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Le Nouveau jardin : nouveau-jardin
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Source: www.bahai-biblio.org
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LE NOUVEAU JARDIN
Hushmand Fathea'zam

"Le Nouveau Jardin" est dédié aux masses de l'Inde qui se réveillent, en gage de ma gratitude pour toutes les bonnes leçons de dévotion, de sincérité et d'amour que j'ai apprises d'elles."

Hushmand Fathea'zam,
Traduit de l'anglais par Daniel Schaubacher
Table des matières
1. DIEU ET SA RELIGION
1.1. Notre raison d'être
1.2. Comment connaître Dieu?
1.3. L'amour de Dieu
1.4. L'unité de la religion
1.5. La religion se renouvelle
1.6. La religion progressive
2. LES MANIFESTATIONS DE DIEU
2.1. Krishna
2.2. Bouddha
2.3. Moïse
2.4. Zoroastre
2.5. Jésus-Christ
2.6. Muhammad
2.7. Le Báb
2.8. Bahá'u'lláh
2.9. 'Abdu'l-Bahá
2.10. Shoghi Effendi - Le gardien de la foi
3. QUELQUES ENSEIGNEMENTS ET PRINCIPES
3.1. L'unité du genre humain
3.2. L'abandon des préjugés
3.3. La recherche de la vérité
3.4. Une langue universelle
3.5. L'égalité de l'homme et de la femme
3.6. L'éducation universelle

3.7. La religion et la science doivent aller de pair

3.8. L'abolition des extrêmes dans la pauvreté et dans la richesse

3.9. Le bonheur
3.10. L'immortalité
3.11. Le ciel et l'enfer
3.12. Les miracles
3.13. Enseignements moraux et éthiques
4. L'ADMINISTRATION
4.1. Une religion sans clergé
4.2. Qu'est-ce que l'administration bahá'ie ?
4.3. Election d'une assemblée spirituelle

4.4. Les devoirs de l'assemblée spirituelle locale

4.5. Fonction des membres du bureau de l'assemblée spirituel

4.6. Election des membres du bureau de l'assemblée spirituelle

4.7. La consultation

4.8. Modèle d'une réunion de travail de l'assemblée spirituelle

4.9. Relation entre l'assemblée spirituelle et l'institution de la Fête des dix-neuf jours

4.10. Quelques points importants au sujet de la Fête des dix-neuf jours

4.11. L'Assemblée spirituelle nationale
4.12. La Convention
4.13. La Maison Universelle de Justice

4.14. Quelques points importants de l'administration bahá'ie

4.15. Les temples Bahá'ís
4.16. Le Fonds bahá'i
5. QUELQUES LOIS ET OBLIGATIONS
5.1. Propreté
5.2. Prière
5.3. Jeûne
5.4. Le travail est un acte d'adoration
5.5. Enseigner la cause de Dieu
5.6. Interdiction des boissons alcoolisées
5.7. Observer les jours fériés
5.8. Mariage
5.9. Loyauté envers le gouvernement
5.10. Comment devient-on bahá'i?
1. DIEU ET SA RELIGION
1.1. Notre raison d'être

Avez-vous jamais comparé la jungle avec la ferme ? Dans la jungle, les arbres poussent de manière sauvage: les buissons y sont épais, les plantes y croissent dans toutes les directions. La ferme, elle, a des limites géométriques; la terre, irriguée par un réseau de canaux ou de cours d'eau, y est cultivée. On y trouve un champ de blé par-ci, un champ de cannes à sucre par-là.

Quelle est la différence entre la jungle sauvage et la ferme?

Dans la ferme, nous constatons que, partout, il y a de l'ordre, tandis que dans la jungle, il n'y en a pas. Dans la ferme, on a pris soin et on s'est occupé de toutes choses, tandis que dans la jungle, chaque chose pousse au hasard, sans ordre.

Là où se trouve l'ordre, il a une raison d'être. Nous ne cultivons pas un champ sans motif. Nous ne creusons pas de canaux ou de puits sans raison. Nous avons une raison pour effectuer tous ces travaux. Si nous n'en avions pas, nous aurions laissé les champs exposés à la pluie, aux vents et au soleil. Nous les aurions abandonnés et ils se seraient transformés en jungle, avec toute sa vie sauvage. L'ordre du champ a une raison d'être.

Considérez la création comme un tout. N'y voyez-vous pas un ordre parfait partout? Regardez la Lune, comme elle apparaît puis disparaît! Le mois prochain, le croissant de la nouvelle Lune brillera de nouveau dans le ciel, comme un poignard d'or. Mais attendez encore quinze jours et regardez le lever de la pleine Lune dans toute la beauté de son cercle d'argent. Vous pouvez compter les jours du cycle de la Lune parce qu'elle se lève et disparaît dans l'ordre. Considérez le Soleil, le changement des saisons, la naissance d'un enfant, la croissance des plantes. Partout, l'ordre est présent. C'est pourquoi tous ces phénomènes ont, à l'origine, une raison d'exister, Ils ne sauraient exister sans raison.

Pourquoi avons-nous été créés ? Pour connaître Dieu, notre Créateur et l'adorer. Si nous le connaissons, nous donnons un sens à notre vie. La raison d'être d'une lampe est de donner de la lumière. Celle d'une flûte est de produire des notes mélodieuses. Nous devons connaître Dieu pour savoir pourquoi nous avons été créés. Si nous l'ignorons, nous sommes semblables à des lampes éteintes, à des flûtes silencieuses.

Bahá'u'lláh, la grande manifestation de Dieu pour cet âge, a révélé la prière suivante:

"Je suis témoin, ô mon Dieu, que tu m'as créé pour te connaître et t'adorer. J'atteste, en cet instant, mon impuissance et ton pouvoir, ma pauvreté et ta richesse. Il n'y a pas d'autre dieu que toi, celui qui secourt dans le péril, celui qui subsiste par Lui-même."

Bahá'u'lláh nous a demandé de réciter cette prière chaque jour à midi, afin de ne jamais oublier la raison de notre création. Devenons des flûtes mélodieuses, des flûtes vibrantes de la louange de Dieu ! Ne soyons pas des flûtes muettes!

1.2. Comment connaître Dieu?

Notre vie, sur cette terre, dépend en grande partie du soleil. Le soleil nous donne la lumière et la vie. Si, pendant un court instant, sa bénédiction nous était retirée, tout mourrait à la surface de la terre. Et pourtant, il nous est impossible d'en approcher, d'aller directement à lui. Si nous essayions de le faire, le soleil, cette même source de lumière et de vie, nous brûlerait et nous anéantirait. Nous sommes trop faibles pour supporter sa chaleur et sa lumière directes. Mais, par ses rayons, le soleil nous prodigue son énergie, sa chaleur sa lumière et la vie. Ce sont ses rayons qui nous relient à lui.

Dieu, le Tout-Puissant, le Créateur, l'Omnipotent, est incommensurablement plus grand que nous ne saurions l'imaginer. Il est "l'Essence inconnaissable". Comment l'atteindre par nos propres efforts? Nous nous brûlerions en essayant de nous en approcher. Comment pouvons-nous espérer accéder à la présence de Dieu, le Créateur de toutes choses - le Très-Glorieux, le Très-Haut ? Nous ne pouvons pas le rejoindre, mais Il peut venir à nous. Le soleil nous envoie son énergie par ses rayons. La guidance et la gloire de Dieu nous sont connues grâce à ses manifestations tels Jésus-Christ, Muhammad, Krishna et Bahá'u'lláh. Les manifestations de Dieu constituent le seul moyen d'accéder à sa présence. Sans elles, l'humanité serait restée dans les ténèbres et nous ne pourrions vivre. Si nous reconnaissons les manifestations de Dieu, nous avons reconnu Dieu.

Si nous les renions, nous renions Dieu. Bahá'u'lláh, la manifestation divine pour notre âge, nous dit: " La porte de la connaissance de l'Éternel a toujours été et restera à jamais fermée à la face des hommes. Il n'est pas d'intelligence humaine qui puisse obtenir l'accès de sa cour sainte. Toutefois, en gage de sa miséricorde et en preuve de sa tendre bonté, Il a manifesté aux hommes les Étoiles du matin de sa direction divine, les Symboles de sa divine unité et Il a voulu que la science de ces êtres sanctifiés soit identique à sa propre science. Qui les reconnaît a reconnu Dieu; qui écoute leur voix, écoute la voix même de Dieu, et qui atteste la vérité de leur révélation, atteste la vérité de Dieu Lui-même. De même, quiconque se détourne d'eux s'est détourné de Dieu, et quiconque n'a pas cru en eux a refusé de croire en Dieu. Chacun d'eux est la voix de Dieu qui relie ce monde au royaume d'en haut. Chacun d'eux est l'étendard de la vérité divine pour tous les habitants du ciel et de la terre. Ils sont les manifestations de Dieu parmi les hommes, les preuves de sa vérité et les signes de sa gloire."

1.3. L'amour de Dieu

La connaissance des manifestations divines fait naître l'amour de Dieu en nos coeurs. L'amour de Dieu est la source du bonheur éternel, la cause de notre création, comme nous l'a dit Bahá'u'lláh:

"Ô fils de l'homme. Caché en mon être éternel et dans l'antique éternité de mon essence, je savais mon amour pour toi, aussi t'ai-je créé. J'ai gravé en toi mon image et je t'ai révélé ma beauté." Dieu nous aime et nous a créés, ll ne nous laissera jamais plus livrés à nous-mêmes, sans secours, parce qu'Il nous aime et continuera toujours à nous aimer. Il se manifeste à nous d'âge en âge.

'Abdu'l-Bahá nous dit:

"Considérez la mesure dans laquelle l'amour de Dieu se manifeste. Les points d'aurore de ses manifestations sont les signes de son amour. Quel degré infini d'amour est reflété par les manifestations divines à l'égard de l'humanité ! Dans le but de conduire les peuples, les manifestations ont volontairement accepté de perdre la vie pour ressusciter les coeurs des hommes. Elles ont accepté la croix. Pour permettre aux âmes des hommes d'atteindre le degré suprême du progrès, elles ont enduré, pendant leur courte vie, des épreuves et des difficultés extrêmes...

Remarquez combien rares sont les âmes humaines qui sacrifient leur plaisir et leur confort pour d'autres; combien il est improbable pour un homme d'offrir un oeil ou de souffrir lui-même l'écartèlement pour le bien de son prochain ! Et pourtant, toutes les manifestations divines souffrirent, offrirent leur vie et leur sang, sacrifièrent leur existence, leur confort et tout ce qu'elles possédaient pour le bien de l'humanité. C'est pourquoi, considérez combien grand est leur amour. Sans la lumière qu'elles prodiguèrent, les âmes des hommes ne seraient pas illuminées. Combien efficace est leur amour... C'est un signe de l'amour divin: un rayon du Soleil de Réalité."

"Dieu nous aime et veut que, à notre tour, nous l'aimions." Ô fils de la vision merveilleuse ! dit Bahá'u'lláh. J'ai insufflé en toi une parcelle de mon propre esprit afin que tu puisses être mon amant. Pourquoi m'as-tu délaissé et as-tu cherché un autre bien-aimé que moi ?" "Être celui qui aime Dieu l Voilà le seul but de la vie pour un bahá'i; voir en Dieu son plus proche compagnon, son ami le plus intime, son bien-aimé incomparable dont la présence donne la plénitude de la joie. Et aimer Dieu signifie aimer tous les êtres et toutes les choses car tout vient de Dieu. Le vrai Bahá'í sera le parfait amant. Il aimera chacun d'un coeur pur avec ferveur. Il ne haïra personne. Il ne méprisera personne, car il aura appris a voir le visage du Bien-Aimé sur chaque visage et à reconnaitre partout ses traces. Son amour ne connaîtra aucune barrière de secte, de nation, de classe ni de race." (Bahá'u'lláh et l'Ere nouvelle)

Aimer son prochain devient facile lorsque l'amour de Dieu est dans nos coeurs, comme nous le dit Abdu'l-Bahá:

"L'amour qui existe entre les coeurs des croyants est engendré par l'Idéal de l'unité spirituelle. La connaissance de Dieu est la source de cet amour de sorte que chacun volt l'amour divin reflété dans les coeurs. Chacun voit dans son prochain la beauté de Dieu reflétée en son âme et partageant ce point commun, ils sont attirés l'un vers l'autre dans son amour. Cet amour fera d'eux les étoiles d'un seul firmament et les fruits d'un même arbre. Cet amour entraînera la réalisation de l'accord véritable, la fondation de l'unité réelle."

Souvenons-nous de l'appel de Dieu. "Ô fils de l'existence! Aime-moi pour que je puisse t'aimer. Si tu ne m'aimes pas, par aucun moyen mon amour ne pourra t'atteindre, Sache-le, ô serviteur!"

1.4. L'unité de la religion

Une fois devenus Bahá'ís, nous croyons en l'origine divine de toutes les religions précédentes. Nous ne changeons pas de religion pour devenir Bahá'ís parce que nous croyons qu'il n'y a qu'une seule religion qui vient à nous d'âge en âge. En acceptant la religion de tous les âges, nous perfectionnons notre foi en Dieu. En effet, celle-ci ne change pas. Une semence produit des racines, puis une tige et des feuilles, des fleurs et des fruits. L'arbre demeure toujours le même il ne change pas, il ne fait que croître. Le soleil reste le même, bien qu'il semble se lever à différents endroits de l'horizon.

En suivant aveuglément les coutumes ancestrales. et par ignorance, les hommes adorent toujours l'endroit où, jadis, les ancêtres ont vu poindre le soleil de la manifestation divine. Si le soleil semble se lever ailleurs, il est alors ignoré et les hommes sont désorientés ! Mais si nous regardons le soleil, nous voyons qu'il s'agit bien de l'astre qui a surgi, précédemment d'autres horizons. Les Bahá'ís croient que tous les prophètes du passé sont de même importance et que le but de leur mission est identique. Tous sont des jardiniers divins qui favorisent la croissance de l'arbre béni de Dieu. C'est pourquoi, en devenant Bahá'ís, nous sommes unis dans une foi commune.

Bahá'u'lláh écrit:

" Considérez le soleil. S'il disait aujourd'hui "Je suis le soleil d'hier", il dirait la vérité. Et si, tenant compte de l'écoulement du temps, il prétendait être autre que ce soleil-là, ce serait toujours la vérité. On peut, de la même façon dire que tous les jours ne sont qu'un seul et même jour et, à la fois, qu'ils diffèrent entre eux puisque, tout en restant les mêmes, chacun a une désignation particulière, un attribut spécifique, un caractère propre. Considérez de ce même point de vue la diversité et l'unité caractéristique des diverses manifestations de sainteté pour pouvoir comprendre les allusions faites aux mystères de l'unité et de la diversité par le Créateur de tous les noms et attributs, et trouver ainsi vous-mêmes la réponse à votre question pourquoi l'éternelle Beauté a-t-elle pris, selon le temps, des noms et titres divers ?"

De plus Bahá'u'lláh nous a certifié qu'il n'y a pas de distinction ni de différence entre les diverses manifestations de Dieu. Leur nom peut varier mais elles représentent la même Vérité: elles sont assises sur le même trône et jouissent toutes de la même présence divine. Bahá'u'lláh nous invite à croire en chacune d'elles lorsqu'Il nous dit: " Gardez-vous, ô croyants en l'unité de Dieu, de distinguer entre les manifestations de sa cause, de faire à leur sujet quelque discrimination qui aille à l'encontre des signes dont s'est accompagnée leur révélation. Là est, en vérité, la vraie signification de l'unité divine, si vous êtes de ceux qui peuvent comprendre cette vérité et y croire. Soyez, de plus, assurés que les couvres et les actes de ces manifestations, quoiqu'ils appartiennent en propre à chacune d'elles et quoi que ces manifestations puissent exprimer de particulier dans l'avenir, sont tous d'ordre divin et reflètent, tous, la volonté et le dessein de Dieu. Celui qui fait la plus légère différence entre les personnes, les paroles, les actes et les façons d'agir des manifestations du Tout-Puissant, celui-là, en vérité, a refusé de croire en Dieu, répudié ses signes et trahi la cause de ses messagers !"

1.5. La religion se renouvelle

Chaque année se compose de différentes saisons. Voici d'abord le printemps et toute sa beauté, puis l'été, suivi de la saison de la moisson et de l'abondance. Apres quelque temps, l'hiver s'installe et la nature est dépouillée de son abondance et de sa gloire. Mais la fin de chaque hiver ne marque-t-elle pas le commencement d'un nouveau printemps qui. à son tour, sera suivi de l'été, puis de la moisson?

Chaque matin, le soleil s'élève à l'horizon pour atteindre son zénith puis, petit à petit, il redescend pour se coucher. Lorsque le soleil disparaît de la surface de la terre, tout s'enveloppe d'obscurité. Mais, après que toutes les bougies et les lampes de la terre aient été impuissantes à dissiper complètement cette obscurité, le soleil se lève de nouveau - ce même astre radieux, glorieux et merveilleux. Le même phénomène se produit pour les grandes religions. Lorsque le Soleil de Réalité apparaît, un jour nouveau de gloire se lève. Il fait clair partout Chacun est heureux, car l'époque des ténèbres est passée. Un jour nouveau commence, puis s'achève lentement. Dans chaque religion, il arrive un moment où la vérité est obscurcie par l'apparition d'enseignements dus à l'homme.

Plus l'homme devient oublieux des enseignements divins, plus sa vie spirituelle s'assombrit. Lorsque l'homme introduit ses propres vues dans la religion et l'interprète à sa façon à des fins égoistes, l'obscurité spirituelle s'installe dans le monde. Les seules sources de lumière dans cette nuit obscure sont, pour nous, les quelques saints et sages qui, telles des petites lampes d'argile et des faibles chandelles, brûlent lorsque le soleil s'est couché. Mais ces faibles lueurs s'éteignent tour à tour et le monde est plongé dans le profond sommeil de l'ignorance. C'est à ce moment que le Soleil de Vérité réapparaît, Dans le passé, il a brillé grâce a Moise, a Jésus-Christ, a Muhammad. à Krishna, a Bouddha et a d'autres envoyés divins. Dans l'obscurité actuelle, le Soleil de Vérité brille une fois de plus grâce a Bahá'u'lláh, la Gloire de Dieu. Ne nous contentons pas de nos faibles lampes d'argile ni de nos chandelles. Le Soleil brille Éveillons-nous! Éveillons-nous!

Bahá'u'lláh proclame: "En vérité, je vous le dis, voici le jour où l'humanité peut contempler la face et entendre la voix du promis de Dieu, L'appel du Tout-Puissant s'est fait entendre et la lumière de son visage s'est levée sur les hommes. Il convient à chacun d'effacer de la tablette de son coeur toute trace de vaines paroles et de considérer d'un esprit ouvert et exempt de préjugés les signes de sa révélation, les preuves de sa mission et les gages de sa gloire!"

1.6. La religion progressive

'Abdu'l-Bahá dit: "De la semence de la réalité, une religion a poussé sous la forme d'un arbre avec ses feuilles, ses branches, ses fleurs et ses fruits. Après un certain temps. cet arbre s'est mis a dépérir. Les feuilles et les fleurs se sont fanées et sont mortes. puis l'arbre est devenu malade et n'a plus porté de fruits. Il n'est pas raisonnable que l'homme s'attache a un vieil arbre, en prétendant que sa sève n'est pas diminuée, que ses fruits sont sans pareils et que son existence est éternelle. Une nouvelle fois, la semence de la réalité doit être plantée dans le coeur des hommes, afin qu'un arbre nouveau puisse en sortir et que de nouveaux fruits divins puissent rafraîchir le monde. Ainsi les nations et les peuples qui divergent sur le plan religieux seront rassemblés dans l'unité, les imitations seront oubliées, et une fraternité universelle et réelle sera établie. La guerre et les luttes cesseront au sein de l'humanité: tous seront réconciliés et deviendront les serviteurs de Dieu."

La religion est une école spirituelle par laquelle l'humanité reçoit l'enseignement divin et progresse physiquement et spirituellement Dieu est le Fondateur de cette école. Les enfants des hommes doivent fréquenter cette école divine s'ils cherchent le progrès et le bonheur. Au début, il nous faut aller en première année où l'instituteur enseigne patiemment l'alphabet et les matières élémentaires. Lorsque notre esprit est suffisamment développé, grâce aux soins attentifs et à l'amabilité de l'enseignant, nous pouvons fréquenter une classe plus avancée, où un autre professeur, se basant sur les acquis précédents. accroîtra nos connaissances. C'est ainsi que notre esprit et notre corps croissent dans cette école, guidés par nos professeurs.

Pouvons-nous dire qu'un professeur qui enseigne dans une classe est meilleur qu'un autre? Pouvons-nous détester le professeur de la classe plus avancée seulement parce que nous aimons davantage le professeur de la première année? Pouvons-nous dire que ce que nous avons appris en première année est supérieur à ce que nous entendons en deuxième? Certainement pas ! Toutes les classes font partie de la même école. Elles suivent la même méthode d'enseignement, mais notre capacité d'entendement et notre âge sont différents dans chaque classe. Lorsque nous avions six ans, notre capacité était très limitée: c'est pourquoi le fondateur de l'école demanda à notre instituteur de nous donner autant de matières que nous pouvions en assimiler. Dans cette classe. nous apprîmes tout ce qu'il y a de meilleur pour notre âge. Si nous avions suivi les cours de la troisième année dès le début, nous n'aurions jamais pu progresser. Il en va de même pour la religion. Il n'y a qu'un seul Dieu. et son institution de la religion forme un tout. C'est nous qui avons des capacités d'entendement différentes selon notre âge.

Nos professeurs divins, les manifestations de Dieu, sont de sages éducateurs. Tous n'ont qu'un seul but: nous aider à progresser dans le royaume de Dieu. Mais l'homme et ses capacités ont évolué à travers les âges. Nous devons donc comprendre la sagesse de cette loi d'évolution progressive dont Dieu nous pourvoit d'âge en âge à travers ses manifestations. Nous ne devons pas nous contenter de rester dans la même classe de l'institution divine pour la simple raison que nous en aimons le professeur. Ce ne serait pas de la véritable affection a son égard, et le fait de nous voir rester toujours dans sa classe ne manquerait pas de l'attrister: en effet, il veut que nous recevions aussi l'enseignement des autres professeurs. Est-ce à dire que sa science soit inférieure a celle des autres? Non !, Tous les professeurs possèdent le même degré de connaissance, tous sont égaux en sagesse et en importance. Parce qu'ils sont sages, Ils nous prodiguent la connaissance selon notre faculté d'assimilation, à une certaine époque de notre vie. Mais ils nous assurent que, lorsque nous aurons fait de notre mieux et suivi leur enseignement, un autre professeur favorisera notre progrès ultérieur. A son tour, ce nouvel enseignant fera l'éloge de son prédécesseur.

Ainsi, les prophètes de Dieu ont rendu hommage aux précédentes manifestations divines et nous ont promis une éducation plus évoluée qui nous sera transmise par leur successeur. Si quelqu'un cesse de progresser à l'école de la religion de Dieu, il subira un échec. Mais s'il croit au progrès et à la sagesse des manifestations divines, il s'efforcera de devenir digne de recevoir la connaissance plus approfondie dispensée par l'éducateur divin. Bahá'u'lláh nous enseigne que le fondement de toutes les religions est unique. Dans toutes les classes de l'école, on nous apprend à être honnêtes, loyaux, aimables, etc. Ces règles fondamentales ne changent pas lorsque nous sommes promus à une classe supérieure. En première, deuxième, troisième ou n'importe quelle année, ces vertus célestes sont toujours dignes d'éloges. Ce sont des vérités éternelles, des fondations inébranlables.

Mais les fondations ne suffisent pas. Sur cette base, il faut construire un édifice adapté aux besoins spécifiques de chaque âge. Et c'est précisément ce que font les religions de Dieu. Sur la même base de vérité immuable, elles font évoluer la connaissance et la capacité des hommes et les font progresser toujours davantage, à chaque stade de leur croissance. Ces religions se basent sur les fondements du savoir enseignés par les manifestations divines précédentes, de même que l'algèbre, que l'on enseigne dans les classes supérieures, est basé sur les règles élémentaires de l'arithmétique apprises dans notre prime enfance. Aujourd'hui, nous vivons dans un nouveau cycle de facultés humaines, ce qui signifie que nous vivons actuellement dans un nouvel âge, avec des possibilités et des capacités intellectuelles plus importantes que précédemment. Grâce aux manifestations du passé, nous avons été préparés à recevoir une connaissance plus approfondie de la part de Dieu, par l'intermédiaire de son porte-parole pour l'âge nouveau, Bahá'u'lláh.

Bahá'u'lláh nous enseigne l'unité de Dieu, l'unité de la religion et l'unité de l'humanité, Il a rendu hommage à tous les prophètes du passé et nous a montré comment chacun d'eux avait annoncé que le Promis bien-aimé apparaîtrait dans la plénitude des temps. La chaîne d'or de la prophétie a été nouée par Bahá'u'lláh. C'est une merveilleuse histoire.

2. LES MANIFESTATIONS DE DIEU
2.1. Krishna

Krishna fut un messager de Dieu, et son message fut celui de l'amour. Krishna naquit en prison; ceci est un symbole pour nous, car chacun naît dans la prison de soi-même, la prison de ce monde. Krishna s'échappa miraculeusement de la prison. Si nous essayons de faire le bien, si nous nous efforçons de suivre les enseignements de Dieu, nous pourrons aussi nous échapper de la prison du "moi". Krishna, comme toutes les manifestations divines, fut confronté avec les forces du mal et les combattit victorieusement. Peu importe la puissance du mal, la vérité l'emporte toujours, Krishna devint le roi de Dwarka, ce qui signifie la petite porte. Il était la porte de la connaissance de Dieu Lui-même. Ses enseignements portaient sur le bien-être de ses semblables. Hélas, ces derniers les rejetèrent.

Krishna était attristé qu'on ne croie point en lui à cause de son apparence mortelle. En effet, ses compatriotes avaient leurs idées au sujet de Dieu et de sa manifestation. Aussi, lorsque Krishna annonça qu'il était une manifestation de Dieu, les hommes le rejetèrent-ils. Voilà ce que dit Krishna à ce sujet dans la " Gîta ": " Les ignorants me méprisent parce que j'ai revêtu la forme humaine et ils ne connaissent pas ma nature la plus élevée, celle du Seigneur de l'existence."

Même son bien-aimé disciple, Arjuna, ne pouvait comprendre le pouvoir divin de Krishna. Il ne pouvait croire que le temple de l'homme puisse devenir le siège de l'Être divin. On raconte que Krishna dut prendre la forme divine pour rendre sa puissance perceptible à Arjuna et être cru de lui. Cela signifie que Krishna dut l'aider à percevoir sa majesté et sa grandeur spirituelle pour qu'il croie au Seigneur. Lorsque Arjuna s'arma pour obéir au Seigneur la bataille de Kurukschetra prit un tour différent. On sait que cette bataille fut celle du Bien contre le Mal. Les Kauravas, les cousins des Pandavas, prirent l'initiative, Arjuna, le plus puissant parmi les Pandavas, fut contraint, par Krishna, de se battre contre l'armée des ténèbres. Krishna commandait les chars d'Arjuna, mais celui-ci refusa de se battre contre ses amis et son professeur révéré qui faisaient partie de l'armée ennemie. Il discuta et déposa les armes. Mais Krishna lui ordonna d'obéir à ses ordres et de le suivre. Lorsque nous rencontrons la manifestation de Dieu et acceptons sa foi, nous devons obéir à ses commandements, Krishna nous enseigne ce qui suit dans la "Gîta":

"Soumets-moi toutes tes actions, regarde en moi ce qui est suprême et sois constant dans ton raisonnement; C'est ainsi que tu fixeras ta pensée constamment sur moi."

Krishna fut le messager de la paix. Il nous appela à le suivre: "Renonce à tout service, trouve ton refuge en moi seul, ne crains point, car je te délivrerai de tout mal."

Krishna, la manifestation de Dieu, fut la source d'une nouvelle civilisation. Il libéra l'homme du mal et de la souffrance. Il certifia à ses fidèles que, dans l'avenir, Dieu se manifesterait pour répéter ce que lui-même avait dit. Pour conduire la foule errante vers le droit sentier de Dieu, il dit: "Chaque fois que la justice décline et qu'apparaît l'injustice" Ô Bharata Arjuna, je reviens pour la protection des bons, pour la destruction des méchants et pour l'établissement de la justice. Je reviens à l'être, d'âge en âge."

Nous allons voir, dans les pages suivantes, l'accomplissement de cette promesse du Seigneur.

2.2. Bouddha

Bouddha naquit dans une famille régnante du royaume de l'Himalaya. Il était encore un petit enfant lorsqu'un vieux sage, appelé Asita, visita le palais de son père. Asita était un saint homme et il annonça joyeusement au père de Bouddha que son fils deviendrait le sauveur de l'humanité. Bouddha s'appelait alors Gautama. Son père accorda toutes les joies de la vie à son fils bien-aimé; il voulait en faire un bon roi. Mais Gautama découvrit que les plaisirs du monde ne constituaient pas le bonheur. Un jour, il se trouva face à un vieillard, puis à un malade et enfin à un homme qui venait de mourir. Il comprit que tous les êtres humains étaient sujets à la souffrance et à la mort et que seul le bonheur spirituel pouvait le rendre heureux. Il quitta sa maison, sa jeune épouse et son enfant, et se mit à la recherche de la vérité spirituelle. Tout d'abord, il partit vers des jungles lointaines, se refusant nourriture et confort. Ces privations ne lui furent cependant pas utiles, car la faiblesse physique engendre celle de l'esprit. Ce fut sous un arbre Bodhi, aux Indes, qu'il reçut l'illumination. Dès ce jour, il se donna pour mission de délivrer l'humanité des maux qui l'accablaient. Il prêcha la purification de l'âme et de l'esprit, la préparation de la félicité et du bonheur éternels au milieu de la souffrance de ce monde.

Sa vie bénie fut un exemple. Alors qu'il était assis sous l'arbre de la connaissance et qu'il méditait, Mara - celui qui incarne le mal - essaya de le tenter en lui offrant les richesses du monde et les plaisirs de la sensualité. Mais Bouddha, le sage, résista. Sa puissance était celle de l'esprit. Par ses merveilleux enseignements, il aida des millions d'hommes de différentes nations à atteindre le salut spirituel.

Son pays était alors en proie aux guerres de religion. En effet, on y pratiquait le polythéisme. Or, Bouddha savait que le chemin vers Dieu passe seulement par ses manifestations. Etant l'une d'elles, il ne voulait pas que son peuple s'entre-déchirât au nom de Dieu, Dieu qu'il pouvait uniquement connaître par son intermédiaire.

Bouddha était un maître plein de sagesse. Pour éviter les querelles parmi son peuple, il garda souvent le silence sur la personne du Créateur, mais il exhortait le peuple à l'obéissance envers la Manifestation de la Vérité. C'est ainsi qu'il réussit à unir des millions d'hommes que le nom d'un dieu ou l'appartenance à une caste divisaient naguère. Il dit: "On n'est pas brahmane en naissant, on n'est pas intouchable en naissant ! On devient brahmane par ses actes, on devient intouchable par ses actes." Peu avant de quitter cette terre, Bouddha fit une promesse importante à ses fidèles qui craignaient que sa cause ne vînt à s'éteindre un jour. Il proclama:

"Je ne suis pas le premier Bouddha qui soit venu sur terre, et je ne serai pas le dernier non plus. Un autre Bouddha se lèvera un jour dans le monde, un homme saint, suprêmement éclairé, qui possédera la sagesse, sera instruit, connaîtra l'univers et sera un meneur d'hommes et un maître au ciel et sur la terre. Il vous révélera les mêmes vérités éternelles que celles que je vous ai enseignées. Il vous prêchera cette religion, glorieuse par son origine, glorieuse quant à son apogée, glorieuse en son but, par l'esprit et par la lettre. Il vous exhortera à une vie religieuse parfaite, comme je le proclame maintenant. Ses disciples seront des milliers, alors que les miens ne se comptent que par centaines."

Cette promesse donnait aux bouddhistes l'espoir qu'ils ne seraient pas laissés à eux-mêmes ici-bas, mais qu'ils recevraient la lumière de la direction grâce à un autre Bouddha glorieux. Bouddha se réjouit aujourd'hui, certain que sa magnifique promesse a été accomplie par Bahá'u'lláh, la Gloire de Dieu.

2.3 Moïse

Dans un pays lointain vivait un groupe d'esclaves condamnés à une vie difficile. Ils s'appelaient "enfants d'Israël" et travaillaient comme esclaves pour le puissant pharaon d'Egypte. Ces hommes venaient d'un autre pays qui s'appelle aujourd'hui Israël, mais ils avaient été obligés de quitter leurs demeures. Seule une manifestation de Dieu aurait pu les délivrer de leurs souffrances. C'est ainsi que Moïse se leva pour le salut de ce peuple. Il était seul, et le pharaon d'Egypte avait tous les moyens à sa disposition pour l'écraser. Mais lorsque la manifestation de Dieu apparaît, sa puissance est telle qu'aucun pouvoir sur terre ne peut la détruire. Seul et sans aide, Moïse se leva pour annoncer à son peuple la bonne nouvelle du royaume de Dieu.

