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Baha'u'llah : Le Kitáb-i-Aqdas - Remarques
Le Kitáb-i-Aqdas - Remarques
1. ... le doux parfum de mon vêtement... ¶4

Allusion à l'histoire de Joseph dans le Quran et dans l'Ancien Testament, dans laquelle l'habit de Joseph apporté par ses frères à leur père Jacob, lui permit d'identifier son fils bien-aimé perdu depuis longtemps. La métaphore du "vêtement" parfumé est fréquemment utilisée dans les écrits Bahá'ís, en référence à la reconnaissance de la manifestation de Dieu et à sa révélation.

Bahá'u'lláh, dans une de ses tablettes, se décrit lui-même comme le "divin Joseph vendu" par les insouciants "au prix le plus dérisoire". Le Báb, dans le Qayyumu'l-Asma', identifie Bahá'u'lláh comme étant le "vrai Joseph" et prédit les épreuves qu'il devra endurer aux mains de son frère perfide (voir note 190). De même, Shoghi Effendi trace un parallèle entre l'intense jalousie que la prééminence d`Abdu'l-Bahá suscita chez son demi-frère, Mirza Muhammad-`Ali, et la jalousie mortelle "que l'excellence supérieure de Joseph alluma dans le coeur de ses frères".

2. Nous avons plutôt décacheté, avec les doigts de la force et du pouvoir, le vin de choix. ¶5

La consommation de vin et de boissons alcooliques est interdite par le Kitáb-i-Aqdas (voir note 144 et note 170).

La référence à l'usage du mot "vin" dans un sens allégorique - en tant que cause d'extase spirituelle - se retrouve non seulement dans la révélation de Bahá'u'lláh, mais aussi dans la Bible, dans le Quran et dans les anciennes traditions hindoues.

Par exemple, dans le Quran, il est promis aux justes qu'il leur sera donné à boire du "vin de choix scellé". Dans ses tablettes, Bahá'u'lláh identifie "le vin de choix" à sa révélation, dont le "parfum chargé de musc" s'est répandu "sur toutes choses créées". Il déclare avoir "descellé" ce "vin", dévoilant ainsi des vérités spirituelles jusqu'alors inconnues, et permettant à ceux qui en boivent à longs traits de "discerner les splendeurs de la lumière de l'unité divine" et de "saisir le but essentiel qui sous-tend les Ecrits de Dieu".

Dans une de ses méditations, Bahá'u'lláh implore Dieu de fournir aux croyants "le vin de choix de ta grâce, afin qu'ils puissent être oublieux de tous hormis toi, qu'ils puissent se lever pour servir ta cause et être fermes dans leur amour pour toi".

3. Nous vous avons prescrit la prière obligatoire... ¶6

En arabe, il y a plusieurs mots pour prière. Le mot "salat", qui apparaît ici dans l'original, se réfère à une catégorie particulière de prières, dont la récitation à des moments spécifiques de la journée est imposée aux croyants. Afin de différencier cette catégorie des autres sortes de prières, le mot est traduit par "prière obligatoire".

Bahá'u'lláh déclare que "la prière obligatoire et le jeûne occupent un rang exalté aux yeux de Dieu" (Q&R 93). `Abdu'l-Bahá affirme que de telles prières "conduisent à l'humilité et à la soumission, à tourner son visage vers Dieu et à lui exprimer sa dévotion," et qu'à travers ces prières, "l'homme communie avec Dieu, cherche à se rapprocher de lui, converse avec le Bien-Aimé de son coeur et atteint des niveaux spirituels".

La prière obligatoire (voir note 9) à laquelle il est fait référence dans ce verset, fut remplacée par les trois prières obligatoires révélées plus tard par Bahá'u'lláh (Q&R 63). Les textes des trois prières actuellement utilisées, ainsi que les instructions relatives à leur récitation, peuvent être trouvés dans ce volume parmi les textes révélés par Bahá'u'lláh en supplément au Kitáb-i-Aqdas.

Plusieurs points dans Questions et Réponses ont trait à certains aspects des trois nouvelles prières obligatoires. Bahá'u'lláh précise que chacun peut choisir n'importe laquelle des trois prières obligatoires (Q&R 65). D'autres clauses se trouvent expliquées dans Questions et Réponses, numéros 66, 67, 81 et 82. Les détails de la loi relative à la prière obligatoire se trouvent résumés dans le paragraphe IV. A. 1-17. du Synopsis et Codification.

4. ... neuf rak`ahs... ¶6

Un rak`ah consiste en la récitation de versets spécifiquement révélés, accompagnés par une série de génuflexions et autres mouvements prescrits.

La prière obligatoire prescrite à l'origine par Bahá'u'lláh à ses disciples consistait en neuf rak`ahs. La nature précise de cette prière et les instructions spécifiques quant à sa récitation sont inconnues, cette prière ayant été perdue (voir note 9).

Dans une tablette commentant les prières obligatoires actuelles, `Abdu'l-Bahá indique que "dans chaque mot et dans chaque mouvement de la prière obligatoire il y a des allusions, des mystères et une sagesse que l'homme ne peut comprendre, et que lettres et parchemins ne peuvent contenir".

Shoghi Effendi explique que les quelques directives simples données par Bahá'u'lláh sur la façon de réciter certaines prières ont non seulement une signification spirituelle, mais qu'elles aident aussi l'individu "à se concentrer complètement lorsqu'il prie et médite".

5. ... à midi, le matin et le soir,... ¶6

En ce qui concerne la définition des mots "matin", "midi" et "soir", moment durant lesquels la prière obligatoire moyenne doit être récitée, Bahá'u'lláh a dit que ces moments coïncident avec le "lever du soleil, le midi et le coucher du soleil" (Q&R 83). Il précise que les "périodes permises pour les prières obligatoires vont du matin à midi, de midi au coucher du soleil, et du coucher du soleil à deux heures après celui-ci". De plus, `Abdu'l-Bahá a dit que la prière obligatoire du matin peut être dite dès l'aurore.

La définition de "midi", comme période allant de "midi au coucher du soleil", s'applique à la récitation de la courte prière obligatoire, ainsi qu'à la moyenne.

6. Nous vous en avons dispensé d'un plus grand nombre... ¶6. Dans les dispensations Bábie et islamique, les exigences quant aux prières obligatoires étaient plus astreignantes que celles relatives à l'accomplissement de la prière obligatoire prescrite dans le Kitáb-i-Aqdas et qui consiste en neuf rak`ahs (voir note 4).

Dans le Bayan, le Báb prescrivait une prière obligatoire de dix-neuf rak`ahs, qui devait être accomplie une fois toutes les vingt-quatre heures - à partir de midi, jusqu'au midi du jour suivant.

La prière musulmane se récite cinq fois par jour, à savoir, tôt le matin, à midi, dans l'après-midi, en fin d'après-midi et le soir. Alors que le nombre de rak`ahs varie selon la période de la récitation, un total de dix-sept rak`ahs est offert au cours d'une journée.

7. Lorsque vous voulez accomplir cette prière, tournez-vous vers la cour de ma très sainte présence, ce lieu sacré dont Dieu ... a décrété être le point d'adoration pour les habitants des cités de l'éternité,... ¶6. Le "point d'adoration" c'est-à-dire, le point vers lequel l'adorateur devrait se tourner lorsqu'il offre la prière obligatoire, s'appelle la Qiblih. Le concept de Qiblih a existé dans les religions antérieures. Dans le passé, Jérusalem fut choisie dans ce but. Muhammad déplaça la Qiblih vers La Mecque. Les instructions du Báb dans le Bayan arabe étaient : La Qiblih est, en vérité, Celui que Dieu rendra manifeste; quand il se déplace, la Qiblih se déplace jusqu'à ce qu'il se fixe. Ce passage est cité par Bahá'u'lláh dans le Kitáb-i-Aqdas (¶ 137) et confirmé par ses soins dans le verset ci-dessus. Il a également indiqué que se tourner dans la direction de la Qiblih est une "exigence imposée pour la récitation de la prière obligatoire" (Q&R 14 et Q&R 67). Cependant, pour les autres prières et dévotions, le croyant peut se tourner dans n'importe quelle direction.

