La resplendissante saison du Riḍván est proche, et des hauteurs auxquelles est parvenue la communauté du Plus-Grand-Nom, des perspectives prometteuses se dessinent à l’horizon. Beaucoup de chemin a été parcouru : de nouveaux programmes de croissance ont vu le jour et, bien qu’au cours des douze prochains mois des centaines d’autres doivent encore apparaître, le travail visant à lancer le modèle d’activité nécessaire est déjà en cours dans presque tous les groupements requis pour atteindre les 5 000 prévus dans le Plan de cinq ans. Les programmes existants se renforcent, plusieurs montrant plus clairement ce que signifie le fait que la cause de Dieu se répande davantage dans le paysage social de l’ensemble d’un groupement et à l’intérieur d’un quartier ou d’un village. Les chemins menant à une expansion et à une consolidation soutenues et à grande échelle sont suivis d’un pas plus ferme, de vaillants jeunes dictant souvent l’allure. Les moyens par lesquels s’exerce le pouvoir de reconstruction sociale que possède la Foi dans divers contextes deviennent de plus en plus évidents, et les caractéristiques particulières qui doivent marquer le déroulement futur du processus de croissance dans un groupement sont de plus en plus perceptibles.
L’appel à réaliser et à soutenir ce travail s’adresse à chaque disciple de Bahá’u’lláh, et il suscitera une réponse dans tout cœur affligé par la condition misérable du monde, la situation lamentable dont tant de gens n’arrivent pas à s’affranchir. Car, en définitive, c’est l’action systématique, déterminée et désintéressée, entreprise dans le large giron du cadre du Plan, qui constitue la réponse la plus constructive de tout croyant soucieux à la constante multiplication des maux d’une société chaotique. Au cours de la dernière année, dans différents pays et de diverses façons, il est devenu encore plus évident que le consensus social sur des idéaux qui, traditionnellement, unissaient et liaient un peuple s’effrite et faiblit de plus en plus. Il ne peut plus opposer de défense solide aux diverses idéologies égoïstes, intolérantes et nocives qui se nourrissent du mécontentement et du ressentiment. Dans un monde en conflit qui apparaît chaque jour moins confiant, les partisans de ces doctrines destructives redoublent d’audace et d’arrogance. Rappelons-nous le verdict sans équivoque de la Plume suprême : « Ils se précipitent vers le feu de l’enfer et le prennent pour la lumière. » Dirigeants de nations bien intentionnés et personnes de bonne volonté sont contraints de chercher à réduire les fractures que l’on observe dans la société et sont impuissants à les empêcher de s’étendre. Les effets de tout ce qui précède ne se voient pas uniquement dans le conflit proprement dit ou dans l’effondrement de l’ordre. Dans la méfiance qui dresse voisin contre voisin et rompt les liens familiaux, dans l’hostilité d’une si large part de ce qui passe pour du discours social, dans la désinvolture avec laquelle on fait appel à d’ignobles motivations humaines pour s’arroger le pouvoir et amasser des richesses – on reconnaît dans tout cela les signes indéniables du déclin marqué de la force morale qui assure la pérennité de la société.
Il est pourtant rassurant de constater que, sur fond de désagrégation, prend forme un nouveau genre de vie collective qui manifeste concrètement tout ce qu’il y a de divin chez les êtres humains. Nous avons observé, surtout là où l’intensité dans les activités d’enseignement et de construction communautaire s’est maintenue, comment les amis ont su se prémunir contre les forces du matérialisme qui risquent de saper leur précieuse énergie. Qui plus est, en gérant leurs diverses autres occupations, ils ne perdent jamais de vue les tâches sacrées et urgentes qui les attendent. Une telle attention aux besoins de la Foi et au véritable intérêt de l’humanité est requise dans toutes les communautés. Là où un programme de croissance a été mis en place dans un groupement qui n’avait pas encore été ouvert, nous observons comment les premiers élans d’activité naissent de l’amour qu’un croyant dévoué voue à Bahá’u’lláh. En dépit des niveaux de complexité qu’il faut finalement prendre en considération à mesure que grandit une communauté, c’est avec ce simple fil d’amour que débute toute activité. C’est avec ce fil vital que se tisse un modèle de travail patient et intense, cycle après cycle, visant à faire découvrir des concepts spirituels à des enfants, des jeunes et des adultes ; à nourrir une sensibilité à l’adoration grâce à des rencontres de prière et de dévotion ; à animer des conversations qui éclairent la compréhension ; à faire entreprendre à un nombre sans cesse croissant de gens une vie d’étude de la Parole créatrice et de sa transposition en actions ; à développer, avec d’autres, la capacité à servir ; à s’accompagner les uns les autres dans la mise en pratique de ce qui a été appris. Amis bien-aimés, très chers amis de la Beauté d’Abhá : Nous prions pour vous avec ferveur chaque fois que nous nous rendons au Seuil sacré, afin que votre amour pour Lui vous donne la force de consacrer votre vie à sa cause.