Lorsque Moïse déclara qu'il était une manifestation de Dieu, les enfants Israël surent que le temps des souffrances était passé. Ils le suivirent, regagnèrent Israël, la Terre sainte, et commencèrent une vie nouvelle. Le pharaon, avec sa puissance et sa force, essaya de les en empêcher, mais lorsqu'il les poursuivit avec son armée, tous furent noyés dans la mer Rouge.

La parole de Dieu transforma la vie des enfants Israël. Bien qu'ils eussent été des esclaves, ils établirent un riche royaume et devinrent de grands éducateurs de l'humanité. Beaucoup de philosophes et de savants d'autres pays ont été instruits par les fidèles de Moïse, ce qui prouve que la manifestation de Dieu n'est pas seulement source de bonheur, mais aussi de connaissances et de sagesse.

Moise résuma ses enseignements en dix lois. Ce furent des lois exemplaires. Il nous enseigna à adorer Dieu, à n'adorer personne d'autre que Lui, à aimer notre père et notre mère et à leur obéir. Il nous exhorta à ne pas voler à ne pas blesser les gens, à être purs et propres, à ne pas mentir. En plus de ces magnifiques enseignements, Moïse fit une promesse à son peuple. "Quand le temps sera révolu, le Seigneur des armées viendra te délivrer de la souffrance. Il apparaîtra et les enfants Israël retourneront, une fois de plus, en Terre sainte et, après des siècles de séparation, ils seront réunis dans le pays de leurs pères."

Le Seigneur des armées est venu. Bahá'u'lláh a proclamé que le jour de Dieu, annoncé dans les livres du passé, venait de poindre. Il annonça l'accomplissement de la promesse aux fidèles de Moïse. Après des siècles de séparation, pendant lesquels ils durent subir toutes sortes d'humiliations et de souffrances, des juifs, en provenance de tous pays, se sont aujourd'hui rencontrés en Terre sainte. Ils y ont établi leur propre patrie qu'ils ont appelée Israël. Selon la promesse de Moïse, tout a été accompli lorsque le Seigneur des armées s'est assis sur le trône du jugement. Beaucoup de juifs, en voyant le rassemblement des enfants Israël en Terre sainte, selon la promesse de leurs Ecritures, comprirent que le Seigneur des armées était apparu. Comment auraient-ils pu se rassembler autrement? Dans la communauté mondiale bahá'ie, il y a beaucoup de juifs qui ont cru en Bahá'u'lláh et l'ont accepté comme Promis.

2.4. Zoroastre

La lumière de la guidance divine a toujours brûlé dans le temple du coeur des hommes. Par son amour et sa miséricorde, notre Créateur bienveillant ne nous a jamais abandonnés et ne nous abandonnera jamais dans les ténèbres. Zoroastre était une de ces lampes brillantes qui a illuminé les hommes d'une grande partie de l'Asie de l'ouest. Tout comme Krishna, Bouddha et Moïse, il a établi une nouvelle civilisation qui a duré des siècles.

Il existe encore en Inde une communauté des disciples de Zoroastre, petite mais évoluée et aimant Dieu, dont les membres sont appelés Parsis. Selon la tradition, Zoroastre est né dans le nord-ouest du pays appelé aujourd'hui Iran. Ses parents appartenaient à la noblesse et, dans sa maison familiale, située près d'un très beau lac, il a connu le confort. Outre l'éducation qu'il reçut, normale et modeste d'après les disponibilités de l'époque, Zoroastre apprit à devenir un bon fermier. Il était encore jeune lorsqu'il se rendit compte, comme le fit Bouddha, que notre vie temporelle sur cette terre était, en elle-même, sans importance. C'est pourquoi, dans sa recherche de la vérité, il abandonna le confort de sa demeure et s'en alla prier et méditer dans une grotte située sur une haute montagne.

Après dix années, alors qu'il n'avait que trente ans, il retourna auprès des siens et leur annonça la joyeuse nouvelle qu'il était maintenant le porteur d'un message de l'Être suprême, Ahurá mazdá. Il transmit la bonne nouvelle qu'une vie éternelle nous était réservée. Il invita les êtres humains à observer les trois principes suivants: avoir de bonnes pensées, de bonnes actions et de bonnes paroles. Il considérait que le bien et le mal étaient en lutte permanente et que, finalement, Ahurá mazdá, l'essence du Bien, détruirait Ahriman, le Mauvais. Il apporta également de nombreux enseignements concernant la vie quotidienne et insista sur la pureté de l'âme, la propreté corporelle et l'hygiène du foyer.

Comme toutes les manifestations de Dieu, avant et après lui, Zoroastre fut rejeté par les siens. Dans un de ses livres saints, Avesta, il dit: "Où puis-je aller ? Les chefs et les nobles s'élèvent contre moi. Même les fermiers se sont tournés contre moi. Comment pourrais-je être heureux parmi ceux qui sont liés par le mensonge et qui gouvernent notre peuple? Ô Mazdá, comment puis-je te rendre heureux ?" Il se plaignit encore de ce que même ses proches l'avaient abandonné et qu'on le persécutait et le bafouait. C'est pour cette raison qu'il quitta sa demeure et partit vers l'est à Balkh, afin d'annoncer sa mission à Gushtasb, le roi de ce pays. Comme prévu, les habitants de cette région furent également peu disposés à accepter une nouvelle religion. Ils aimaient mieux leurs coutumes et leurs traditions et préféraient les ténèbres à la recherche de la lumière.

Le roi, cependant, fut impressionné par le courage et la sincérité de cet homme. Il ordonna aux sages et aux nobles d'organiser un débat public à sa cour. Ce débat fit comprendre à chacun que la force de Zoroastre ne venait pas de lui mais qu'elle lui était donnée par Dieu tout-puissant. Alors le roi et son peuple se soumirent à l'appel d'Ahurámazdá et une nouvelle foi émergea.

Les habitants des pays voisins s'alarmèrent de ce que le Bien était établi dans le royaume de Balkh et qu'il menaçait la vie corrompue qu'ils menaient. Ils rassemblèrent une grande armée et attaquèrent le royaume iranien. Zoroastre fut capturé alors qu'il priait dans un temple et, à l'âge de 77 ans, il fut tué par l'épée d'un soldat. Ainsi se termina la vie d'un messager de vérité, mais sa mission reste éternelle.

Zoroastre est un feu inextinguible du plus grand Esprit. Alors qu'il discutait à la cour du roi, la tradition dit que le feu jaillit de ses mains, émettant lumière et chaleur sans le brûler physiquement. Ceci était simplement un signe extérieur de sa puissance, à ne pas prendre au pied de la lettre. Le feu de l'amour de Dieu, allumé par ses manifestations, est éternel et ne peut être éteint. C'est un feu qui guide l'humanité et qui apporte à ses âmes la chaleur et le bonheur au lieu de les brûler et de les détruire. En guise de symbole du feu éternel du plus grand Esprit, les zoroastriens entretiennent toujours un feu dans leurs temples ce qui, souvent, les fait prendre erronément pour des adorateurs du feu. Zoroastre n'a pas seulement accompli sa mission de son vivant, mais il a également annoncé la bonne nouvelle que, lorsque les temps seraient révolus, le sauveur du monde, qu'il appelait Sushiyant ou Shah-Bahram, apparaîtrait et triompherait du Mal. Il spécifia également la date de sa venue en déclarant qu'une période de 3060 ans de conflits s'étendrait avant qu'Arihman ne soit vaincu et qu'une ère de bénédiction et de paix ne s'annonce. Cette date correspond à l'époque où Bahá'u'lláh déclara qu'il était l'accomplissement de tous les prophètes du passé.

2.5. Jésus-Christ

L'histoire de Jésus-Christ est une très belle histoire. C'est celle de l'amour de Dieu et de l'amour de l'humanité. C'est l'histoire d'une manifestation divine. Avant que le Christ ne révélât sa mission, un saint homme, appelé Jean-Baptiste (comme il y en eut un, nous l'avons vu, dans l'histoire de Bouddha), annonça la bonne nouvelle selon laquelle un Sauveur apparaîtrait bientôt. Frappant parallèle! Jean-Baptiste annonça la prochaine venue d'un messager de délivrance à ses contemporains; mais ces gens tenaient à leurs idées: ils préféraient continuer à vivre comme leurs ancêtres avaient vécu pendant des siècles. Les prêtres, qui dirigeaient le peuple, ne voulaient pas d'une nouvelle Manifestation, car ils craignaient pour leur pouvoir. C'est pourquoi ils jetèrent Jean-Baptiste en prison et, plus tard, le firent décapiter. Jean fut heureux de donner sa vie dans le sentier de Dieu. Jésus-Christ naquit en Terre sainte, dans le foyer très simple d'un humble charpentier. Il fut très bon et très aimable envers son prochain dès son plus jeune âge, alors qu'il travaillait dans la boutique de son père. Devenu adolescent, il dit: "Le temps est venu pour moi de m'occuper des affaires de mon père qui est au ciel."

Il se retira pour méditer pendant plusieurs jours, puis il revint révéler aux hommes sa véritable mission. Il annonça la bonne nouvelle du royaume de Dieu. Un jour il se rendit dans un lieu saint, centre de pèlerinage et d'adoration pour les juifs, mais dont ils avaient fait aussi un centre de commerce. Le Christ renversa les étalages, chassa les marchands du temple et dit: "Ceci est la maison de Dieu. Vous ne devez pas la souiller avec les intérêts du monde." Il voulait ainsi démontrer que la religion de Dieu ne doit pas devenir la source de gains matériels.

Lorsqu'il se dit leur roi spirituel et le Promis des livres sacrés, les prêtres entrèrent dans une vive colère, car ils espéraient que leur roi serait un homme nanti, alors que Jésus-Christ n'était qu'un homme simple, qui ne portait même pas de chaussures. Et pourtant, il se proclamait le roi Israël: "Je suis votre roi, en vérité, disait-il, Je suis le maître du royaume. Les royaumes de la terre ne sont rien comparés au royaume éternel de Dieu." Les juifs ne voulurent pas le croire. Ils se soulevèrent contre lui et le crucifièrent entre deux voleurs. Même lorsqu'il fut sur la croix, Jésus-Christ pria pour le pardon de ses ennemis.

Les juifs ne comprirent pas la véritable signification de leurs livres sacrés; ils ne surent même pas qu'en supprimant la manifestation de Dieu, ils ne pourraient pas faire taire sa voix - car c'était celle de Dieu - ni qu'elle serait entendue dans tous les pays. A la mort du Christ, des gens très simples et ordinaires se comptèrent parmi ses adeptes. Une nouvelle vie spirituelle leur avait été insufflée par la parole du Christ, et ils sortirent du tombeau de leur ignorance. Bien que ces premiers disciples fussent des pêcheurs, de simples employés, des agriculteurs et des laboureurs, ils furent guidés par la manifestation de Dieu et reçurent de nouvelles forces. Ils s'en allèrent répandre le merveilleux message de leur maître Jésus-Christ à travers le monde entier. Beaucoup d'entre eux donnèrent leur vie pour le bien de sa cause. Aux prises avec de grandes difficultés et sous la menace de l'épée, ils portèrent son message aux peuples de la terre et proclamèrent que le royaume de Dieu avait été établi sur la terre par Jésus.

Bien qu'ils ne fussent que de simples pêcheurs et paysans, ils résistèrent aux violentes attaques du monde entier. Ils gagnèrent nation après nation à la parole de Dieu et apportèrent une vie nouvelle à tous ceux qui acceptèrent leur influence. Tel fut le pouvoir divin de Jésus-Christ, la manifestation de Dieu.

Avant de quitter ce monde, le Christ, comme Krishna ou Moïse, assura aux hommes qu'au temps de la fin il reviendrait dans la gloire de son père céleste. Il précisa à ses contemporains qu'il avait encore beaucoup de choses à leur dire, mais qu'ils ne pouvaient pas les comprendre maintenant. Il promit cependant qu'un autre messager de Dieu viendrait plus tard pour révéler mieux encore Dieu et sa religion et conduire les hommes à la vérité. Aujourd'hui, les Bahá'ís annoncent à leurs frères chrétiens la bonne nouvelle du retour du Christ dans la gloire du père. C'est ce que Bahá'u'lláh écrivait aux dirigeants de la chrétienté: "En vérité, le père est venu et a accompli ce qui vous avait été promis dans le royaume de Dieu..."

2.6. Muhammad

Il existe un pays appelé Arabie. Il est semblable à un grand désert. Il y a peu d'eau, et il y règne un climat torride et presque insupportable. Quoique rude et aride, il était cependant habité par des tribus sauvages qui se faisaient continuellement la guerre. Ces gens étaient si primitifs et ignorants que les chefs de famille allaient jusqu'à enterrer leurs propres filles vivantes, pour la simple raison qu'elles étaient du sexe féminin et que les femmes, à leur avis, ne valaient pas plus que des esclaves. Mais peu importe leur cruauté. N'étaient-ils pas aussi des enfants de Dieu et n'avaient-ils pas aussi besoin de recevoir une éducation? C'est pourquoi Muhammad, le prophète de Dieu, naquit parmi eux. C'était un homme simple, A la tête d'une caravane, il conduisait des chameaux chargés de marchandises arabes qu'il vendait dans d'autres pays. La plupart des manifestations furent des gens d'origine simple. Même Bouddha, issu d'une famille plus riche, abandonna ses occupations princières pour vivre simplement. Dieu veut ainsi démontrer que ce sont sa richesse et son influence qui agissent par l'intermédiaire de ses envoyés. Lorsqu'une personne est investie de pouvoirs divins, elle est victorieuse de toutes les puissances de la terre.

Un jour, alors que Muhammad priait au sommet d'une colline, il reçut l'inspiration divine. Il n'avait fréquenté aucune école, il ne savait même pas écrire son nom, mais il se mit à révéler les vers du Coran, son livre. Dès lors, il abandonna les caravanes pour devenir le messager de Dieu. Il alla vers le peuple et proclama son message: on ne l'écouta guère. Lorsqu'il insista pour que les Arabes cessent d'adorer leurs idoles et croient en un Dieu unique, ses compatriotes se récrièrent. Ils le traitèrent de fou, le ridiculisèrent et l'appelèrent "petit poète". Muhammad continua cependant à proclamer:

"Ô peuple, je suis le messager de Dieu. Je suis venu pour vous sauver et vous conduire dans le chemin de la vérité."

Cette fois, la coupe était pleine pour les Arabes orgueilleux. Ils avaient tout d'abord toléré ce que racontait Muhammad mais, par la suite, ils le persécutèrent, lui et ses quelques fidèles: et pourtant, après treize ans de souffrances, il persistait à les convertir au Dieu unique et compatissant et à leur enjoindre d'en suivre les commandements. Pourquoi devaient-ils renoncer à leurs propres dieux après tout? De plus, leurs guerres incessantes ne leur causaient-elles pas assez de tracas? Maintenant, leur patience était à bout. Ils décidèrent donc de le tuer, avec ses quelques disciples.

La mission du prophète n'était cependant pas encore remplie: il avait encore d'autres enseignements pour ses contemporains. C'est pourquoi il quitta La Mecque, sa ville natale, pour se rendre dans une autre cité appelée aujourd'hui Médine. Les ennemis de Dieu rassemblèrent une grande armée pour anéantir Muhammad et le groupe de ses partisans. Pour sauver la cause sacrée et les croyants, il autorisa ses fidèles à combattre ces barbares qui voulaient les anéantir. Ainsi, en son temps comme en celui de Krishna, les cohortes de la lumière et celles des ténèbres s'affrontèrent.

Muhammad était un berger divin. Il devait protéger son innocent troupeau des attaques des loups sauvages. Lui et ses partisans connurent ainsi des jours difficiles, et beaucoup d'entre eux furent tués en se défendant. Muhammad leur assura toutefois que la cause sacrée avait toujours été victorieuse et qu'elle le serait encore. Lorsque ses adeptes furent encerclés par leurs puissants ennemis, il leur prédit l'écroulement prochain - et sous leurs yeux - de puissants empires parce que ces empires étaient morts quant à l'esprit tandis que ses adeptes étaient empreints de l'esprit de Dieu. Tout ceci est arrivé, comme nous le savons. Les grands empires persan et romain ont été vaincus par quelques Arabes dont la vie avait été transformée par le divin message. Ce message transforma aussi des millions d'autres hommes, car l'enseignement de I'Islam se répandit des Indes jusqu'en Espagne.

Pendant l'âge d'or de la civilisation islamique, nombre de nations différentes furent unies en une grande fraternité. Les prières quotidiennes allaient à un seul Dieu, le Miséricordieux. On récitait des passages du Quran, lequel prescrit une vie vertueuse et la soumission à la volonté du Tout-Puissant. Aujourd'hui encore, des millions de musulmans récitent les mêmes prières et lisent dans le même livre sacré, un peu partout sur la terre. Muhammad, comme toutes les manifestations de Dieu, rassura ses fidèles en leur annonçant qu'un grand messager lui succéderait. Il précisa que la religion descendue du ciel par son intermédiaire retournerait à Dieu après mille ans. Il voulait dire que ses enseignements finiraient par être oubliés au cours de ce millénaire.

Toutefois, il annonça aussi qu'après cette période, toute trace de la religion divine ayant disparu de la surface de la terre, un puissant coup de trompette retentirait, non pas une fois, mais deux, et que les peuples verraient la face de Dieu Lui-même. La sonnerie de trompette symbolise l'appel de Dieu qui a déjà retentit deux fois à notre époque, comme Muhammad l'avait prédit. Le Báb apparut exactement mille ans après la révélation islamique. Et presque immédiatement après lui, Bahá'u'lláh révéla sa mission. Le Báb n'appela-t-il pas à la conversion à Dieu, dont il rappela la grande promesse ? , Et Bahá'u'lláh ne fit-il pas retentir l'appel une seconde fois immédiatement après le Báb, exhortant les enfants de Dieu à contempler la face de l'Éternel?

2.7. Le Báb

" Báb" signifie "porte". Le Báb est la porte qui s'ouvre sur un nouveau royaume, le royaume de Dieu sur la terre. Il était très jeune lorsqu'il proclama le message que Dieu lui avait confié. Il n'avait que vingt-cinq ans. Il naquit dans une très belle ville du sud de l'Iran, appelée Shiraz. Les iraniens étaient musulmans, d'où son nom très courant dans ce pays, 'Ali Muhammad. Il descendait du prophète lui-même. Le père du Báb mourut aussitôt après la naissance de celui-ci, et l'enfant fut confié aux soins de son oncle maternel. Plus tard, il fut envoyé chez un professeur qui lui enseigna le Quran et les matières élémentaires. Encore petit, il se distingua cependant déjà par son savoir. surpassant de beaucoup les enfants de son âge en posant des questions difficiles et en donnant lui-même les réponses, ce qui étonna ses aînés. Alors que les autres enfants s'amusaient, on le trouvait souvent en prières à l'ombre d'un arbre ou méditant dans un endroit tranquille.

Plus tard, lorsqu'il révéla qu'il était réellement une manifestation de Dieu, son oncle et son professeur le crurent, parce qu'ils avaient été frappés depuis longtemps par la différence existant entre lui et les autres garçons. Son oncle fut même appelé à souffrir le martyre pour la cause révélée par son neveu, le Báb. Avant que le Báb ne déclarât sa mission, deux sages de grande renommée annoncèrent que, selon le Quran et les traditions sacrées, le Promis qu'attendait l'islam apparaîtrait bientôt. Ces deux sages avaient nom Shaykh Ahmad et Siyyid Kázim. Beaucoup les crurent et se préparèrent à recevoir le Promis parce que ces sages étaient très instruits et menaient une vie sainte.

A la mort de Siyyid Kázim, ses disciples partirent dans toutes les directions pour aller à la rencontre du Promis. Quelques-uns d'entre eux, guidés par un jeune homme pieux et instruit appelé Mullá Husayn, prièrent et jeûnèrent pendant quarante jours avant de se mettre en route pour Shiraz. Leurs prières furent exaucées. Près de la porte de la ville, Mullá Husayn rencontra un jeune homme radieux venu l'accueillir C'était le Báb. Il invita Mullá Husayn dans sa maison où, le 23 mai 1844, il lui déclara être le Promis. Dès leur premier contact, à la porte de Shiraz, Mullá Husayn s'était senti attiré par lui: toutefois, il demanda une preuve de cette affirmation. Le Báb lui répondit qu'il ne pouvait y en avoir de plus grande que celle des versets sacrés révélés par une manifestation de Dieu.

Prenant une feuille de papier il se mit à écrire ses premiers versets, Bien qu'il n'eût fréquenté aucune école, sinon quelques jours pendant son enfance, le Báb, comme toutes les manifestations, était doué d'une profonde connaissance innée, d'origine divine. Il écrivait sans s'interrompre et, tandis que sa plume courait, il chantait les versets d'une voix douce et céleste. Mullá Husayn fut convaincu et, les larmes aux yeux, se prosterna. C'est ainsi qu'il devint son premier disciple. Le Báb lui donna le titre de Bábu'I-Bab, ce qui signifie "la porte de la porte".

Cette nuit-là marqua le début de l'ère nouvelle. Le calendrier Bahá'í commence cette année-là. Bientôt, plusieurs personnes crurent en la mission du Báb. Certaines le rencontrèrent, d'autres lurent ses Écrits, et d'autres encore le reconnurent en rêve ou dans des visions. Une manifestation est comparable au soleil: lorsque celui-ci se lève, tout le monde le voit, sauf ceux qui dorment à poings fermés. Mais ceux qui dorment profondément seront amenés, tôt ou tard, à savoir que le soleil brille. Le nouveau message fut proclamé pour la première fois en Iran, mais les musulmans des autres pays ignoraient encore que leur Promis était là.

C'est pourquoi, lorsque des milliers d'entre eux, affluant de toutes les parties de la terre, se rendirent en pèlerinage à La Mecque, le Báb aussi se rendit au saint lieu de l'Islam pour leur annoncer que l'objet de leur adoration était venu et qu'il était lui-même leur Promis. Personne ne l'écouta, mais il avait complété sa prédication.

Lorsqu'il s'en retourna dans son pays natal, un groupe de soldats l'y attendait pour l'arrêter, envoyé à l'instigation des mullas (Prêtres musulmans) fanatiques qui voulaient empêcher l'expansion de la nouvelle foi. Ces mullas firent ce qu'ils purent pour éteindre la lumière de Dieu qui brillait, par l'intermédiaire du Báb. A partir de ce jour-là, celui-ci dut supporter bien des souffrances. On l'emprisonna à deux reprises, dont une fois dans la montagne où le climat était très rude; mais, ni chaînes ni prison ne purent étouffer l'appel divin. Pendant son séjour en prison, ses fidèles disciples répandirent son message à travers tout le pays, et bientôt des milliers d'entre eux donnèrent leur vie pour sa cause.

Il était encore jeune, puisqu'il n'avait que trente et un ans, lorsqu'il fut condamné à mort, Il savait qu'il subirait le martyre, mais il était heureux de se sacrifier pour faire comprendre aux peuples leur raison d'être et les décider à se convertir et à se consacrer au royaume éternel. Il fut exécuté le 9 juillet 1850.

Ce matin-là, l'officier chargé de cette terrible besogne trouva le Báb en prison dictant ses dernières volontés à l'un de ses disciples. Lui ayant intimé l'ordre de le suivre, en ajoutant que les soldats attendaient sur la place publique, il s'entendit répondre que sa conversation avec son disciple n'était pas terminée. Le militaire railla son interlocuteur, un prisonnier ne peut faire tout ce qu'il désire. Tandis qu'on l'emmenait de force, ce dernier déclara qu'aucune puissance terrestre ne saurait lui faire de mal avant que l'entretien interrompu ne fût achevé et sa mission ainsi accomplie, paroles qui ne trouvèrent qu'une oreille distraite.

Sur la place, un jeune disciple, Muhammad Zunúzi, fendit la foule et se jeta aux pieds du maître bien-aimé, le suppliant de lui permettre de mourir avec lui, En vain tenta-t-on de l'écarter, il supplia avec tant d'insistance que l'officier finit par l'arrêter à son tour. Une grande foule s'était rassemblée, et les soldats, fusil au pied. Attendaient. Tous les regards convergeaient vers les condamnés, bientôt suspendus à un mur la tête du plus jeune reposant sur la poitrine du Maître. Un roulement de tambours résonna dans l'atmosphère tendue et les trompettes retentirent, puis, dans un grand silence, on entendit l'ordre terrible. "feu !" Des centaines de soldats qui l'avaient mis en joue firent feu. Un immense nuage de fumée se répandit sur toute la place. Une odeur de poudre remplit l'air.

Lorsque tout se fut dissipé, tous les visages reflétèrent la surprise et la stupeur: le Báb avait disparu et son fidèle disciple se tenait au pied du mur, sans mal, hébété. Que penser? Beaucoup crièrent au miracle et parlèrent d'ascension. Le peloton d'exécution et son état-major n'avaient jamais vu chose pareille. Officiers et soldats entreprirent des recherches, et celui qui était allé, le matin, quérir sa victime la retrouva au même endroit, en cellule, assise et terminant calmement la conversation tantôt si brusquement interrompue. Une voix douce et des lèvres souriantes l'accueillirent et l'assurèrent que, cette fois, la mission était accomplie et que son porteur était prêt à sacrifier sa vie pour en prouver l'authenticité.

La même scène allait se répéter. Or, le commandant du peloton d'exécution refusa d'y participer une nouvelle fois. Il donna aux soldats l'ordre d'évacuer la place et jura que rien au monde ne le forcerait à assassiner un jeune homme innocent et saint. Une autre compagnie fut amenée et, cette fois-ci, des centaines de balles lacérèrent les deux corps. Le beau visage du Báb, épargné par les balles, souriait, témoignant de la sérénité et du bonheur de celui qui avait donné sa vie pour annoncer le début d'une ère nouvelle dans l'histoire de l'humanité.

Il avait été un grand messager. Dans tous ses Écrits, il nous dit que le but principal de sa venue était de nous apporter la bonne nouvelle de la prochaine apparition de celui qui avait été le Promis de tous les âges. Il exhorta ses disciples à la vigilance pour reconnaitre celui que Dieu manifesterait, Il leur ordonna d'oublier toute autre chose et de suivre le Promis dès qu'ils entendraient son message. Il écrivit plusieurs prières dans lesquelles il supplie Dieu d'accepter le sacrifice de sa propre vie pour le bien-aimé de son coeur celui que Dieu manifestera. Il mentionna même le nom de Bahá'u'lláh et dit: "Béni est celui qui suivra Bahá'u'lláh."

Ses prières furent exaucées et sa promesse accomplie. Dix-neuf ans après la déclaration de ce précurseur, Bahá'u'lláh proclama publiquement qu'il était le Promis dont l'avènement avait été prédit par tous les messagers précédents.

2.8. Bahá'u'lláh

Le 21 avril 1863, Bahá'u'lláh proclama qu'il était le Promis annoncé depuis les temps immémoriaux, l'objet de la promesse de tous les prophètes de Dieu et le désir le plus cher de ses messagers. Lorsque Bahá'u'lláh fit cette grande proclamation, il était le prisonnier de deux puissants monarques et il allait encore être exilé à Akká, "la plus désolée des villes".

Bahá'u'lláh naquit dans la maison d'un ministre, à la cour royale d'lran: il avait 46 ans quand il fit cette déclaration. Dès son enfance, Bahá'u'lláh se distinguait déjà des autres enfants, mais nul ne pouvait prévoir que ce jeune garçon changerait bientôt la destinée de l'humanité. A l'âge de 14 ans, Bahá'u'lláh était déjà connu à la cour pour son intelligence et sa sagesse. Il avait 22 ans lorsque son père mourut, et le gouvernement lui offrit de reprendre la charge de ce dernier. De l'avis unanime, ce jeune homme doué aurait fait un excellent ministre. Bahá'u'lláh déclina cette offre, car il ne s'intéressait pas aux affaires du monde. Il était un homme de Dieu et ne s'intéressait pas aux intrigues de la cour. Il la quitta, elle et ses ministres, pour suivre le chemin que lui avait tracé le Tout-Puissant.

Lorsque le Báb déclara sa mission, Bahá'u'lláh était âgé de 27 ans. Il accepta immédiatement le rang de manifestation de Dieu du Báb et devint bientôt l'un de ses disciples les plus écoutés et les plus influents.

Le gouvernement, à l'instigation des mullás fanatiques, persécutait, à l'époque, les adeptes du Báb, et Bahá'u'lláh ne fut pas épargné. Il fut emprisonné à deux reprises. On le fouetta et on le bastonna si violemment que la plante des pieds se mit à saigner. Neuf ans après la déclaration du Báb, Bahá'u'lláh fut jeté dans un cachot obscur. Sa cellule se trouvait dans un souterrain sans fenêtre, et il devait la partager avec quelque cent cinquante assassins, voleurs et autres criminels. Les chaînes qui le retenaient à la nuque étaient si lourdes qu'il ne pouvait plus lever la tête. Bahá'u'lláh dut passer quatre mois terribles dans ces conditions sordides. C'est pourtant dans ce cachot que la gloire de Dieu illumina son âme, Il écrivit qu'une nuit, en songe, il entendit les paroles suivantes: "En vérité, Nous te rendrons victorieux par toi-même et par ta plume."

Bahá'u'lláh accepta toutes ces souffrances pour notre bien et celui des générations à venir. Il porta les chaînes autour de sa nuque bénie pour que nous puissions nous libérer des chaînes des préjugés, de la haine et du mensonge.

Bahá'u'lláh et sa famille furent dépossédés de tous leurs biens et on leur intima l'ordre de quitter le pays. Au cours d'un hiver rigoureux, ils furent exilés à Baghdád. La route traversait des régions montagneuses d'lran et était recouverte d'une épaisse couche de neige et de glace. Bahá'u'lláh, sa femme et ses enfants en bas âge durent parcourir à pied des centaines de kilomètres. Le fait de ne pas être habillés pour supporter ce rude climat rendit le voyage encore plus difficile. Ils arrivèrent enfin à Baghdád, mais les souffrances de Bahá'u'lláh n'étaient pas terminées. Si Bahá'u'lláh l'avait désiré, il aurait pu mener une vie luxueuse à la cour du Sháh de Perse. Il se prépara plutôt à souffrir dans le sentier de Dieu.

Bahá'u'lláh acquit très rapidement une grande renommée dans tout Baghdád ainsi que dans d'autres villes d'Iraq. Nombreux étaient ceux qui accouraient jusqu'à sa porte pour recevoir la bénédiction du prisonnier en exil. Les adeptes du Báb venaient d'lran et d'lraq pour recevoir réconfort et conseils. Certains cependant le jalousaient à cause de sa célébrité, et son propre frère, Yahyá, qui vivait de la générosité de Bahá'u'lláh, imagina qu'il pourrait gagner les adeptes du Báb à sa cause s'il s'insurgeait contre lui. Il ne comprit pas qu'en s'opposant à une manifestation de Dieu, il précipitait sa propre chute. Car lorsqu'une manifestation de Dieu apparaît, seuls ceux qui acceptent de la servir peuvent aspirer à la vraie grandeur.

Même les proches parents ne peuvent faire exception, car la manifestation de Dieu est différente des autres hommes et elle a accès à un rang auquel nul autre ne peut aspirer Toutes les manifestations du passé eurent des frères et soeurs ou d'autres parents dont les noms sont aujourd'hui oubliés. Les intrigues de Yahyá semèrent la discorde parmi les adeptes du Báb, et Bahá'u'lláh en fut attristé. Il quitta alors sa demeure pendant la nuit, sans en parler à personne, et se retira dans les montagnes du Kurdistán. Il passa, dans cette région, deux années consacrées à la méditation et à la prière. Il habitait dans une caverne et vivait très simplement, inconnu de tous. Personne ne savait d'où il venait; mais, comme la lune qui luit dans un ciel obscur, sa renommée se répandit dans tout le Kurdistán et tout le monde parlait de l'inconnu. Sa famille et ses amis, pendant ce temps, regrettaient son absence et se mirent à sa recherche.

Un jour ils entendirent parler d'un inconnu, d'un saint doué d'une grande sagesse accordée par Dieu, qui vivait en reclus dans la montagne. Le fils de Bahá'u'lláh, 'Abdu'l-Bahá, sut tout de suite que cet inconnu était son père. Il lui fit parvenir un message, par courrier spécial, l'invitant à revenir, parce que tous les adeptes du Báb souffraient de son absence.

Bahá'u'lláh accepta de retourner à Baghdád et la joie revint parmi eux. Son retour triomphal irrita les mullás fanatiques et son frère jaloux, Yahyá, qui l'avait trahi. Les mullás ne voulaient pas le voir à Baghdád, parce qu'il était trop proche des lieux saints musulmans, les pèlerins qui se rendaient en ces lieux étaient souvent attirés par la personnalité et le charme de Bahá'u'lláh. Les mullás se plaignirent donc au gouvernement d'lran. Celui-ci demanda aux autorités impériales de Turquie d'exiler Bahá'u'lláh jusqu'à Istanbul.