8. Et lorsque le Soleil de vérité et de la parole se couchera, tournez vos visages vers ce lieu que Nous vous avons ordonné. ¶6. Bahá'u'lláh décrète que sa dernière demeure sera la Qiblih après sa mort. Le plus saint Tombeau se trouve à Bahji, `Akka. `Abdu'l-Bahá décrit ce lieu comme "le Tombeau lumineux", "l'endroit autour duquel l'assemblée d'en haut effectue la circumambulation".

Dans une lettre écrite de sa part, Shoghi Effendi utilise l'analogie de la plante se tournant en direction du soleil, pour expliquer la signification spirituelle que représente le fait de se tourner vers la Qiblih :

... tout comme la plante s'étire vers la lumière du soleil - duquel elle reçoit vie et croissance - de même nous tournons nos coeurs vers la manifestation de Dieu, Bahá'u'lláh, lorsque nous prions;... nous tournons nos visages ... vers l'endroit de cette terre où reposent ses cendres, comme symbole de cet acte intérieur.

11. ... six passages spécifiques ont été envoyés par Dieu, le Révélateur des versets. ¶8

Les passages qui font partie de la prière pour les défunts comportent six fois la salutation Allah-u-Abha (Dieu le Très-Glorieux), chacune suivie de dix-neuf répétitions d'un des six versets spécifiquement révélés. Ces versets sont identiques à ceux de la prière pour les défunts révélés par le Báb dans le Bayan. Bahá'u'lláh a ajouté une supplique qui précède ces passages.

12. Les poils n'invalident pas votre prière, ni rien de ce que l'esprit a quitté, comme les os, par exemple. Vous êtes libres de porter de la fourrure de zibeline, comme vous porteriez celle de castor, d'écureuil et d'autres animaux. ¶9

Dans certaines dispensations religieuses antérieures, porter sur soi la fourrure de certains animaux ou certains objets était sensé annuler la prière. Ici, Bahá'u'lláh confirme la déclaration du Báb dans le Bayan arabe, selon laquelle de telles choses n'invalident pas la prière faite par quelqu'un.

13. Nous vous avons ordonné de prier et de jeûner dès le début de la maturité. ¶10

Bahá'u'lláh définit "l'âge de la maturité en regard des devoirs religieux" "à quinze ans, tant pour les hommes que pour les femmes" (Q&R 20). Pour les détails relatifs à la période du jeûne, voir note 25.

14. ... il en a exempté les personnes qui sont affaiblies par la maladie ou par l'âge,... ¶10

Pour ceux qui sont affaiblis par la maladie ou par leur âge avancé, la dispense de réciter les prières obligatoires et de jeûner est expliquée dans Questions et Réponses. Bahá'u'lláh indique que, "en période de mauvaise santé, il n'est pas permis d'observer ces obligations" (Q&R 93). Dans ce contexte, il définit l'âge avancé à soixante-dix ans (Q&R 74). En réponse à une question, Shoghi Effendi a précisé que les gens qui atteignent l'âge de soixante-dix ans sont exemptés, qu'ils soient faibles ou non.

La dispense de jeûner est également accordée à d'autres catégories spécifiques de personnes, énumérées dans Synopsis et Codification, ¶ IV. B. 5. Voir note 20, note 30 et note 31 pour d'autres explications.

15. ... Dieu vous a laissés libres de vous prosterner sur toute surface propre, car Nous avons supprimé les limites fixées à ce propos dans le Livre. ¶10

Les exigences de la prière, dans les dispensations antérieures, comprenaient souvent la prosternation. Dans le Bayan arabe, le Báb appelle les croyants, lorsqu'ils se prosternent, à appliquer le front sur des surfaces de cristal. De même, dans l'islam, certaines restrictions sont imposées quant à la surface sur laquelle il est permis aux musulmans de se prosterner. Bahá'u'lláh abroge ces restrictions et précise simplement "toute surface propre".

16. Que celui qui ne trouve pas d'eau pour ses ablutions répète cinq fois les mots "Au nom de Dieu, le plus Pur, le plus Pur", et qu'ensuite il commence ses dévotions. ¶10

Les ablutions doivent être accomplies par le croyant en préparation à l'offrande de la prière obligatoire. Elles consistent à se laver les mains et le visage. S'il n'y a pas d'eau disponible, il est prescrit de répéter cinq fois le verset révélé à cet effet, voir note 34 au sujet des ablutions en général.

La disposition relative aux règles à suivre lorsqu'il n'y a pas d'eau disponible a des antécédents dans les dispensations antérieures. On la trouve dans le Quran et dans le Bayan arabe.

17. Dans les régions où les jours et les nuits s'allongent, que l'heure de la prière soit déterminée par les horloges ou par d'autres instruments qui marquent le passage des heures. ¶10

Ceci concerne les territoires situés à l'extrême Nord ou Sud, où la durée des jours et des nuits varie de façon marquante (Q&R 64 et Q&R 103). Cette disposition s'applique également au jeûne.

18. Nous vous avons dispensés de l'exigence d'accomplir la prière des signes. ¶11

La prière des signes est une forme particulière de prière obligatoire musulmane, qu'il était prescrit de réciter lors d'événements naturels tels que tremblements de terre, éclipses et autres phénomènes du genre, susceptibles de faire peur et d'être alors interprétés comme des signes ou des actes de Dieu. L'obligation de réciter cette prière a été annulée. A sa place, un Bahá'í peut dire : "La souveraineté est à Dieu, le Seigneur du visible et de l'invisible, le Seigneur de la création", mais ceci n'est pas obligatoire (Q&R 52).

19. A l'exception de la prière pour les défunts, la pratique de la prière en congrégation a été abrogée. ¶12

La prière en congrégation, dans le sens de prière obligatoire officielle devant être récitée suivant un rite prescrit - comme c'est, par exemple, la coutume en Islam lorsque, dans la mosquée, la prière du vendredi est conduite par un imam - a été abolie dans la dispensation baha'ie. La prière pour les défunts (voir note 10) est la seule prière en congrégation prescrite par la loi baha'ie. Elle doit être récitée par un des membres présents, tandis que les autres personnes se tiennent debout en silence; le lecteur n'a pas de statut spécial. Il n'est pas demandé à l'assemblée de faire face à la Qiblih (Q&R 85).

Les trois prières obligatoires doivent être récitées individuellement, pas en assemblée.

Il n'y a pas de mode prescrit pour la récitation des nombreuses autres prières baha'ies, et tous sont libres d'utiliser ces prières non obligatoires lors de réunions ou individuellement, comme il leur plaît. A ce sujet, Shoghi Effendi déclare que :

... bien que les amis soient en fait libres de suivre leur propre inclination ... ils devraient faire tout leur possible pour qu'en aucune manière, leur pratique ne revête un caractère trop rigide et ne devienne, par là, une institution. C'est là un point que les amis devraient toujours garder à l'esprit, de crainte de dévier de la voie claire indiquée par les enseignements.

