mois de jeûne: les fidèles s'abstiennent de toute nourriture et boisson du lever du soleil jusqu'à son coucher.
Les sept temples Bahá'ís appelés Maisons d'adoration - des "cathédrales" implantées dans chaque continent -, sont des lieux de prière ouverts à tous les croyants, sans distinction de religion. Seuls les prêches et sermons en chaire y sont interdits : en effet, le Bahá'ísme considère que tout fidèle doit mener sa propre recherche spirituelle et que nul n'a le droit de lui dire comment penser sa foi. Dans l'un de ses écrits, `Abdu'l-Bahá'í affirme que quand deux croyants se disputent au sujet de la compréhension d'un texte, c'est qu'ils n'ont rien compris, l'un et l'autre, à ce texte. Notons que les sept Maisons d'adoration sont construites sur un même modèle architectal, avec un dôme central et neuf portes symbolisant neuf grandes révélations, dont judaïsme, christianisme, islam, zoroastrisme, bouddhisme, hindouisme...
La religion baha'ie impose un certain nombre d'interdits, parmi lesquels l'absorption d'alcool et de drogues et les jeux de hasard. D'autre part, cette religion a adopté les interdits énoncés dans les Dix commande- ments de la Bible, et en a rajouté un autre : la médisance, citée dans le même verset que le meurtre. Enfin, le Bahá'ísme prône la monogamie et la fidélité, elle condamne les superstitions et érige le travail sous toutes ses formes au rang de prière. Au nom de la courtoisie, que tout Bahá'í se doit d'ériger en art de vivre, hygiène et soin vestimentaire constituent une obligation de foi.
La direction de la communauté est assurée par trois assemblées élues, constituée chacune de neuf membres les assemblées locales et nationales renouvelées chaque année et auxquelles participent aussi bien les hommes que les femmes, et l'asemblée suprême, la Maison universelle de Justice, dont les neuf membres, tous des hommes, sont élus tous les cinq ans par des délégués du monde entier. La Maison dispose d'une infaillibilité dite relative : ses décisions ne sont pas contestées par la communauté, mais elles peuvent subir des modifications ultérieures, par décision de la Maison. Celle-ci décide en outre de la mise en application progressive des lois baha'ies, comme l'obligation de procéder à des ablutions avant la prière quotidienne et la mise en place d'une nouvelle prière, qui consistera à répéter quatre-vingt-quinze fois par jour l'incantation Allah w'Abha (" Dieu est le plus Glorieux ") qui servira par ailleurs de formule de salutation pour tous les Bahá'ís. Ya baha'ul'Abha ( littéralement " Gloire du Plus Glorieux ")est une autre formule usité par les Bahá'ís.
Réalisé par Djénane Kareh Tager" Baha'ullah a fondé une religion basée sur des principes de paix, de justice et d'égalité. De ces principes, il a fait les piliers de notre foi et il nous a promis que la paix viendra. C'est pourquoi nous sommes confiants à l'aube de ce nouveau millénaire : même si l'humanité doit traverser des crises, elle parviendra à une paix durable et à une propérité qui bénéficiera à toute l'humanité. Notre credo repose par ailleurs sur l'égalité : entre les sexes, entre les races, entre les religions. Baha'ullah a proscrit toute forme d'asservis- sement et de préjugé et a décrété l'accès de tous au savoir et à l'éducation. Il a valorisé le rôle de la femme. Notre mode d'élection constitue un modèle de démocratie où chaque fidèle peut élire et être élu, sans candidat, sans campagne, mais dans une atmosphère de recueillement.
Enfin, nous ne prétendons pas être possesseurs de " la " Vérité. Notre foi considère la vérité comme relative, elle reconnaît la valeur de toutes les religions qui l'ont précédée. Depuis les premiers balbutiements du Bahá'ísme, nous nous livrons de fait au dialogue interreligieux : tout Bahá'í se doit de connaître les Livres révélés et les doctrines religieuses des autres croyants.