La même chose se reproduisit à Istanbul, qui était le siège du califat; la grande sagesse et la personnalité pleine de charme de Bahá'u'lláh attirèrent un grand nombre de personnes. "Il ne doit pas rester un jour de plus à Istanbul", criaient les mullás fanatiques. C'est ainsi qu'une fois de plus on le bannit, cette fois à Andrinople. De là, il fut à nouveau déporté à 'Akká, ('Akká = la Saint-Jean-d'Acre des croisés (appelée aussi Acor)), en Terre sainte, ville qui abritait alors une colonie pénale spécialement réservée aux assassins, aux voleurs de grand chemin et aux malfaiteurs dangereux condamnés à la réclusion à vie. La colonie pénitentiaire d'Akká était un lieu effrayant. Pendant les premiers jours, on refusa de donner à boire à Bahá'u'lláh, à sa famille et à ses amis. Les souffrances subies par Bahá'u'lláh à, Akká furent innombrables. Il fut tout d'abord incarcéré seul dans une cellule, et même ses enfants ne furent pas autorisés à lui rendre visite. Il n'y avait pas trace d'un quelconque confort et ses ennemis le guettaient jour et nuit.

Mais c'est pourtant d'Akká que Bahá'u'lláh envoya ses célèbres lettres aux rois et aux souverains de l'époque, leur enjoignant d'écouter le message de Dieu et d'obéir aux commandements du roi des rois. Qui d'autre, sinon une manifestation de Dieu, aurait osé s'adresser à ceux qui l'avaient jeté en prison, comme un roi s'adresse à ses vassaux? De sa prison, Bahá'u'lláh éleva la bannière de la paix universelle et de la fraternité et, malgré les puissances terrestres liguées contre lui, il fut victorieux, ainsi que Dieu le lui avait promis dans un rêve. Le message de Bahá'u'lláh a influencé le coeur de milliers d'hommes, et nombreux furent ceux qui donnèrent leur vie pour sa cause.

Grâce à la puissance de la parole divine et aux sacrifices des disciples de Bahá'u'lláh, des centaines de milliers de personnes que leur nom et leurs titres divisaient jadis sont devenues aujourd'hui les membres d'une seule famille humaine.

Bien que Bahá'u'lláh eût été envoyé à Akká comme prisonnier, il pût quitter la colonie pénitentiaire neuf ans après son incarcération. Sa personnalité extraordinaire lui avait alors gagné de nombreux amis, et même son geôlier s'était rallié à sa cause. Personne, à 'Akká, ne s'opposa à sa libération. Il passa ses derniers jours dans un manoir appelé Bahji, à l'extérieur de la ville d''Akká, où il mourut le 29 mai 1892. Le message de Bahá'u'lláh se répandit, depuis la Terre sainte, dans les diverses régions de la terre, comme les Écrits saints du passé l'avaient promis. Dans les Écrits bouddhistes, la Terre sainte est décrite comme le paradis de l'Ouest, le siège du Promis, Amitabha. Pour les juifs, la Terre sainte est l'endroit d'où la loi de Dieu sera répandue, une fois de plus, dans le monde.

Chez les chrétiens et les musulmans aussi, il existe des prophéties magnifiques au sujet de cette terre sacrée, qui a été leur terre sainte depuis des siècles. Depuis le jour où Bahá'u'lláh arriva à 'Akká comme prisonnier, la Terre sainte des religions du passé est devenue le centre mondial de la foi bahá'ie. Bahá'u'lláh est cette grande manifestation de Dieu dont toutes les manifestations du passé ont annoncé la venue. Les religions divines de tous les âges vont dans la même direction et enseignent le même but: la foi bahá'ie. Elles sont comparables à de nombreux fleuves qui se jettent dans l'océan. Chaque fleuve irrigue des régions immenses, mais aucun d'eux n'est aussi vaste et majestueux que l'océan, car l'océan reçoit les eaux de tous ces fleuves. Dans la communauté bahá'ie, les adeptes de toutes les religions se rencontrent et sont réunis. Bien qu'ils proviennent de toutes les parties du globe, ils se donnent la main pour former une grande fraternité animée d'une même foi. Les eaux des différents fleuves ne forment qu'une seule étendue lorsqu'elles se déversent dans le grand océan!

2.9. 'Abdu'l-Bahá

Bahá'u'lláh fut l'architecte divin. Il conçut le merveilleux plan de l'unité du genre humain. Il jeta les bases immuables de cet édifice sacré et en sélectionna les matériaux.

Mais qui devait construire ce merveilleux édifice, une fois Bahá'u'lláh décédé? Il est vrai que son plan était complet, mais même un plan parfait doit être confié à une personne qualifiée, sinon la construction peut s'écrouler entièrement. Même si un plan est parfait et si la fondation d'un édifice est solide, la construction peut se réaliser d'une façon diamétralement opposée au plan de l'architecte si elle n'est pas supervisée par une personne capable.

Lorsque Bahá'u'IIáh sentit sa fin approcher il confia l'exécution de son plan divin à son fils. Il nomma 'Abdu'l-Bahá Centre de son alliance et demanda à ses fidèles de se tourner vers lui pour être guidés. Le nom d''Abdu'I-Bahá signifie "serviteur de Bahá". Fils aîné de Bahá'u'lláh, il naquit le 23 mai 1844, la nuit même de la déclaration du Báb. Un fils béni naquit dans une maison bénie à une heure bénie. 'Abdu'l-Bahá n'avait que huit ans lorsque Bahá'u'IIáh fut jeté dans une affreuse prison. Dès sa tendre enfance, il partagea volontairement toutes les souffrances de son père bien-aimé. Il l'accompagna pendant le voyage difficile de Téhéran à Baghdád et passa quarante années de sa vie en prison et en exil.

Lorsque 'Abdu'l-Bahá fut de nouveau libre, il était un homme âgé. Mais l'amour de Dieu qui brûlait en son coeur avait maintenu sa joie intacte, même pendant les heures les plus sombres de sa vie. La pire des prisons n'aurait pu atténuer son profond bonheur spirituel. 'Abdu'l-Bahá voulait que nous partagions ce même bonheur. Il dit: "Il existe deux sortes de joies: la joie physique et la joie spirituelle. La joie physique est limitée: sa durée est au plus d'une journée, d'un mois, d'une année. Elle n'aboutit à rien. Le bonheur spirituel naît dans notre âme par l'amour de Dieu et nous permet d'avoir accès aux vertus et aux perfections du monde de l'humain. C'est pourquoi, efforcez-vous le plus possible d'illuminer la lampe de votre coeur avec la lumière de l'amour."

A Baghdád, Bahá'u'lláh transmit la parole de Dieu à 'Abdu'l-Bahá. Bien qu'encore un enfant, celui-ci reconnut le rang de son père et, se jetant à ses pieds, le supplia d'être accepté comme sacrifice pour sa cause. Dès ce jour, 'Abdu'l-Bahá consacra sa vie entière au service de Bahá'u'lláh et sacrifia tout confort dans son sentier. Dès son jeune âge, il gagna l'affection et le respect des fidèles de Bahá'u'lláh: plus tard, on l'appela le "Maître". Lorsque Bahá'u'lláh décéda et lorsque son testament, connu sous le nom de "Livre de l'Alliance" fut ouvert, les Bahá'ís furent heureux d'apprendre qu'il avait désigné 'Abdu'l-Bahá en tant que Centre de son alliance et interprète autorisé de ses enseignements.

La désignation du Centre de l'alliance est une caractéristique unique de la foi bahá'ie. Dans le passé, toutes les religions se divisèrent après le départ de leur fondateur, parce que leurs adeptes ne savaient pas vers qui se tourner en l'absence de la Manifestation elle-même. Les hommes se mirent à interpréter les enseignements de Dieu de la manière dont ils les comprenaient et, comme leur compréhension divergeait, ces enseignements prirent diverses formes. Telle fut la cause de la désunion parmi les adeptes des religions précédentes. Dans la foi bahá'ie, il en va tout autrement.

En donnant les moyens d'éliminer toute cause de désunion parmi les peuples de la terre, Bahá'u'lláh n'a pas permis que la foi bahá'ie elle-même soit désunie. Il écrivit un document dans lequel il désigna 'Abdu'l-Bahá comme étant celui vers lequel tous devaient se tourner pour être guidés dans la compréhension de ses enseignements. Ce document, appelé le "Livre de l'Alliance", sauva les Bahá'ís de la désunion. Il sauvegarda l'unité des adeptes de Bahá'u'lláh mais, en même temps, il excita la jalousie du frère d''Abdu'I-Bahá, Muhammad 'Ali, qui essaya d'instiller la désunion parmi les Bahá'ís pendant le ministère d''Abdu'l-Bahá. Il imagina qu'étant, lui aussi, un fils de Bahá'u'lláh, il pourrait assumer les tâches d'un chef, mais ses efforts demeurèrent vains. Ses rapports avec la manifestation divine s'étaient détériorés lorsqu'il lui avait désobéi. Muhammad 'Ali est comparable à la branche d'un grand arbre qui ne porte plus de fruits parce qu'elle s'est desséchée et est devenue sans valeur. Et comme une branche morte, il fut coupé du tronc et rejeté. Lorsque Muhammad 'Ali s'aperçut que ses efforts pour semer la désunion parmi les Bahá'ís étaient vains, il se ligua avec les ennemis de la cause pour nuire à 'Abdu'l-Bahá. Il fit courir de faux bruits sur son frère auprès des fonctionnaires du gouvernement et alla jusqu'à prétendre qu'il rassemblait des gens autour de lui pour s'insurger contre le gouvernement. Lorsque 'Abdu'l-Bahá construisit le mausolée du Báb sur le mont Carmel, Muhammad 'Ali annonça qu'il bâtissait une forteresse, ce qui incita le gouvernement turc à envoyer une commission d'enquête en Terre sainte.

Muhammad 'Ali soudoya le général corrompu qui dirigeait la commission, de sorte que de faux rapports furent envoyés en Turquie au sujet d" Abdu'l-Bahá.

Pendant ce temps, ce dernier consacrait chacune de ses heures au service de la cause. Les belles tablettes qui s'écoulaient de sa plume apportèrent la joie et l'inspiration au coeur de milliers de Bahá'ís partout dans le monde. Par cette précieuse correspondance, il guida et fortifia leurs pas sur le sentier du service pour la foi. Lorsqu'il n'écrivait pas, , Abdu'l-Bahá rendait visite aux malades et s'occupait des pauvres. Malgré ses faibles moyens, il donnait généreusement aux autres et personne ne quittait jamais la porte de la maison du Maître en étant désappointé.

'Abdu'l-Bahá ne prêta guère attention à la commission d'enquête. Muhammad 'Ali, au contraire, lut témoigna beaucoup de respect et combla ses membres d'attentions et de cadeaux. Avant son départ, le général, qui présidait la commission, jura qu'il reviendrait bientôt pour arrêter 'Abdu'l-Bahá aux portes de la ville, ce qui remplit de joie le coeur des ennemis du Maître, tandis que tous ceux qui l'aimaient furent la proie d'une profonde inquiétude. Nombreux furent ceux qui le supplièrent de fuir alors qu'il en était temps encore, mais le Maître, dont toute la confiance allait à Dieu, ne se sentit nullement concerné. Il dit:

"Pour moi, la prison c'est la liberté: pour moi, l'incarcération est une cour ouverte: pour moi, l'humilité est identique à la gloire; pour moi, l'adversité est un don et la mort est la vie."

Le général qui avait l'intention d'arrêter 'Abdu'l-Bahá fut tué à la guerre, peu après son départ de Terre sainte. L'Empire turc lui-même fut démantelé et un nouveau régime prit les rênes du pouvoir. Muhammad 'Ali et les quelques autres qui avaient violé l'alliance de Bahá'u'lláh virent leurs efforts de nuire à 'Abdu'l-Bahá ou de semer la discorde parmi les Bahá'ís contrecarrés. Ils sombrèrent dans la disgrâce et leurs plans indignes furent bientôt connus de tous.

Le changement gouvernemental en Turquie libéra .Abdu'l-Bahá au terme d'une vie passée en captivité. Après avoir servi la cause de Bahá'u'lláh si fidèlement dans de dures épreuves, le Maître fut enfin libre de s'en aller et de porter le message de son père aux gens des autres pays. Les Bahá'ís occidentaux lui demandèrent de venir en Europe et en Amérique et, bien que courbé par l'âge et affaibli par les années d'emprisonnement, 'Abdu'l-Bahá accepta aimablement leur invitation.

Au cours de son séjour en Occident, 'Abdu'l-Bahá parla de la foi bahá'ie à des milliers de gens et il lui arrivait souvent de prononcer plusieurs discours en une seule journée. Les Bahá'ís et les nouveaux venus accouraient de loin pour le rencontrer et écouter ses paroles qui étaient une cause d'inspiration. Où qu'il allât, 'Abdu'l-Bahá enseignait la cause dès le matin et jusque tard dans la nuit. Ses amis le suppliaient souvent de se reposer mais, bien que malade et parfois fiévreux, il ne pensait guère à lui-même. En Amérique, 'Abdu'l-Bahá posa la première pierre du premier temple Bahá'í occidental qui est aujourd'hui un merveilleux édifice consacré à la gloire de la cause divine. Ses voyages en Europe et en Amérique produisirent des résultats magnifiques. La foi bahá'ie fut bientôt établie dans de nombreux pays et, avant sa mort, 'Abdu'l-Bahá encouragea les croyants à porter le nouveau message dans d'autres pays. Le Maître s'éteignit en Terre sainte le 28 novembre 1921. Il repose dans une chambre du mausolée du Báb, l'édifice dont il commença lui-même la construction.

'Abdu'l-Bahá fut l'interprète de la foi: il commenta les Écrits de Bahá'u'lláh et vécut ses enseignements de façon exemplaire. Bahá'u'lláh l'appela le "Mystère de Dieu".

2.10. Shoghi Effendi - Le gardien de la foi

'Abdu'l-Bahá était comme un père affectueux pour les Bahá'ís. A sa mort, les Bahá'ís du monde entier furent très affligés. Son ministère avait duré quelque trente années pendant lesquelles les Bahá'ís avaient progressé sous sa direction et s'étaient familiarisés davantage avec les enseignements de Bahá'u'lláh. Lorsque 'Abdu'l-Bahá quitta ce monde, les Bahá'ís se sentirent comme des orphelins privés d'un parent sage et affectueux. Les ennemis de la cause et ceux qui avaient violé l'alliance de Bahá'u'lláh crurent, par contre, le moment venu de mener à bien leurs plans machiavéliques. Ils imaginèrent que, une fois 'Abdu'l-Bahá disparu, l'unité des Bahá'ís ne serait plus protégée et qu'il leur serait facile d'attaquer la cause. Ils ignoraient que Dieu ne permettrait pas de violer l'unité de sa cause en cet âge. 'Abdu'l-Bahá avait déjà prévu la manière de préserver l'unité des fidèles de Bahá'u'lláh. A son tour, il fit une alliance ferme avec les Bahá'ís du monde entier. Il leur laissa une magnifique tablette - son testament - dans laquelle il désigna son petit-fils, Shoghi Effendi, comme gardien de la foi de Dieu.

Avec la mort d''Abdu'I-Bahá, les Bahá'ís perdirent un père aimant, mais ils trouvèrent un frère véritable en Shoghi Effendi. Shoghi Effendi naquit dans la sainte famille d''Abdu'I-Bahá.

Sa mère était la fille d''Abdu'l-Bahá et son père était un proche parent du Báb. 'Abdu'l-Bahá l'a appelé "la perle la plus merveilleuse, unique et précieuse qui brille entre les deux mers jaillissantes" et "le rameau sacré qui est sorti des deux arbres jumeaux bénis", parce qu'en lui les familles du Báb et de Bahá'u'lláh furent réunies. Shoghi Effendi grandit sous les soins et la surveillance directe d''Abdu'I-Bahá, mais nul ne connaissait le rang auquel ce dernier le destinait, bien que beaucoup de gens eussent discerné les signes de sa grandeur bien avant la mort d''Abdu'l-Bahá.

Une bahá'ie américaine écrivit un jour à 'Abdu'l-Bahá pour s'enquérir de sa compréhension d'une prophétie biblique qui concernait un jeune garçon appelé à conduire la cause après le Maître. Le Maître répondit qu'elle l'avait bien comprise, que cet enfant béni vivait et qu'il illuminerait bientôt le monde par sa lumière. A une autre personne, il précisa que cet enfant béni élèverait la cause divine vers de grands sommets.

Shoghi Effendi était un petit garçon lorsque le Maître bien-aimé écrivit son testament. Il n'avait que vingt-quatre ans lorsqu'il devint gardien de la cause de Dieu, mais son jeune âge importait peu parce qu'il était toujours guidé par Bahá'u'lláh. 'Abdu'l-Bahá appela Shoghi Effendi "le signe de Dieu sur la terre" et ajouta que quiconque obéirait à Shoghi Effendi obéirait à Dieu. C'est grâce à la grande sagesse et à la conduite spirituelle de Shoghi Effendi que le message de Bahá'u'lláh fut porté dans chaque pays du globe. A la mort d''Abdu'I-Bahá, Shoghi Effendi étudiait en Angleterre, à l'université d'Oxford. Son voeu le plus cher était de servir le Maître pendant toute sa vie et de traduire les Écrits sacrés de la foi bahá'ie en anglais pour les milliers de croyants qui ne pouvaient les comprendre en arabe ou en persan.

La nouvelle du décès d''Abdu'I-Bahá lui porta un coup terrible et il en devint malade. Avant même de se remettre du choc provoqué par la disparition si soudaine du Maître, il arriva en Terre sainte pour y apprendre qu''Abdu'l-Bahá lui avait confié la tâche écrasante du gardiennat de la cause de Dieu.

Mais lorsque Dieu donne une tâche à accomplir, il donne en même temps la force de la mener à bien. Après plusieurs semaines passées dans la méditation et la prière, Shoghi Effendi fut prêt à commencer son grand travail. Et Dieu le bénit en lui donnant une grande sagesse et en l'inspirant dans chaque pas qu'il fit pour le bien de la cause.

Pendant ses trente-six années de gardiennat, Shoghi Effendi n'eut d'autre souci que le progrès de la cause. Il travailla jour et nuit et ne s'épargna guère: il vivait très simplement, prenait rarement plus d'un repas en vingt-quatre heures et ne dormait guère plus de quelques heures par nuit. Le reste de son temps était consacré au travail grandissant de la cause de Bahá'u'lláh.

Ceux qui se rendaient compte du travail qu'il effectuait chaque jour savaient que ce n'était que grâce à la puissance de Dieu qu'un simple mortel pouvait accomplir ces tâches, jour après jour, année après année. Les ennemis de la cause, qui avaient espéré mener à bien leurs plans machiavéliques après la disparition d''Abdu'l-Bahá, se rendirent compte rapidement que la foi de Bahá'u'lláh était maintenant gardée par le bras de fer de Shoghi Effendi. C'est lui qui apprit aux Bahá'ís du monde comment oeuvrer ensemble pour établir l'ordre mondial de Bahá'u'lláh et comment exécuter les instructions d''Abdu'l-Bahá contenues dans "les Tablettes du plan divin". Dans cet ouvrage écrit par le Maître avant sa mort, 'Abdu'l-Bahá appelle les Bahá'ís à se lever pour servir la cause, à quitter leurs demeures et leur confort pour porter le message de Bahá'u'lláh dans les régions éloignées de la terre.

Pendant de nombreuses années, Shoghi Effendi entraîna les Bahá'ís afin de les préparer à cette tâche immense. Il leur apprit à travailler par le truchement de leurs assemblées locales et nationales: en effet, si les Bahá'ís étaient incapables de travailler dans l'unité, comme une seule entité, ils ne pourraient accomplir quoi que ce soit. Lorsqu'ils furent prêts pour cette grande tâche, le gardien les encouragea à se disperser dans le monde entier pour porter la bannière de Bahá'u'lláh dans chaque région du globe. Sous sa direction divinement inspirée, des centaines de Bahá'ís partirent avec le flambeau de la foi et s'établirent dans des îles et des territoires isolés pour porter le nouveau message aux peuples de toutes les nations.

A la mort d''Abdu'I-Bahá, la foi bahá'ie était connue dans trente-cinq pays; tandis que pendant le ministère du Gardien, le message de Bahá'u'lláh fut annoncé dans plus de deux cent cinquante et un pays du monde, y compris dans tous les territoires mentionnés par 'Abdu'l-Bahá dans les tablettes du plan divin.

Dans son testament, 'Abdu'l-Bahá demanda aux Bahá'ís du monde de se lever pour servir la cause et de ne pas se reposer un seul moment avant que la bannière de la foi ne soit plantée dans chaque région du globe. Notre bien-aimé Gardien exécuta cette requête du Maître pendant toute sa vie, jusqu'à son dernier jour. Il décéda le 4 novembre 1957 à Londres, où il s'était rendu pour acheter des matériaux destinés à la construction des institutions bahá'ies en Terre sainte.

Le Gardien ne nous quitta que lorsqu'il fut sûr que ses efforts, pendant trente-six ans de gardiennat, avaient construit une fondation immuable pour la foi universelle de Bahá'u'lláh et que les Bahá'ís pouvaient maintenant continuer son oeuvre. Tel un parfait capitaine de navire, il détermina la direction que nous aurions à suivre et nous donna ses instructions, avant que lui-même ne trouvât le repos. Il n'y avait plus aucun danger que nous nous perdions, car la direction à prendre avait été clairement fixée par le Gardien lui-même. Sous sa guidance spirituelle, cette arche de Dieu arrivera sans aucun doute à bon port. Pendant les dernières années de sa vie, Shoghi Effendi établit un plan décennal qui prit fin en 1963. Selon ce plan, tous les Bahá'ís du monde devaient travailler étroitement ensemble pour faire connaître le message de Bahá'u'lláh dans les derniers territoires et îles du globe où la foi n'était pas encore établie. Le gardien surveilla lui-même les progrès de ce plan dès le début et, avant son décès, la foi bahá'ie était répandue dans plus de quatre mille deux cents localités, et la littérature bahá'ie était traduite en plus de deux cents langues différentes.

En Terre sainte - au centre mondial de la foi - le Gardien construisit une merveilleuse superstructure, dont le mausolée du Báb ainsi qu'un bâtiment des Archives internationales où sont conservés de précieuses reliques et les Écrits originaux du Báb et de Bahá'u'lláh. Ces bâtiments et les magnifiques jardins qui les entourent comptent parmi les plus beaux endroits du monde, et des milliers de visiteurs y viennent chaque année. Shoghi Effendi paracheva son oeuvre en nommant vingt-sept Mains de la cause de Dieu, qu'il désigna comme "principaux intendants" de la foi. Il leur assigna la double tâche de protéger la cause et de propager les enseignements de Bahá'u'lláh.

A la mort du Gardien, les Mains de la cause élurent entre elles un corps de neuf amis qui demeurèrent en Terre sainte pour s'occuper des affaires du Centre mondial. Ils furent appelés "custodians" (c'est-à-dire "conservateurs"). Les autres Mains se dispersèrent dans le monde entier pour aider à l'accomplissement du plan décennal du Gardien.

La fin du plan décennal, en 1963, marqua l'histoire de la foi bahá'ie d'une bonne nouvelle. Un siècle entier s'était écoulé depuis le jour où Bahá'u'lláh avait proclamé sa mission. Les Bahá'ís élurent la première Maison Universelle de Justice - cette institution suprême dont 'Abdu'l-Bahá nous avait assuré qu'elle serait placée sous la direction de Dieu et sans erreur dans ses décisions.

Pour marquer ce centenaire, les Bahá'ís du monde entier se réunirent pour un grand congrès à Londres, du 28 avril au 2 mai 1963. Plus de six mille personnes de tous les continents participèrent à cette grande fête. L'unité du genre humain était effectivement manifestée par cette grande célébration: des gens de toutes races et de toutes origines, beaucoup étant revêtus de leur costume national, formaient véritablement le merveilleux jardin de Bahá'u'lláh. L'auditoire haut en couleur du congrès mondial Bahá'í constituait le plus magnifique des bouquets que nous puissions offrir à la mémoire de Shoghi Effendi, notre bien-aimé Gardien, qui avait élaboré le plan décennal, source de tant de victoires et de grands exploits. Grâce au labeur incessant et inlassable du bien-aimé Gardien, les Bahá'ís du monde sont bien préparés pour les grands événements futurs que les progrès incessants de la cause divine provoqueront. Shoghi Effendi, comme 'Abdu'l-Bahá l'avait prédit alors que le Gardien n'était encore qu'un enfant, n'a-t-il pas porté la cause de Dieu vers de hauts sommets de gloire?

3. QUELQUES ENSEIGNEMENTS ET PRINCIPES
3.1. L'unité du genre humain

Bahá'u'lláh nous a enseigné l'unité du genre humain. Tous les êtres humains sont les enfants d'un seul Dieu. Si nous croyons en un père céleste unique, nous devons aussi nous accepter les uns les autres comme des frères, comme les membres d'une même famille - la famille humaine. Avant que Bahá'u'lláh ne nous ait apporté la lumière de l'unité, de multiples raisons incitaient les hommes à croire qu'ils étaient différents les uns des autres. Parce que la couleur de leur peau était blanche, quelques-uns se croyaient supérieurs aux gens de peau noire, jaune ou brune. Bahá'u'lláh a précisé que cette croyance était erronée. L'homme n'est pas différent à cause de sa couleur.

Les hommes sont différents à cause du degré d'éducation qu'ils ont reçu et non pas du fait de leur peau. Dans le monde, les hommes de couleurs différentes sont comparables aux diverses variétés de fleurs dans un jardin. Si toutes les fleurs étaient de couleur identique, le jardin ne serait pas aussi joli. Bahá'u'lláh nous dit que Dieu est semblable à un bon berger qui ne fait pas de différence entre ses brebis brunes ou noires. Dieu nous aime tous, quelle que soit la couleur de notre peau ou quelle que soit notre origine. Pourquoi devrions-nous nous considérer les uns les autres comme des étrangers? Bahá'u'lláh a instillé un amour si grand dans le cœur de ses fidèles qu'ils se sentent les membres d'une même famille, même s'ils appartiennent à tous les pays du monde.

Dans ses Écrits, Bahá'u'lláh nous dit:

"Voici, ô mes bien-aimés, que vient d'être établi le tabernacle de l'union; ne vous regardez donc plus comme des étrangers. Vous êtes les fruits d'un même arbre et les feuilles d'une même branche."

"Soyez comme les doigts d'une seule main et les membres d'un même corps. Voici ce que vous conseille la Plume de la révélation!"

'Abdu'l-Bahá, d'autre part, a écrit:

"Parmi les enseignements de Bahá'u'lláh, il y a l'unité du monde de l'humanité. tous les êtres humains sont les brebis de Dieu et Il en est le bon Berger. Le Berger est bon envers toutes les brebis, parce qu'Il les a toutes créées, les a élevées, s'est occupé d'elles et les a protégées. Il n'est pas douteux que le Berger soit bon envers toutes ses brebis et si, parmi elles, il s'en trouvait qui soient ignorantes ou enfantines, elles seraient élevées jusqu'à ce qu'elles atteignissent leur maturité: s'il devait s'en trouver qui soient malades, elles seraient soignées et guéries. Il ne doit y avoir ni haine ni animosité, car ces malades doivent être soignées comme le ferait un bon médecin."

Prions pour l'unité de l'humanité:

"Ô mon Dieu ! ô mon Dieu ! Unis les coeurs de tes serviteurs et révèle-leur ton grand dessein. Puissent-ils suivre tes commandements et observer ta loi! Aide-Ies dans leurs efforts, ô mon Dieu, et accorde-leur la force de te servir. Ô Dieu, ne les abandonne pas à eux-mêmes, mais par la lumière de ta connaissance, guide leurs pas et, par ton amour, réjouis leur coeur. En vérité, tu es leur recours et leur Seigneur."

3.2. L'abandon des préjugés

Bahá'u'lláh nous demande d'oublier toute forme de préjugés: national, racial ou religieux. Aussi longtemps que les peuples s'accrocheront aux préjugés, jamais nous n'aurons la paix sur la terre.

Toutes les guerres présentes et passées, tous les meurtres, tout le sang répandu, tous ces crimes contre l'humanité sont dus à des préjugés. Les peuples se sont battus pour leur pays ou pour leur religion, semant la destruction et la mort dans le monde pour des millions d'êtres humains - leur prochain. 'Abdu'l-Bahá nous dit:

"Si ce préjugé et cette animosité se basent sur la religion, rappelez-vous que la religion devrait être la cause de la fraternité, sinon elle est stérile. Et si ce préjugé est dû à la nationalité, considérez que toute l'humanité ne forme qu'une seule nation; tous sont sortis de l'arbre d'Adam, et Adam est la racine de cet arbre. Cet arbre forme un tout et toutes les nations sont comme ses branches, tandis que les humains sont comme ses feuilles, ses fleurs et ses fruits. C'est pourquoi l'établissement des diverses nations - ainsi que le sang versé et la destruction de l'édifice de l'humanité qui en ont résulté - sont dus à l'ignorance humaine et à ses motifs égoïstes. Quant au préjugé patriotique, il est aussi attribuable à une ignorance totale, car la surface de la terre constitue un seul pays natal. Chacun peut vivre dans n'importe quel endroit du globe terrestre. C'est pourquoi toute la terre est le lieu de naissance de l'homme. Ces frontières et ces limites ont été conçues par l'homme.

Dans la création, de telles frontières et limitations n'avaient pas été prévues. L'Europe est un seul continent, l'Asie est un continent, l'Afrique est un continent, l'Australie est un continent, mais, poussées par des motifs personnels et des intérêts égoïstes, quelques âmes ont divisé chacun de ces continents et en ont considéré une certaine partie comme leur propre pays. Dieu n'a dressé aucune frontière entre l'Allemagne et la France: ces deux pays se prolongent l'un dans l'autre. Et pourtant, dans les siècles passés, des âmes égoïstes leur ont assigné des frontières et des limites pour favoriser leurs propres intérêts, et elles ont, jour après jour attaché davantage d'importance à celles-ci, jusqu'à ce que cette attitude conduise à l'animosité, aux luttes sanglantes et à la rapacité dans les siècles qui suivirent. Ceci continuera indéfiniment de la même façon, et si cette conception du patriotisme reste limitée à un certain milieu, elle sera la cause première de la destruction du monde. Aucune personne sage et juste n'acceptera ces distinctions imaginaires.

Chaque surface limitée que nous appelons notre pays natal est considérée comme notre patrie, tandis que tout le globe terrestre est la patrie de tous, et non pas une surface restrictive. En bref, nous vivons sur cette terre pendant quelques jours et pour y être éventuellement enterrés: elle devient notre tombe éternelle. Vaut-il la peine de répandre le sang et de nous déchirer les uns les autres pour cette tombe éternelle? Non! Au contraire, Dieu n'est pas satisfait d'une telle conduite, et aucun homme sain d'esprit ne saurait davantage l'approuver"

"Considérez les animaux bénis: ils ne se livrent aucune bataille patriotique! Ils vivent en parfaite harmonie. Par exemple, si une colombe de l'Orient et une colombe de l'Occident, une colombe du Nord et une colombe du Midi venaient à se rencontrer en même temps au même endroit, elles s'associeraient immédiatement en harmonie. Il en va de même avec tous les animaux et oiseaux doués d'un caractère paisible. Mais les animaux féroces, dès qu'ils se rencontrent, s'attaquent et s'affrontent mutuellement, se déchirent en mille pièces et il leur est impossible de vivre en paix au même endroit. Ils sont tous asociaux et féroces, de sauvages et combatifs lutteurs."

3.3. La recherche de la vérité

Lorsqu'un enfant naît dans une famille chrétienne, il devient chrétien. Lorsque les parents sont musulmans, leurs enfants deviennent musulmans; s'ils sont hindous, leurs enfants deviennent bouddhistes. Pourquoi? Parce que la plupart des peuples de la terre ne font qu'imiter leurs ancêtres, et tant que cette imitation aveugle se perpétuera, les peuples ne pourront jamais s'unir. Ils lutteront à cause de ces imitations. Chacun prétend qu'il possède la vérité et que tous les autres sont dans l'erreur. Les gens ne s'arrêtent pas pour réfléchir, s'ils étaient nés dans une autre famille ayant d'autres croyances, ils auraient considéré de manière totalement différente les croyances qu'ils acceptent comme la seule vérité.

Bahá'u'lláh enseigne que la Vérité est une. Si les peuples du monde cessaient d'imiter leurs pères et cherchaient la Vérité de manière indépendante, ils arriveraient tous à la même conclusion et s'uniraient. Les divers peuples sont semblables à des enfants qui vivent dans des maisons différentes et qui regardent le soleil à travers des vitres colorées. Mais comme la couleur des vitres varie d'une maison à l'autre, un enfant regarde le soleil à travers des vitres vertes, et il croit que le soleil est vert, tandis qu'un autre enfant voit le soleil à travers des vitres bleues et pense qu'il est bleu, et un troisième croit que le soleil est rouge parce que ses vitres sont de couleur rouge. Mais s'ils cessaient de regarder le soleil à travers leurs petites vitres et s'ils sortaient de leur maison, ils verraient tous la véritable couleur du soleil et n'auraient plus aucune raison de se quereller.