20. Dieu a exempté les femmes qui ont leurs règles de la prière obligatoire et du jeûne. ¶13

En période de règles, les femmes sont dispensées de la prière obligatoire et du jeûne; à la place, elles devraient faire leurs ablutions (voir note 34) et répéter quatre-vingt-quinze fois par jour, d'un midi à l'autre, le verset "Glorifié soit Dieu, le Seigneur de splendeur et de beauté". Cette clause a son antécédent dans le Bayan arabe, où une dispense semblable fut accordée.

Dans certaines dispensations religieuses antérieures les femmes, pendant leurs règles, étaient considérées comme rituellement impures, et il leur était interdit d'observer les devoirs de la prière et du jeûne. Le concept d'impureté rituelle a été aboli par Bahá'u'lláh (voir note 106).

La Maison Universelle de Justice a clairement indiqué que les clauses du Kitáb-i-Aqdas accordant l'exemption de certains devoirs et responsabilités sont, comme le mot l'indique, des exemptions, et non des interdictions. Ainsi, tout croyant ou croyante est libre de se prévaloir d'une exemption permise, dans la mesure où il ou elle le désire. Cependant, la Maison de justice conseille au croyant, lorsqu'il décide d'agir ou de ne pas agir ainsi, de faire preuve de sagesse et de réaliser que Bahá'u'lláh avait de bonnes raisons pour accorder ces exemptions.

L'exemption prescrite de la prière obligatoire, qui a trait à l'origine à la prière obligatoire constituée de neuf rak`ahs, est dorénavant applicable aux trois prières obligatoires qui l'ont remplacée.

21. En voyage, si vous vous arrêtez en quelque lieu sûr pour vous reposer, effectuez - hommes et femmes - une seule prosternation pour chaque prière obligatoire non dite... ¶14

L'exemption de la prière obligatoire est accordée à ceux qui se trouvent dans une telle condition d'insécurité, que la récitation des prières obligatoires n'est pas possible. Que l'on soit en voyage ou à la maison, l'exemption est applicable et fournit un moyen de compenser les prières obligatoires qui n'ont pas été dites en raison de ces circonstances d'insécurité.

Bahá'u'lláh a déclaré clairement que la prière obligatoire "n'est pas suspendue durant le voyage" tant qu'il est possible de trouver un "lieu sûr" où l'on pourra la réciter (Q&R 58).

Les numéros: Q&R 21,Q&R 58,Q&R 59,Q&R 60 et Q&R 61 dans Questions et Réponses, développent cette clause.

22. Après vos prosternations, asseyez-vous en tailleur,... ¶14

L'expression arabe "haykalu't-tawhid", traduite ici par en tailleur, signifie la "posture d'unité". Elle a traditionnellement signifié une position en tailleur.

23. Dis : Dieu a fait de mon amour caché la clé du Trésor,... ¶15

Il est une tradition islamique bien connue concernant Dieu et sa création :

J'étais un Trésor caché. Je souhaitais être connu. Aussi appelai-je la création à l'existence afin que je puisse me faire connaître.

Des références et des allusions à cette tradition se trouvent partout dans les écrits Bahá'ís. Par exemple, dans l'une de ses prières, Bahá'u'lláh révèle :

Loué soit ton nom, ô Seigneur mon Dieu ! J'atteste que tu étais un Trésor caché dissimulé dans ton être immémorial, et un mystère impénétrable enchâssé dans ta propre essence. Souhaitant te révéler, tu as appelé à l'existence le plus grand et le plus petit des mondes, et tu as choisi l'homme au-dessus de toutes tes créatures, et tu as fait de lui un signe de ces deux mondes, ô toi qui es notre Seigneur, le plus compatissant !

Tu l'as élevé afin qu'il occupe ton trône devant tous les peuples de ta création. Tu lui as permis de dévoiler tous tes mystères, de briller des lumières de ton inspiration et de ta révélation, et de rendre manifestes tes noms et tes attributs. A travers lui, tu as orné la préface du livre de ta création, ô toi qui es le Souverain de l'univers que tu as façonné.

(Prayers and Meditations of Bahá'u'lláh, XXXVIII.)

De même, dans Les Paroles cachées, il déclare :

ô fils de l'homme ! J'ai aimé ta création, c'est pourquoi je t'ai créé. Aime-moi donc afin que je puisse mentionner ton nom et que, de l'esprit de vie, je remplisse ton âme.

Abdu'l-Bahá, dans son commentaire de la tradition citée ci-dessus, écrivit :

ô voyageur dans le sentier du Bien-Aimé ! Sache que le but principal de cette sainte tradition est de mentionner des phases d'occultation et de manifestation de Dieu dans les Incarnations de la Vérité, qui sont les orients de son être très glorieux. Ainsi, avant que la flamme du feu éternel soit allumée et manifeste, elle existe par elle-même, en elle-même, dans l'identité cachée des manifestations universelles; c'est la phase du "Trésor caché". Lorsque l'Arbre béni est enflammé par lui-même en lui-même, que ce feu divin brûle par son essence en son essence, c'est la phase de "Je souhaitais me faire connaître". Et quand il brille d'une infinité de noms et d'attributs divins, à l'horizon de l'univers, au-dessus des mondes contingents et transcendant tout espace, cela constitue l'émergence d'une nouvelle et merveilleuse création, qui correspond à l'étape de "Alors j'appelai la création à l'existence." Et quand les âmes sanctifiées déchirent les voiles de tous les attachements terrestres et de toutes les conditions matérielles, qu'elles se hâtent vers l'étape de la contemplation de la beauté de la divine présence, qu'elles sont honorées par leur reconnaissance de la manifestation et peuvent témoigner de la splendeur du plus grand Signe de Dieu en leurs coeurs, alors sera rendu manifeste le dessein de la création, qui est la connaissance de celui qui est la Vérité éternelle.

24. ô Plume du Très-Haut ! ¶16

"La Plume du Très-Haut", "la Plume suprême" et "la Plume la plus exaltée" font référence à Bahá'u'lláh, illustrant sa fonction de révélateur du verbe de Dieu.

25. ... Nous vous avons prescrit de jeûner durant une brève période,... ¶16

Le jeûne et la prière obligatoire constituent les deux piliers qui soutiennent la loi révélée de Dieu. Bahá'u'lláh, dans une de ses tablettes, affirme qu'il a révélé les lois de la prière obligatoire et du jeûne, afin que les croyants puissent, à travers elles, se rapprocher de Dieu.

Shoghi Effendi indique que la période du jeûne, qui implique une abstinence totale de nourriture et de boisson du lever au coucher du soleil, est :

... essentiellement une période de méditation et de prière, de récupération spirituelle, durant laquelle le croyant doit s'efforcer d'effectuer, dans sa vie intérieure, les rajustements nécessaires, de renouveler et de renforcer les forces spirituelles latentes en son âme. C'est pourquoi, sa signification et son but revêtent un caractère essentiellement spirituel. Le jeûne est un symbole et un rappel d'abstinence des désirs égoïstes et charnels.

Il est enjoint à tous les croyants de jeûner dès qu'ils ont atteint l'âge de quinze ans et jusqu'à ce qu'ils atteignent l'âge de soixante-dix ans.

Un résumé des dispositions détaillées relatives à la loi du jeûne et aux catégories de personnes qui en sont exemptées se trouve dans le Synopsis et Codification, ¶ IV. B. 1-6. Pour plus de détails relatifs aux exemptions du jeûne, voir note 14, note 20, note 30 et note 31. La période des dix-neuf jours de jeûne coïncide avec le mois Bahá'í de `Ala', généralement du 2 au 20 mars, immédiatement après la fin des jours intercalaires (voir note 27 et note 147), elle est suivie par la fête de Naw-Ruz (voir note 26).