Les riches enseignements provenant de groupements ainsi que de centres d’activité intense qui s’y trouvent, où la dynamique de la vie communautaire englobe un grand nombre de gens, méritent une mention particulière. Nous nous réjouissons de voir comment une culture de soutien mutuel, basée sur l’amitié et l’humble service, s’est établie de façon toute naturelle dans ces milieux, permettant d’accueillir systématiquement de plus en plus d’âmes dans les activités de la communauté. En fait, dans un nombre grandissant de cadres, le mouvement d’une population vers la vision d’une nouvelle société que propose Bahá’u’lláh n’apparaît plus comme une simple perspective enthousiasmante mais bien comme une réalité naissante.
Nous aimerions ajouter quelques mots à l’intention de ceux d’entre vous dont le milieu n’a pas encore connu de progrès notables et qui aspirent au changement. Gardez espoir. Il n’en sera pas toujours ainsi. L’histoire de notre Foi n’est-elle pas remplie de récits relatant des débuts peu prometteurs mais aussi des résultats merveilleux ? Combien de fois les actes de quelques croyants – jeunes ou moins jeunes – ou d’une famille, ou même d’une seule âme, lorsque confirmés par le pouvoir de l’assistance divine, ont-ils réussi à contribuer à la création de communautés dynamiques dans des climats apparemment inhospitaliers ? N’allez pas croire que votre propre cas soit fondamentalement différent. Qu’il soit rapide ou durement acquis, le changement qui se produit dans un groupement ne découle ni de l’application de formules ni d’une activité aléatoire ; il s’opère au rythme de l’action, de la réflexion et de la consultation, et il s’effectue grâce à des plans qui sont le fruit de l’expérience. En outre, et quels qu’en soient les effets immédiats, servir le Bien-Aimé constitue, en soi, une source de joie éternelle pour l’esprit. Prenez courage, également, dans l’exemple de votre famille spirituelle dans le berceau de la Foi, dont l’attitude constructive, la résilience en tant que communauté et la résolution à promouvoir la parole de Dieu provoquent, dans sa société, des changements sur le plan de la pensée et de l’action. Dieu est avec vous, avec chacun de vous. Dans les douze mois qui restent avant la fin du Plan, que chaque communauté progresse de sa position actuelle vers une position plus forte.
Le travail extrêmement important d’expansion et de consolidation jette des bases solides pour les initiatives que le monde bahá’í est appelé à entreprendre dans de nombreux autres domaines. Au Centre mondial bahá’í, les efforts s’intensifient pour cataloguer et classer de façon méthodique le contenu des milliers de tablettes qui constituent ce legs infiniment précieux que sont les textes sacrés de notre Foi, legs gardé en dépôt pour toute l’humanité – et ce, dans le but d’accélérer la publication d’une grande quantité d’Écrits, à la fois dans leur langue d’origine et dans leur traduction en anglais. Les efforts visant à établir huit Mashriqu’l- Adhkars, ces temples sacrés érigés à la gloire de Dieu, se poursuivent à un rythme soutenu. Le travail dans le domaine des affaires extérieures à l’échelle nationale a sensiblement gagné en efficacité et s’effectue de façon de plus en plus systématique, stimulé encore davantage par la diffusion d’un document, envoyé aux assemblées spirituelles nationales il y a six mois, qui s’appuie sur l’expérience considérable acquise au cours des deux dernières décennies et fournit un cadre élargi pour le développement de ces activités dans l’avenir. Entre-temps, deux nouveaux Bureaux de la Communauté internationale bahá’íe, partenaires de son Bureau des Nations Unies basé à New York et Genève et de son Bureau à Bruxelles, ont été inaugurés à Addis-Abeba et à Jakarta, élargissant ainsi les possibilités de présenter les points de vue de la Cause sur le plan international en Afrique et en Asie du Sud-Est. Obéissant souvent aux exigences de la croissance, diverses assemblées nationales renforcent leur capacité administrative, ce que l’on constate dans leur gestion consciencieuse des ressources dont elles disposent, dans leurs efforts pour connaître intimement la situation de leurs communautés, et dans la vigilance dont elles font preuve pour garantir que le fonctionnement de leurs Bureaux nationaux s’améliore ; la nécessité de systématiser l’ensemble impressionnant de connaissances qui s’accumulent maintenant dans ce domaine a mené à la création, au Centre mondial bahá’í, du Bureau du développement des systèmes administratifs. Diverses initiatives d’action sociale continuent de se multiplier dans plusieurs pays, ce qui permet d’en apprendre beaucoup sur les moyens d’utiliser la sagesse que renferment les Enseignements pour améliorer la situation sociale et économique ; ce domaine s’annonce si prometteur que nous avons créé, auprès du Bureau du développement social et économique, un Conseil consultatif international composé de sept membres, entamant ainsi une nouvelle phase dans l’évolution de ce Bureau. Trois membres du Conseil agiront aussi à titre d’équipe de coordination et résideront en Terre sainte.
En ce Riḍván, alors, bien que nous voyions qu’il reste beaucoup de travail à faire, nous voyons aussi que plusieurs sont prêts à le faire. Dans des milliers de groupements, de quartiers et de villages, de nouvelles sources de foi et d’assurance jaillissent, réjouissant l’esprit de ceux que touchent leurs eaux vivifiantes. À certains endroits, elles ruissellent avec régularité ; ailleurs, elles forment déjà une rivière. Ce n’est le moment pour aucune âme de s’attarder sur la rive – que tous se laissent entraîner par la vague montante.
La Maison universelle de justice