Bahá'u'lláh demande aux enfants des hommes de sortir des maisons qu'ils ont héritées de leurs ancêtres et de ne plus regarder le soleil à travers les vitres colorées de leurs fenêtres. Car le soleil que nous regardons est le même astre partout, et lorsque nous enlèverons nos verres de couleur, nous le verrons tous dans sa véritable couleur.

Dieu veut que nous réfléchissions à nos convictions intimes, plutôt que de suivre aveuglément une certaine croyance pour la seule raison, souvent injustifiable, que nos ancêtres y ont cru pendant des générations. Si nous cherchons tous la vérité par nous-mêmes, nous parviendrons à voir que la vérité est une: elle peut tous nous rassembler et nous permettre de surmonter les différences du passé.

'Abdu'l-Bahá dit:

"... Les divines religions des saintes manifestations de Dieu sont une en réalité, bien qu'elles diffèrent dans leur appellation et leur vocabulaire. Que l'homme soit donc l'amant de la lumière, quelle que soit sa source. Qu'il soit l'amant de la rose, quel que soit le sol où elle pousse! Qu'il cherche la vérité, quelle qu'en soit l'origine! S'attacher à la lanterne n'est pas aimer la lumière qu'elle émet. S'attacher à la terre ne convient pas, mais se réjouir à la vue d'une rose est louable.

Vouer de l'affection à un arbre est vain, mais prendre sa part de ses fruits est avantageux. On peut jouir de la saveur des fruits comestibles de quelque arbre et de quelque lieu qu'ils proviennent. Il faut accepter la parole de vérité, quelle que soit la bouche du prophète qui la prononce. Il faut accepter les vérités absolues, quel que soit le livre saint qui les consigne. Si nous entretenons les préjugés, nous nous priverons de nombreux bienfaits et nous resterons plongés dans l'ignorance.

La lutte entre les religions, les nations et les races naît d'une mutuelle incompréhension. Si nous étudions les religions pour découvrir les principes sur lesquels s'étayent leurs fondements, nous verrons qu'elles sont véritablement en accord, car leur vérité essentielle est une et non pas multiple. C'est par ces moyens que les esprits religieux du monde parviendront à l'unité et à la réconciliation."

Dans un autre passage, 'Abdu'l-Bahá dit:

"Hélas! L'humanité est complètement submergée dans des leurres et des illusions, bien que la vérité de la religion divine soit toujours restée la même. Les superstitions ont obscurci la réalité fondamentale, le monde est assombri et la lumière de la religion n'est plus apparente. Ces ténèbres conduisent aux différends et aux dissensions: les rites et les dogmes abondent, c'est pourquoi la discorde est née parmi les systèmes religieux, bien que la religion se propose d'unir l'humanité.

La véritable religion est la source de l'amour et de l'accord entre les hommes, la cause du développement de qualités louables; mais le peuple s'en tient aux contrefaçons et aux imitations et il néglige la réalité qui unit: il est donc privé de la lumière de la religion. Les hommes suivent les superstitions héritées de leurs pères et de leurs ancêtres.

Cette attitude prédomine de telle façon qu'elle a éteint la lumière céleste de la vérité divine. Les gens restent assis dans les ténèbres des leurres et de l'imagination: ce qui devait conduire à la vie est devenu la cause de la mort; ce qui devait être une preuve de connaissance est maintenant un signe d'ignorance; ce qui était un facteur de la nature sublime de l'homme s'avère être la cause de sa dégradation, C'est pourquoi le règne de l'homme religieux s'est graduellement rétréci et obscurci, et la sphère d'influence du matérialisme s'est élargie et a progressé: car l'homme religieux s'en est tenu aux imitations et aux contrefaçons, négligeant et mettant au rebut le caractère de sainteté et la réalité sacrée de la religion.

Lorsque le soleil se couche, le temps est venu pour les chauve-souris de prendre leur envol. Elles sortent parce qu'elles sont les créatures de la nuit. Lorsque les lumières de la religion s'éteignent, les matérialistes apparaissent. Ils sont les chauve-souris de la nuit. Leur activité commence lors du déclin de la religion; ils recherchent l'ombre lorsque le monde est assombri et que les nuages l'ont recouvert. Sa Sainteté Bahá'u'lláh s'est levée à l'horizon de l'Orient. Comme la gloire du soleil, il est apparu au monde. Il a réfléchi la réalité de la religion divine, dissipé les ténèbres des contrefaçons, posé les fondements de nouveaux enseignements et rendu la vie au monde."

"Le premier enseignement de Bahá'u'lláh est l'investigation de la réalité. L'homme doit chercher lui-même la réalité, oubliant en cela les traditions et l'adhésion à des formes purement héréditaires. Comme les nations du monde suivent des stéréotypes plutôt que la vérité et comme les stéréotypes sont nombreux et variés, les différences entre les croyances ont produit les luttes et les guerres. Tant que ces imitations demeurent, l'unité du monde de l'humanité est impossible.

Nous devons investir la réalité de telle sorte que, par sa lumière, les nuages et l'obscurité puissent être dissipés. La réalité est une, elle n'admet ni la multiplicité ni la division. Si les nations du monde sondent la réalité, elles tomberont d'accord et s'uniront. Nombreux sont les gens et les sectes qui ont cherché la réalité par l'intermédiaire de la direction et de l'enseignement de Bahá'u'lláh. Ils sont devenus unis et vivent maintenant en complet accord et dans l'amour mutuel: parmi eux n'existe plus la moindre trace d'animosité ni de lutte."

3.4. Une langue universelle

Une des causes de malentendus dans le monde vient du fait que les peuples ne comprennent pas d'autres langages. Chaque pays a un langage différent, et lorsqu'une personne voyage d'un pays à un autre, elle a l'impression de se trouver parmi des étrangers.

Bahá'u'lláh est venu pour unir tous les peuples du monde et pour qu'ils deviennent les membres d'une même famille. Une de ses lois, par conséquent, est l'adoption d'une langue commune à tous, langue qui sera enseignée dans chaque région du monde, de sorte que chacun l'apprendra en plus de sa langue maternelle. De cette façon, les hommes se sentiront chez eux où qu'ils aillent, parce qu'ils pourront tous se comprendre les uns les autres.

La différence de langues peut quelquefois créer de graves malentendus qui peuvent même être la source de dangereux conflits. Prenons, par exemple, le nom du Créateur. En arabe, son nom est Allah; en hindi, on l'appelle Ishwara; en anglais, God: en français, Dieu. Les ignorants croient que Dieu est différent de God, d'Allah, d'lshwara, et ils se querellent à cause de ces noms. Lorsque tout le monde parlera une langue commune et universelle, chacun réalisera que l'Être suprême est le même Créateur dans toutes les langues, ce qui évitera déjà de nombreux malentendus.

Les Bahá'ís ont traduit le message de Bahá'u'lláh dans trois cent quatre-vingt-dix-sept langues environ, parce que le monde n'a pas encore de langue commune. Lorsque la langue universelle sera adoptée dans le monde entier, il sera bien plus facile de communiquer les enseignements de Bahá'u'lláh à tous; chacun sera à même de lire les Écrits saints de la manifestation divine dans cette langue universelle.

3.5. L'égalité de l'homme et de la femme

Si on coupait les plumes de l'aile d'un pigeon, il ne pourrait plus voler quelque saine et forte que soit son autre aile, car les oiseaux ont besoin de leurs deux ailes pour voler, 'Abdu'l-Bahá dit à ce sujet:

"L'humanité est comme un oiseau qui a deux ailes - l'une est l'homme, l'autre la femme. Si les deux ailes ne sont pas également fortes et mues par une force commune, l'oiseau ne pourra jamais s'élever dans les airs."

Et plus loin, il ajoute:

"Dieu a créé toutes les créatures par couples. L'homme, l'animal, les plantes, toutes ces choses, dans ces trois règnes, comportent deux sexes, et l'égalité la plus complète existe entre elles.

"Dans le règne végétal, il y a des plantes mâles et d'autres femelles: elles ont des droits égaux et possèdent une part égale de la beauté de leur espèce, même si l'arbre qui porte des fruits est considéré comme supérieur à celui qui n'en porte pas.

"Dans le monde animal, nous voyons le mâle et la femelle qui ont les mêmes droits et chacun partage les avantages de son espèce.

"Nous avons vu que, dans les deux règnes inférieurs, il n'est pas question de supériorité d'un sexe par rapport à l'autre. Dans le monde humain, par contre, nous trouvons une grande différence: le sexe féminin est traité comme s'il était inférieur et on ne lui accorde pas les mêmes droits et privilèges. Cette condition n'est pas attribuable à la nature, mais à l'éducation. Dans la création divine, il n'existe pas de distinction de cette sorte. Aux yeux de Dieu, aucun sexe n'est supérieur à l'autre..."

Dieu nous a créés en tant qu'êtres humains, que nous soyons homme ou femme. Pour des parents qui aiment leurs enfants, ceux-ci leur sont également chers, qu'ils soient fils ou filles.

'Abdu'l-Bahá nous dit que les hommes et les femmes appartiennent tous deux au genre humain, et qu'aux yeux de Dieu, ils sont égaux, car chacun d'eux est le complément de l'autre dans le plan créateur de Dieu. La seule distinction entre eux, aux yeux de Dieu, provient de la pureté et de la rectitude de leurs actes, car de tels actes sont ceux que Dieu préfère de la part de celui qui se rapproche le plus de l'image spirituelle et de sa ressemblance à son Créateur.

Puisque la grâce divine atteint l'homme aussi bien que la femme, nous ne devrions établir aucune distinction entre eux. Les charges d'un homme, au sein de la communauté, sont peut-être différentes de celles d'une femme, mais leurs droits et leurs privilèges sont égaux. Nous ne devrions pas penser que les talents féminins sont inférieurs à ceux de l'homme. Dans le passé, les femmes ne recevaient pas la même éducation et ne bénéficiaient pas des mêmes possibilités que les hommes: c'est pourquoi leurs différentes capacités ne pouvaient pas s'épanouir.

Lorsque les Bahá'ís élisent annuellement leurs assemblées, les membres qu'ils choisissent sont ceux qui sont les plus sincères et les plus compétents. Qu'ils soient hommes ou femmes n'a pas d'importance. Nous devrions toujours nous souvenir que Dieu considère le coeur et le caractère d'une personne et non son sexe.

'Abdu'l-Bahá dit:

"Quiconque dont la pensée est pure, dont l'éducation est supérieure, dont le niveau académique est élevé, dont les actions philanthropiques sont remarquables, homme ou femme, qu'il soit blanc ou de couleur, a pleinement droit à la même reconnaissance; il n'y a pas entre eux la moindre différence."

3.6. L'éducation universelle

Un des enseignements de Bahá'u'lláh veut que chaque enfant - fille ou garçon - reçoive une bonne éducation. Si les parents venaient à négliger l'éducation de leur enfant, ils en seraient responsables devant Dieu. Voici le commandement de Bahá'u'lláh:

"Il est décrété que tout père doit veiller à l'éducation de ses fils et de ses filles, leur enseigner les sciences et les lettres... Celui qui néglige ce commandement (relatif à l'éducation), alors qu'il en a les moyens, sera obligé par les administrateurs de la Maison Universelle de Justice de verser la somme nécessaire à l'éducation de ses enfants. Au cas où les parents ne peuvent y pourvoir, l'éducation sera assurée par la Maison de Justice. En vérité, nous avons fait de la Maison de Justice un refuge pour les pauvres et les nécessiteux. Celui qui veille à l'éducation de son fils ou à celle de tout autre enfant, c'est comme s'il avait éduqué un de mes enfants."

L'éducation de ses enfants constitue, par conséquent, une loi obligatoire pour tout bahá'i. Si les parents ont les moyens de pourvoir à l'éducation de leurs enfants mais négligent leur devoir l'assemblée spirituelle doit les forcer de veiller à cette éducation. Mais s'ils sont pauvres, l'assemblée spirituelle doit pourvoir à l'éducation des enfants grâce aux fonds de la communauté. Les paroles de Bahá'u'lláh nous montrent que l'éducation des enfants est une tâche sacrée. N'a-t-il pas dit:

"Celui qui veille à l'éducation de son fils ou à celle de tout autre enfant, c'est comme s'il avait éduqué un de mes enfants."

N'est-ce pas un privilège et un grand honneur que d'éduquer les enfants de Bahá'u'lláh? Nous accéderons à cet honneur si nous éduquons nos propres enfants ou d'autres enfants.

Nous ne pouvons pas prétexter que nos jeunes enfants doivent travailler à la maison ou se rendre dans les pâturages avec le bétail et que, par conséquent, ils n'ont pas le temps d'aller à l'école. Souvenons-nous que le fait de surveiller les troupeaux ou de travailler aux champs n'est pas un commandement de Dieu, mais que l'éducation en est un. Si nous ne le suivons pas, nous sommes responsables des conséquences que cela entraîne. De même, nous ne pouvons pas dire que, parce que notre enfant est une fille, elle n'a pas besoin d'aller à l'école.

En matière d'éducation, 'Abdu'l-Bahá nous dit que, bien que l'égalité existe entre les droits de l'homme et de la femme, si la priorité doit être donnée à un enfant, la fillette doit en bénéficier, car les filles seront les mères de la société future et une mère éduquée élèvera mieux ses enfants. Mais l'éducation, selon Bahá'u'lláh, ne consiste pas seulement à apprendre à lire et à écrire. Les enfants devraient être éduqués afin d'être aptes à servir la race humaine. Actuellement, les enfants qui vivent dans les différentes régions du globe sont élevés dans le respect et la loyauté envers leur propre pays seulement, et quelquefois la haine envers d'autres pays est instillée dans leurs jeunes esprits. On leur apprend à être fiers d'être Allemands, Arabes ou Chinois et à croire que leur race, leur religion ou leur tribu sont les meilleures du monde.

La foi bahá'ie nous enseigne que ceci n'est pas correct. L'enseignement doit servir à amener les hommes et les femmes à considérer la terre comme "un seul pays dont tous les hommes sont les citoyens". Chacun doit être amené à aimer et servir pour le mieux-être du monde entier. Si chacun suit ces règles d'éducation, une seule génération suffira pour établir l'unité de toute l'humanité.

Bahá'u'lláh dit encore:

"Les écoles doivent tout d'abord former les enfants dans les principes de la religion, de sorte que la récompense et la rétribution, dont parlent les livres sacrés, les empêchent de perpétrer des actes interdits et afin qu'ils soient ornés du manteau des commandements. Mais ceci doit se faire dans la mesure où l'enfant n'est ni blessé dans ses sentiments, ni conduit dans l'ignorance du fanatisme et de la bigoterie." Ce qui signifie que les valeurs spirituelles enseignées par les manifestations de Dieu doivent constituer la base de tout système éducatif. Ce n'est que par l'illumination spirituelle que l'homme deviendra plus heureux, car il apprendra à vivre sans préjugé envers son prochain, et il envisagera l'avenir avec espoir et confiance. L'éducation doit nous libérer des superstitions, des préjugés et du matérialisme, 'Abdu'l-Bahá écrit:

"Parmi les enseignements, Sa Sainteté Bahá'u'lláh traite de la liberté de l'homme. L'homme, par le pouvoir idéal, doit se trouver libéré, émancipé de ses attaches au monde matériel, car tant qu'il est captif de la matière, C'est un animal féroce, puisque la lutte pour l'existence est l'une des exigences de la nature. Cette question de la lutte pour la vie est la source de toutes les calamités, la suprême affliction."

Aucun Bahá'í ne devrait priver ses enfants d'accéder à la connaissance et à la science. Bahá'u'lláh dit:

"La science est comme les ailes de la vie: c'est l'instrument qui nous fait monter Il incombe à chacun d'acquérir des connaissances dans les sciences utiles à l'humanité et non de celles qui commencent et finissent par des mots. Aussi les savants et les artistes ont-ils de grands droits parmi les peuples du monde... En vérité, l'unique trésor de l'homme est la science. La science est la cause de sa gloire, de sa fortune, de son contentement, de son allégresse, de son bonheur de sa joie et de son plaisir."

3.7. La religion et la science doivent aller de pair

Dieu nous a dotés de raison, ce qui nous distingue des animaux. Grâce à elle, l'homme a pu progresser à travers les siècles et son existence actuelle diffère de ce qu'elle était il y a des millénaires. Les découvertes et les inventions ont permis aux hommes de vivre mieux et de lutter contre la maladie et l'ignorance. Mais à quoi nous servirait le seul progrès matériel. si nous ne nous développions aussi spirituellement? Dieu nous donne la religion pour favoriser notre progrès spirituel. La science sans la religion peut causer de grands torts, comme la religion sans la science peut entraîner de graves problèmes, Les deux sont indispensables au progrès harmonieux de la race humaine, La science et la religion doivent marcher de pair.

La science nous fournit les instruments dont nous avons besoin, et la religion nous dit comment les utiliser. Une hache ou une faux sont des outils extrêmement utiles, pourvu que nous sachions nous en servir. Malheureusement, la science produit aujourd'hui des instruments que les hommes emploient comme des armes agressives, car ils n'ont pas de religion qui leur dise comment en user à bon escient. D'autre part, si nous renonçons à la science et cessons d'utiliser notre raison, la religion sombrera dans l'ignorance et dans la superstition et elle sera dangereuse pour les peuples du monde.

Dans le passé, les hommes croyaient que la science et la religion ne pouvaient coopérer mais Bahá'u'lláh nous dit que la religion véritable est en plein accord avec la science véritable. Il précise que notre coeur et notre esprit peuvent fort bien accepter en même temps ces deux vérités. Concluons ce chapitre en citant ce merveilleux discours d''Abdu'l-Bahá:

"Dieu a créé la religion et la science à la mesure ... de notre compréhension. Prenez garde de négliger un aussi merveilleux pouvoir Pesez tout dans cette balance... Mettez toute votre foi en harmonie avec la science; il ne saurait y avoir d'opposition entre elles, car la vérité est une. Quand la religion, dépouillée de ses superstitions, de ses traditions et de ses dogmes étroits démontrera sa conformité avec la science, alors il y aura dans le monde une grande unification, une force purificatrice qui balaiera devant elle guerres, litiges, discordes et luttes, alors l'humanité sera unie dans la puissance de l'amour de Dieu."

3.8. L'abolition des extrêmes dans la pauvreté et dans la richesse

Bahá'u'lláh nous dit qu'il préfère la justice à toute autre chose dans le monde:

"0 fils de l'esprit ! A mes yeux, ce que j'aime par-dessus tout est la justice; ne t'en écarte pas si c'est moi que tu désires..."

'Abdu'l-Bahá dit:

"L'un des principes les plus importants de l'enseignement de Bahá'u'lláh est le droit de chaque être humain au pain quotidien qui entretient la vie, ou encore "l'égalisation des moyens d'existence".

L'ajustement des conditions de vie doit être tel que la pauvreté des peuples disparaisse et que chacun, autant que faire se peut, suivant son rang et sa position, ait sa part de confort et de bien-être.

"Nous voyons autour de nous, d'une part, des gens surchargés de richesses et, de l'autre, des êtres malheureux, affamés, privés de tout: ceux qui possèdent plusieurs palais somptueux et ceux qui ne savent pas où reposer leur tête. Les uns se nourrissent de plats délicieux et coûteux, alors que d'autres trouvent à peine assez de croûtes de pain pour subsister. Quelques-uns sont vêtus de velours, de fourrures et de lingeries fines, les autres de minces vêtements de mauvaise qualité, insuffisants pour les protéger du froid. Cet état de chose est injuste et il faut y remédier... Etant donné l'excessive richesse des uns et la pauvreté lamentable des autres, une organisation est nécessaire pour contrôler et améliorer cet état de choses. Il importe de limiter les fortunes et aussi de limiter la pauvreté. Ces extrêmes ne sont pas justes. Quand on voit la pauvreté aller jusqu'à la famine, c'est un signe certain que la tyrannie se cache quelque part. Les hommes doivent se hâter, sans plus attendre, de modifier ces conditions qui réduisent un grand nombre de gens à une déprimante pauvreté..."

Dans la foi bahá'ie, un nombre impressionnant de lois et sages préceptes sont préconisés pour la création d'une société équilibrée au sein de laquelle les cas extrêmes de richesse ou de pauvreté n'existeront plus. Plusieurs de ces lois devront être appliquées par les gouvernements du monde, mais la solution de base des problèmes économiques actuels repose sur l'individu. Les Bahá'ís sont encouragés à déployer de grands efforts en vue de progresser matériellement et spirituellement, mais ils ne doivent jamais oublier les paroles suivantes de Bahá'u'lláh:

"L'essence de la richesse est l'amour de moi. Quiconque m'aime est le possesseur de toutes choses et quiconque ne m'aime pas est, en vérité, pauvre et dans le besoin."

La richesse véritable, pour un bahá'i, est donc l'amour de Dieu en son cœur. Lorsqu'il possède ce grand trésor que personne ne saurait lui ravir, les biens matériels n'ont plus la même emprise sur lui, et la pauvreté extérieure ne saurait devenir la cause de la tristesse. Bahá'u'lláh dit: "Ô fils de ma servante! Ne sois pas troublé dans la pauvreté ni confiant dans la richesse, car à la pauvreté succède la richesse, et après la richesse vient la pauvreté..."

Lorsque nos coeurs sont détachés des biens de ce monde, il est plus facile de partager nos biens avec ceux qui sont dans le besoin, et c'est précisément ce que Bahá'u'lláh attend de ses fidèles. Dans une des tablettes d''Abdu'I-Bahá, nous lisons:

"Et parmi les enseignements de Bahá'u'lláh, il est question du partage volontaire des biens personnels avec autrui. Ce partage volontaire dépasse l'idée d'égalité et veut dire que l'homme ne doit pas se préférer aux autres mais, au contraire, faire le sacrifice de sa vie et de ses biens pour son prochain. Certes, cela ne devrait pas être le fait d'une contrainte au moyen d'une loi qu'on serait obligé de suivre. Non, l'homme devrait plutôt, délibérément et volontairement, sacrifier sa vie et ses biens pour les autres, dépenser sans compter quand il s'agit des malheureux, exactement comme cela se pratique en Perse, chez les Bahá'ís."

Aussi pauvre que soit un homme, il trouvera toujours plus pauvre que lui avec qui partager ce qu'il possède. Aux riches, Bahá'u'lláh dit ce qui suit:

"Ô vous les riches de la terre! Les pauvres sont mon dépôt que j'ai placé parmi vous. Veillez sur ce dépôt et ne soyez pas uniquement absorbés par votre bien-être personnel."

Il les exhorte à ne pas oublier les démunis, car ils seront punis s'ils se montrent égoïstes:

"Ô enfants de poussière. Faites connaître aux riches les plaintes nocturnes du pauvre, de crainte que leur insouciance ne les conduise dans le chemin de la destruction et ne les prive de l'arbre de richesse. Donner et se montrer généreux font partie de mes attributs; heureux celui qui se pare de mes vertus."

Bien que les riches soient appelés à donner de leurs biens, Bahá'u'lláh interdit aux pauvres de mendier. Il leur demande de s'efforcer de gagner leur vie, tout en plaçant leur confiance dans le Tout-Puissant. Chacun est appelé à exercer une profession, un travail dans ce monde. Nous ne devons jamais envier ceux qui possèdent plus d'argent que nous, car Bahá'u'lláh nous dit:

"Ô fils de la terre! Sache en vérité que le coeur où subsiste encore la moindre trace d'envie n'atteindra jamais mon empire éternel et ne respirera jamais les doux parfums de sainteté émanant de mon royaume sacré."

Et encore:

"Ô mon serviteur! Purifie ton coeur de toute malice et, dépourvu d'envie, pénètre à la cour divine de sainteté."

Nous devons comprendre que la richesse, par elle-même, ne constitue pas une vertu. Elle peut même devenir une chose dangereuse. Bahá'u'lláh dit que Dieu met les hommes à l'épreuve par l'or, comme l'or est mis à l'épreuve par le feu.

Il ajoute:

"Sachez, en vérité, que la richesse constitue une puissante barrière entre le chercheur et l'objet de sa recherche, entre l'amant et l'Adoré. Les riches, quelques-uns mis à part, n'atteindront pas la cour de sa présence et n'entreront pas dans la cité du contentement et de la résignation. Bienheureux celui qui, étant riche, n'est pas empêché par ses richesses d'entrer dans le royaume éternel ni privé par elles d'une possession impérissable. Par le plus grand nom! La splendeur d'un tel homme riche illuminera les habitants du ciel comme le soleil illumine les peuples de la terre."

L'objet de notre vie n'est donc pas l'accumulation des richesses pour mener une courte existence ici-bas. Les richesses de ce monde ne nous seront profitables que lorsque nous aurons acquis la richesse spirituelle et que nous aurons appris à nous connaître nous-mêmes ainsi que le but de notre vie ici-bas.

Bahá'u'lláh a écrit:

"L'homme devrait se connaître lui-même ainsi que ce qui le mène à l'élévation ou à la bassesse, à l'humiliation ou à l'honneur, à la richesse ou à la pauvreté. Lorsque l'homme se sera réalisé de cette manière et qu'il sera parvenu à la maturité, la richesse alors sera désirable. Si cette richesse est acquise par les arts ou l'exercice d'une profession, elle est digne de l'approbation et de l'éloge des hommes sages, en particulier les serviteurs qui se lèvent pour instruire le monde et embellir les âmes des nations..."

Que nous soyons riches ou non, souvenons-nous toujours que nous pouvons être spirituellement riches si nous laissons pénétrer l'amour de Dieu dans notre coeur. C'est ce que Dieu dit à chacun d'entre nous par la voix de Bahá'u'lláh:

"Ô fils de l'esprit! Je t'ai créé riche, pourquoi t'abaisses-tu à la pauvreté? Je t'ai fait noble, comment peux-tu t'avilir? De l'essence du savoir je t'ai conféré la vie, pourquoi cherches-tu la lumière auprès d'un autre? De l'argile de l'amour je t'ai façonné, comment peux-tu t'occuper d'un autre que moi? Tourne ton regard vers toi, afin que tu puisses me trouver présent en toi, fort, puissant, subsistant par moi-même."

3.9. Le bonheur

Une des grandes faveurs de Bahá'u'lláh est la joie et le bonheur qu'il a créé en nos coeurs. Nous sommes remplis de joie parce que l'amour de Dieu est en nous. Nous sommes heureux parce que nous connaissons, grâce à lui, la signification et la raison de notre courte vie terrestre. Nous nous réjouissons parce que nous avons rencontré le bien-aimé. Par l'influence de ses paroles créatrices, nous vivons en paix avec toute l'humanité. Bahá'u'lláh proclame:

"Ô mes amis qui vivez dans la poussière. Hâtez-vous vers votre demeure céleste! Annoncez-vous les uns aux autres la bonne nouvelle: celui qui est le bien-aimé est apparu! Il a orné sa tête de la couronne de la gloire de la révélation divine et il a ouvert les portes du paradis ancien aux yeux des hommes. Que tout oeil se réjouisse et que toute oreille soit réconfortée, car le temps d'admirer sa beauté est venu, voici venu le moment d'écouter sa voix."

Proclamez à tous les amants qui cherchent: "Voici votre bien-aimé qui est apparu parmi les hommes. Et dites aux porteurs de la bonne nouvelle du monarque de l'amour. "Voici l'adoré qui est venu, rayonnant de toute sa gloire. Ô amants de sa beauté, transformez l'angoisse de votre séparation de lui en joie d'une réunion éternelle."

La joie d'avoir reconnu le bien-aimé et d'avoir répondu à sa voix remplit le coeur de chaque bahá'i. Cette grande grâce est la force qui anima les milliers de martyrs Bahá'ís qui sacrifièrent joyeusement leur vie au nom de leur bien-aimé. Lorsque la joie de la foi remplit notre coeur, rien de terrestre ne saurait nous décourager ni nous attrister. La pauvreté, la maladie et les difficultés sont oubliées lorsque l'amour de Dieu et de ses créatures habite notre coeur.

'Abdu'l-Bahá fit souvent allusion à ce bonheur permanent qu'il connaissait, même lorsqu'il vivait en prison dans des conditions très rudes. Il dit à ce sujet: "J'étais heureux pendant mon emprisonnement. J'étais transporté de joie, car je n'étais pas un criminel et on m'avait emprisonné dans le sentier de Dieu... J'étais heureux d'être un prisonnier - Dieu soit loué ! - pour la cause de Dieu, ma vie n'était pas gaspillée, elle était consacrée au service divin. Ceux qui me voyaient n'auraient jamais pensé que j'étais en prison. Ils étaient témoins de ma joie immense, de ma parfaite santé et de mon entière gratitude, ignorant la prison." Le bonheur qui résulte de l'amour ressenti envers Dieu et notre prochain nous rend plus dignes de louer le Tout-Puissant et de recevoir ses bénédictions. Bahá'u'lláh a écrit:

"Ô fils de l'homme ! Réjouis-toi dans le ravissement de ton coeur, afin que tu puisses être digne de me rencontrer et de refléter ma beauté." Les Bahá'ís devraient toujours refléter la lumière radieuse de la joie. Comment ne pas être heureux lorsque nous lisons ces paroles merveilleuses de Bahá'u'lláh:

"Ô fils de l'esprit! Par les joyeuses nouvelles de la révélation, je te salue: réjouis-toi ! A la cour de sainteté je t'appelle: demeure en cette cour, afin de pouvoir y vivre dans la paix pour toujours."

Bahá'u'lláh nous dit que le coeur est le siège de Dieu. Lorsque le cœur a connu la joie de la présence divine, aucun autre bonheur au monde ne peut la remplacer, La richesse de ce monde ne saurait augmenter ce bonheur. De même, un manque de prospérité ne saurait attrister notre coeur. La joie que prodiguent les plaisirs de ce monde ne constitue pas le bonheur véritable, parce qu'elle est éphémère. Bahá'u'lláh nous dit de ne pas nous en affecter. "Ô fils de l'homme! Lorsque survient la prospérité, ne t'en réjouis pas: et si l'humiliation t'atteint, ne t'afflige pas, car toutes deux passeront et disparaîtront."

'Abdu'l-Bahá dit: "Lorsqu'un homme a soif il boit de l'eau. Lorsqu'il a faim, il se nourrit. Mais si l'homme n'a pas soif, l'eau ne lui procure aucun plaisir, et si la faim est déjà satisfaite, la nourriture lui paraîtra désagréable. Il n'en va pas de même du plaisir spirituel. Le plaisir spirituel procure toujours de la joie.

L'amour divin procure un bonheur sans fin et non de simples soulagements. Dieu a créé en nous un esprit saint divin - l'esprit humain muni de ses pouvoirs intellectuels qui surpassent les pouvoirs de la nature. Par eux, nous jouissons de l'extase de l'esprit et pouvons nous expliquer le monde... Ce pouvoir vous distingue de toutes les autres créatures, pourquoi ne le consacrez-vous qu'à votre condition matérielle? Il devrait être utilisé pour l'acquisition et la manifestation des grâces divines, afin que vous puissiez établir le royaume de Dieu parmi les hommes et atteindre le bonheur dans les deux mondes, le visible et l'invisible. Soyons heureux de vivre dans cette époque merveilleuse! Réjouissons-nous au paradis que Dieu a préparé à notre intention, dans lequel les hommes vivent comme des frères et où les luttes et différends d'antan sont oubliés!"

Réjouissons-nous à la lecture de ces paroles d''Abdu'I-Bahá: "Bonne nouvelle. Car la vie éternelle est ici, Ô vous qui dormez, réveillez-vous! Ô vous qui êtes négligents, apprenez la sagesse! Ô vous qui êtes aveugles, recevez la vue! Ô vous qui êtes sourds, entendez! Ô vous qui êtes muets, parlez! Ô vous qui êtes morts, levez-vous! Soyez heureux! Soyez heureux. Soyez remplis de joie!"

3.10. L'immortalité

Notre vie est très courte. Une période de vingt ou trente ans paraîtra longue aux jeunes mais, lorsque nous sommes plus âgés, nous nous demandons comment les années ont pu s'écouler aussi rapidement. Les années à venir passeront aussi vite et, bientôt, la mort viendra nous surprendre.

La mort signifie-t-elle la fin de toutes choses pour nous? Non. La foi bahá'ie enseigne que la mort n'est pas la fin. Elle est le commencement.

Bahá'u'lláh dit: "Ô fils de l'Être suprême! De la mort j'ai fait pour toi une messagère de joie. Alors pourquoi t'affliges-tu? J'ai fait la lumière pour qu'elle t'illumine de sa splendeur. Pourquoi te voiles-tu devant elle?"

La mort est le début d'un voyage spirituel vers Dieu. Elle est une nouvelle naissance une naissance spirituelle.

Lorsque notre âme quitte le corps, elle continue à vivre et à progresser dans le royaume de Dieu. Mais elle ne reviendra jamais sur terre dans sa forme matérielle.