26. ... à l'issue de laquelle Nous avons fixé pour vous la fête de Naw-Ruz. ¶16

Le Báb a introduit un nouveau calendrier, connu maintenant comme le calendrier badi` ou Bahá'í (voir note 27 et note 147). Suivant ce calendrier, un jour correspond à la période comprise entre deux couchers de soleil. Dans le Bayan, le Báb ordonna que le mois de `Ala' soit le mois du jeûne, il décréta que le jour de Naw-Ruz marquerait la fin de cette période, et il désigna le Naw-Ruz comme le jour de Dieu. Bahá'u'lláh confirme le calendrier badi` dans lequel Naw-Ruz est désigné comme une fête.

Le Naw-Ruz est le premier jour de la nouvelle année. Il coïncide avec l'équinoxe de printemps dans l'hémisphère Nord, qui tombe habituellement le 21 mars. Bahá'u'lláh explique que ce jour de fête doit être célébré le jour précis où le soleil passe dans la constellation du Bélier (c'est-à-dire l'équinoxe vernal), même si cela devait arriver moins d'une minute avant le coucher du soleil (Q&R 35). Ainsi le Naw-Ruz pourrait tomber un 20, 21 ou 22 mars en fonction de l'heure de l'équinoxe.

Bahá'u'lláh a laissé à la Maison Universelle de Justice le soin de compléter les détails de nombreuses lois. Parmi ceux-ci, un certain nombre se rapportent au calendrier baha'i. Le Gardien a déclaré que la mise en application, à l'échelle mondiale, de la loi concernant le jour de Naw-Ruz, nécessiterait le choix d'un endroit particulier sur terre, qui servira de référence pour fixer le moment de l'équinoxe de printemps. Il a également indiqué que le choix de cet endroit avait été laissé à la discrétion de la Maison Universelle de Justice.

27. Que les jours excédentaires soient placés avant le mois du jeûne. ¶16

Le calendrier badi` est basé sur l'année solaire de 365 jours, 5 heures et quelques 50 minutes. L'année consiste en 19 mois de 19 jours chacun (soit 361 jours) auxquels s'ajoutent 4 jours supplémentaires (5, les années bissextiles). Le Báb n'avait pas fixé de place précise pour les jours intercalaires dans le nouveau calendrier. Le Kitáb-i-Aqdas résout cette question en assignant aux jours "excédentaires" une place fixe dans le calendrier, précédant immédiatement le mois de `Ala', la période de jeûne. Pour plus de détails, voir le chapitre relatif au calendrier Bahá'í dans The Bahá'í World, volume XVIII.

28. Nous avons décrété que,... ceux-là seraient les manifestations de la lettre Ha,... ¶16

Connus sous le nom d'Ayyam-i-Ha (les jours de Ha), les jours intercalaires ont le mérite d'être associés avec "la lettre Ha". La valeur numérique de cette lettre arabe dans le système abjad est cinq, qui correspond au nombre potentiel des jours intercalaires.

Dans les Ecrits saints, la lettre "Ha" a reçu plusieurs significations spirituelles, parmi lesquelles celle d'un symbole de l'essence de Dieu.

29. ... ces jours de générosité qui précèdent la période de restrictions,... ¶16

Bahá'u'lláh a enjoint à ses adeptes de consacrer ces jours à la fête, aux réjouissances et à la charité. Dans une lettre écrite de la part de Shoghi Effendi, il est expliqué que "les jours intercalaires sont spécialement réservés à l'hospitalité, au don de présents, etc.".

30. Les voyageurs,... pas tenus de jeûner;... ¶16

La durée minimum d'un voyage qui dispense le croyant de jeûner est définie par Bahá'u'lláh (Q&R 22 et 75). Les détails de cette clause sont résumés dans Synopsis et Codification, ¶ IV. B. 5. a. i-v.

Shoghi Effendi a précisé que, bien que les voyageurs soient dispensés du jeûne, ils demeurent libres de jeûner s'ils le désirent. Il a également précisé que la dispense s'applique à toute la période du voyage, pas uniquement aux heures passées dans le train ou en voiture, etc.

31. Les voyageurs, les femmes enceintes ou qui allaitent, les malades, ne sont pas tenus de jeûner; ils en ont été dispensés par Dieu, en signe de sa grâce. ¶16

Sont dispensés de jeûner, les malades ou les personnes d'âge avancé (voir note 14), les femmes durant leurs règles (voir note 20), les voyageurs (voir note 30), les femmes enceintes et celles qui allaitent. Cette dispense du jeûne est également étendue aux personnes qui effectuent de lourds travaux, à qui il est conseillé, par ailleurs, "de montrer du respect envers la loi de Dieu et envers le rang élevé du jeûne" en mangeant "frugalement et en privé" (Q&R 76). Shoghi Effendi a précisé que le genre de travaux qui exempterait les gens du jeûne serait défini par la Maison Universelle de Justice.

32. Abstenez-vous de nourriture et de boisson du lever au coucher du soleil... ¶17

Il s'agit de la période du jeûne. `Abdu'l-Bahá, dans une de ses tablettes, après avoir déclaré que le jeûne consistait en l'abstinence de nourriture et de boisson, indiqua de plus que fumer est une forme de "boisson". En arabe, en effet, le verbe "boire" s'applique également au fait de fumer.

33. Il a été ordonné à chaque croyant en Dieu,... chaque jour,... répète "Allah-u-Abha" quatre-vingt-quinze fois. ¶18

"Allah-u-Abha" est une phrase arabe qui signifie "Dieu le Très-Glorieux". C'est une forme du Plus Grand Nom de Dieu (voir note 137). Il est une tradition dans l'Islam selon laquelle, parmi les multiples noms de Dieu, il en était un qui était le plus grand; pourtant, l'identité de ce Plus Grand Nom était cachée. Bahá'u'lláh a confirmé que le Plus Grand Nom est "Baha".

Les nombreux dérivés du mot "Baha" sont également considérés comme le Plus Grand Nom. Le secrétaire de Shoghi Effendi, écrivant de sa part, explique que :

Le Plus Grand Nom est le nom de Bahá'u'lláh. "Ya Baha'u'l-Abha" est une invocation qui signifie : "ô toi Gloire des gloires !" "Allah-u-Abha" est une salutation qui signifie : "Dieu le Très-Glorieux". Les deux se réfèrent à Bahá'u'lláh. Par Plus Grand Nom, on entend que Bahá'u'lláh est apparu dans le Plus Grand Nom de Dieu, autrement dit, qu'il est la manifestation suprême de Dieu.

La salutation "Allah-u-Abha" fut adoptée durant la période d'exil de Bahá'u'lláh à Andrinople. La répétition de "Allah-u-Abha" quatre-vingt-quinze fois doit être précédée par l'accomplissement des ablutions (voir note 34).

34. Faites les ... ablutions pour la prière obligatoire;... ¶18

Les ablutions sont associées de manière spécifique à certaines prières. Elles doivent précéder l'offrande des trois prières obligatoires, la récitation journalière de quatre-vingt-quinze fois "Allah-u-Abha", et la récitation du verset prescrit comme alternative à la prière obligatoire et au jeûne des femmes pendant leurs règles (voir note 20).

Les ablutions prescrites consistent à se laver les mains et le visage en préparation à la prière. Dans le cas de la prière obligatoire de longueur moyenne, celles-ci sont accompagnées de la récitation de certains versets (voir : Quelques textes révélés par Bahá'u'lláh en supplément au Kitáb-i-Aqdas).

Que les ablutions aient une signification qui va au-delà du fait de se laver peut se comprendre du fait que, même si l'on vient de prendre un bain juste avant les prières obligatoires, il sera toujours nécessaire d'effectuer des ablutions (Q&R 18).