Evidemment, la religion baha'ie peut paraître contraignante, avec ses lois, ses prières et l'investissement qu'elle réclame. En apparence, certaines de nos règles peuvent sembler incompréhensibles. Par exemple la nécessité, avant de se marier, d'obtenir l'accord de ses deux parents biologiques. Faute de quoi, le mariage ne peut avoir lieu, quel que soit l'âge des fiancés ! Ou encere l'interdiction de boire de l'alcool. Nous sommes par ailleurs engagés dans des projets humanitaires : projets d'alphabétisation, de lutte pour les droits de la femme ou la préservation de l'environnement. Quant aux lois, j'estime personnellement qu'elles sont édictées par Dieu. Donc, je m'y plie... et j'en ressens les bienfaits au quotidien. Comme pour toute religion, il serait absurde de prendre du Bahá'ísme ce qui convient à notre ego et d'oublier le reste !"
Hélène Guyot-SanderA l'arbre de gloire resplendissante, j'ai accroché pour toi les fruits du meilleur choix : pourquoi t'en es-tu détourné pour te contenter des moins bons ? Reviens donc vers ce qui est préférable pour toi dans le royaume céleste.
Ô fils de l'esprit !Je t'ai créé noble, pourtant tu t'es abaissé. Elève-toi donc à la condition pour laquelle tu fus créé.(...)
Ô fils de l'homme !Ne refuse pas à mon serviteur ce qu'il pourrait te demander, car son visage est mon visage; alors ne soit pas présomptueux devant moi.
NOTES(1) Mariée, mère de trois enfants, Hélène Guyot-Sander accomplit son troisième mandat à l'Assemblée spirituelle des Bahá'ís de France, instance supérieure de la communauté au niveau national. Maître de conférences à l'université Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, où elle enseigne l'allemand économique et technique, elle avoue consacrer "un bon mi-temps" à sa religion : conférences publiques, réunions administratives et déplacements divers ponctuent ses soirées et ses week-ends.
(2) Environ six millions de personnes, réparties entre 235 pays, se réclament de la foi baha'ie. Parmi elles deux cent mille vivent en Iran, le berceau du Bahá'ísme où, depuis la Révolution islamique de 1979, elles sont en proie à de terribles persécutions. Le Bahá'ís sont autant de " petits satans ", accusés tour à tour de pratiquer la sorcellerie, de fomenter de noirs complots contre le régime où d'être des agents " du sionisme et de l'impérialisme international ". Dans un pays où le statut civil est régi par les religions, ils sont interdits de mariage - puisque leur religion n'est pas reconnue. Leurs enfants, forcément des bâtards, n'ont pas le droit d'hériter. Les portes de l'enseignement leur sont en outre fermées, et leur " université libre " a été prise d'assaut, en octobre dernier, par les forces armées iraniennes. Depuis l'avènement du régime islamiste, deux cents Bahá'ís ont été exécutés parce qu'ils refusaient d'abjurer leur foi. Amnesty International dénonce la " situation d'apartheid " à laquelle les Bahá'ís d'Iran sont soumis.
(3) Révélation : terme employé par Baha'ullah pour désigner la transmission de la parole de Dieu.
(4) Dès que Baha'ullah a révélé être nouvel envoyé de Dieu annoncé par le Báb, son demi-frère, Sobhi Azal, a refusé de reconnaître son autorité : entouré de quelques Bábis, il a estimé que la nouvelle prophétie ne pourrait advenir avant mille cinq cents à deux mille ans. Les fidèles de Sobhi Azal, appelés les Azalis, ont été exilés à Chypre, en 1868. La communauté compte aujourd'hui quelques dizaines de milliers de fidèles, dont moins de cinq mille en Iran. Elle proclame sa fidélité au seul Báb. D'autres schismes interviennent tout au long de la - courte - histoire du Bahá'ísme. Ils sont l'oeuvre de fidèles contestant l'autorité des chefs suprêmes de la communauté, d'abord AbdulBahá'í puis Shoghi Effendi et la Maison universelle de Justice. Il existe par exemple un mouvement de la Foi internationale baha'ie orthodoxe, essentiellement implanté aux Etats-Unis et au Pakistan. Tous ces mouvements sont restés marginaux. En effet, Baha'ullah a exhorté les croyants à rester toujours unis, dans le respect de la petite alliance.
(5) Bahá'í : mot arabe qui recouvre trois attributs divins gloire, splendeur et lumière. Les Bahá'ís sont le peuple de Bahá'í
(6) Plans : ce sont des actions humanitaites auxquelles tout Bahá'í doit se consacrer dans le domaine de l'éducation, de l'alphabétisation, de l'aide aux immigrés, de l'hygiène, etc...Plus de mille cinq cents plans de grande envergure sont menés au niveau international.