Un oiseau qui a vécu toute sa vie dans une cage ne connaît d'autre milieu que sa cage. Quelquefois, il voit un jardin à travers les barreaux: mais le pauvre oiseau n'a aucune conception de la liberté et n'a jamais connu le bonheur de voler dans les forêts verdoyantes ou dans les vastes champs. Si vous ouvrez la porte de la cage pour lui rendre sa liberté, l'oiseau sautera peut-être dans un coin de sa prison et ne cherchera pas à s'envoler et, lorsque vous essayerez de le prendre dans votre main pour l'en sortir, il s'effrayera et s'échappera de votre main. Mais lorsque l'oiseau sera libre, il s'élèvera très haut vers le ciel et chantera au sommet des arbres verts. Il s'installera dans les prairies fleuries et dans les bois parfumés et il ne reviendra jamais plus dans sa cage, même si vous lui offriez des milliers de cages dorées.

De même, lorsque l'âme est libérée de la cage du corps, ceux qui ne connaissent pas le royaume de Dieu et le bonheur qui les attend lorsqu'ils quitteront cette enveloppe terrestre, auront peur de mourir. C'est parce qu'ils ne connaissent que la cage et qu'ils ignorent le ciel de l'amour et de la miséricorde de Dieu.

Mais ceux qui ont reconnu les manifestations de Dieu sont persuadés de l'immortalité de l'âme et de la vie éternelle. Un soir quelqu'un posa une question à Bahá'u'lláh au sujet de la vie après la mort. Voici sa réponse:

"Revenons maintenant à la question relative à l'âme humaine et à sa survie après la mort physique. Sache en vérité que l'âme, après s'être séparée du corps, continue de progresser dans un état et dans des conditions que ne sauraient changer ni les révolutions des âges et des siècles, ni les hasards et vicissitudes de ce monde, jusqu'à ce qu'elle ait accédé à la présence de Dieu. Elle durera autant que dureront le royaume de Dieu, sa souveraineté, son empire et sa puissance. Et elle continuera ainsi de manifester les signes et attributs de Dieu, de révéler sa tendre bonté et ses bienfaits innombrables. Ma plume s'arrête, impuissante, quand je tente de décrire la gloire d'un si sublime état."

La mort est synonyme de nouvelle naissance spirituelle pour chacun d'entre nous. Soyons donc prêts à accueillir la "messagère de joie" lorsqu'elle frappera à notre porte.

3.11. Le ciel et l'enfer

Si vous ensemencez un champ en bonne saison, si vous l'arrosez régulièrement et le protégez des parasites et des oiseaux, vous serez récompensés par une riche moisson, Mais si vous négligez de semer au bon moment et d'arroser le champ, vous ne pouvez espérer une bonne récolte. Vous serez punis de votre négligence lorsque le moment sera venu de récolter la moisson: à qui pourrez-vous adresser des reproches si ce n'est à vous-mêmes?

Les principes de récompense et de rétribution sont indispensables à l'ordre du monde. La récompense et la rétribution sont les conséquences naturelles de nos propres actes. Tous les messagers du passé se sont efforcés de nous faire comprendre que ce que nous faisons dans ce monde n'affectera pas seulement nos vies terrestres, mais que nous continuerons à en subir les conséquences après la mort. Si nos actions sont bonnes, elles produiront de bons résultats et seront la cause du bonheur éternel: si elles sont mauvaises, elles produiront de mauvais résultats et seront la cause d'une souffrance éternelle, Dieu ne désire pas se venger de ceux qui agissent mal. Mais de mauvaises actions ne peuvent engendrer de bons résultats, comme il est impossible d'avoir des fleurs dans un jardin lorsque nous avons semé de la mauvaise herbe. C'est ce qu'on entend par récompense et rétribution. Mais cette croyance essentielle, qui a été enseignée par toutes les religions, a été à la base d'importants malentendus.

Les manifestations de Dieu ont parlé de récompense et de punition en paraboles et en symboles. Nous avons dit que les manifestations divines sont de parfaits éducateurs. Un éducateur parfait doit forcément instruire ses élèves de telle façon qu'ils comprennent son enseignement, sinon ce dernier n'aurait aucun objet. Dans le but de faire comprendre aux hommes qu'ils devront rendre compte de leurs actes même après cette vie terrestre, les messagers de Dieu ont fait allusion à une vie pleine de joie et de bonheur pour les élus et ont décrit une vie de torture et détournent pour les méchants. Les plaisirs et les tourments qu'ils ont mentionnés sont ceux que les gens vivent dans ce monde, car ce n'était qu'ainsi qu'ils pouvaient comprendre l'importance de leurs enseignements ayant trait à la vie après la mort.

A un jeune enfant qui pose une question sur la connaissance, son père répondra qu'elle est plus douce que tout ce qu'il a jamais goûté. Quand l'enfant sera plus grand, il comprendra mieux ce que son père voulait dire par cette description. La plupart des gens prennent à la lettre les paraboles et les symboles utilisés par les manifestations de Dieu pour expliquer la vie dans l'au-delà et ne comprennent pas qu'ils font allusion à des expériences spirituelles. C'est pourquoi ces personnes ont construit un ciel et un enfer imaginaires, Certains croient que l'enfer est un endroit horrible rempli de flammes, de maladies et de diables affreux qui torturent les pécheurs à jamais. Pour eux, le ciel est un jardin magnifique plein de fruits délicieux et de plaisirs terrestres. D'autres croient que nos âmes retourneront sur cette terre après la mort, comme s'il n'existait pas d'autre endroit dans l'univers en dehors de notre petite planète. Ils croient que nous reviendrons, selon les actions de notre vie terrestre, sous d'autres formes, même animales.

Alors que les manifestations du passé ont dû user de symboles pour expliquer la vie après la mort, Bahá'u'lláh nous dit que nous sommes maintenant en mesure de connaître la véritable signification du ciel et de l'enfer. Nous devons nous souvenir de deux choses primordiales:

1. Notre âme est immortelle et continuera de vivre après la mort de notre corps.

2. Nos actions sur terre produiront des effets même après que l'âme se soit détachée du corps.

Le monde dans lequel l'âme pénétrera après s'être séparée du corps est très différent de celui auquel nous sommes habitués ici-bas. 'Abdu'l-Bahá nous dit qu'il en diffère autant que celui de la matrice de la mère, où le bébé vit avant sa naissance, ne diffère du monde extérieur. Tout comme l'enfant se prépare pour sa vie terrestre en développant ses yeux, ses oreilles et ses membres encore inutiles dans le sein de sa mère, mais sans lesquels il ne pourrait pas vivre normalement et sainement une fois né, nous devons, nous aussi, nous préparer à une vie heureuse dans l'au-delà où notre âme naîtra lorsque nous quitterons cette vie.

Après la mort, nous n'aurons pas besoin d'yeux ni d'oreilles physiques, mais nous aurons besoin de qualités spirituelles que nous pouvons développer dès maintenant en suivant les enseignements de Dieu apportés par ses messagers. Il y a toutefois une grande différence entre la condition d'un enfant dans le sein de sa mère et celle d'une personne qui vit ici-bas. L'enfant en gestation n'est pas responsable de son propre développement, parce qu'il n'a pas la faculté du choix et ne saurait se déterminer lui-même. Mais sur cette terre, nous pouvons choisir entre le bien et le mal, le bon et le mauvais.

Nous sommes donc responsables de notre développement spirituel, et si nous négligeons de croître de manière saine et vigoureuse en esprit, nous serons très malheureux dans l'au-delà. Cet état de conscience malheureux s'appelle enfer. Si, par contre, nous essayons de comprendre et de vivre les lois de Dieu, nous nous préparons une vie heureuse après la mort, et nous jouirons alors de l'état de conscience qui s'appelle ciel. Bahá'u'lláh nous dit que le ciel est l'approche de Dieu et que l'enfer est synonyme d'éloignement de sa grâce. Il nous exhorte tous à nous efforcer d'être dignes des bénédictions éternelles qui nous attendent dans les mondes à venir:

"Ô fils de bonté! Des déserts du néant, avec l'argile de mon commandement, je t'ai fait apparaître et j'ai ordonné que chaque atome existant et l'essence de toutes choses créées servent à ton éducation. Ainsi, avant que tu ne sortes du sein de ta mère, je t'ai réservé deux sources de lait miroitantes, des yeux pour veiller sur toi et des coeurs pour t'aimer. Par ma tendre bonté, à l'ombre de ma miséricorde, je t'ai élevé: et par l'essence de ma grâce et de ma bonté, je t'ai protégé. En tout ceci, mon but était que tu puisses parvenir à mon empire éternel et que tu deviennes digne de mes dons invisibles."

3.12. Les miracles

Les manifestations de Dieu sont dotées de grands pouvoirs. Elles sont en mesure d'accomplir des choses qui ne sont pas à la portée de n'importe qui. Leurs enseignements, leur vie personnelle et l'influence de leurs paroles sur le coeur des hommes, qui persistent durant des siècles après leur mort, constituent certainement leurs plus grands miracles. Toutes les manifestations de Dieu en ont accompli de semblables.

Les messagers de Dieu n'ont pas disposé de moyens ou pouvoirs matériels pour influencer le monde. Ils ont toujours rencontré l'opposition des forces politiques et des gens instruits et puissants de leur temps. Les premiers à croire en eux étaient de pauvres gens sans importance, qui n'occupaient pas de position en vue. Malgré cela, leur message s'est répandu et a conquis le monde, donnant naissance à une nouvelle civilisation. Cette histoire s'est répétée d'âge en âge et, lors de l'avènement de chaque manifestation, une nouvelle civilisation est apparue sur terre. Lorsque nous entendons parler de l'ancienne civilisation hindoue ou des civilisations nées dans le passé parmi les juifs, les chrétiens ou les musulmans, nous devons nous rappeler que le fondateur de chacune de ces grandes cultures fut un messager de Dieu qui, à son époque, dut affronter seul les forces du monde entier et que, malgré tout, il remporta la victoire! Existe-t-il un plus grand miracle pour prouver la vérité et l'authenticité des manifestations de Dieu?

Nombreux sont ceux qui croient que la preuve d'authenticité d'un prophète réside dans l'accomplissement d'une tâche difficile qui relève, la plupart du temps, d'un magicien. Les disciples de chaque religion racontent des histoires extraordinaires au sujet du fondateur de leur foi, dans le but de prouver qu'il est une véritable manifestation de Dieu. Les hindouistes racontent qu'un jour le jeune Krishna, encore enfant, se trouvait dans les bras de son père lorsque ses pieds touchèrent la rivière Jamuna: l'eau disparut aussitôt pour lui permettre d'être porté sur l'autre rive. Les chrétiens disent que Jésus rassasia des centaines de gens avec quelques miches de pain. Des miracles similaires sont attribués à Zoroastre, à Bouddha, à Moïse et à Muhammad par leurs adeptes.

Les Bahá'ís croient que chaque manifestation de Dieu a été en mesure d'accomplir des choses extraordinaires, mais que de tels actes ne pourront pas convaincre ceux qui ne croient pas en elle et ne pourront être avancés comme preuve de leur rang de prophète. Un chrétien, par exemple, dira à un juif ou à un bouddhiste que Jésus-Christ a ressuscité un mort, mais ses propos ne seront pas en mesure de convaincre son interlocuteur qui ne croit pas en Jésus. Même les contemporains du Christ ne crurent pas en lui, en dépit des miracles qu'il fit.

Mais si le chrétien fait remarquer que les merveilleux enseignements de Jésus-Christ ont apporté la vie éternelle à des millions de gens qui, auparavant, étaient morts spirituellement, ou s'il parle de la vie sainte de Jésus qui a inspiré tant de générations d'êtres humains, personne ne pourra le contester. La vie de Jésus-Christ et son enseignement constituent des miracles bien plus grands que le fait d'avoir rendu la vie à une ou deux personnes qui n'auraient vécu que quelques années de plus et seraient décédées par la suite. Les manifestations de Dieu sont des médecins divins. Nous devrions nous tourner vers elles pour qu'elles nous prescrivent le remède qui guérira nos maux spirituels.

Il est insensé de se tourner vers les manifestations dans l'attente de signes relevant de la magie pour nous prouver leur authenticité. Nous ne demandons pas à un médecin, venu soigner un malade, de prouver sa science en sautant du toit de la maison. La seule manière pour le médecin de prouver sa science est de guérir le malade, C'est pourquoi Bahá'u'lláh a interdit à ses disciples de mentionner, comme preuves de son authenticité, les actes extraordinaires qu'il a accomplis, bien qu'ils en aient été les témoins. L'histoire suivante, qui se passe à Baghdád lorsque Bahá'u'lláh était en exil, démontre combien de tels miracles ont une valeur relative.

Un conseil ecclésiastique de musulmans, qui savaient fort bien qu'ils ne pourraient pas contester l'authenticité de la mission de Bahá'u'lláh en utilisant des arguments et la logique, lui demandèrent d'opérer un miracle pour eux. Ils espéraient que Bahá'u'lláh refuserait et qu'ils auraient ainsi une raison de le dénoncer comme imposteur. Ils désignèrent un des plus grands mullás parmi eux pour porter leur message à Bahá'u'lláh. Il leur répondit qu'on ne pouvait pas s'amuser avec la cause de Dieu et qu'il n'était pas venu pour faire des tours de magicien dans le but de satisfaire les caprices et les lubies des gens. Toutefois, si tous tombaient d'accord sur le miracle qu'il devait accomplir, même si cela devait sembler impossible, Bahá'u'lláh le ferait devant eux à condition que, le miracle réalisé, ils l'acceptent tous comme le Promis.

Les mullás refusèrent cette condition. Ils craignirent que Bahá'u'lláh pût réaliser le miracle et de n'avoir, dans ce cas, plus aucune excuse pour lui refuser son rang. Ils se dispersèrent aussitôt. Cet incident montre à quel point les miracles ne constituent pas une preuve pour ceux qui ont déjà décidé de refuser la vérité. Mais ceux qui sont justes et ouverts aux enseignements de la manifestation divine sont eux-mêmes des miracles réels et durables.

3.13. Enseignements moraux et éthiques

La foi bahá'ie reconnaît l'existence d'une base commune à toutes les religions, à savoir les principes moraux. Les enseignements de Bahá'u'lláh préconisent un niveau très élevé de conduite personnelle et d'éthique. On pourrait dire que, pratiquement, tous ses enseignements sont appelés à influencer la conduite personnelle et le comportement de l'homme. Dans la révélation de Bahá'u'lláh, des milliers de tablettes révélées par le Báb, Bahá'u'lláh et 'Abdu'l-Bahá, et les écrits de

Shoghi Effendi donnent le modèle de la vie bahá'ie, reflet de la pureté des actes et de l'esprit. Nous ne pouvons malheureusement pas rassembler tous ces merveilleux écrits dans un seul volume. Nous essayerons toutefois d'avoir un aperçu de ces magnifiques passages tirés des écrits Bahá'ís. Le lecteur doit continuer son étude et s'immerger dans l'océan infini des Écrits saints s'il veut y trouver des trésors et des joyaux incomparables.

Voici ce que Bahá'u'lláh a écrit à l'un de ses fils: "Sois généreux dans la prospérité et, dans l'adversité, ne cesse de rendre grâces. Mérite la confiance de ton voisin et ne lui montre jamais qu'un visage amical et souriant. Sois le trésor du pauvre, admoneste le riche, réponds à la plainte du nécessiteux et garde la sainteté de tes promesses.

Sois équitable en ton jugement et réservé dans tes paroles. Ne sois injuste envers personne et montre à tous une douceur parfaite. Sois une lampe pour ceux qui marchent dans les ténèbres, une consolation pour les affligés, une mer pour ceux qui ont soif, un refuge pour ceux qui sont dans la détresse, un soutien et un défenseur des victimes de l'oppression.

Que la droiture et l'intégrité marquent tous tes actes. Sois un foyer pour l'étranger un baume pour ceux qui souffrent, une forteresse pour les fugitifs, des yeux pour les aveugles, un phare pour les égarés. Sois une parure pour le visage de la vérité, une couronne sur le front de la fidélité, un pilier du temple de la rectitude, un souffle de vie pour le corps de l'humanité, un drapeau des armées de la justice, un flambeau qui brille à l'horizon de la vertu, une rosée pour le sol desséché du coeur humain, une arche sur l'océan de la connaissance, un soleil dans le ciel de la bonté, une gemme au diadème de la sagesse, une lumière qui brille au firmament de ta génération, un fruit de l'arbre de l'humilité."

4. L'ADMINISTRATION
4.1. Une religion sans clergé

Il fut un temps où il était nécessaire dans la société qu'un groupe de personnes ait en charge les affaires religieuses. La majorité du peuple était illettrée et les gens n'avaient guère le temps d'étudier individuellement leur religion. Plusieurs personnes avaient, par conséquent, la responsabilité de se consacrer à l'étude de la religion et de veiller à ce que ses commandements soient observés. C'est pourquoi nous trouvons aujourd'hui des prêtres parmi les chrétiens, des mullás parmi les musulmans, des brahmanes parmi les hindouistes ou des bhikkous parmi les bouddhistes. Dans la foi bahá'ie, le clergé professionnel a été aboli: C'est un trait distinctif de notre religion.

Bahá'u'lláh dit que, bien que les prêtres aient été nécessaires dans le passé, ils ne le sont plus à notre époque. Il a fait appel à chacun d'entre nous pour que nous recherchions, par nous-mêmes, la vérité, de sorte que nous puissions voir de nos propres yeux et non par ceux des autres, entendre par nos propres oreilles et notre propre faculté de compréhension. Dans la recherche de la vérité, les Bahá'ís acquièrent une connaissance suffisante de leur foi, ce qui n'est pas le cas pour les adeptes des autres religions, lesquels se tournent généralement vers leur clergé pour recevoir ses instructions. Chaque Bahá'í doit réciter lui-même des prières, mais ne peut pas payer un autre homme qui priera à sa place, comme cela se pratique souvent dans d'autres religions. Un Bahá'í demandera lui-même le secours et le pardon de Dieu. Il n'a nul besoin d'un prêtre officiant au moyen de cérémonies et de rites créés par les hommes.

Chaque Bahá'í peut établir un contact avec Dieu par l'intermédiaire de ses manifestations. Un médiateur supplémentaire entre nous et Bahá'u'lláh est inutile. Chaque religion a eu de bons prêtres; néanmoins, à chaque époque de l'histoire, le clergé commit beaucoup d'erreurs. Deux membres du clergé ne parvenaient pas à s'entendre sur une question de théologie et voici que leur différend semait le trouble dans le monde ! Quelques-uns pensaient que tel prêtre avait raison, tandis que d'autres se rangeaient à l'opinion de l'autre théologien. C'est ainsi que la désunion et la division advinrent dans chaque religion. Petit à petit, plusieurs sectes virent le jour: les hommes se querellèrent au sujet de l'interprétation de leurs Écrits sacrés. Ce fut la cause de nombreuses guerres et d'effusions de sang.

Pareilles choses ne peuvent se produire dans la foi bahá'ie. Premièrement, il n'existe, dans la foi, ni prêtres ni personnalités pouvant rassembler un groupe autour d'eux, Tous sont égaux dans la foi. Deuxièmement, personne n'a le droit d'interpréter les enseignements et les Écrits de Bahá'u'lláh. Cette autorité a été donnée seulement à 'Abdu'l-Bahá par Bahá'u'lláh lui-même et, après 'Abdu'l-Bahá, le droit à l'interprétation a été donné à Shoghi Effendi seul.

Il est dangereux que la pratique d'un ministère permette de gagner sa vie. Des gens peu sincères pourraient y voir le moyen de bien gagner leur vie le plus simplement et commodément possible. De telles personnes ont toujours induit les autres en erreur sous le couvert de la religion et, en son nom, elles ont commis de nombreux crimes, uniquement motivées par leurs intérêts personnels.

L'histoire nous apprend que, lors de chaque apparition d'une manifestation de Dieu, les prêtres des religions précédentes furent les premiers à s'y opposer. Pourquoi? Parce que les prêtres savaient qu'en acceptant la nouvelle manifestation divine, ils devraient sacrifier leur position, leur richesse et leur confort matériel. Leur premier souci fut donc toujours de déraciner la nouvelle religion dès son apparition. Le bouddhisme fut banni de l'Inde par les prêtres de la religion qui précédait la venue de Bouddha. Jésus-Christ fut crucifié parce que les prêtres juifs s'opposèrent à lui. Le Báb fut martyrisé parce que les prêtres musulmans ne voulaient pas que le peuple croie en lui. Bahá'u'lláh a souffert toute sa vie principalement parce que les mullás poussèrent le gouvernement et le peuple de l'époque à s'opposer à la nouvelle cause de Dieu.

L'histoire comporte naturellement quelques exceptions. Plusieurs prêtres érudits, contemporains du Báb et de Bahá'u'lláh, crurent en leur mission; parmi eux, quelques-uns versèrent même leur sang comme martyrs dans le sentier de Dieu. Mais lorsqu'ils crurent au Báb et en Bahá'u'lláh, ils cessèrent d'être prêtres, Ils devinrent Bahá'ís - d'humbles serviteurs de la cause de Dieu - et exercèrent d'autres professions pour gagner leur vie. Ils ne mélangèrent plus l'argent et la religion ni une occupation alimentaire avec la foi en Dieu.

En lieu et place des prêtres chargés, dans le passé, des activités religieuses, Bahá'u'lláh a mis sur pied un merveilleux système administratif qui nous permet de travailler tous ensemble pour le progrès de la foi et le bien être de la communauté, L'administration bahá'ie, comme tous les autres enseignements de Bahá'u'lláh, est d'origine divine. Les pages suivantes nous en diront davantage à ce sujet.

4.2. Qu'est-ce que l'administration bahá'ie ?

Si, d'un côté, se trouve une rivière et, de l'autre, un domaine à cultiver, comment pourrons-nous amener l'eau aux différents champs? Nous commencerons par creuser un canal suffisamment grand pour contenir assez d'eau pour irriguer toute la région. Puis, nous creuserons des canaux plus petits pour diriger l'eau du grand canal vers les autres parties du domaine. Enfin, nous disposerons d'une multitude de petits ruisseaux pour amener l'eau de ces canaux vers chaque champ. Lorsque ce système de canaux et de ruisseaux sera en place, la rivière pourra irriguer toute la région. L'administration bahá'ie, nous dit Shoghi Effendi, est comparable à un système de canaux et de ruisseaux, par lesquels,.. I'Esprit saint de la cause se répand dans les communautés bahá'ies réparties dans le monde entier.

Dans le passé, les prêtres étaient supposés apporter l'eau de la vie de sa source divine jusqu'aux hommes. Ils pouvaient transporter un peu d'eau aussi longtemps qu'ils en avaient la force et en éprouvaient l'ardeur. Mais Bahá'u'lláh n'a pas chargé les individus de remplir une telle tâche. Il a conçu un ensemble merveilleux de canaux par lesquels l'eau de la vie peut s'écouler vers le champ de l'existence, et l'administration bahá'ie est l'un d'eux.

La bonne nouvelle de l'avènement de l'ordre mondial de Bahá'u'lláh avait déjà été proclamée par le Báb:

"Bienheureux est celui qui fixe son regard sur l'ordre de Bahá'u'lláh et rend grâce à son Seigneur ! Car il sera assurément rendu manifeste."

Bahá'u'lláh jeta les bases de cet ordre mondial et en conçut le plan. Plus tard, 'Abdu'l-Bahá expliqua le fonctionnement de ce plan divin: il nous donna de plus amples détails et commença son édification. Mais c'est grâce aux efforts inlassables de Shoghi Effendi que l'administration bahá'ie fut mise en place petit à petit et qu'elle rassembla des communautés éloignées en une seule entité.

L'administration bahá'ie est différente de toute autre forme d'ordre religieux, parce qu'elle n'a pas été créée par les hommes. C'est, en effet, le plan de Dieu pour cet âge qui nous a été donné par sa manifestation, Bahá'u'lláh.

Il doit établir l'ordre et la paix parmi les divers peuples de la terre. L'administration bahá'ie comprend plusieurs institutions reliées entre elles: les assemblées spirituelles locales, élues par les Bahá'ís dans chaque village et dans chaque ville, les Assemblées spirituelles nationales, élues par les Bahá'ís dans chaque pays, et la Maison Universelle de Justice, élue par les Bahá'ís du monde par l'intermédiaire de leurs Assemblées spirituelles nationales.

Si nous comparons les assemblées spirituelles locales aux ruisseaux qui amènent l'eau des canaux jusque dans les champs, les Assemblées spirituelles nationales seront les canaux qui relient les ruisseaux au grand canal où s'écoule l'eau de la rivière elle-même. La Maison Universelle de Justice est ce grand canal. C'est par le canal de la Maison de Justice que la direction divine se répand dans toutes les parties du monde.

Avant de nous pencher sur les tâches et les responsabilités de chacune de ces institutions, précisons que l'administration bahá'ie ne peut jamais être séparée des autres enseignements de Bahá'u'lláh. Personne ne pourrait prétendre être Bahá'í sans accepter l'ordre administratif de Bahá'u'lláh et sans travailler par son intermédiaire, car le message de Dieu n'a pas été donné pour le seul bonheur de l'individu, mais aussi et surtout pour l'unité et le bien-être de la société.

Voici comment nous pourrions illustrer notre ordre administratif:

Comme le montre cette illustration, les individus, au sein de la société, sont comme des grains de blé semés dans le champ. Un simple grain de blé ne revêt pas une grande importance. Mais chaque grain bénéficie de l'eau apportée pour le bien d u champ tout entier. Nous devons nous souvenir que notre bonheur individuel se trouve lié au bien-être d'une société unie, et nous devons lutter pour renforcer cet ordre administratif dont dépendent les espoirs et l'avenir de l'humanité.

4.3. Election d'une assemblée spirituelle

Dans le livre de l'Aqdas (Livre des lois), Bahá'u'lláh a ordonné que, dans chaque localité où il y a neuf Bahá'ís adultes, une assemblée spirituelle doit être élue, Celle-ci, en tant que collège, servira les intérêts de la communauté locale à laquelle elle appartient, Comment élire une assemblée spirituelle locale?

Supposons que les Bahá'ís de Dakar, au Sénégal, désirent élire leur assemblée spirituelle. Voici quelques points dont ils devront se souvenir.

1. Une assemblée spirituelle ne peut être élue à n'importe quelle date de l'année. Elle ne peut être formée que le 21 avril, date commémorant la déclaration de Bahá'u'lláh, le jour où il annonça, au jardin du Ridvan à Baghdád, qu'il était le Promis de tous les âges. Le 21 avril est le premier jour de la fête de Ridvan et c'est la seule date à laquelle les Bahá'ís peuvent élire leur assemblée spirituelle locale. Si elle n'est pas élue au cours des vingt-quatre heures de cette journée, du coucher du soleil du 20 avril au coucher du soleil du 21, les Bahá'ís devront attendre une année entière, jusqu'au 21 avril suivant.

2. Seuls les Bahá'ís âgés de 21 ans révolus peuvent voter et être élus membres de l'assemblée. Si, par exemple, parmi les soixante croyants d'une communauté, il y a trente-cinq hommes et femmes qui ont 21 ans révolus, seuls ces trente-cinq amis pourront participer à l'élection: et ceux qu'ils choisiront doivent faire partie de ce groupe de trente-cinq hommes et femmes.

3. Chaque personne qui participe à l'élection doit écrire le nom des neuf personnes qu'elle considère comme étant dignes d'être élues membres de l'assemblée spirituelle. Un bulletin de vote qui comportera moins ou davantage que neuf noms ou un nom répété sera déclaré nul.

4. Personne ne devrait être élu membre d'une assemblée spirituelle à cause de sa position sociale, de sa richesse ou de son amabilité envers nous et de notre désir de l'en récompenser. Ce qui compte, c'est la sincérité, la consécration à la cause de Dieu et la capacité de servir la foi. En votant, chaque Bahá'í devrait considérer le caractère et les qualités spirituelles des membres de la communauté et, en même temps, prier Dieu afin d'être guidé dans son vote.

5. Aucun Bahá'í n'a le droit de recommander quelqu'un qui lui semblerait digne de devenir membre de l'assemblée spirituelle, quelles que soient ses qualités. Bahá'u'lláh nous a interdit de proposer individuellement une personne avant et pendant l'élection. Personne ne doit savoir pour qui un Bahá'í vote ni le nom qu'un autre Bahá'í a l'intention d'inscrire sur son bulletin de vote. Même le mari et sa femme, ou des amis très liés, ne peuvent se consulter quant au choix à faire. Chaque Bahá'í doit se tourner personnellement vers Dieu pour être guidé dans son propre choix, sans être influencé par les opinions des autres. Seul un Bahá'í qui ne sait pas écrire peut demander l'aide d'une personne de confiance pour remplir à sa place, sous sa dictée, son bulletin de vote.

En gardant tous ces points à l'esprit, les Bahá'ís de Dakar peuvent donc élire, cette année, les membres de leur assemblée spirituelle locale. S'ils sont tous réunis au même endroit au moment de l'élection, ils peuvent commencer leur réunion par des prières demandant à Dieu de les guider et de les bénir dans l'accomplissement de leur tâche sacrée. Ensuite, après le vote, les bulletins seront récoltés et quelques Bahá'ís (les scrutateurs) seront priés de compter les voix.

Un scrutateur lira les noms inscrits sur chaque bulletin de vote, tandis que deux autres noteront attentivement et soigneusement le nombre de voix donné à chaque élu. Les neuf Bahá'ís qui ont obtenu le plus grand nombre de voix seront alors déclarés membres de l'assemblée spirituelle locale pour l'année en cours.

C'est ainsi que les Bahá'ís de Dakar de même que les Bahá'ís des milliers d'autres localités réparties dans le monde entier auront le grand bonheur d'avoir une assemblée spirituelle qui servira leur communauté jusqu'au premier jour de Ridvan de l'année suivante, date à laquelle le processus de l'élection sera répété une fois de plus dans tout le monde bahá'i.

4.4. Les devoirs de l'assemblée spirituelle locale

Voici ce que dit Bahá'u'lláh à ce sujet:

"Il leur appartient d'être les gérants intègres du Miséricordieux parmi les hommes et de se considérer comme les gardiens désignés par Dieu pour tout ce qui peuple la terre. Il leur incombe de se consulter et de prendre soin des intérêts des serviteurs de Dieu, par égard pour Lui, comme s'il s'agissait de leurs intérêts propres, et de choisir ce qui s'avère convenable et bienséant. Telle est la volonté du Seigneur, votre Dieu. Prenez garde de ne pas négliger ce qui est clairement révélé dans sa Tablette. Craignez Dieu, ô vous qui percevez."

L'assemblée spirituelle de chaque village et de chaque ville doit, par conséquent, protéger les intérêts des Bahá'ís dans cette localité. La tâche la plus importante de chaque assemblée spirituelle est d'aider les Bahá'ís à enseigner la cause de Dieu. Le message de Bahá'u'lláh est la source de grandes bénédictions pour toute l'humanité, et nos assemblées spirituelles doivent devenir les canaux par lesquels cette bénédiction se répand sur tous les peuples de la terre.

Lorsque vous avez formé votre assemblée spirituelle, assurez-vous qu'elle s'occupe en premier lieu de l'enseignement. Une autre tâche importante lui incombe: elle doit s'efforcer de créer un esprit d'amitié et d'amour parmi les croyants. Elle doit veiller à ce qu'une atmosphère d'amitié et d'unité règne parmi les membres: elle doit s'assurer que chacun est heureux dans sa communauté. Si des différends venaient à surgir entre les amis, il incombe à l'assemblée spirituelle de veiller à ce qu'ils soient dissipés. Elle doit agir comme un père sage et affectueux envers les Bahá'ís de sa localité.

Le Gardien a écrit ce qui suit au sujet des devoirs des assemblées spirituelles:

"Elles doivent s'efforcer de tendre en tout temps une main secourable au pauvre, au malade, à l'handicapé, à l'orphelin, à la veuve, sans distinction de couleur de classe ou de croyance."

Chacune doit avoir son propre fonds. Nous verrons par la suite comment le constituer au moyen de contributions volontaires des amis, et comment l'utiliser dans l'intérêt de la cause et de la communauté. Si les Bahá'ís contribuent afin d'augmenter leur fonds, ce dernier pourra, à son tour, venir en aide aux amis tombant dans le besoin.

L'éducation des enfants Bahá'ís et de la jeunesse est une autre responsabilité de l'assemblée spirituelle. Selon le bien-aimé Gardien, elles "doivent favoriser par tous les moyens à leur disposition l'épanouissement matériel et spirituel de la jeunesse, créer les moyens pour l'éducation des enfants, établir lorsque cela est possible, des institutions d'enseignement, organiser et superviser le travail et mettre à leur disposition les meilleurs moyens pour leur progrès et leur développement."

Une autre tâche importante des assemblées spirituelles, selon Gardien, est la suivante: "Elles doivent prévoir des arrangements pour réunir régulièrement les amis pour les fêtes et les anniversaires, de même que pour les réunions spécialement prévues pour servir et favoriser les intérêts sociaux, intellectuels et spirituels de leurs concitoyens."

Ce que nous venons de mentionner ne constitue que quelques-unes des importantes fonctions de chaque assemblée spirituelle locale. Leurs membres doivent veiller à ne pas faillir à leurs tâches. Ils doivent toujours souvenir de ces paroles de Bahá'u'lláh:

"Il leur appartient d'être les gérants du Miséricordieux parmi les hommes ... et de prendre soin des intérêts des serviteurs de Dieu, par égard pour Lui."