Lorsqu'il n'y a pas d'eau disponible pour les ablutions, il est prescrit de réciter cinq fois un verset particulier (voir note 16), cette clause s'étend aux personnes pour qui l'utilisation de l'eau pourrait être physiquement nuisible (Q&R 51).

Les clauses détaillées de la loi relative aux ablutions figurent dans le Synopsis et Codification, ¶ IV. A. 10. a-g., ainsi que dans Questions et Réponses, numéros 51, 62, 66, 77 et 86.

35. Il vous a été interdit de commettre le meurtre... ¶19

L'interdiction de prendre la vie d'autrui est répétée par Bahá'u'lláh au paragraphe 73 du Kitáb-i-Aqdas. Des peines sont prescrites en cas de meurtre prémédité (voir note 86). En cas d'homicide involontaire, il est nécessaire de payer une indemnité précise à la famille du défunt (voir Kitáb-i-Aqdas, ¶188).

36. ... ou l'adultère,... ¶19

Le mot arabe zina, traduit ici par "adultère", signifie à la fois la fornication et l'adultère. Il s'applique non seulement aux relations sexuelles entre une personne mariée et quelqu'un qui n'est pas son conjoint, mais également à toute relation sexuelle extraconjugale en général. Une des formes de "zina" est le viol. La seule peine prescrite par Bahá'u'lláh est réservée à ceux qui se livrent à la fornication (voir note 77); les peines réservées aux autres cas d'offense sexuelle seront déterminées par la Maison Universelle de Justice.

37. ... à la médisance ou à la calomnie. ¶19

Médire, calomnier et s'appesantir sur les fautes d'autrui a été maintes fois condamné par Bahá'u'lláh. Dans Les Paroles cachées, Il déclare clairement : "ô fils de l'existence ! Comment peux-tu oublier tes propres défauts et t'occuper de ceux d'autrui ? Celui qui agit ainsi, je le maudis." Et encore : "ô fils de l'homme ! Ne souffle mot des péchés des autres tant que tu es toi-même un pécheur. Si tu transgresses ce commandement, tu seras maudit, et de ceci je porte témoignage". Ce puissant avertissement se trouve réitéré plus tard dans son dernier ouvrage, le Livre de mon alliance : "En vérité je le dis, la langue est faite pour mentionner ce qui est bien, ne la souille pas de paroles inconvenantes. Dieu a pardonné le passé. Dorénavant, chacun devrait prononcer ce qui est séant et convenable, et devrait s'abstenir de la calomnie, des insultes et de tout ce qui est cause de tristesse chez l'homme".

38. Nous avons divisé l'héritage en sept catégories :... ¶20

Les lois baha'ies sur l'héritage ne s'appliquent qu'en cas d'intestat, c'est-à-dire, lorsque l'individu meurt sans avoir laissé de testament. Dans le Kitáb-i-Aqdas (¶109), Bahá'u'lláh demande à chaque croyant d'écrire un testament. Ailleurs, il déclare clairement que l'individu a pleine juridiction sur ses biens, qu'il est libre de déterminer la façon dont ils seront répartis et de désigner ses héritiers, par testament, qu'ils soient Bahá'ís ou non (Q&R 69). A ce sujet, une lettre écrite de la part de Shoghi Effendi explique que :

... bien qu'il soit permis à un Bahá'í de disposer, dans son testament, de ses biens comme il l'entend, il n'en reste pas moins tenu, moralement et consciemment, de garder toujours à l'esprit, quand il rédige son testament, la nécessité de soutenir le principe de Bahá'u'lláh relatif à la fonction sociale de la richesse, et à la nécessité qui en découle d'éviter l'accumulation et la concentration des richesses chez quelques individus ou groupes d'individus.

Ce verset de l'Aqdas introduit un long passage dans lequel Bahá'u'lláh élabore la loi baha'ie sur l'héritage. A la lecture de ce passage, il faut garder à l'esprit que la loi est formulée en présumant que le défunt est un homme; ses dispositions s'appliquent, mutatis mutandis, lorsqu'il s'agit d'une défunte.

Le système d'héritage, qui prévoit le partage des biens du défunt entre sept catégories d'héritiers (enfants, épouse, père, mère, frères, soeurs et éducateurs), repose sur les clauses indiquées par le Báb dans le Bayan. Les principales mesures des lois baha'ies sur l'héritage, en cas d'intestat, sont :

1. Si le défunt est père et que ses biens comportent une résidence personnelle, cette résidence revient au fils aîné (Q&R 34).

2. Si le défunt n'a pas de descendants mâles, les deux tiers de la résidence reviennent aux filles, et le troisième tiers revient à la maison de justice (Q&R 41, Q&R 72). Voir note 42 au sujet des niveaux de l'institution de la maison de justice auxquels cette loi s'applique. (Voir aussi note 44.)

3. Le reste des biens est partagé entre les sept catégories d'héritiers. Pour les détails relatifs au nombre de parts que doit recevoir chaque groupe, se reporter à Questions et Réponses, numéro 5, et Synopsis et Codification, ¶ IV. C. 3. a.

4. S'il y a plus d'un héritier dans l'une de ces catégories, la part allouée à cette catégorie devrait être partagée de façon égale entre eux, qu'il s'agisse d'hommes ou de femmes.

5. S'il n'y a pas de descendance, la part des enfants revient à la maison de justice (Q&R 7, Q&R 41).

6. Si quelqu'un laisse une descendance, mais que tout ou partie des autres catégories d'héritiers n'existent pas, deux tiers de leur part reviennent aux descendants et un tiers à la maison de justice (Q&R 7).

7. A défaut des ayants droit mentionnés expressément, les deux tiers de l'héritage reviennent aux neveux et nièces du défunt. S'il n'y en a pas, ces mêmes parts reviennent aux oncles et tantes ou, à défaut, à leurs fils et filles. Dans tous les cas, le tiers restant revient à la maison de justice.

8. Si quelqu'un ne laisse aucun des héritiers susmentionnés, l'héritage tout entier revient à la maison de justice.

9. Bahá'u'lláh déclare que les non-Bahá'ís n'ont aucun droit d'hériter de leurs parents ou de leurs proches (Q&R 34). Shoghi Effendi, dans une lettre écrite de sa part, indique que cette restriction ne s'applique "que lorsqu'un Bahá'í meurt sans laisser de testament et que, pour cette raison, ses biens devront être partagés suivant les règles indiquées dans l'Aqdas. Sinon, un Bahá'í est libre de léguer ses biens à n'importe qui, quelle que soit sa religion, à condition toutefois qu'il laisse un testament précisant ses souhaits". Ainsi, il est toujours possible à un Bahá'í de pourvoir aux besoins de son conjoint non baha'i, de ses enfants ou de ses proches, en laissant un testament.

Des détails complémentaires sur les lois de l'héritage sont résumés dans Synopsis et Codification, ¶ IV. C. 3. a-o.

39. ... aux frères, cinq lots,... aux soeurs, quatre lots,... ¶20

Questions et Réponses développe les clauses de la loi, lorsqu'elle se rapporte aux parts d'héritage allouées aux frères et soeurs du défunt. Si le frère ou la soeur est du même père que le défunt, il ou elle héritera de la part entière qui lui a été allouée. Cependant, si le frère ou la soeur est d'un autre père, il ou elle n'héritera que des deux tiers de la part attribuée, le tiers restant revenant à la maison de justice (Q&R 6). De plus, dans le cas où le défunt a des frères et des soeurs germains parmi ses héritiers, les frères et les soeurs utérins n'hériteront pas (Q&R 53). Les frères et les soeurs utérins hériteront bien sûr, de leur propre père.