(7) Manifestations de Dieu : titre donné par les Bahá'ís aux grands prophètes et fondateurs de religion. Ces "messagers" sont de parfaits miroirs des attributs et de la perfection divine.
(8) L'alliance entre Dieu et les hommes est au coeur de la foi baha'ie. Elle est rappelée, à intervalles réguliers, par des prophètes qui perpétuent le principe de révélation progressive. Le Báb et Baha'ullah sont des maillons de cette chaîne de prophètes qui comprend aussi bien Jésus que Bouddha, Zoroastre ou Mahomet.
(9) L'année baha'ie commence à l'équinoxe du printemps, le 21 mars : c'est la fête de Norouz, le nouvel an iranien, à laquelle s'achève le mois (dix-neuf jours) de jeûne des Bahá'ís. Le 21 avril, à 15 heures, débute la fête de Ridvan, qui commémore la révélation de Baha'ullah, à Bagdad, en 1863. C'est la plus grande fête baha'ie ; elle s'étale sur douze jours, jusqu'au 2 mai inclus. Les premiers, neuvième et douzième jours sont traditionnellement chômés. Par ailleurs, le 21 avril sont également organisées les élections des assemblées spirituelles locales. Le 23 mai, les Bahá'ís célèbrent la Manifestation du Báb. Plusieurs autres fêtes marquent le calendrier Bahá'í : le 29 mai, date de " l'ascension " (la mort) de Baha'ullah ; le 9 juillet, qui marque le martyre du Báb ; le 20 octobre et le 12 novembre, dates respectives de la naissance du Báb et de Baha'ullah. Deux autres fêtes, de moindre importance (elles ne sont pas chômées) célèbrent l'anniversaire d'Abdulbaha' (le 26 novembre, jour de sa naissance), et son " ascension ", son décès, (le 28 novembre). Toutes ces fêtes donnent lieu à des réunions à l'échelon local, avec prières, collation... et musique. Enfin, chaque année, du 26 février au 1 mars, soit entre le dix-huitième et le dix-neuvième mois de l'année baha'ie, quatre ou cinq jours sont appelés Ayyam i-Ha, les Jours intercalaires. Ils sont consacrés à la fête, à l'hospitalité, et des cadeaux sont parfois remis aux enfants.
(10) Les deux principaux lieux saints du Bahá'ísme ont été rasés, dès les origines de cette religion, par les autorités iraniennes. Il s'agit des lieux de naissance du Báb, à Chiraz, et de Baha'ullah, à Téhéran. Les Bahá'ís ne perdent pas espoir d'en faire, dans l'ave-nir, deux destinations de grands pèlerinages. Une troisième destination est également prévue à Bagdad, dans les jardins où Baha'ullah a révélé être le messager de Dieu annoncé par le Báb. A l'heure actuelle, les pèlerinages Bahá'ís se déroulent en lsraël, à Haïfa où ont été transportés les restes du Báb en 1899 et à Akko (Saint-Jean-d'Acre) où est enterré Baha'ullah. C'est également à Haïfa, sur le Mont-Carmel, que se trouve le siège de la Maison Universelle de Justice, la plus haute autorité baha'ie, ainsi que le bâtiment des Archives internationales baha'ies et son musée où sont exposés objets et manuscrits en rapport avec la vie des fondateurs du Bábisme et du Bahá'ísme. A Akko, les pèlerins Bahá'ís visitent la villa dite de Bahji, dernier lieu de résidence de Baha'ullah, entourée de ses magnifiques jardins. C'est le premier des lieux saints Bahá'ís.
POUR EN SAVOIR PLUSLes principaux ouvrages de Baha'ullah et d'Abdulbaha' ont été traduits en français et sont publiés par la Maison d'éditions Baha'ie de Bruxelles. Plusieurs autres ouvrages d'introduction ont par ailleurs été consacrés à cette religion. Citons, entre autres:
~ Les Jardiniers de Dieu, de Colette Gouvion et Philippe Jouvion
(Tacor international / Berg international, Versailles / Paris, 1989)
~ Les Bahá'ís, peuple de la triple unité, de Christian Cannuyer (Brepols, Paris, 1981)
~ Les Bahá'ís ou victoire sur la violence, de Christine Samandari (Pierre-Marcel Favre, Paris, 1982).
Il existe un centre national Bahá'í pour la France : Assemblée spirituelle nationale des Bahá'ís de France, 45, rue Pergolèse, 75 016 Paris.