4.5. Fonction des membres du bureau de l'assemblée spirituel

Les membres de l'assemblée spirituelle sont les neuf Bahá'ís qui reçoivent le plus grand nombre de voix au sein de leur communauté, le jour de l'élection. La première chose qu'ils doivent faire, après l'élection, est de tenir leur première réunion.

Parmi les neuf membres, celui qui a reçu le plus grand nombre de voix sera le président temporaire: il veillera à ce que les membres de l'assemblée se réunissent aussi tôt que possible.

La réunion commence par des prières. Chacun demande l'assistance divine pour le progrès de la cause et pour servir au mieux la communauté qui l'a élu. Puis les membres procèdent à l'élection du bureau pour l'année en cours.

Chaque assemblée spirituelle doit avoir un président, un vice-président, un secrétaire et un trésorier Ils forment le bureau. Ce bureau est nécessaire et facilite grandement le travail de l'assemblée.

La tâche du président consiste à conduire les réunions et à aider l'assemblée en vue d'arriver à une décision. Si les membres ne se réunissaient que pour discuter et échanger des points de vue différents, ils ne lui seraient d'aucune utilité. Le président demande l'avis de chaque membre pour chaque point de l'ordre du jour. Puis il demande un vote. Il s'assure qu'une décision sera arrêtée pour toute question portée à l'ordre du jour. Dans le chapitre consacré à la consultation, nous reviendrons sur son rôle. Le vice-président remplace le président lorsque ce dernier a un empêchement - en cas de maladie, par exemple. Le secrétaire prend note de tout le travail accompli et de ce qu'il faut accomplir Il écrit toutes les lettres qui doivent être expédiées aux amis à titre individuel, à d'autres assemblées locales ou à l'Assemblée spirituelle nationale. C'est par l'intermédiaire de son secrétaire que chaque assemblée spirituelle garde le contact avec le reste du monde bahá'i. Le trésorier a la charge du fonds de l'assemblée. Il délivre des reçus à tous ceux qui versent des contributions au fonds: il règle les dépenses et tient les comptes.

Lorsque l'assemblée élit son bureau, ses membres devraient prendre en considération les capacités et les mérites de chaque individu, puis décider lequel est le plus apte à assumer la tâche incombant à chaque membre du bureau. Les principes qui président à l'élection de l'assemblée spirituelle doivent également s'appliquer à l'élection du bureau. Cette élection aura donc également lieu par un vote secret et sans aucune sorte de propagande. Personne ne devrait être élu à cause de sa situation dans la société. Si, par exemple, parmi les membres se trouvait une personne âgée, respectée de tous en raison de son âge, cela ne serait pas une raison pour la désigner comme présidente, à moins qu'elle ne soit capable de remplir de telles fonctions. La même logique s'applique, par exemple, à une personne fortunée qui jouirait d'un certain rang ou d'une certaine considération en raison de sa fortune. D'autre part, nous devons nous souvenir que les membres du bureau n'ont pas une position particulière au sein de la communauté. Le président, par exemple, n'est pas le chef de la communauté ou la personne qui aurait droit au plus grand respect. Son rang, une fois la réunion terminée, est identique à celui de n'importe quel autre membre de la communauté. C'est pourquoi, sauf lorsque l'assemblée spirituelle siège, il ne jouit pas de droits particuliers.

Pour clarifier la situation, utilisons une analogie: les gens d'un village ont besoin d'eau potable et décident de creuser un puits. Le chef du village, quoique fort respecté de tous, peut ne pas savoir comment creuser ce puits, tandis qu'un jeune homme, sans rang particulier au sein du village, pourrait avoir une grande expérience en la matière. Qui d'entre ces deux personnes les villageois devront-ils désigner pour creuser le puits? C'est évidemment le jeune homme qui devra le creuser, et le chef du village sera sans doute le premier à le désigner pour cette tâche! Et chacun l'assistera dans son travail, y compris le chef du village, les villageois suivront ses instructions parce qu'ils l'ont désigné pour superviser ce travail. Cela ne signifie pas pour autant que ce jeune homme va devenir celui qui dirige le village: le chef du village n e perd pas ses fonctions. Mais tous bénéficieront de cet esprit de coopération.

Le bien-aimé Gardien a écrit que "les membres de l'assemblée spirituelle devraient aborder leur tâche avec une grande humilité et s'efforcer, par leur ouverture d'esprit, leur sens élevé de la justice et du devoir, leur bonne foi, leur modestie, leur entier dévouement au bien-être et aux intérêts des amis, de la cause et de l'humanité, de gagner non seulement la confiance, le soutien sincère et le respect de ceux qu'ils servent, mais aussi leur estime et leur véritable affection..."

4.6. Election des membres du bureau de l'assemblée spirituelle

Supposons que nous nous trouvions à Rampour, un village qui vient d'élire son assemblée spirituelle locale. Jean a obtenu le plus grand nombre de voix. Que va-t-il se passer? Jean invitera tous les autres membres à se rassembler à une certaine heure, en un certain endroit. Les membres décident de se réunir une heure après le coucher du soleil, le22 avril, le deuxième jour de la fête du Ridvan: le lieu de la réunion est la place du village. Suivons-les et observons ce qu'ils vont faire. Jean arrive quelques minutes avant l'heure fixée. Il a apporté une lampe pour le cas où la réunion se prolongerait dans la nuit. Les autres membres arrivent, les uns après les autres, après avoir terminé leur travail aux champs. Ils se saluent fraternellement et se rendent à la fontaine pour se rafraîchir. Après s'être lavés et rafraîchis, ils se réunissent sur une terrasse, sur la place du village. Exactement une heure après le coucher du soleil, Jean déclare la réunion ouverte.

Tout d'abord, deux ou trois membres récitent des prières. Elles vont créer une merveilleuse atmosphère spirituelle. Jean annonce qu'on doit maintenant procéder à l'élection du président. Il coupe une feuille de papier en plusieurs morceaux et en remet un à chaque membre. Il demande à chacun d'écrire sur ce morceau de papier le nom de la personne la plus apte, selon eux, à fonctionner comme président.

Les Bahá'ís de Rampour sont encore très jeunes dans la foi. Cinq personnes ne savent pas écrire: aussi Jean demande-t-il à quelqu'un de s'isoler avec chacun d'eux et d'écrire à leur place le nom de la personne qu'ils choisissent comme président. Les neuf bouts de papier sont ensuite récoltés et mélangés, de manière que personne ne puisse dire qui les a remplis. Jean demande alors à deux membres de l'aider à compter les voix. Tandis qu'il lit lui-même les noms à haute voix les uns après les autres, les deux autres scrutateurs en prennent note sur une feuille de papier. Puis ils font le compte des voix pour déterminer celui qui a recueilli le plus grand nombre de suffrages.

Paul a obtenu cinq suffrages, Jean en a reçu trois. Louise a une voix. Paul est donc élu président. Si personne n'avait obtenu plus de quatre voix, on aurait dû procéder à un nouveau vote, parce que les membres du bureau doivent être élus par cinq voix au moins: et lorsque personne n'obtient cinq suffrages, l'élection doit être recommencée jusqu'à ce qu'un membre réunisse au moins la majorité des voix, soit cinq suffrages. Maintenant que Paul est devenu président, son devoir est de superviser l'élection du reste du bureau. Après avoir remercié Jean d'avoir conduit les débats jusqu'ici, Paul distribue d'autres morceaux de papier à tous les membres pour l'élection du vice-président. La procédure utilisée pour élire tous les autres membres du bureau est identique à celle qui a servi à élire le président. Madame Shanta Devi est élue vice-présidente, Jean secrétaire et Hassan Ali trésorier. Le président demande alors au secrétaire de prendre note de ce qui a été fait pendant cette première réunion.

Il est déjà tard maintenant et quelqu'un suggère que la séance soit levée et que l'assemblée se réunisse un autre jour. Tous tombent d'accord sur cette proposition et décident de tenir la prochaine réunion le lendemain, à la même heure et à la même place. La séance se termine par une prière ainsi que chaque réunion bahá'ie devrait se conclure, puis chacun rentre chez lui. Dans les pages qui suivent, nous lirons ce qui s'est passé au cours de cette deuxième réunion.

4.7. La consultation

L'administration bahá'ie fonctionne grâce à la consultation. La consultation s'applique au travail Bahá'í de la Fête des dix-neuf jours, de l'assemblée spirituelle, de la Convention, de l'Assemblée spirituelle nationale et au sein des réunions des comités et des conférences. Le Gardien nous demande de nous souvenir de deux choses importantes lorsque nous nous consultons dans des réunions bahá'ies: de la vérité et de la franchise. Lorsque nous nous rendons à une réunion bahá'ie, nous devons toujours être conscients de la présence spirituelle de Bahá'u'lláh. Cette présence crée une merveilleuse atmosphère propice à la consultation. Si nous sentons cette présence dans nos réunions, nous nous efforcerons toujours d'être de dignes serviteurs de la cause, que nous servions au sein d'une assemblée, d'un comité ou dans le cadre de la Fête des dix-neuf jours: nous ferons l'impossible pour faire taire nos motivations égoïstes et éviter des déclarations injustes lorsque nous participerons à la consultation. Aucune trace de mensonge ne devra s'infiltrer dans nos débats, seule la vérité sera dite. Bahá'u'lláh n'a-t-il pas dit:

"Ô vous les négligents! Ne croyez pas que les secrets des coeurs soient cachés: soyez sûrs au contraire qu'ils sont gravés en caractères explicites et manifestement visibles en la sainte Présence."

Dans la consultation bahá'ie, chacun doit exprimer son avis, dans la liberté la plus complète. Seuls les intérêts de la cause doivent être pris en considération: les rapports entre individus doivent être oubliés, Par exemple, si un père et son fils sont membres d'une assemblée, le fils ne devrait pas, en votant, se sentir obligé d'être d'accord avec son père. Les Bahá'ís doivent le respect à leurs parents mais, lorsqu'ils participent à la consultation bahá'ie, ils doivent se souvenir qu'ils sont responsables uniquement devant Bahá'u'lláh, présent à leur réunion et dont ils servent la cause. Les sentiments personnels ne devraient jamais prendre le pas sur les intérêts de la cause. C'est pourquoi si, lors de la consultation, un fils pense que l'avis de son père est erroné, il doit le dire, et le père ne devrait pas s'attendre à ce que son fils agisse autrement. En effet, il sait fort bien que tous deux sont venus à cette réunion pour servir la cause avec une honnêteté absolue et qu'ils ne sont pas là pour se faire mutuellement plaisir. Veillons à ce que les petites rancunes personnelles ne s'infiltrent pas dans notre coeur au moment de la consultation et qu'elles ne viennent pas influencer notre opinion. Si, par exemple, une de mes connaissances m'a refusé le service que je lui avais demandé, je dois veiller à ce que ce petit incident n'altère pas mon opinion au sujet d'une bonne suggestion que cette personne pourrait émettre en cours de réunion. Ici aussi, je dois me souvenir de la présence de Bahá'u'lláh, et rien ne doit faire obstacle au service de sa cause. Lorsque les Bahá'ís se réunissent, ils doivent devenir comme "les doigts d'une main et les gouttes d'un océan".

Nous ne devrions jamais insister sur nos opinions personnelles ni essayer de les imposer aux autres. Nous avons tous assisté aux querelles de petits enfants, l'un affirmant qu'il a raison et que l'autre a tort. Ils peuvent continuer à se quereller de cette façon pendant longtemps sans rien accomplir: mais, lorsque leur père arrive, ils baissent le ton parce qu'ils l'aiment et le respectent. Et bientôt leur problème est résolu grâce à sa présence. Si nous nous souvenons de la présence de Bahá'u'lláh dans chacune de nos réunions, nous n'agirons jamais de manière indigne. Bien que chaque Bahá'í soit libre d'exprimer son avis lors de la consultation, la décision dépend de l'opinion de la majorité. Une fois la décision prise, chaque Bahá'í doit la respecter, même celui dont l'avis est divergent. Supposons que Frédéric, en sa qualité de membre d'une assemblée spirituelle, suggère que la réunion du douzième jour de la fête du Ridvan ait lieu le 2 mai. Mais la majorité décide que, à cette occasion" les Bahá'ís se réuniront après le coucher du soleil, le 1er mai. Frédéric avait probablement de bonnes raisons d'émettre cette suggestion. Mais lorsque l'assemblée en a décidé autrement, Frédéric doit mettre de côté son opinion" accepter la décision de l'assemblée de tout son coeur et s'efforcer de contribuer au succès de la réunion du 1er mai.

'Abdu'l-Bahá a dit à ce sujet:

"En ce jour, les consultations d'assemblées revêtent une grande importance et sont d'une nécessité vitale. Leur obéir est essentiel et obligatoire. Leurs membres doivent se réunir et se consulter de manière que ne se produise aucune cause de discorde et ne se manifeste aucune mauvaise intention, On y parvient lorsque chaque membre exprime, dans la liberté absolue, sa propre opinion et présente ses arguments. Si quelqu'un s'y oppose, il ne devrait pas se sentir blessé, car la solution la meilleure n'est révélée que lorsque les affaires sont pleinement discutées. L'étincelle brillante de la vérité ne surgit qu'après le choc des opinions différentes. Si, après discussion, une décision est unanimement acceptée, tant mieux; mais si (que le Seigneur l'empêche) des divergences d'opinion se manifestent, la décision sera prise à la majorité."

Les vues différentes exprimées par les membres d'une assemblée sont comme les ingrédients d'un plat délicieux. Si nous voulons savourer un bon plat, nous mélangeons plusieurs aliments et les faisons cuire ensemble. Le plat ne sera réussi que lorsque les ingrédients seront harmonieusement mélangés, car chaque ingrédient contribue à la réussite du plat. Mais si nous goûtions chaque ingrédient séparément, ils ne seraient pas aussi bons. De même, chaque opinion individuelle exprimée par les Bahá'ís contribue, à sa manière, à la décision finale. Mais la décision prise n'est pas l'opinion d'une personne. C'est la décision de l'assemblée. Elle est le résultat de toutes les opinions exprimées par les membres. Dans la tablette qui suit, 'Abdu'l-Bahá nous montre clairement comment les Bahá'ís devraient se consulter. Lisons-la attentivement et suivons ses conseils:

"Les principales conditions requises pour ceux qui délibèrent entre eux sont la pureté d'intention, le rayonnement de l'esprit, le détachement de tout hormis Dieu, l'attirance vers sa divine essence, l'humilité et la modestie à l'égard de ses bien-aimés, la patience et l'endurance dans les difficultés et la soumission devant son trône élevé. S'ils sont généreusement aidés à acquérir ces attributs, la victoire leur est accordée du royaume invisible de Bahá.

La première condition est l'amour absolu et l'harmonie parmi les membres de l'assemblée. Ils doivent être très proches les uns des autres et doivent témoigner de l'unité de Dieu, parce qu'ils sont les vagues d'une seule mer, les gouttes d'une seule rivière, les étoiles d'un seul ciel, les rayons d'un seul soleil, les arbres d'un seul verger, les fleurs d'un seul jardin. Si l'harmonie de pensée et l'unité absolue n'existaient pas, cette union serait distendue et cette assemblée réduite à néant.

La deuxième condition: ils doivent, lorsqu'ils se réunissent, tourner leur visage vers le royaume d'en haut et demander l'aide du domaine de gloire. Ils doivent ensuite exprimer leurs vues avec le plus grand dévouement, la plus grande courtoisie, la plus grande dignité, le plus grand soin et la plus grande modération. Ils doivent, pour tous les cas qui se présentent, tendre à la vérité et ne pas insister sur leur propre opinion, parce que l'obstination et la persistance dans un point de vue personnel conduiraient finalement à la discorde et aux querelles, et la vérité resterait cachée. Les membres doivent exprimer leurs propres pensées en toute liberté: il n'est permis, en aucun cas, de minimiser l'avis d'autrui. Il faut exposer la vérité avec sobriété et, si les divergences d'opinion surgissent, une majorité des voix doit prévaloir à laquelle tous doivent obéir et se soumettre. De plus, il n'est permis à aucun membre de désapprouver ou de censurer, pendant ou en dehors des réunions, une décision arrêtée précédemment, fut-elle erronée, car de telles critiques risqueraient d'empêcher l'exécution des décisions. En résumé, quel que soit le problème, il suscitera la clarté s'il est étudié dans un climat harmonieux, avec amour et pureté d'intention. Mais si la moindre trace d'acrimonie subsiste, il n'en résultera que ténèbres sur ténèbres."

"S'il en est ainsi, elle sera de Dieu, sinon elle se perdra dans l'indifférence et la froideur qui procèdent du Mauvais. Les discussions doivent toutes porter sur les choses spirituelles qui ont trait à l'éducation de l'âme, l'instruction des enfants, l'aide aux pauvres, aux faibles de toutes les classes de la société, l'amabilité témoignée à tous les peuples, la diffusion des parfums divins et l'exaltation de sa parole sacrée. Si les Bahá'ís s'efforcent de remplir ces conditions, la grâce du Saint-Esprit leur sera accordée, et cette assemblée deviendra le centre d'attraction des bénédictions divines, les armées de la confirmation divine se porteront à son secours et elle recevra, jour après jour une nouvelle effusion de l'Esprit."

4.8. Modèle d'une réunion de travail de l'assemblée spirituelle

Les neuf membres de l'assemblée spirituelle de Rampour se réunissent de nouveau le 23 avril. Le président demande à quelques membres de réciter des prières. Parmi ces prières, révélées par Bahá'u'lláh et 'Abdu'l-Bahá, quelques-unes sont spécialement destinées à être lues pendant les réunions de l'assemblée. Après les prières d'ouverture, le président demande au secrétaire de lire le procès-verbal de la réunion précédente. Celui-ci a été rédigé d'après les notes prises lors de la dernière réunion. Le secrétaire lit: "La première réunion de l'assemblée spirituelle de Rampour a eu lieu le 22 avril, une heure après le coucher du soleil. Après les prières d'ouverture, Jean a présidé la première partie de la séance qui débuta par l'élection du président; Paul a été choisi. Jean lui a alors demandé de présider le reste de la réunion. Ensuite, on a procédé à l'élection du bureau: les membres suivants ont été élus: Mme Shanta Devi, vice-présidente: M. Hassan Ali, trésorier et Jean, secrétaire. Après avoir décidé de tenir la prochaine réunion de l'assemblée le 23 avril, la séance est levée après une prière, trois heures après le coucher du soleil."

Lorsque le secrétaire a terminé la lecture du procès-verbal, le président demande aux autres membres s'ils sont d'accord avec son contenu. Chacun l'approuve et Jean note aussitôt que le procès-verbal de la réunion précédente a été lu et approuvé. Le président annonce ensuite que la principale raison d'être des assemblées spirituelles étant de répandre le message de Dieu, ce sujet sera à l'ordre du jour de la réunion.

Le président demande alors à chaque membre de s'exprimer à ce sujet. Lorsque chacun a donné son avis, il résume ce qui a été dit comme suit:

1. Nous avons besoin, nous-mêmes, d'en savoir davantage au sujet de la foi bahá'ie.

2. Nous avons besoin de publications.
3. Nous avons besoin d'un fonds.

4. Nous devrions commencer nos activités d'enseignement dans les villages voisins.

L'assemblée délibère sur ces points un à un. Quelqu'un suggère d'informer toute la communauté de leur important projet dans l'espoir de trouver une personne qui puisse participer à cette campagne d'enseignement. Un membre dit que, pour mieux connaître la cause, on devrait organiser des réunions d'étude hebdomadaires et qu'on pourrait utiliser les réunions du samedi à cet effet. Il ajoute que M. Blanc, instituteur à l'école bahá'ie d'un village voisin, pourrait diriger ces classes d'étude. Le président demande alors qui soutient cette proposition. François est d'accord. Après une courte discussion, le président met la suggestion au vote et demande à ceux qui sont d'accord de lever la main.

Sept membres lèvent la main. Les deux autres, Louise et Michel, pensant que M. Blanc ne pourra pas venir du village voisin, ne sont pas d'avis de faire appel à lui et n'ont donc pas levé la main. Le président annonce que la suggestion est acceptée et demande au secrétaire de la noter dans le procès-verbal.

Le président précise ensuite que M. Blanc, l'instituteur, devra prendre l'autobus pour se rendre à leur village et qu'il devra renoncer au travail partiel qu'il a l'habitude de faire le soir, s'il veut venir à Rampour pour les classes d'étude. C'est pourquoi il faudra créer un fonds pour l'aider. Le président demande l'avis des autres membres. Louise prend la parole: "En notre qualité de membres de l'assemblée, nous devons montrer l'exemple à toute la communauté. Pour ma part, je promets de verser mensuellement l'équivalent d'un jour de mon salaire à ce fonds." Cette déclaration fait plaisir à tout le monde et chacun félicite Louise de sa généreuse contribution. Chacun est particulièrement touché de voir que, malgré son désaccord initial, Louise se soit ralliée à la décision de l'assemblée. Lorsqu'une assemblée prend une décision, que nous soyons d'accord ou non, nous devons l'accepter et respecter le vote de la majorité. Les autres membres contribuent à leur tour suivant leurs possibilités. Le secrétaire prend note des noms et du montant de leurs contributions. Le trésorier fait de même et annonce que le total des contributions au fonds s'élève à Rs. 14,50.

L'assemblée décide ensuite d'annoncer cette bonne nouvelle aux membres de la communauté lors de la Fête des dix-neuf jours du 28 avril (Beauté) et de demander aux amis de suivre l'exemple de l'assemblée. Le président revient alors à la question des publications nécessaires aux activités d'enseignement. Après consultation, l'assemblée décide de demander l'aide de l'Assemblée spirituelle nationale (A.S.N.) à ce sujet. Après cette résolution, le président annonce qu'il faut aborder l'organisation pratique de la campagne d'enseignement. Jean suggère que, chaque dimanche, on se rende, en groupes, dans les villages autour de Rampour, D'autres membres souscrivent également à cette proposition. Quelqu'un d'autre ajoute que le dimanche conviendrait bien: M, Blanc s'occuperait des classes d'étude le samedi et pourrait ainsi accompagner les amis dans leurs activités d'enseignement du dimanche. Jean, le secrétaire, prend note de tout ce qui a été décidé. Le président demande alors si quelqu'un désire encore s'exprimer à ce sujet. Hassan Ali pense que ce serait une bonne idée de tenir de grandes réunions publiques lors de certains jours fériés et d'y inviter les non-Bahá'ís et les parents des Bahá'ís de la région. Cette suggestion, soutenue par un autre membre de l'assemblée, est discutée, mise au vote et enfin acceptée. On décide enfin de présenter ces plans de travail à toute la communauté lors de la prochaine Fête des dix-neuf jours, de demander aux amis de Rampour de contribuer au fonds de l'assemblée et de se porter volontaires pour aller enseigner dans les villages voisins.

Pour terminer l'assemblée fixe la réunion suivante au 29 avril, soit le lendemain de la Fête des dix-neuf jours, afin de pouvoir examiner, en consultation, les propositions émises par la communauté durant la fête. Après une prière, la séance est levée et les membres de l'assemblée rentrent chez eux, le coeur débordant de joie, reconnaissants envers Dieu de les avoir aidés à prendre ensemble ces décisions vitales pour le bien de la communauté.

Ce qui s'est passé pendant cette réunion est un exemple de ce qui devrait avoir lieu dans une réunion d'assemblée - comment délibérer ensemble et comment prendre d'utiles décisions.

Les problèmes qui surgissent dans les diverses communautés ne sont peut-être pas les mêmes: les besoins des communautés ne sont pas identiques non plus. Chaque assemblée devrait se pencher attentivement sur ses tâches pressantes et décider de les mener à bien, selon le degré de leur importance pour la communauté.

4.9. Relation entre l'assemblée spirituelle et l'institution de la Fête des dix-neuf jours

Nous voici à la fête de la Beauté (Jamál) et les Bahá'ís de Rampour se sont réunis pour célébrer leur Fête des dix-neuf jours. Le président de l'assemblée anime toutes les réunions des Fêtes des dix-neuf jours. S'il en est empêché, c'est le vice-président qui le remplace. La première partie de la fête est toujours consacrée aux prières et à la lecture d'écrits du Báb, de Bahá'u'lláh et d''Abdu'I-Bahá. N'importe quel Bahá'í présent peut procéder à ces lectures à la demande du président, et tous écoutent ces écrits avec beaucoup d'attention et d'application. Les prières et les lectures ne doivent pas être trop nombreuses afin de ne pas fatiguer les auditeurs. Lorsque les Bahá'ís de Rampour ont terminé la première partie du programme, le président de l'assemblée spirituelle demande au secrétaire de lire le rapport de l'assemblée et de faire part de la décision prise d'entamer une campagne d'enseignement de la foi dans la région avoisinante. Il précise aussi que ce projet nécessite l'aide des amis pour enseigner la foi et pour contribuer aux dépenses de ceux qui se déplaceront pour enseigner la foi ou donner des conférences.

Après cette lecture, le président demande aux membres de la communauté de présenter leurs suggestions au sujet de ce projet et les prie de dire dans quelle mesure ils pourraient aider à sa réalisation. Chaque Bahá'í promet alors d'aider de son mieux: l'un, en fournissant une livre de blé pour chaque conférence, un autre, en avançant la somme nécessaire pour payer le trajet d'un enseignant une fois par mois, un troisième, en s'engageant à consacrer une semaine entière à l'enseignement. Outre ces promesses de coopération, les Bahá'ís de Rampour attirent l'attention de l'assemblée sur quelques points très importants qu'elle n'avait pas pris en considération. Par exemple, en plus des classes d'étude et des tournées hebdomadaires d'enseignement, on pourrait aussi se préparer à donner le message dans les foires qui ont lieu périodiquement. Les Bahá'ís qui s'y rendent devraient prendre des brochures et les distribuer. D'autres suggestions fort utiles sont émises dans le but d'économiser les fonds de la communauté, etc. Le secrétaire prend note de toutes ces suggestions pour que l'assemblée spirituelle puisse prendre des décisions à leur sujet lors de sa prochaine réunion.

Le président promet que l'assemblée accordera toute son attention aux suggestions en question et qu'il communiquera les décisions prises à toute la communauté lors de la prochaine Fête des dix-neuf jours.

La troisième partie du programme de la Fête des dix-neuf jours est festive. Quatre familles de la communauté de Rampour ont préparé ensemble des gâteaux de riz qui sont servis à ce moment-là. Un groupe de jeunes Bahá'ís, qui connaît de belles chansons, est autorisé par le président à chanter et plusieurs membres de la communauté reprennent le refrain en choeur Une jeune fille bahá'ie récite un beau poème qu'elle a appris par cœur à l'école: chacun exprime sa joie de l'entendre. L'esprit d'unité et de joie qui a animé la Fête des dix-neuf jours des Bahá'ís de Rampour les a tous inspirés. Ils se séparent après une prière de clôture et emportent chez eux la joie de la communauté.

4.10. Quelques points importants au sujet de la Fête des dix-neuf jours

Uns des devoirs incombant à chaque assemblée est de veiller à ce que les amis de la localité observent la Fête des dix-neuf jours. Les fêtes des dix-neuf jours sont des réunions organisées tous les dix-neuf jours pour les Bahá'ís de chaque ville et de chaque village. Comme cette fête a été instituée par le Báb et ratifiée par Bahá'u'lláh, elle revêt une grande importance.

Question: Quel est le but de la Fête des dix-neuf jours ?

Réponse: 'Abdu'l-Bahá dit que "pendant la Fête des dix-neuf jours, les amis Bahá'ís peuvent se réunir et se témoigner leur camaraderie et leur amour pour que les mystères divins puissent être révélés. Le but est la concorde afin que les coeurs puissent devenir parfaitement unis et que la réciprocité et l'aide puissent être établies."

Question: Que devrions-nous faire pendant la Fête des dix-neuf jours?

Réponse: La fête fait partie de l'administration bahá'ie, et comme le bien-aimé Gardien l'a expliqué, elle consiste en trois parties. La première partie est méditative. Elle est consacrée aux prières et à la lecture des Écrits sacrés par quelques amis. La deuxième partie est administrative. Le secrétaire fait rapport des activités et demande aux Bahá'ís d'offrir leurs suggestions, leurs promesses pour le progrès de la cause de Bahá'u'lláh. La période de consultation est, pour les croyants, le moment de présenter leurs suggestions à l'assemblée spirituelle locale et, par elle, à l'Assemblée spirituelle nationale. La troisième partie est festive. On peut y chanter des chansons, y raconter des histoires, y servir des rafraîchissements, même très simples.

Question: Qui invite à participer à la Fête des dix-neuf jours?

Réponse: S'il existe une assemblée dans cette localité, c'est son secrétaire qui, selon les dates des fêtes indiquées dans le calendrier bahá'i, invite les Bahá'ís à venir à un endroit précis, à une heure déterminée. Là où il n'y a pas d'assemblée, les Bahá'ís peuvent former un groupe et choisir, parmi eux, une personne comme secrétaire du groupe. Elle rappellera à chacun les fêtes des dix-neuf jours.

Question: Qui anime la Fête des dix-neuf jours?

Réponse: Le président de l'assemblée spirituelle anime également la fête. Il demandera à quelques amis de réciter des prières au début de la réunion et, à chacun, de participer à la consultation pendant la deuxième partie (administrative) de la fête.

Question: Qui est l'hôte de la Fête des dix-neuf jours?

Réponse: En général, chacun à son tour offre la Fête des dix-neuf jours. Quelquefois, c'est l'assemblée spirituelle, en utilisant ses moyens propres, qui sera l'hôte de toute la communauté. Plusieurs Bahá'ís peuvent aussi se réunir pour recevoir les amis à cette occasion. Il est préférable que la partie festive comporte une petite collation, mais cela n'est pas absolument nécessaire. Bahá'u'lláh nous dit qu'on peut offrir la fête même en servant de l'eau. L'important, pendant la fête, est le progrès spirituel des Bahá'ís et l'accroissement de l'unité et de l'harmonie entre eux. La fête devrait aussi contribuer au progrès de la cause dans la localité grâce à la consultation et à la collaboration de tous avec l'assemblée spirituelle.

Nous citons les écrits d''Abdu'I-Bahá pour montrer l'esprit de chaque réunion bahá'ie: "Dans ces réunions, on doit éviter absolument la conversation superflue. L'assemblée doit se limiter à chanter les versets et à lire les paroles sacrées et aux sujets qui concernent la cause de Dieu, tels que l'apport d'évidences claires et manifestes, l'explication des preuves et la recherche des signes du Bien-Aimé des créatures. Ceux qui prennent part à la réunion doivent, avant de s'y rendre, être parés de la propreté la plus parfaite et se tourner vers le royaume d'Abhá, puis se joindre aux amis en toute douceur et humilité: et, tandis que les tablettes sont récitées, ils seront calmes et silencieux; et si un membre désire prendre la parole, qu'il le fasse avec courtoisie, après avoir obtenu l'acquiescement et l'assentiment du président, en s'exprimant avec facilité et éloquence."

Voici les dates des fêtes des dix-neuf jours:
21 mars 1er Bahá Splendeur
9 avril 1er Jalál Gloire
28 avril 1er Jamál Beauté
17 mai 1er 'Azamat Grandeur
5 juin 1er Núr Lumière
24 juin 1er Rahmat Miséricorde
13 juillet 1er Kalimát Paroles
1 août 1er Kamál Perfection
20 août 1er Asmá' . Noms
8 septembre 1er 'lzzat Puissance
27 septembre 1er Mashiyyat Volonté
16 octobre 1er '1lm Connaissance
4 novembre 1er Qudrat Pouvoir
23 novembre 1er Qawl Discours
12 décembre 1er Masá'il Question
31 décembre 1er Sharaf Honneur
19 janvier 1er Sultán Souveraineté
7 février 1er Mulk Empire
2 mars 1er 'Alá' Elévation

L'Assemblée spirituelle de Rampour s'est réunie le lendemain de la Fête des dix-neuf jours. Après la lecture et l'approbation du procès-verbal de la réunion précédente, les membres discutent des suggestions présentées par la communauté pendant la fête. Après un examen approfondi, ces suggestions sont approuvées, à l'exception d'une seule. L'assemblée décide d'inviter tous les Bahá'ís à un pique-nique à l'occasion du dernier jour de Ridvan. Pendant cette rencontre, on répartira les amis qui se rendront en équipes d'enseignement dans les différents villages. Trois membres de l'assemblée sont désignés pour former un comité responsable de la mise au point du programme de cette réunion. Avant de lever la séance, l'assemblée s'occupe d'une dernière affaire. Deux membres avaient, en effet, demandé son aide pour résoudre un problème d'ordre personnel qui avait surgi entre eux et au sujet duquel ils n'avaient pu s'entendre. L'assemblée écoute ce que chacun a à dire à ce sujet, puis propose une solution dans un esprit fraternel empreint de sagesse.

Le lendemain, après avoir consulté ses notes, le secrétaire adresse la lettre suivante à l'Assemblée spirituelle nationale.

