Une exposition, salle Chepfer de l'hôtel de ville retrace l'histoire de la religion baha'ie, originaire de Perse.
Ils sont six millions à travers le monde, 200.000 en France et une quinzaine à Nancy. Les Bahá'ís sont des disciples de Bahá'u'lláh (La Gloire de Dieu), fils d'un dignitaire de la cour persane qui se dit messager de Dieu, envoyé par Báb, un jeune marchand de Shiraz qui, en 1844, s'élève contre la corruption du régime du Shah. Tout en prônant un message de justice sociale, Báb affirme que sa mission principale est de préparer les hommes à la venue d'un messager divin universel qui restaurera une ère de justice et de liberté. Le Bábisme est né, faisant de nombreux adeptes, suivi un demi-siècle plus tard par son héritier spirituel, Bahá'u'lláh. Ce dernier passera sa vie en prison et écrira du fond de sa geôle une centaine d'ouvrages, " bible " des Bahá'ís. Dans son testament, il désigne son fils aîné pour poursuivre sa mission. Incarcéré à l'âge de 20 ans, `Abdu'l-Bahá'í sort de prison à 60 ans et passe le reste de sa vie à professer sa foi à travers le monde. L'exposition, présentée jusque dimanche, salle Chepfer de l'hôtel de ville, le montre, au début du siècle au pied de la Tour Eiffel.
Un temple par continentLa religion baha'ie n'est pas considérée comme une secte. Au contraire, elle est reconnue par les Nations Unies. Elle est fondée sur le monothéisme et prône l'unité du genre humain, l'égalité hommes-femmes, la réduction de l'écart entre riches et pauvres. Il n'y a pas de clergé, mais des représentants élus pour un an. L'assemblée spirituelle locale compte 9 membres qui élisent des délégués régionaux désignant eux-mêmes des représentants à la convention nationale. A l'échelon mondial, le corps suprême, c'est la Maison universelle de justice, installée sur les pentes du Mont Carmel. Les Bahá'ís vivent leur foi au quotidien, sans dogme ni rituel. Un seul temple par continent. Pour l'Europe, il est situé à Francfort. On s'y recueille librement et la prière peut être alimentée par le corpus des textes fondateurs, mais aussi par des sourates du Coran, des psaumes chrétiens ou des passages de l'Ancien Testament. Tout est laissé au libre arbitre de celui qui a épousé la foi baha'ie. Les coreligionnaires déploient une importante activité caritative financée sur leurs fonds propres.
L'exposition en fait largement état.Ce vendredi à 20 h 30. Mawushi Nutakor, écrivain africain, donnera une confé-rence sur " l'engagement social et économique des Bahá'ís dans le monde ".
Bahá'u'lláh écrivait du fond de sa prison : " Nous ne désirons que le bien du monde et le bonheur des nations. "
Qui ne saurait souscrire à cette profession de foi ?
Didier HEMARDINQUER(Exposition sur la foi baha'ie en France, salle Chepfer de l'hôtel de ville de Nancy, rue Pierre-Fourrier. Jusque dimanche 14 février. de 10 h à 18 h.)
---------------------------------------Secrétaire des Bahá'ís de Nancy, Elaheh Lo Cascio appartient à la sixième génération de Bahá'ís. Sa grand-mère est née dans la prison où était enfermé le fondateur de la religion. C'est Bahá'u'lláh, en personne, qui lui a donné son prénom. " Depuis que je suis toute petite, on m'a appris à connaître toutes les religions. " confesse la jeune femme, née au Maroc et installée en France, avec toute sa famille, depuis 1984. A ses côtés, François Petit, commercial retraité, qui a embrassé la foi baha'ie à l'âge de 21 ans. " D'origine catholique, j'ai cherché autre chose, parce que j'étais insatisfait. C'est un ami, maître d'armes, qui m'a dit : compte-tenu de tes idées, tu devrais voir les Bahá'ís ; ça correspondait tout à fait à ma philosophie. "
François Petit a voulu se marier selon la foi baha'ie. " C'est très simple, chacun des futurs époux doit déclarer, devant témoins " En vérité, nous dépendons de la volonté de Dieu ". C'est la seule parole imposée. Pour le reste, on est libre de choisir les textes et la musique que l'on veut. "
Quant à Nicole Marecaux, d'origine protestante, elle a découvert la foi baha'ie il y a 13 ans, à travers les livres : " ça correspondait à ce que je cherchais depuis longtemps. "
Didier HEMARDINQUER