40. ... aux éducateurs,... ¶20

Dans une tablette, `Abdu'l-Bahá, compare les éducateurs responsables de l'éducation spirituelle de l'enfant au "père spirituel" qui "dote son enfant de la vie éternelle". Il explique que c'est la raison pour laquelle "les éducateurs figurent parmi les héritiers" dans "la loi de Dieu".

Bahá'u'lláh précise les conditions dans lesquelles l'éducateur ou l'éducatrice hérite ainsi que du lot qu'il ou elle reçoit (Q&R 33).

41. Lorsque Nous entendîmes les cris des enfants à naître, Nous doublâmes leur part, diminuant d'autant celles des autres. ¶20

Dans les lois du Báb sur l'héritage, les enfants du défunt se voyaient allouer neuf lots consistant en cinq cent quarante parts. Cette allocation constituait moins d'un quart de tous les biens. Bahá'u'lláh doubla leur portion en la portant à mille quatre-vingts parts et réduisit en conséquence celles allouées aux six autres catégories d'héritiers. Il souligna également l'intention précise de ce verset et ses implications quant à la répartition de l'héritage (Q&R 5).

42. ... la maison de justice... ¶21

Se référant à la maison de justice dans le Kitáb-i-Aqdas, Bahá'u'lláh ne fait pas toujours formellement la distinction entre la Maison Universelle de Justice et la maison locale de justice, les deux institutions étant prescrites dans ce Livre. Il se réfère généralement simplement à "la maison de justice", laissant toute latitude pour une clarification ultérieure du ou des niveaux de l'institution dans son ensemble, auxquels s'adresse chacune des lois.

Dans une tablette énumérant les revenus du trésor local, `Abdu'l-Bahá inclut les successions pour lesquelles il n'y a pas d'héritiers, indiquant par là que la maison de justice, dont il est fait mention dans ces passages de l'Aqdas relatifs à l'héritage, est la maison de justice locale.

43. Si le défunt laisse des descendants, mais aucune autre catégorie d'héritiers... ¶22

Bahá'u'lláh précise que : "Cette règle a une application tant générale que spécifique, c'est-à-dire, que lorsqu'une quelconque catégorie de ces dernières classes d'héritiers est absente, deux tiers de leur héritage vont aux enfants et le tiers restant à la maison de justice" (Q&R 7).

44. Nous avons attribué la résidence et les vêtements personnels du défunt à la descendance masculine, mais ni à la féminine ni aux autres héritiers. ¶25

Dans une tablette, `Abdu'l-Bahá indique que la résidence et les vêtements personnels du défunt vont à la descendance masculine. Ils vont au fils aîné et, en l'absence du fils aîné, au fils suivant, et ainsi de suite. `Abdu'l-Bahá explique que cette clause est une expression de la loi de primogéniture, laquelle a été, invariablement, soutenue par la loi de Dieu. Dans une tablette adressée à un disciple de la foi en Perse, il écrit : "Dans toutes les dispensations divines, le fils aîné s'est vu accorder des distinctions extraordinaires. Même le rang de prophète lui a été accordé à la naissance". Cependant, les distinctions accordées au fils aîné sont accompagnées de devoirs concomitants. Ainsi il a, par amour pour Dieu, la responsabilité morale de prendre soin de sa mère et de veiller aux besoins des autres héritiers.

Bahá'u'lláh clarifie différents aspects de cette partie de la loi sur l'héritage. Il précise que s'il y a plus d'une résidence, la principale et plus importante d'entre elles va à la descendance mâle. Les autres résidences, ainsi que les autres biens du défunt, devront être partagés entre les héritiers (Q&R 34), et il indique qu'en l'absence de descendance mâle, deux tiers de l'habitation principale et des vêtements personnels du père défunt reviennent à la descendance féminine, et un tiers à la maison de justice (Q&R 72). De plus, lorsque la personne disparue est une femme, Bahá'u'lláh déclare que tous ses vêtements usagés doivent être également répartis entre ses filles. Les vêtements qu'elle n'a pas portés, ses bijoux et ses biens doivent être partagés entre ses héritiers, de même que ses vêtements usagés, dans le cas où elle ne laisse pas de fille (Q&R 37).

45. Dans le cas où le fils du défunt serait décédé du vivant de son père et laisserait des enfants, ceux-ci hériteraient de la part de leur père,... ¶26

Cet aspect de la loi ne s'applique que dans le cas du fils qui meurt avant son père ou sa mère. Si la fille du défunt est décédée en laissant une descendance, sa part devra être partagée entre les sept catégories spécifiées dans le Plus Saint Livre (Q&R 54).

46. Si le défunt laissait des enfants mineurs, leur part d'héritage devrait être confiée à un individu digne de confiance... ¶27

Le mot "amin", traduit dans ce paragraphe par "personne de confiance" et "mandataire", évoque en arabe, toute une série de significations ayant trait principalement à l'idée de loyauté, mais touchant également à des qualités telles que le sérieux, le dévouement, la fidélité, la droiture, l'honnêteté etc. Utilisé dans le langage légal, "amin" indique, entre autres, un mandataire, un garant, un protecteur, un gardien et un détenteur.

47. Le partage des biens ne devrait s'effectuer qu'après avoir payé le Huqúqu'llah, remboursé toutes les dettes, couvert les frais de funérailles et d'inhumation,... ¶28

Bahá'u'lláh spécifie que l'ordre de préséance pour le règlement de ces dépenses est d'abord les funérailles et les frais d'enterrement, ensuite les dettes du défunt, puis le Huqúqu'llah (voir note 125 ainsi que Q&R 9). Il précise aussi que le montant du règlement de ces frais doit être prélevé d'abord sur le reliquat des biens puis, si cela n'est pas suffisant, sur la résidence et les vêtements personnels du défunt (Q&R 80).

48. Ceci est le savoir caché qui ne changera jamais, car il commence par le chiffre neuf,... ¶29

Dans le Bayan arabe, le Báb décrit sa loi sur l'héritage comme étant "en accord avec une connaissance cachée dans le Livre de Dieu - une connaissance qui ne changera jamais et ne sera jamais remplacée". Il déclare également que les nombres par lesquels la division de l'héritage a été exprimée ont été investis d'une signification dont le but est d'aider à reconnaître Celui que Dieu rendra manifeste.

Le "neuf" mentionné ici est représenté dans le texte arabe par son équivalent dans la notation abjad, la lettre "Ta" (voir Glossaire). C'est le premier élément du partage de l'héritage où le Báb désigne "neuf lots" comme la part des enfants. La signification de neuf réside dans le fait qu'il est l'équivalent numérique du Plus Grand Nom "Baha", dont il est fait allusion dans la suite du verset en tant que "le Nom exalté, caché et manifeste, inviolable et inapprochable". (Voir également note 33.)

49. Le Seigneur a ordonné qu'en chaque ville soit établie une maison de justice... ¶30

L'institution de la maison de justice consiste en collèges élus qui opèrent aux niveaux local, national et international de la société. Bahá'u'lláh a décrété à la fois la formation de la Maison Universelle de Justice et des maisons locales de justice dans le Kitáb-i-Aqdas. Dans son Testament, `Abdu'l-Bahá prévoit les maisons de justice secondaires (nationales ou régionales) et expose la méthode à suivre quant à l'élection de la Maison Universelle de Justice.

Dans le verset précité, la référence concerne la maison locale de justice, institution qui doit être élue dans une localité dès qu'il y a neuf résidents Bahá'ís adultes, ou plus. Dans ce but, l'âge adulte fut temporairement fixé à vingt et un ans par le Gardien, qui indiqua qu'à l'avenir, celui-ci pourrait être modifié par la Maison Universelle de Justice.