A l'Assemblée spirituelle nationale
Chers amis Bahá'ís,

Nous sommes heureux de vous informer qu'avec l'aide de Bahá'u'lláh, il nous a été possible de former notre assemblée spirituelle à Rampour. Nous vous avons déjà renvoyé le formulaire que vous nous aviez demandé de remplir aussitôt après l'élection, en indiquant les noms et adresses des membres de l'assemblée et des membres de son bureau.

Nous avons demandé à M, Blanc, un instituteur Bahá'í d'un village voisin, de venir chaque samedi dans notre village pour y tenir des réunions hebdomadaires d'étude. De plus, nous avons décidé que, chaque dimanche, plusieurs amis se rendront en équipes dans les villages avoisinants pour y enseigner la cause. Nous avons créé un fonds spécial à cet effet qui compte déjà Rs.14,50 ; les amis se sont engagés à contribuer pour le même montant chaque mois.

Cette somme sera dépensée pour les activités d'enseignement sous la supervision de notre assemblée. Comme nous aurons besoin de beaucoup de publications, nous vous serions très reconnaissants de nous envoyer un grand nombre de brochures et de cartes de déclaration.

Nous espérons pouvoir partager avec vous prochainement les bonnes nouvelles du progrès de la cause dans notre région.

Puisse Bahá'u'lláh nous assister en son service!
Sincèrement vôtre, Jean-Christophe, Secrétaire
4.11. L'Assemblée spirituelle nationale

Toutes les assemblées spirituelles locales dans notre pays sont reliées entre elles par l'Assemblée spirituelle nationale (A.S.N.). L'Assemblée spirituelle nationale est un collège élu indirectement par les Bahá'ís d'un pays réunis en une convention (voir ci-dessous). Les délégués des communautés se rencontrent à la Convention annuelle de ce pays. Les règles essentielles des élections bahá'ies, que nous avons examinées auparavant, sont également d'application pour l'élection de l'Assemblée spirituelle nationale. Pour nous, Bahá'ís, une élection est un devoir sacré et revêt un caractère religieux: aucun candidat n'est nommé au préalable et aucune propagande n'a lieu.

La raison d'être de l'Assemblée spirituelle nationale est d'unifier le travail qui est accompli par les Bahá'ís d'un pays et de les encourager dans leurs activités. Les communautés bahá'ies leur prêtent leur concours par l'intermédiaire des assemblées spirituelles locales. L'Assemblée spirituelle nationale maintient le contact avec les Bahá'ís du pays par l'envoi de lettres et de circulaires. Ces communications donnent à chacun des nouvelles des activités des autres Bahá'ís et des progrès de la foi à travers le monde. Elles leur demandent également de coopérer et les invitent à donner leur avis et à présenter des suggestions.

Les lettres circulaires de l'Assemblée spirituelle nationale sont lues par les secrétaires des assemblées spirituelles locales lors de la Fête des dix-neuf jours. Si l'Assemblée spirituelle nationale demande l'avis des amis, chaque Bahá'í peut alors présenter son point de vue et offrir son concours s'il le désire. Le résultat de ces consultations est alors transmis, par l'assemblée spirituelle locale de chaque communauté, à l'Assemblée spirituelle nationale. Celle-ci examinera ensuite toutes ces suggestions et prendra une décision, en connaissance de cause, après un examen approfondi de la situation.

S'il n'y a pas encore d'assemblée spirituelle locale dans une localité, mais qu'un groupe y existe (c'est-à-dire moins de neuf personnes), l'Assemblée spirituelle nationale adressera sa correspondance à la personne qui a été désignée pour assumer les fonctions de secrétaire du groupe. Lorsqu'il n'y a qu'un seul Bahá'í dans une localité, elle correspond directement avec lui.

Comme l'Assemblée spirituelle nationale doit assumer de nombreuses tâches, elle nomme des comités qui l'assistent pour leur exécution. Les membres des comités sont choisis par l'Assemblée spirituelle nationale elle-même, et elle confie à chaque comité une tâche spécifique. Si, par exemple, l'Assemblée spirituelle nationale de l'Inde décide de l'acquisition d'un nouveau centre national, elle désignera un comité qui s'occupera de tous les détails de ce projet et qui présentera des suggestions à l'Assemblée nationale. Celle-ci est libre d'accepter ces suggestions, de les modifier ou de les rejeter. Les assemblées spirituelles locales peuvent aussi nommer des comités pour les assister dans leur travail, pour autant qu'elles en ressentent le besoin. Les comités nommés par ces assemblées locales ou nationales dépendent directement de l'assemblée qui les a désignés. Les assemblées spirituelles locales dépendent de l'Assemblée spirituelle nationale: cette dernière est la plus haute institution bahá'ie dans chaque pays. L'Assemblée spirituelle nationale, comme l'assemblée spirituelle locale, élit un président, un vice-président, un trésorier et un secrétaire. Les tâches et attributions des membres du bureau national sont les mêmes que celles des membres du bureau local.

4.12. La Convention

L'élection des membres à l'Assemblée spirituelle nationale est indirecte. Cela signifie que chaque communauté bahá'ie élit des délégués qui représenteront sa localité, et que tous les délégués représentant les communautés bahá'ies de tout le pays se réunissent en une convention pendant laquelle ils élisent l'Assemblée spirituelle nationale.

Le nombre de délégués élus dans chaque localité dépend du nombre de Bahá'ís qui y habitent. Par exemple, s'il y a cinquante Bahá'ís à Rampour, ils ne pourront peut-être élire qu'un seul délégué à la Convention nationale de l'Inde, tandis que les Bahá'ís de Bombay, s'ils sont cent, en enverront deux, et les Bahá'ís de Bénarès, s'ils sont trois cents, en enverront six. C'est l'Assemblée spirituelle nationale qui répartit les délégués entre les différentes communautés dans chaque pays.

Ces délégués se réunissent pour tenir la Convention nationale, qui se déroule de préférence au siège de l'Assemblée spirituelle nationale, durant un ou plusieurs jours chaque année, pendant la période du Ridvan (du 21 avril au 2 mai). Le but principal de la Convention est d'élire les membres de l'Assemblée spirituelle nationale pour l'année nouvelle. Mais les délégués qui viennent de toutes les régions du pays auront aussi l'occasion de consulter l'Assemblée spirituelle nationale et de se consulter entre eux sur le progrès de la cause dans le pays.

Après l'ouverture de la Convention par des prières, les membres procéderont d'abord à l'élection du président de la Convention. Ici aussi, le rôle du président est de veiller à ce que la consultation se déroule dans l'ordre et dans l'esprit de la foi. Les membres de la Convention élisent aussi un secrétaire qui prendra note des recommandations qui seront transmises à l'Assemblée spirituelle nationale.

Voici quelques points importants au sujet de la Convention:

1. Les délégués à la Convention doivent choisir les membres de l'Assemblée spirituelle nationale parmi tous les Bahá'ís éligibles du pays. Ils ne doivent pas restreindre leur choix aux seuls délégués à la Convention. Chaque délégué choisira neuf personnes parmi toute la communauté bahá'ie nationale.

2. Ceux qui sont élus délégués à la Convention n'ont pas d'autres tâches ou attributions que leur participation à la Convention et à l'élection de l'Assemblée spirituelle nationale. La Convention terminée, leur tâche de délégués prend fin aussi, à moins qu'ils ne soient appelés à participer à une élection partielle, en cas de vacance à l'Assemblée nationale. En d'autres termes, la Convention ne constitue pas une institution permanente et il n'y a donc pas de membres permanents de la Convention lorsque celle-ci se dissout.

3. La Convention est un organe consultatif. Ses recommandations sont transmises à l'Assemblée spirituelle nationale et cette dernière est en droit de les accepter ou de les rejeter.

4. La Convention n'a pas la suprématie sur l'Assemblée spirituelle nationale. Cette dernière est l'autorité bahá'ie la plus importante dans chaque pays: elle contrôle toutes les assemblées spirituelles locales et chaque Bahá'í du pays.

4.13. La Maison Universelle de Justice

Une des institutions propres à la foi bahá'ie est la Maison Universelle de Justice dont les membres sont élus, parmi les Bahá'ís du monde entier par l'intermédiaire des Assemblées spirituelles nationales. Bahá'u'lláh nous a assurés qu'il continuerait à guider les Bahá'ís par le canal de la Maison Universelle de Justice, pendant toute la durée de la dispensation bahá'ie. Bahá'u'lláh nous a donné les lois et les enseignements essentiels de Dieu pour cet âge, mais il a aussi précisé que nous aurons besoin d'autres règles sociales qui devront être énoncées graduellement, selon l'évolution de nos besoins. Ces règles sociales, nous dit Bahá'u'lláh, doivent être instituées par la Maison Universelle de Justice qui sera toujours sous la direction infaillible de Dieu.

'Abdu'l-Bahá nous dit à ce sujet:

"Etablie dans les conditions nécessaires - avec des membres de tous les peuples - cette Maison de Justice sera sous la protection et la garde de Dieu. Ce que cette Maison de Justice décide à l'unanimité ou à la majorité, cette décision et ce commandement seront à l'abri de l'erreur."

Il en découle que la Maison Universelle de Justice est inspirée lorsqu'elle prend toutes ses décisions; quelles que soient les règles qu'elle instaure, celles-ci seront parfaitement adaptées aux besoins du moment. Mais nous ne devons pas penser qu'elle abrogera ou changera les principes essentiels donnés par Bahá'u'lláh. Elle ne fera qu'énoncer les ordonnances nécessaires à la réalisation des lois de Bahá'u'lláh. Par exemple, un principe de la foi bahá'ie veut qu'il n'y ait plus d'extrêmes dans la richesse ou dans la pauvreté. Bahá'u'lláh n'a pas dit combien chacun devra payer d'impôts pour y arriver. C'est la Maison Universelle de Justice qui décidera d'une méthode fiscale permettant à chacun de vivre confortablement et, simultanément, évitera que quiconque n'accumule des richesses inutiles.

Voici encore un autre exemple: Bahá'u'lláh a précisé que nous devrions adopter une langue auxiliaire universelle pour tout le monde, mais il n'a pas dit de quelle langue il s'agirait. Ici aussi, c'est la Maison Universelle de Justice qui décidera. Bahá'u'lláh écrit à ce sujet:

"...Dans les tablettes antérieures, il a été ordonné que les membres de la Maison de Justice choisissent une des langues connues ou un langage nouveau et qu'ils adoptent de même une écriture universelle pour les enseigner aux enfants de toutes les écoles du monde: ainsi le monde ne formera plus qu'une seule patrie, un seul foyer."

Bien que la Maison Universelle de Justice ne puisse pas changer ce qui a été révélé par Bahá'u'lláh ou amender les interprétations d'Abdu'l-Bahá et de Shoghi Effendi, elle peut revoir ses propres décisions si les circonstances l'exigent. Supposons qu'elle décide, à un certain moment, du montant des impôts à payer. Cette décision est, sans nul doute, parfaite au moment même, mais cinquante ans plus tard, elle ne sera peut-être plus adaptée aux besoins. La Maison Universelle de Justice pourra donc changer sa décision. Dans son testament, Abdu'l-Bahá écrit:

"Chacun doit se tourner vers le Livre saint et tout ce qui n'y est pas expressément consigné doit être soumis à l'Assemblée universelle. Ce que cet organisme décide, soit à l'unanimité, soit à la majorité, est réellement la vérité et la volonté de Dieu Lui-même. Celui qui s'en écartera sera un véritable fomentateur de troubles, faisant preuve de malignité et se détournant du Seigneur de l'alliance."

L'oeuvre à laquelle le bien-aimé Gardien a consacré trente-six ans de son ministère a préparé la voie pour l'établissement de la Maison Universelle de Justice. Le Gardien disait qu'elle est comme la coupole d'un édifice qui a besoin de piliers solides pour la soutenir. Ces piliers, disait-il, sont les assemblées spirituelles nationales du monde, et c'est grâce aux efforts inlassables du Gardien qu'ils ont été érigés dans le monde entier. Sous la direction divine de Shoghi Effendi, les Bahá'ís apprirent à travailler en groupes, puis en assemblées spirituelles locales et, enfin, dans chaque pays en assemblées spirituelles nationales. Cela fait, le Gardien leur donna le plan de dix ans qui apprit aux assemblées spirituelles nationales à collaborer dans une entreprise aux dimensions mondiales et qui leur permit également d'établir les autres piliers de la Maison Universelle de Justice. A la fin du plan de dix ans, en 1963, il y avait suffisamment d'assemblées spirituelles nationales dans le monde pour établir la Maison Universelle de Justice.

'Abdu'l-Bahá avait prédit que la Maison Universelle de Justice serait établie lorsque la foi bahá'ie serait répandue dans toutes les régions du globe. Cette prophétie se réalisa à la fin du plan de dix ans, en avril 1963.

4.14. Quelques points importants de l'administration bahá'ie

1. Obéissance aux décisions de l'assemblée.

Une assemblée spirituelle bahá'ie devrait être considérée par les Bahá'ís comme un collège sacré, parce qu'elle a été instituée par les enseignements de Dieu. Nous devons donc obéir à toutes ses décisions. 'Abdu'l-Bahá lui-même a dit qu'il obéirait à toutes les décisions de l'assemblée spirituelle même s'il savait que certaines de ses décisions étaient fausses. Ceci illustre le fait qu'en obéissant à l'assemblée, nous obéissons à un commandement divin.

2. Que devons-nous faire lorsque nous pensons qu'une décision prise par notre assemblée spirituelle locale n'est pas juste?

Tout d'abord, nous devons accepter cette décision, parce que Dieu nous a ordonné de le faire. Mais nous pouvons faire appel à l'Assemblée spirituelle nationale pour revoir cette décision. En obéissant aux assemblées spirituelles locales et nationales, nous renforçons le fondement de l'administration bahá'ie. Il n'y aurait plus d'unité dans nos communautés si nous nous mettions à n'accepter que certaines décisions de nos assemblées.

3. A supposer que nous n'aimions pas particulièrement certains membres de l'assemblée, pouvons-nous refuser d'obéir à ses décisions?

Non. Cette attitude est fondamentalement à rejeter. Notre loyauté envers l'assemblée spirituelle ne dépend pas de l'affection ou du peu d'estime que nous portons à ses membres. Nous sommes loyaux envers l'institution de Bahá'u'lláh, quels qu'en soient les membres. L'unité de la communauté ne sera sauvegardée que dans la mesure de notre complet soutien aux institutions de la cause, sans égard à leur composition.

4. Peut-on démissionner d'une assemblée spirituelle?

Non, sauf en cas de force majeure comme, par exemple, un état de santé déficient ou le changement de domicile. Lorsque nous avons été élus, nous devons nous souvenir que Dieu nous a accordé le privilège de servir la communauté. Notre loyauté à l'égard des enseignements de Bahá'u'lláh et notre amour pour lui devraient nous encourager à accepter toute responsabilité au service de sa cause.

5. Peut-on consulter l'assemblée spirituelle au sujet de nos problèmes personnels?

Oui, on le peut, 'Abdu'l-Bahá a encouragé les Bahá'ís à exposer leurs problèmes à l'assemblée spirituelle s'ils ne peuvent les résoudre et à la consulter au sujet de difficultés apparemment insurmontables. Si des différends d'ordre personnel devaient surgir entre Bahá'ís, ils devraient demander à l'assemblée spirituelle de les aider à les résoudre et s'efforcer, avec bonne volonté, d'accepter sa décision.

6. L'assemblée spirituelle est-elle responsable devant les Bahá'ís qui l'ont élue?

Non. L'assemblée spirituelle locale est responsable devant Dieu et, pour les questions administratives, elle dépend de l'Assemblée spirituelle nationale. Chaque assemblée devrait prendre ses décisions dans l'esprit du bien de la cause. Dans des questions d'ordre personnel, elle devrait être impartiale et agir en toute équité. Pour autant que, en prenant sa décision, l'assemblée spirituelle ait été guidée par le souci d'être juste, peu importent les réactions qui pourraient en résulter dans la communauté.

7. L'autorité d'un Bahá'í quelconque est-elle plus élevée que celle de l'assemblée spirituelle?

Non. Il n'y a pas de direction personnelle dans la foi bahá'ie. Si une personne assume une tâche particulière, par exemple en qualité de président ou de secrétaire, elle n'en a pas pour autant des droits spéciaux. En dehors des réunions de l'assemblée, les membres de celle-ci n'ont pas plus de droits que les autres membres de la communauté bahá'ie et, comme eux, ils doivent obéir aux décisions de l'assemblée. L'égalité des droits est absolue dans la foi bahá'ie.

4.15. Les temples Bahá'ís

La foi bahá'ie étant une religion universelle, le temple Bahá'í est une maison universelle d'adoration de Dieu. Lorsque les Bahá'ís construisent leurs temples, ils les dédient aux peuples du monde entier. Les hommes de toutes religions, de toutes classes, de toutes croyances y sont les bienvenus. Les Écrits saints de toutes les religions y sont lus, et des gens appartenant à la même famille humaine s'y réunissent sous le même toit pour adorer un seul Dieu tout-puissant.

La structure des temples Bahá'ís symbolise d'ailleurs l'unité. Ils comportent neuf côtés et chaque côté a une porte. Toutes ces portes donnent accès à une salle commune, sous une grande coupole. Ces neuf portes et ces édifices à neuf côtés symbolisent les neuf grandes religions du monde, Elles sont l'expression de l'unité fondamentale de toutes les religions. A l'intérieur, au milieu du temple, le regard se dirige de manière circulaire vers les neuf côtés et les neuf portes. Il n'y a pas de porte centrale ou de porte de derrière dans un temple bahá'i, Toutes les portes s'ouvrent sur chaque côté, toutes reçoivent la lumière et la projettent à l'intérieur où des gens de toute origine sont réunis dans l'adoration de Dieu. Ce temple ne constitue-t-il pas une belle illustration de l'égalité et de l'unité des religions?

Les temples Bahá'ís ne sont pas seulement des lieux de culte. Ils sont aussi des institutions. Autour des temples à neuf côtés seront construits neuf édifices à but humanitaire, tels des écoles, des orphelinats, des hôpitaux, etc., qui seront reliés entre eux et à un côté du temple par de belles allées et des jardins. Toutes ces avenues conduiront à la maison de Dieu. N'est-ce pas un bel arrangement ? Sa beauté provient du plan qu''Abdu'I-Bahá nous a laissé dans ses tablettes.

Actuellement, il existe six temples Bahá'ís, répartis sur les cinq continents. L'un d'eux se trouvait en Asie, à Ishqabat (Russie) (actuellement détruit) ; un autre à Wilmette, en Amérique: un autre à Kampala, en Afrique; un autre encore à Sydney en AustraIie; un autre à Francfort, en Allemagne pour l'Europe, un à Panama, en Amérique centrale, et le dernier à New Delhi, en Inde. Ce sont les premiers temples dans chaque continent, en attendant que d'autres soient construits dans d'autres pays du globe. Un grand nombre d'assemblées spirituelles nationales ont déjà fait l'acquisition d'un terrain pour la construction de leur temple.

4.16. Le Fonds bahá'i

Supposons que vous habitiez dans un village qui vient d'être inondé et que la maison de votre voisin ait été balayée par les flots déchaînés, le laissant, lui et ses enfants, sans abri et que vous appreniez qu'un groupe de villageois s'est mis à construire un abri de fortune pour cette famille sinistrée, que feriez-vous? Peut-être vous diriez-vous trop pauvre pour aider, ou vous précipiteriez-vous pour accomplir votre part, même si elle est réduite, pour que cette famille puisse trouver un toit avant la saison des pluies? Peut-être pourriez-vous amener un char de pierres et de briques ou offrir une petite somme d'argent? Votre contribution serait alors un des nombreux dons qui, rassemblés, permettraient de construire un abri pour la famille sinistrée.

Aujourd'hui, la race humaine est comme une famille sans foyer, aux prises avec une tempête faite de guerres et de centaines d'autres calamités. La foi bahá'ie est le refuge à l'abri duquel l'humanité peut trouver la paix et le bien-être. Les Bahá'ís du monde entier luttent pour construire ce refuge pour toute l'humanité. N'allons-nous pas tous contribuer à cette tâche? Nous devons établir les institutions de la cause, construire des centres et des maisons d'adoration, traduire les enseignements de la foi dans toutes les langues de la planète, publier des brochures et des livres. Pour tout ceci et bien d'autres tâches encore, nous avons besoin de ressources matérielles aussi bien que spirituelles. C'est pourquoi chaque assemblée spirituelle locale et nationale dispose d'un fonds spécial alimenté par les dons de chaque bahá'i.

Les contributions doivent être volontaires; personne ne peut nous obliger à donner de l'argent si nous ne le souhaitons pas. Mais contribuer au fonds constitue une obligation spirituelle. C'est en même temps une épreuve pour notre foi. Aucun bahá'i, convaincu de l'importance de cette cause pour l'humanité, ne se dérobera au privilège de contribuer à l'édification de ses institutions et à sa proclamation à un monde souffrant. Le montant de notre contribution n'est pas tellement important; ce qui importe, c'est l'esprit dans lequel nous donnons. Lorsque les Bahá'ís voulurent construire le temple d'Amérique, 'Abdu'l-Bahá fit appel à la générosité des croyants du monde entier. Il y avait alors une dame anglaise très pauvre qui voulait ardemment faire un don pour le temple. La seule valeur précieuse qu'elle possédât était sa belle et longue chevelure blonde. Bien que cela représentât un grand sacrifice pour elle, elle la coupa et en offrit la contre valeur au fonds. C'est ainsi qu'elle contribua, elle aussi, à la construction de ce glorieux édifice.

Notre bien-aimé Gardien a dit:

"Nous devons ressembler à la fontaine ou à la source qui, se vidant sans cesse de son contenu, déborde sans arrêt sous l'action d'un invisible jaillissement. Donner continuellement pour le bien de nos semblables, ignorant la crainte de la pauvreté et confiants en l'infaillible générosité de la Source de toute richesse et de tout bien - tel est le secret d'une vie droite." Chaque assemblée spirituelle doit établir un fonds. Les membres de la communauté doivent y contribuer dans la mesure de leurs capacités et selon leur propre et libre volonté. En donnant une partie de ce que Dieu nous donne, nous témoignons de notre gratitude à un Dieu bienfaisant. Souvenons-nous des paroles d''Abdu'l-Bahá:

"Ô vous, amis de Dieu, soyez assurés qu'en lieu et place de cette contribution, votre commerce, votre agriculture et votre industrie seront abondamment bénis. Quiconque accomplit une bonne action, Dieu le récompensera dix fois autant. Il n'y a aucun doute que le Seigneur vivant assiste et confirme l'âme généreuse."

5. QUELQUES LOIS ET OBLIGATIONS
5.1. Propreté
Bahá'u'lláh dit dans le livre de l'Aqdas:

"Soyez l'exemple de la propreté parmi les hommes..., en toutes circonstances, ayez des manières raffinées..., qu'aucune trace de négligence n'apparaisse sur vos vêtements..., baignez-vous dans une eau pure, et non dans celle qui a déjà servi... En vérité, nous voulons voir en vous les manifestations du paradis sur terre, afin que, de vous, s'exhale le parfum dont se délecte le coeur des élus."

Ce commandement de Bahá'u'lláh nous permet de saisir toute l'importance de la propreté. Dieu désire que nous soyons en bonne santé et heureux pendant toute notre vie. Si nous ne sommes pas propres, notre santé en sera affectée: et si nous sommes en mauvaise santé, nous ne pouvons pas être aussi heureux que nous pourrions l'être.

La science prouve que la plupart des maladies sont causées par un manque de propreté. Si nous mangeons en nous servant de nos mains sales, nous mettons en danger notre santé, car beaucoup de maladies sont transmises par voie buccale. Si nous portons des doigts malpropres à nos yeux, nous souffrirons d'infection des yeux. Il arrive encore trop fréquemment, dans de nombreux villages, que les gens lavent leur lessive et leur vaisselle dans de l'eau impure. Même l'eau qu'ils boivent n'est pas propre et cela peut causer beaucoup de maladies.

Maintenir notre corps, nos habits et nos demeures propres est un devoir très important pour les Bahá'ís; c'est un commandement de Bahá'u'lláh. 'Abdu'l-Bahá a dit: "La propreté externe, bien qu'elle soit une chose physique, exerce une grande influence sur la spiritualité... Le fait d'avoir un corps pur et immaculé a une influence sur l'esprit de l'homme."

5.2. Prière

"Si un homme éprouve un réel amour pour son ami, il souhaite l'exprimer. Bien qu'il le sache informé de son affection, il désire la lui confirmer encore... Dieu connaît les désirs de tous les coeurs, mais l'impulsion de la prière est naturelle, elle jaillit de l'amour de l'homme pour son Dieu..." 'Abdu'l-Bahá compare la prière à une conversation avec Dieu. Il dit: "Nous devons parler dans le langage du ciel - le langage de l'esprit - car il existe un langage particulier à l'esprit et au coeur. Il est aussi différent du nôtre que l'est ce dernier de celui des animaux qui s'expriment par des cris et des sons inarticulés."

"C'est ce "langage de l'esprit" qui parle à Dieu. Quand, dans la prière, nous sommes libérés de toutes choses extérieures et que nous nous tournons vers Dieu, c'est alors comme si, en nous-mêmes, nous entendions sa voix. Sans paroles, nous parlons, nous communiquons, nous conversons avec Dieu et nous recevons la réponse... Tous, lorsque nous atteignons un état vraiment spirituel, nous pouvons entendre la voix de Dieu."

La prière est la nourriture de l'âme. Nous ne pouvons développer les capacités de notre esprit si nous ne prions pas. C'est pourquoi la prière est obligatoire dans notre religion.

Dans son Livre le plus saint (l'Aqdas), Bahá'u'lláh écrit:

"Chantez (ou récitez) les versets de Dieu matin et soir. Celui qui omet de le faire n'est pas fidèle à l'alliance de Dieu. Celui qui s'y refuse aujourd'hui est de ceux qui se détournent de Dieu. Craignez Dieu, ô mes serviteurs! Prenez garde que trop de lectures (des Écrits sacrés) ou trop d'activités de jour et de nuit ne vous rendent orgueilleux. Mieux vaut chanter un seul verset avec joie et sincérité que de parcourir avec négligence toutes les révélations de Dieu ! Chantez les tablettes de Dieu dans la mesure où vous ne ressentez aucune fatigue ni dépression. Ne chargez aucune âme au point de l'accabler ou de l'épuiser, mais rafraîchissez-Ia plutôt, afin qu'elle puisse prendre son essor sur les ailes de la révélation et atteindre l'horizon où brillent les preuves. Cela vous rapprochera de Dieu, si vous êtes de ceux qui sont doués d'entendement."

A travers ces paroles sacrées de Bahá'u'lláh, nous comprenons que les prières bahá'ies, tout en étant obligatoires, ne doivent pas devenir une sorte de rite ou de cérémonie. On trouve beaucoup de gens qui croient qu'en récitant simplement quelques paroles, dont ils ne comprennent souvent pas le sens, ils accomplissent un acte méritoire. Quelques-uns croient qu'en récitant un livre entier des Ecritures saintes en un jour, ils trouveront la faveur aux yeux de Dieu et seront récompensés d'une manière ou d'une autre. Innombrables sont ceux qui consacrent des heures à réciter des extraits de leurs livres sacrés en sanscrit, en latin ou en arabe, même s'ils ne comprennent pas cette langue. Ils croient qu'en récitant ces paroles saintes, ils trouveront le salut; mais ils ne se rendent pas compte qu'ils ne font qu'imiter aveuglément ce que faisaient leurs ancêtres. Dans la foi bahá'ie, on ne peut pas adorer du bout des lèvres.

Bahá'u'lláh dit: "Mieux vaut chanter un seul verset avec joie et sincérité que de parcourir avec négligence toutes les révélations de Dieu!" Il nous met en garde de ne "charger aucune âme au point de l'accabler ou de l'épuiser" mais de la rafraîchir "afin qu'elle puisse prendre son essor sur les ailes de la révélation et atteindre l'horizon où brillent les preuves."

Il existe des centaines de merveilleuses prières révélées par le Báb, Bahá'u'lláh et 'Abdu'l-Bahá. Les Bahá'ís sont encouragés à les lire lorsqu'ils désirent prier. Les réunions sont habituellement ouvertes et clôturées par des prières: une personne récite ou lit un passage des Écrits sacrés pendant que le reste de l'assistance écoute et médite ces paroles. Les prières sont une grande source d'inspiration. On peut, en effet, ressentir une grande joie à s'élever spirituellement lorsque les prières bahá'ies sont récitées. Elles ne sont pas obligatoires: chacun peut les réciter lorsqu'il le désire. Mais les Bahá'ís ont aussi des prières obligatoires, Bahá'u'lláh en a révélé trois. Chaque Bahá'í doit en réciter une par jour. Parmi ces trois prières, il en est une qui est dite toutes les vingt-quatre heures: c'est la longue prière obligatoire. Mais il y a aussi une prière qui se dit trois fois par jour - le matin, à midi et le soir - et, enfin, une très courte prière obligatoire à réciter chaque après-midi.

Vous trouverez toutes ces prières, y compris les prières obligatoires, dans le livre de prières bahá'ies. Si vous choisissiez la courte prière obligatoire qui se dit chaque après-midi, il serait souhaitable de l'apprendre par coeur. Mais peu importe la prière que vous choisirez! L'important, c'est de vous souvenir de l'esprit dans lequel vous offrirez vos prières. 'Abdu'l-Bahá dit:

"La prière la plus noble est celle où les êtres prient uniquement par amour pour Dieu, non parce qu'ils le craignent ou qu'ils redoutent l'enfer, ou encore parce qu'ils espèrent ses faveurs ou l'accès au paradis. Quand on s'éprend d'un être humain, on ne peut s'empêcher de murmurer son nom bien-aimé, Combien il est plus difficile encore de ne pas prononcer le nom vénéré de Dieu quand on s'est pris à l'aimer... L'homme doué de spiritualité ne trouve d'autre délice que dans la célébration de Dieu."

5.3. Jeûne

Dans le calendrier bahá'i, il y a quatre, quelquefois cinq jours entre le dix-huitième et le dix-neuvième mois de l'année qui s'appellent les "jours de Ha" ou "Jours intercalaires". Pendant ces jours-là, les Bahá'ís reçoivent leurs amis ou leur rendent visite, et viennent en aide aux malheureux. Au début du dix-neuvième mois, le mois d'élévation ('Alá'), la période de jeûne commence.

Pendant les dix-neuf jours du jeûne, nous nous abstenons de manger et de boire, du lever au coucher du soleil. (Note de l'éditeur: dérogation pour les enfants de moins de quinze ans, les femmes enceintes, les personnes de plus de soixante-dix ans, les malades, les longs voyages (voir MEB - Synopsis et codification des lois et ordonnances du Kitáb-i-Aqdas)) Nous nous levons à l'aube pour prier et rendre grâces à Dieu pour toutes ses faveurs et sa bénédiction. Puis, nous mangeons avant le lever du soleil. Pendant toute la journée, nous ne prendrons ni aliment, ni boisson jusqu'au coucher du soleil. Nous interrompons alors le jeûne, nous montrons symboliquement notre amour pour Dieu en suivant ses commandements.

Voici ce qu''Abdu'l-Bahá dit au sujet du jeûne:

"Le jeûne est un symbole. Jeûner signifie s'abstenir de tout désir. Le jeûne physique est le symbole de cette abstinence, c'est un rappel; tandis que l'on refrène l'appétit physique, il faut s'abstenir des convoitises personnelles et des désirs égoïstes. Mais se passer uniquement de nourriture n'a aucun effet sur l'esprit. C'est un symbole, un rappel. Autrement, cela n'offre aucun intérêt. Jeûner pour atteindre le détachement ne signifie pas s'abstenir entièrement de nourriture. La règle d'or est: ni trop, ni trop peu. La modération est nécessaire. Il existe une secte aux Indes dont les membres pratiquent l'abstinence à l'extrême, réduisant graduellement leur nourriture jusqu'à pouvoir s'en passer presque complètement. Mais leur intelligence en souffre. Un homme n'est pas capable de servir Dieu efficacement, tant matériellement que spirituellement, s'il est affaibli par le manque de nourriture. Il ne possède pas toute sa lucidité." Avant le lever du soleil, nous nous préparons à prier et à méditer.

Bahá'u'lláh a révélé de magnifiques prières spécialement pour la période du jeûne. Puis, peu avant le lever du soleil, nous prenons notre petit déjeuner. Nous ne mangerons ni ne boirons jusqu'au coucher du soleil. Pendant cette période, plus que jamais, nous ressentirons notre amour pour Bahá'u'lláh, et nous nous souviendrons alors que C'est pour son amour que nous jeûnons. Après le coucher du soleil, nous interrompons le jeûne. Nous récitons aussi des prières avant ou après le repas du soir. Bien que Bahá'u'lláh ait révélé des prières spéciales pour ces moments-là, nous sommes libres d'en choisir d'autres. En voici pourtant une qui peut être récitée pendant la période du jeûne:

"Louange à toi, ô Seigneur mon Dieu ! Je te supplie, par cette révélation qui a changé les ténèbres en lumière et par laquelle a été édifié le temple assidûment fréquenté, par laquelle la Tablette écrite a été révélée et le rouleau de parchemin étendu et dévoilé, je te supplie de faire descendre sur moi et sur mes compagnons ce qui nous permettra de prendre notre essor vers les cieux de ta gloire transcendante et nous purifiera de la souillure des doutes qui ont empêché les êtres méfiants d'entrer dans le tabernacle de ton unité.

Je suis, ô mon Seigneur, celui qui s'est tenu fermement à la corde de ta tendre bonté et qui a saisi le pan du vêtement de ta miséricorde et de tes faveurs. Accorde-moi, ainsi qu'à ceux qui me sont chers, les bienfaits de ce monde et de l'autre. Confère-leur le don secret que tu as destiné à tes élus parmi tes créatures. Voici, ô mon Seigneur, les jours durant lesquels tu as enjoint à tes serviteurs d'observer le jeûne. Béni est celui qui jeûne uniquement par amour pour toi et dans un détachement absolu de tout ce qui n'est pas toi. Aide-moi et aide-les, ô mon Seigneur, à t'obéir et à garder tes préceptes. Tu as, en vérité, le pouvoir d'agir comme il te plaît. Il n'est pas d'autre dieu que toi, l'Omniscient, l'infiniment Sage. Toutes louanges soient à Dieu, le Seigneur de tous les mondes."

Bahá'u'lláh

La période du jeûne se poursuit jusqu'au dernier jour de l'année bahá'ie. Le nouvel an, qui correspond au 21 mars, marque la fin du jeûne: ce jour-là, les Bahá'ís célèbrent la fête de Naw-Rúz.

5.4. Le travail est un acte d'adoration

Une des lois de Bahá'u'lláh précise que chacun devrait travailler: c'est un péché que de mendier ou d'être oisif: c'est pourquoi la foi bahá'ie le défend. Dans cette cause, le travail obligatoire pour chacun, lorsqu'il est accompli dans un esprit de service envers toute l'humanité, devient, pour les Bahá'ís, une forme d'adoration.

Bahá'u'lláh dit:

"Il est enjoint à chacun de s'occuper d'une manière ou d'une autre: art, commerce, etc. Nous avons décidé d'identifier votre labeur avec un acte d'adoration envers Dieu, le Véritable. Méditez, ô peuple, sur la grâce de Dieu et les faveurs qui vous sont accordées, et que votre gratitude s'élève vers Lui matin et soir."

'Abdu'l-Bahá ajoute à ce sujet:

"Dans la cause bahá'ie, les arts, les sciences et l'exercice de tous les métiers sont considérés comme un acte d'adoration. L'homme qui fabrique une feuille de papier du mieux qu'il peut, consciencieusement, en consacrant toutes ses forces à la parfaire, loue Dieu. Bref, tout effort où l'homme met tout son coeur est un acte d'adoration s'il est inspiré par des motifs élevés et par la volonté de servir l'humanité. Servir le genre humain et pourvoir aux besoins des peuples c'est adorer Dieu. Servir, c'est prier"

Le travail équivaut à la prière. Le service est une prière! Voilà une loi merveilleuse.

Si nous voulons louer Dieu, nous devons le faire dans la joie et avec sincérité. Les Bahá'ís sont convaincus que le paysan qui cultive sa terre, pour son bien et celui des autres, rend, par cet acte, grâces à Dieu. Le charpentier qui fabrique une porte pour la maison de son prochain ou le tailleur qui confectionne un vêtement et use de tout son talent pour satisfaire son prochain, rendent louange à Dieu.

Nous voyons ainsi qu'avec l'aide de Bahá'u'lláh, chaque champ peut devenir un temple de Dieu, chaque atelier une maison d'adoration. Pour un bahá'i, son travail, quoique difficile, devient une occupation plaisante, parce qu'en le faisant, il peut adorer Dieu. Et un Bahá'í accomplira son travail avec le même sérieux, la même sincérité et la même joie que lorsqu'il lit ses prières. Un ascète qui vit dans une caverne ou au coeur de la jungle est préparé à faire toutes sortes de pénitences, parce qu'il croit ainsi rendre grâces à Dieu. Selon Bahá'u'lláh, l'époque de la vie ascétique et monacale est révolue. A sa place, il a fait de chaque travail utile un acte d'adoration. Le travail n'est pas ennuyeux si nous le considérons comme une prière qui doit être faite avec dévotion.

Le renoncement au monde et une vie solitaire ne constituent pas un acte méritoire dans notre foi. C'est pourquoi les Bahá'ís n'ont ni moines ni ascètes dans leurs rangs. Bahá'u'lláh dit:

"Ô peuples de la terre, une vie solitaire et une discipline sévère n'ont pas rencontré l'approbation de Dieu! Les possesseurs de perception et de connaissance sont tournés vers ce qui est cause de joie et de sympathie, tandis que ces conceptions ont été engendrées par l'imagination et la superstition et ne sont pas dignes des gens qui savent. De nombreux individus, autrefois et depuis, ont habité les grottes des montagnes: d'autres passent la nuit dans les cimetières. Dis: Ecoutez les conseils de l'Opprimé!

Abandonnez vos imaginations et attachez-vous à ce que vous commande le fidèle conseiller. Ne vous privez pas de ce qui a été créé pour vous. Adorons Dieu à notre travail, dans les champs, dans l'atelier ! Louons-le par un travail assidu et consciencieux! Adressons nos prières à notre Créateur en servant toute l'humanité! N'oublions jamais la loi de Dieu pour cet âge. Ne gaspillez pas votre temps dans l'oisiveté et l'indolence, et occupez-vous de ce qui peut vous être utile ainsi qu'aux autres. Ainsi en a-t-il été décrété en cette Tablette, de l'horizon d'où resplendit le soleil de la sagesse de la parole divine. Le plus méprisable des hommes devant Dieu est celui qui s'assied pour mendier. Accrochez-vous à la corde, vous fiant à Dieu, la Cause des causes. Toute âme engagée dans un art ou un commerce sera considérée comme faisant acte d'adoration vis-à-vis de Dieu. En vérité, ceci ne vient que de sa grande et abondante faveur !"

5.5. Enseigner la cause de Dieu

Si quelqu'un nous demandait quels sont les devoirs d'un bahá'i, nous pourrions répondre:

1. étudier la cause.
2. pratiquer ses enseignements.
3. répandre le message.

Bahá'u'lláh dit: "Dieu a fait un devoir à toute âme, selon ses capacités, de faire connaître la cause."

Pourquoi devons-nous faire connaître la cause de Dieu?

Lorsque quelqu'un souffre d'une grave maladie puis trouve un remède qui le guérit, le délivrant aussitôt de tous ses maux et souffrances, il ne manquera pas de chanter les louanges de ce remède miraculeux. Et s'il rencontre une personne qui souffre de la même maladie, que fera-t-il de son remède? Le gardera-t-il égoïstement pour lui-même et laissera-t-il le malade en proie à ses souffrances? Evidemment non. Il s'empressera de lui donner le remède et lui dira qu'en le prenant, il guérira de tous ses maux, parce que lui-même l'a déjà éprouvé.

Bahá'u'lláh est le médecin omniscient et il nous a apporté un remède merveilleux qui peut guérir tous nos maux. Les maladies dues à la haine, à la superstition, au désespoir et à la désunion sont en train de détruire les peuples du monde. Comment un Bahá'í véritable, qui a été guéri de ces maux grâce à ce remède qu'il connaît, pourrait-il rester indifférent aux souffrances des autres? Il s'empressera de partager avec tous ceux qui souffrent ce qu'il a reçu par les enseignements divins. Dans la foi bahá'ie, il n'y a personne dont la fonction particulière soit de prêcher et de faire connaître le message divin.

La responsabilité de guider les autres vers la cause incombe, par conséquent, à chaque croyant. Quel est notre gain en donnant le message divin aux autres? Nous n'essayons pas de former une armée. Nous n'espérons pas recevoir des biens matériels en donnant le message. Nous enseignons la cause de Dieu uniquement parce que nous éprouvons de l'amour envers les autres, et nous ne voulons pas les priver de la grâce que Dieu nous a octroyée en ce jour. Nous n'essayons jamais d'imposer nos idées aux autres. Nous n'argumentons pas, et si nos interlocuteurs refusent ce que nous leur offrons, nous continuons à les aimer. Nous ne disons jamais aux autres qu'ils ont tort et que nous avons raison. Nous ne faisons que présenter le message que Dieu a envoyé par l'intermédiaire de Bahá'u'lláh et il leur appartient de l'accepter. Notre amour pour notre prochain ne dépend pas de son acceptation. Voici ce que Bahá'u'lláh nous ordonne de faire:

"Ô peuple de Bahá. Vous fûtes et vous êtes les orients de l'amour et les aurores de la providence de Dieu! Ne corrompez pas votre langue en injuriant ou en maudissant qui que ce soit, et gardez vos yeux de ce qui n'est pas digne de vous. Montrez ce que vous possédez (la vérité): si elle est acceptée, le but est atteint: sinon, la discussion est inutile: laissez (celui qui vous contredit) à lui-même, et tournez-vous vers Dieu, le Tout-Puissant, l'Éternel! Ne soyez pas cause de tristesse, à plus forte raison, d'agitation et de dispute. J'espère que vous serez instruits à l'ombre de la providence divine et que vous agirez suivant la volonté de Dieu. Vous êtes tous les feuilles d'un seul arbre et les gouttes d'une seule mer."

Bahá'u'lláh attend que nous nous instruisions nous-mêmes avant d'enseigner les autres. Cela signifie que nous devrions nous efforcer de connaître ses enseignements et de les pratiquer dans notre propre vie, avant d'attendre des autres qu'ils les suivent. Bahá'u'lláh dit à ce sujet:

"Le peuple de Bahá doit servir le Seigneur avec sagesse, enseigner par l'exemple de sa vie et manifester par ses actes la lumière du Seigneur. L'effet de ses actes est, en vérité. plus puissant que celui des paroles... L'effet des paroles d'un instructeur dépend de la pureté de son but et de son détachement. Quelques-uns se contentent de paroles: mais les actes seuls et la manière de vivre témoignent de la vérité ! Ces actes révèlent le degré d'évolution de l'homme. Les paroles doivent être en accord avec ce que la volonté de Dieu a exprimé et avec les tablettes écrites."

Être la source du progrès spirituel et de bénédictions pour d'autres constitue un grand privilège. Dans le monde spirituel, il n'y a peut-être rien de plus précieux que d'aider son prochain à comprendre le but de sa vie et à s'unir aux autres dans une cause universelle. 'Abdu'l-Bahá a dit que chaque Bahá'í devrait s'efforcer de guider au moins une personne vers la cause de Bahá'u'lláh chaque année. Enseigner la cause ne dépend pas de l'éducation que nous avons reçue. 'Abdu'l-Bahá nous a dit que, même si nous ne savons ni lire ni écrire, nous pourrons quand même être un véritable serviteur de l'humanité par nos actes et nos oeuvres. Si nous vivons la vie d'un vrai bahá'i, les gens se rendront compte par eux-mêmes que nous sommes différents, parce que nous mettons en pratique les enseignements divins pour ce jour. L'importance d'enseigner la cause et les bénédictions qui en découlent pour nous ressortent clairement de la tablette suivante d'Abdu'l-Bahá:

"On sait clairement qu'aujourd'hui l'invisible assistance divine entoure ceux qui transmettent le message. Si le travail de donner le message est négligé, cette assistance sera alors entièrement retirée, car il est impossible que les amis de Dieu puissent recevoir cette aide à moins qu'ils ne soient engagés à donner le message. Quelles que soient les conditions, le message doit être transmis, mais avec sagesse... Les amis devraient être engagés à éduquer les âmes et devraient devenir des instruments pour aider le monde de l'humanité à acquérir la joie et les parfums spirituels. Par exemple, si chacun des amis (croyants) devait établir des relations d'amitié et des rapports justes avec l'une des âmes négligentes, s'associer et vivre avec elle en parfaite bienveillance et, entre temps, par sa bonne conduite et son comportement moral, la conduire à l'instruction divine et aux enseignements, il ne fait aucun doute qu'elle éveillerait graduellement cette personne négligente et changerait son ignorance en connaissance."

5.6. Interdiction des boissons alcoolisées

Nous avons vu que l'homme se distingue des animaux par son esprit et son âme. Dieu attend que nous prenions grand soin de ces dons précieux dont il a gratifié la race humaine. Nous devons nous efforcer de maintenir notre esprit et notre âme aussi purs et sains que possible.

Les boissons alcoolisées empoisonnent l'esprit (la raison) de l'homme au point de lui faire oublier son rang et de le ramener au niveau des bêtes. C'est pourquoi Bahá'u'lláh nous interdit d'en absorber. Nombreux sont les Bahá'ís habitués à boire des boissons alcoolisées avant de croire en cette cause. Mais lorsqu'ils acceptent Bahá'u'lláh en tant que manifestation de Dieu, ils prouvent leur amour et leur loyauté à son égard en se débarrassant de cette habitude nuisible qui, en fin de compte, constitue une perte financière, physique et spirituelle. Ils boivent maintenant à la source de l'Eau de la vie que Bahá'u'lláh nous donne dans ses enseignements. Ils n'ont plus besoin de boissons alcoolisées pour se sentir heureux ou pour oublier leurs problèmes quotidiens. Certaines tribus dans le monde avaient l'habitude de boire des boissons alcoolisées pendant leurs cérémonies et fêtes tribales. Maintenant qu'elles sont devenues bahá'ies, elles n'ont pas pour autant renoncé à ces cérémonies, mais au lieu d'ingurgiter des boissons alcoolisées, elles prennent de délicieux jus qui ne sont pas nuisibles comme l'alcool. Tout comme l'alcool, les drogues toxiques, tel l'opium, qui empoisonnent l'esprit et le corps, sont également interdites dans la foi bahá'ie.

5.7. Observer les jours fériés

Il y a pendant l'année neuf jours durant lesquels les Bahá'ís ne devraient pas travailler Ces jours sont fériés, car ils commémorent un événement spécial de grande importance dans l'histoire de la cause. Ils ne sont donc pas considérés comme des jours ordinaires. Sept de ces jours sont des jours de fête, et deux autres marquent l'un, le martyre du Báb, l'autre, l'ascension de Bahá'u'lláh.

Parmi ces jours fériés, nous trouvons tout d'abord la fête du Naw-Rúz qui termine la période du jeûne et commence l'année nouvelle. Les trois fêtes suivantes ont lieu pendant le festival du Ridvan. C'est l'anniversaire de la déclaration de Bahá'u'lláh à Baghdád. Pendant ces douze jours, que nous appelons les "jours du Ridvan", Bahá'u'lláh resta dans un magnifique jardin appelé "Ridvan" (Paradis), où ses amis et ses disciples vinrent lui faire leurs adieux avant son départ pour Constantinople. Ses nombreux disciples et amis, aussi bien que des centaines d'autres personnes dont l'amour et le respect pour lui allaient grandissant, étaient remplis de chagrin à l'idée de son départ.

Mais la grande peine de ses amis fut transformée en joie éternelle, car c'est pendant cette période que Bahá'u'lláh déclara publiquement qu'il était la manifestation divine prédite par les prophètes du passé et celui pour lequel le Báb avait sacrifié sa vie. Pour rappeler ces douze jours merveilleux, nous célébrons la fête du Ridvan chaque année, et parmi ces douze jours, le premier, le neuvième et le douzième sont des jours saints pendant lesquels nous ne devrions pas travailler.

Ensuite vient l'anniversaire de la déclaration du Báb. C'est le jour où le Báb révéla pour la première fois sa mission à Mullá Husayn à Shiraz. Les sixième et septième jours fériés sont les anniversaires de la naissance du Báb et de Bahá'u'lláh.

Voici les jours fériés Bahá'ís:
21 mars fête du Naw-Rúz (nouvel an)

21 avril 1er jour du Ridvan déclaration de Bahá'u'lláh (en 1863) à 15 H.

29 avril 9ème jour du Ridvan
2 mai 12ème jour du Ridvan

23 mai déclaration du Báb (en 1844), deux heures et onze minutes après le coucher du soleil du 22 mai

29 mai ascension de Bahá'u'lláh (1892) à 3 H. du matin

9 juillet martyre du Báb (1850) vers midi
20 octobre anniversaire du Báb (1819)
12 novembre anniversaire de Bahá'u'lláh (1817)

Dans le calendrier bahá'i, la fin du jour est marquée par le coucher du soleil, qui est en même temps le début du jour suivant. C'est pourquoi chacun de ces jours fériés débute au coucher du soleil du jour précédent. Par exemple, la déclaration du Báb eut lieu deux heures et onze minutes après le coucher du soleil, le 22 mai 1844: cette fête se terminera donc au coucher du soleil suivant, le 23 mai. Le jour de l'ascension de Bahá'u'lláh commence au coucher du soleil du 28 mai et se termine au coucher du soleil, le 29 mai; et ainsi de suite.

'Abdu'l-Bahá nous recommande de faire de ces jours fériés des jours différents des autres, en faisant un pas important pour le progrès de la cause et pour servir l'humanité. Nous pouvons, par exemple, établir un centre ou une classe Bahá'ís: nous pouvons ouvrir une école ou un hôpital. Chaque communauté, selon ses capacités et ses besoins particuliers, fera une bonne oeuvre. Individuellement, nous pouvons également décider de devenir de meilleurs Bahá'ís dans notre vie personnelle et aussi comme membres de notre communauté.

Selon 'Abdu'l-Bahá, un jour férié Bahá'í n'est donc pas seulement une occasion de bien manger et de nous amuser, bien que cela fasse aussi partie de la fête.

Nous ne porterons pas le deuil non plus lors de la commémoration du martyre du Báb ou de l'ascension de Bahá'u'lláh. Bien qu'il soit naturel d'être attristé ces jours-Ià, nous n'en savons pas moins que la meilleure manière de montrer notre loyauté à ces manifestations divines est de consacrer notre vie au service de la cause pour laquelle elles-mêmes ont vécu et se sont sacrifiées.

Les Bahá'ís se réunissent toujours à l'occasion des jours fériés pour réciter des prières spéciales. Ces réunions sont très importantes parce que, par leur intermédiaire, l'unité est établie parmi les membres de la communauté, et l'unité des Bahá'ís attire les bénédictions divines. 'Abdu'l-Bahá nous dit:

"Il a été décidé, suivant le désir de Dieu, que l'union et l'harmonie doivent croître de jour en jour parmi les amis de Dieu et les servantes du Miséricordieux. Tant que ce but ne sera pas atteint, les activités ne pourront se développer par quelque moyen que ce soit. Les plus grandes occasions d'établir cette union et cette harmonie sont les réunions spirituelles. Ceci est très important: c'est comme un aimant qui attire la confirmation divine."

5.8. Mariage

Nous avons déjà vu que la vie monacale n'existe pas dans la foi bahá'ie, tandis que le mariage en constitue une institution importante.

Dans l'Aqdas, le Livre très saint, Bahá'u'lláh dit: "Mariez-vous, ô peuple, afin que de votre union puisse naître celui qui me mentionnera !"

'Abdu'l-Bahá dit:

"Le mariage des Bahá'ís signifie que l'homme et la femme doivent acquérir une union matérielle et spirituelle afin d'atteindre à l'unité éternelle qui les liera dans tous les mondes divins, améliorant sans cesse mutuellement leur vie spirituelle. Tel est le mariage bahá'i."

Comment le mariage Bahá'í se déroule-t-il? Ce qui est requis pour un mariage Bahá'í est:

1) que les deux fiancés consentent à se marier, on ne peut pas les y contraindre

2) que les parents des deux fiancés (s'ils sont encore en vie) donnent leur consentement au mariage.

Bahá'u'lláh dit:

"Comme nous désirons instaurer l'amour, l'amitié et l'unité parmi les serviteurs, nous avons posé cette condition supplémentaire: le consentement des parents, afin d'éviter toute discorde et mésentente." Lorsque le consentement des deux parties a été obtenu, les fiancés informent leur assemblée spirituelle de leur intention de se marier, et fixent ensemble la date du mariage, afin que le ou les représentants de l'assemblée puissent y assister et en être les témoins. Quant au mariage proprement dit, en présence du ou des témoins, les mariés diront le verset suivant révélé par Bahá'u'lláh dans son Livre très saint: "En vérité, nous dépendons de la volonté de Dieu."

Après l'échange de ces versets, les deux conjoints deviennent mari et femme, et la date du mariage est enregistrée auprès de l'assemblée spirituelle.

Même s'il n'y a pas d'assemblée spirituelle, le mariage peut avoir lieu, comme décrit ci-dessus, en présence de témoins.

'Abdu'l-Bahá ajoute: "Les fiançailles bahá'ies impliquent un parfait accord et le consentement absolu de part et d'autre. Les fiancés doivent se témoigner l'attention la plus courtoise et apprendre à se connaître mutuellement. Le pacte ferme qui les lie doit ensuite devenir un lien éternel et leurs efforts doivent tendre vers l'harmonie, l'amitié, l'unité et la vie éternelles."

A la lumière de ces enseignements, nous voyons que le mariage n'est pas un acte matériel, mais qu'il s'agit autant d'un acte spirituel. Nous ne négocions pas nos fils et nos filles lors du mariage, nous les unissons. Dans le mariage bahá'i, l'usage de payer une certaine somme d'argent ou d'offrir un cadeau à la famille du marié ou de la mariée est aboli. De belles prières à réciter lors d'un mariage ont été révélées par Bahá'u'lláh et 'Abdu'l-Bahá. Elles ne sont pas obligatoires, mais on peut les réciter, si on le désire, en même temps que le verset.

Lors d'un mariage, comme lors de tout heureux événement, les gens de toutes les tribus et de toutes les nations organisent une grande fête à laquelle ils invitent leurs parents et amis. Cette coutume, inhérente à différentes cultures, ne devrait pas être à l'opposé des enseignements de Dieu qui tendent à la pureté du caractère et à la dignité humaine. Innombrables sont les danses et les chansons populaires qui viennent enrichir cette nouvelle culture de l'humanité, et les Bahá'ís ne peuvent qu'encourager cet héritage culturel commun. C'est pourquoi on peut avoir recours à ces traditions culturelles lors d'un mariage ou de toute autre fête.

Un Bahá'í peut-il épouser un non bahá'i? Oui, un Bahá'í peut épouser une personne de n'importe quelle croyance. Bahá'u'lláh ne nous commande-t-il pas ce qui suit:

"Les relations avec les peuples des autres religions doivent être joyeuses et amicales, afin de montrer ce qui a été révélé par l'Orateur du Sinaï et être équitables au point de vue des affaires. Les purs et les fidèles doivent fréquenter tous les peuples du monde avec cordialité, car les relations sont la cause de l'organisation du monde et de la vie des nations. Bénis soient ceux qui sont attachés à la corde de compassion et de bonté et qui sont affranchis et exempts de rancune et de haine."

Un Bahá'í qui épouse un non-Bahá'í devrait expliquer ses convictions religieuses à son partenaire et obtenir le consentement des parents, pour respecter les lois bahá'ies. Comme le Bahá'í attendra de son partenaire de participer à la cérémonie de mariage bahá'i, simple mais digne, il devra aussi être prêt à participer à la cérémonie de mariage de la religion de son partenaire.

Une fois encore, nous trouvons dans le mariage Bahá'í un symbole de l'unité de l'humanité. Le mariage Bahá'í démontre que la foi bahá'ie n'est pas destinée à un culte spécial ou à un groupe particulier. Cette foi concerne toute l'humanité.

5.9. Loyauté envers le gouvernement

Bahá'u'lláh nous a interdit d'entreprendre toute action qui serait nuisible envers la société. Nous devons renoncer à toute activité malhonnête et subversive. Il y a cent ans environ, Bahá'u'lláh a énoncé ce principe comme suit:

"En chaque pays ou gouvernement où résident des membres d'une communauté bahá'ie, ils doivent se comporter vis-à-vis de ce gouvernement avec fidélité, confiance et loyauté."

Un Bahá'í ne saurait être fidèle à sa religion s'il n'était pas fidèle à son gouvernement.

'Abdu'l-Bahá a dit:

"Du point de vue bahá'i, la loyauté au gouvernement est un principe social et spirituel essentiel." "Nous devons obéir au gouvernement du pays et le soutenir...". "L'essence de l'esprit Bahá'í est que pour établir un ordre social et des conditions économiques meilleurs, il faut se soumettre aux lois et principes du gouvernement."

La loyauté envers le gouvernement est un trait de caractère qui doit être développé entre nous. Tout acte de trahison équivaudrait au péché.

Bahá'u'lláh dit:

"Que l'intégrité et la droiture distinguent tous vos actes."

"Embellissez votre langue de la vérité, ô peuples, et ornez votre âme de la parure de l'honnêteté. Prenez garde, ô peuples, de n'agir avec quiconque traîtreusement. Soyez les gérants de Dieu parmi ses créatures et les emblèmes de sa générosité parmi son peuple."

Il y a lieu de signaler un autre point important en rapport avec l'obéissance envers les gouvernements, point que chaque Bahá'í doit observer. Notre foi n'a rien à faire avec la politique, et les Bahá'ís ne peuvent participer à aucune politique de partis. Cela ne signifie pas que les Bahá'ís soient opposés aux politiciens des partis ou qu'ils n'apprécient pas un certain parti.

Nous croyons plutôt que Dieu nous a montré dans quelle direction nous devons dépenser nos énergies et nos ressources pour construire un ordre mondial divin. Nous avons un plan divin qui comporte tous les bons aspects de tous les programmes politiques, et même davantage, sans en avoir les défauts.

Dieu nous a montré la voie à suivre, Cette voie ne se dirige ni à gauche ni à droite, ni à l'est ni à l'ouest. C'est la voie de l'unité de l'humanité dans toutes les régions du monde, pour toutes les différentes nations, croyances et classes. De plus, l'ordre que Bahá'u'lláh a établi dans le monde est d'origine divine; il sera nécessairement différent en nature, en étendue et en dimension de toutes les idéologies d'origine humaine trop souvent opposées les unes aux autres.

Il existe une autre raison encore pour laquelle un Bahá'í ne peut pas faire de politique. Shoghi Effendi, notre gardien, nous l'a expliquée dans une de ses lettres:

"Nous les Bahá'ís formons un tout dans le monde entier: nous essayons d'établir un nouvel ordre mondial, d'origine divine, Comment pourrions-nous le faire si chaque Bahá'í était membre d'un autre parti politique - quelques-uns diamétralement opposés aux autres? Où serait notre unité? Nous serions divisés, à cause de la politique, contre notre volonté et contrairement à notre but. Il est évident que si un Bahá'í en Autriche était libre de choisir un parti politique et d'en devenir membre, quelque bons qu'en soient les buts, un autre Bahá'í du Japon, d'Amérique ou de l'Inde, par exemple, aurait le droit de faire de même, et il deviendrait membre d'un parti qui aurait des principes opposés au parti auquel aurait souscrit son coreligionnaire autrichien. Où serait alors l'unité de la foi? Ces deux frères spirituels travailleraient dès lors l'un contre l'autre à cause de leurs affiliations politiques (comme les chrétiens d'Europe l'ont fait pendant leurs guerres fratricides). La meilleure manière, pour un bahá'i, de servir son pays et le monde est de travailler à l'établissement de l'ordre mondial de Bahá'u'lláh qui unira graduellement tous les hommes et qui remplacera les systèmes politiques et les croyances religieuses qui divisent."

5.10. Comment devient-on bahá'i?

Très souvent, on nous pose la question: "Comment puis-je devenir Bahá'í ?" Quelques-uns croient que la foi bahá'ie est une société qui invite les gens à en devenir membres. Cette conception est fausse. D'autres pensent que les Bahá'ís vont changer les noms des membres en leur donnant une nouvelle dénomination religieuse. (Lorsqu'une personne se convertit à l'islam, elle prend un nom musulman, par exemple Pierre Dupont se fera appeler Muhammad 'Ali.) Cette conception est également erronée.

Devenir Bahá'í signifie avoir la conviction de l'unité de Dieu, de l'unité des religions et de l'unité de l'humanité: réaliser que la révélation religieuse est progressive et continue, et qu'elle doit engendrer l'unité plutôt que la désunion. De plus, un Bahá'í est convaincu que toutes les religions sont également d'origine divine. Toutefois, il croit également que Bahá'u'lláh (la Gloire de Dieu) est la manifestation de Dieu pour notre époque. Et Bahá'u'lláh, à l'instar des manifestations précédentes, est venu ouvrir une ère de bonheur et d'unité pour nous en cet âge. En devenant bahá'i, on découvre l'amour de Bahá'u'lláh dans son cœur. Quand cette conviction est atteinte, on est bahá'i. Il n'y a pas de cérémonie, pas de baptême, pas un nouveau nom pour devenir bahá'i. En d'autres mots, nous ne croyons pas à une conversion sans conviction, et une telle conviction n'a pas besoin de cérémonie. 'Abdu'l-Bahá dit: "L'homme qui mène une vie conforme aux enseignements de Bahá'u'lláh est déjà un bahá'i..."

Le but des Bahá'ís est de servir l'humanité et d'introduire l'unité et le bonheur dans ce monde. Les Bahá'ís essaient de transformer le coeur des hommes, et ce changement n'est possible que par le pouvoir de la parole divine.

Répondant à cette question "Qu'est-ce qu'un bahá'i?", 'Abdu'l-Bahá dit: "Être un Bahá'í signifie simplement aimer tout le monde, aimer l'humanité et s'efforcer de la servir, travailler pour la paix et la fraternité universelles."

Lorsqu'un miroir est pur, il reflète la lumière. Lorsqu'il est impur, il ne reflète rien. En enseignant leur religion à leur prochain, les Bahá'ís s'efforcent d'enlever la poussière du préjugé, de la haine, de l'animosité sur les miroirs des coeurs. Lorsque des gens au coeur pur entrent en contact avec le Soleil de Vérité, ils reçoivent la lumière à flots et la reflètent pour leur prochain.

Nombreux sont les Bahá'ís qui ont toujours ressenti dans leur coeur la nécessité de disposer de nouveaux enseignements pour cet âge nouveau, mais ils ignoraient comment concrétiser ce sentiment. Ils ignoraient qu'il existe une religion dans le monde qui contient en elle tous les enseignements qu'ils recherchent. Dès qu'ils entendirent parler de la foi bahá'ie, ils furent persuadés qu'elle est la voix de Dieu, parce qu'ils avaient déjà entendu cette voix dans leur coeur, sans pour autant connaître Bahá'u'lláh. Ces personnes sont les miroirs purs qui ont trouvé le Soleil de Vérité pour refléter sa splendeur. Les miroirs des coeurs, tout en étant purs, restent sombres tant qu'ils ne sont pas tournés vers la lumière.

Lorsque cette conviction et cette compréhension de la vérité se manifestent, on devient bahá'i. Toutefois, on remplit une carte ou une déclaration qui sera signée, pour indiquer son nom, son adresse et en informer l'Assemblée spirituelle nationale.

La communauté mondiale bahá'ie est ainsi tenue au courant de l'arrivée d'un nouveau membre. On est Bahá'í dès qu'on a signé sa déclaration et qu'elle a été acceptée. En signant, on s'engage à servir l'humanité par le canal de l'administration donnée par Dieu qui est une partie intégrante de la direction divine en ce jour Les cartes de déclaration sont préparées par l'Assemblée spirituelle nationale, et elle les distribue à ceux qui veulent les signer. Les déclarations signées lui sont retournées par l'intermédiaire des assemblées spirituelles locales. S'il n'y a pas d'assemblée locale toute proche, on peut aussi envoyer sa déclaration directement à l'Assemblée spirituelle nationale. Un Bahá'í rend service aux hommes mais il prie aussi pour eux.

Parmi un grand nombre de belles prières révélées, on trouve celle-ci:

"Ô toi Dieu de bonté, tu as créé toute l'humanité de la même substance. Tu as décrété que tous appartiendraient à la même famille. En ta sainte présence, tous sont tes serviteurs, et toute l'humanité s'abrite sous ton tabernacle. Tous se sont réunis à la table de ta générosité. tous sont illuminés par la lumière de ta Providence.

Ô Dieu ! Tu es bon envers tous. Tu as pourvu chacun, tu abrites chacun, à tous tu confères la vie. Tu as doté chacun et tous de talents et facultés, et tous sont plongés dans l'océan de ta miséricorde.

Ô Toi, Seigneur bienfaisant, unis tous les hommes! Fais que les religions s'accordent, que les nations deviennent une, afin qu'ils soient comme les membres d'une seule espèce et comme les enfants d'une même patrie. Puissent-ils s'associer dans l'unité et la concorde.

Ô Dieu ! Lève l'étendard de l'unité du genre humain.

Ô Dieu Etablis la très grande paix. Cimente les coeurs ensemble.

Ô Dieu ! Ô toi père bienfaisant ! Réjouis les coeurs par le parfum de ton amour, fais briller les yeux par la lumière de ta direction; charme les oreilles par la mélodie de ta parole et abrite-nous dans le refuge de ta Providence.

Tu es le Fort, le Puissant, le Clément, tu es celui qui est indulgent pour les faiblesses des hommes.

'Abdu'l-Bahá
Maison d'Editions Bahá'ies
205, rue du Trône, 1050 Bruxelles (Belgique)

D/1547/1989/1 - ISBN 2-87203-012-3 - 5eme édition révisée


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