Les maisons de justice locales et secondaires sont connues, pour le moment, comme assemblées spirituelles locales et assemblées spirituelles nationales. Shoghi Effendi a précisé que c'était là une "appellation temporaire" qui,

... lorsque la position et les buts de la foi baha'ie seront mieux compris et pleinement reconnus, sera progressivement supplantée par la désignation permanente et plus appropriée de maison de justice. Non seulement les assemblées spirituelles actuelles seront, dans l'avenir, appelées différemment, mais encore, elles auront la capacité d'ajouter à leurs fonctions actuelles ces pouvoirs, devoirs et prérogatives rendus nécessaires par la reconnaissance de la foi de Bahá'u'lláh, non seulement comme l'un des systèmes religieux reconnus du monde, mais comme la religion d'Etat d'un pouvoir souverain et indépendant.

50. ... au nombre de Baha,... ¶30

L'équivalent numérique abjad de "Baha" est neuf. La Maison Universelle de Justice ainsi que les assemblées spirituelles nationales et locales ont actuellement neuf membres chacune, nombre minimum prescrit par Bahá'u'lláh.

51. Il leur incombe d'être les personnes de confiance du Miséricordieux parmi les hommes... ¶30

Les pouvoirs et les devoirs généraux de la Maison Universelle de Justice, des assemblées spirituelles nationales et des assemblées spirituelles locales, ainsi que les conditions d'éligibilité des membres, figurent dans les écrits de Bahá'u'lláh et d`Abdu'l-Bahá, dans les lettres de Shoghi Effendi, et dans les explications de la Maison Universelle de Justice. Les principales fonctions de ces institutions sont soulignées dans les statuts de la Maison Universelle de Justice et dans les codex des assemblées spirituelles nationales et locales.

52. ... de se consulter... ¶30

Bahá'u'lláh a établi la consultation comme l'un des principes fondamentaux de sa foi, et il a exhorté les croyants à "se consulter sur tous les sujets". Il décrit la consultation comme "la lampe de direction qui éclaire la voie", et la "source de la compréhension". Shoghi Effendi déclare que le "principe de consultation ... constitue une des lois de base" de l'ordre administratif baha'i.

Dans Questions et Réponses, numéro 99, Bahá'u'lláh esquisse une approche de la consultation et souligne l'importance d'atteindre l'unanimité lors d'une prise de décision faute de quoi, la décision de la majorité doit prévaloir. La Maison Universelle de Justice a précisé que ce conseil relatif à la consultation avait été révélé avant l'établissement des assemblées spirituelles, et qu'il s'agissait là d'une réponse à une question posée sur les enseignements Bahá'ís relatifs à la consultation. La Maison Universelle de Justice affirme que l'émergence d'assemblées spirituelles vers lesquelles les amis peuvent toujours se tourner pour demander assistance, ne leur interdit nullement de suivre la procédure exposée dans Questions et Réponses. Cette approche peut être utilisée par les amis, s'ils le souhaitent, quand ils désirent se consulter à propos de leurs problèmes personnels.

53. Edifiez dans tous les pays des maisons d'adoration... ¶31

La maison d'adoration baha'ie est consacrée à la louange de Dieu. La maison d'adoration constitue l'édifice central du Mashriqu'l-Adhkar (l'Orient de la louange à Dieu), un complexe qui, lorsqu'il se développera dans l'avenir, comprendra en plus de la maison d'adoration, un certain nombre de dépendances consacrées à des fins sociales, humanitaires, éducatives et scientifiques. `Abdu'l-Bahá décrit le Mashriqu'l-Adhkar comme "une des institutions les plus vitales du monde", et Shoghi Effendi indique que c'est un exemple tangible d'intégration de "l'adoration et du service baha'i". Anticipant le développement futur de cette institution, Shoghi Effendi envisage que la maison d'adoration et ses dépendances "procurent le soulagement à celui qui souffre, la subsistance au pauvre, l'abri au voyageur, la consolation à l'affligé et l'éducation à l'ignorant". Dans l'avenir, des maisons d'adoration seront construites dans chaque ville et chaque village.

54. Le Seigneur a ordonné à ceux qui le peuvent, de se rendre en pèlerinage à la Maison sacrée. ¶32

Cette ordonnance concerne deux demeures sacrées, la Maison du Báb à Shiraz et la Maison de Bahá'u'lláh à Baghdad. Bahá'u'lláh a précisé qu'un pèlerinage à l'une ou l'autre de ces deux maisons satisfait à l'exigence exprimée dans ce passage (Q&R 25, Q&R 29). Dans deux tablettes distinctes, connues sous le titre de Suriy-i-Hajj (Q&R 10), Bahá'u'lláh prescrit des rites spécifiques pour chacun de ces pèlerinages. En ce sens, l'accomplissement d'un pèlerinage est plus qu'une simple visite de ces deux demeures.

Après le décès de Bahá'u'lláh, `Abdu'l-Bahá désigna le tombeau de Bahá'u'lláh à Bahji comme un lieu de pèlerinage. Dans une tablette, il indique que le "plus saint Tombeau, la Demeure bénie de Baghdad et la Maison vénérée du Báb à Shiraz" sont "consacrés au pèlerinage", et qu'il est "obligatoire" de visiter ces endroits "si on en a les moyens et la capacité, et si nul obstacle ne s'y oppose". Aucun rite n'a été prescrit quant au pèlerinage au plus saint Tombeau.

55. Sa faveur en a exempté les femmes. ¶32

Dans le Bayan, le Báb prescrivit l'ordonnance du pèlerinage, une fois dans leur vie, à ceux de ses disciples qui avaient les moyens financiers d'entreprendre le voyage. Il déclara que cette obligation ne concernait pas les femmes, afin de leur éviter les rigueurs du voyage.

De même, Bahá'u'lláh a exempté les femmes de ses prescriptions relatives au pèlerinage. La Maison Universelle de Justice a précisé que cette exemption n'est pas une interdiction, et que les femmes sont libres d'effectuer le pèlerinage.

56. ... se livrer à une occupation... ¶33

Il est obligatoire pour les hommes et les femmes de se livrer au commerce ou de s'engager dans une profession. Bahá'u'lláh élève "l'engagement dans un travail" au "rang d'adoration" de Dieu. La signification spirituelle et pratique de cette loi, et la responsabilité mutuelle de l'individu et de la société quant à sa réalisation, sont expliquées dans une lettre écrite de la part de Shoghi Effendi :

En ce qui concerne le commandement de Bahá'u'lláh relatif à l'engagement des croyants dans quelque profession que ce soit : les enseignements à ce sujet sont très catégoriques, tout particulièrement la déclaration dans l'Aqdas, qui explique clairement que les désoeuvrés qui n'ont aucun désir de travailler, ne peuvent avoir de place dans le nouvel ordre mondial. En corollaire à ce principe, Bahá'u'lláh déclare plus loin, que la mendicité devrait, non seulement être découragée, mais entièrement éradiquée de la société. Il est du devoir de ceux qui ont la charge de l'organisation de la société, de donner à chaque individu l'opportunité d'acquérir le talent nécessaire à l'exercice d'une profession, quelle qu'elle soit, ainsi que les moyens d'utiliser ce talent, tant pour son bien que pour gagner sa vie. Chaque individu, aussi handicapé ou limité qu'il puisse être, est dans l'obligation de s'engager dans une quelconque profession car le travail, surtout quand il est accompli dans un esprit de service est, selon Bahá'u'lláh, une forme d'adoration. Il n'a pas seulement un but utilitaire mais il est une valeur en soi, car il nous rapproche de Dieu et nous permet de mieux saisir son dessein pour nous ici-bas. Il est évident, de ce fait, que l'héritage de richesses ne peut dispenser quiconque du travail quotidien".

Dans une de ses tablettes, `Abdu'l-Bahá déclare que "si une personne est incapable de gagner sa vie, qu'elle est frappée d'une extrême pauvreté ou se trouve sans ressources, alors il incombe aux riches ou aux mandataires de lui fournir une allocation mensuelle destinée à sa subsistance... Par "mandataires" il faut entendre les représentants du peuple, c'est-à-dire les membres de la maison de justice". (Voir également note 162 sur la mendicité.)

En réponse à une question demandant si l'injonction de Bahá'u'lláh exigeait qu'une épouse et mère travaille aussi, comme son mari, pour gagner sa vie, la Maison Universelle de Justice a expliqué que la directive de Bahá'u'lláh s'adressait aux amis pour qu'ils se livrent à une occupation qui sera profitable à eux-mêmes et aux autres, et que vaquer aux soins du ménage était un travail hautement honorable, une tâche à grande responsabilité et d'une importance fondamentale pour la société.

En ce qui concerne la retraite des personnes qui ont atteint un certain âge, Shoghi Effendi, dans une lettre écrite de sa part, déclara : "... c'est là une question sur laquelle la Maison Internationale de Justice devra légiférer, car il n'y a aucune disposition à ce sujet dans l'Aqdas".

57. Le baisemain a été interdit dans le Livre. ¶34

Dans un certain nombre de dispensations religieuses antérieures, ainsi que dans certaines cultures, le fait de baiser la main d'un personnage religieux ou d'une personne importante était considéré comme une marque de respect et de déférence envers de telles personnes, et comme un témoignage de soumission à leur autorité. Bahá'u'lláh interdit le baisemain et, dans ses tablettes, il condamne également des pratiques telles que la prosternation devant une autre personne et d'autres formes de comportement qui abaissent l'individu dans ses relations avec autrui. (Voir aussi note 58.)

58. Il n'est permis à personne de chercher l'absolution auprès d'une autre âme;... ¶34

Bahá'u'lláh interdit la confession des péchés, ainsi que la recherche de leur absolution auprès d'un être humain. En lieu et place, on devrait implorer le pardon de Dieu. Dans la Tablette de Bisharat, il déclare que : "une telle confession à un tiers engendre l'humiliation et l'abaissement de la personne", et il affirme que Dieu "ne souhaite pas l'humiliation de ses serviteurs".

Shoghi Effendi situe l'interdiction dans son contexte. Son secrétaire a écrit de sa part :

... qu'il nous est interdit de confesser nos péchés et nos manquements à quiconque, comme le font les catholiques à leurs prêtres, ou en public, à la manière de certaines sectes religieuses. Pourtant, si nous désirons spontanément reconnaître que nous avons commis une erreur ou que nous avons un certain défaut de caractère, et que nous voulons demander la clémence ou le pardon de quelqu'un, nous sommes tout à fait libres de le faire.

La Maison Universelle de Justice a également précisé que l'interdiction de Bahá'u'lláh relative à la confession des péchés n'empêche pas un individu d'admettre ses transgressions au cours de consultations tenues sous l'égide d'institutions baha'ies. De même qu'elle n'exclut pas la possibilité de demander conseil à un ami proche ou à un conseiller professionnel en ce qui concerne de telles matières.

59. Parmi les hommes, il y a celui qui s'assied près de la porte, au milieu des sandales, alors qu'en son coeur il convoite la place d'honneur. ¶36

En Orient, il est traditionnel de retirer ses sandales ou ses chaussures avant de pénétrer dans un lieu de réunion. La partie de la pièce la plus éloignée de l'entrée est considérée comme la tête de cette pièce et une place d'honneur où sont assises les personnes les plus importantes de l'assistance. Les autres se trouvent assises, par ordre décroissant d'importance, en direction de la porte près de laquelle les chaussures et les sandales ont été déposées, et où prennent place les plus modestes.

60. Il y a parmi les hommes celui qui prétend à la connaissance intérieure,... ¶36

Ceci se réfère aux gens qui revendiquent l'accès à la connaissance ésotérique, et dont l'attachement à une telle connaissance leur voile la révélation de la manifestation de Dieu. Ailleurs, Bahá'u'lláh affirme : "Ceux qui sont les adorateurs de l'idole gravée par leur imagination et qui l'appellent Réalité intérieure, de tels hommes sont, en vérité, comptés parmi les idolâtres".

61. Combien d'hommes se sont retirés dans les régions de l'Inde, se refusant les choses que Dieu a décrétées licites, s'imposant austérités et mortifications... ¶36

Ces versets constituent l'interdiction de la vie monastique et de l'ascétisme, voir Synopsis et Codification, ¶ IV. D. 1. y. iii-iv. Dans les Paroles du paradis, Bahá'u'lláh développe ces clauses. Il déclare : "Vivre retiré du monde ou pratiquer l'ascétisme n'est pas acceptable en la présence de Dieu", et il appelle les personnes concernées à se "conformer à ce qui causera joie et rayonnement". Il ordonne à ceux qui ont "élu domicile dans les cavernes des montagnes" ou qui se sont "rendus la nuit dans les cimetières" d'abandonner ces pratiques; il les enjoint de ne pas se priver des "bienfaits" de ce monde qui ont été créés par Dieu pour l'humanité. Et dans la Tablette de Bisharat, bien qu'il manifeste sa gratitude pour les "actions pieuses" des moines et des prêtres, Bahá'u'lláh les appelle en disant : "... qu'ils abandonnent leur vie de solitude et dirigent leurs pas vers le monde ouvert, qu'ils oeuvrent pour leur profit et celui des autres". Il leur accorde aussi la permission "de se marier afin qu'ils puissent mettre au monde un enfant qui fera mention de Dieu".

62. Quiconque prétend à une révélation directe de Dieu avant l'expiration de mille ans révolus... ¶37

La dispensation de Bahá'u'lláh durera jusqu'à la venue de la prochaine manifestation de Dieu, dont l'avènement n'aura pas lieu avant au moins "mille ans révolus". Bahá'u'lláh met en garde quiconque donnerait à "ce verset" une autre signification que celle qu'il offre "de toute évidence" et, dans une de ses tablettes, il précise que "chaque année" de cette période de mille ans consiste en "douze mois selon le Quran, et en dix-neuf mois de dix-neuf jours chacun, selon le Bayan".

L'annonce à Bahá'u'lláh de sa révélation dans le Siyah-Chal de Tihran, en octobre 1852, marque la naissance de sa mission prophétique et, par là même, le commencement des mille années ou plus qui doivent s'écouler avant l'apparition de la prochaine manifestation de Dieu.

63. C'est de cela que Nous vous avions averti, lorsque Nous résidions en Iraq puis, plus tard, lorsque Nous étions en la terre du Mystère et maintenant, de ce Lieu resplendissant. ¶37

La "Terre du Mystère" se réfère à Andrinople, et "ce Lieu resplendissant" fait référence à `Akka.

64. Parmi les hommes, il y a celui qui s'enorgueillit de son savoir,... et celui qui, entendant le bruit des sandales qui le suivent, se gonfle dans sa propre estime... ¶41

En Orient, les disciples d'un chef religieux avaient l'habitude de marcher un ou deux pas derrière lui, en signe de déférence.

65. ... Nemrod. ¶41

Le Nemrod dont il est fait référence dans ce verset est, tant dans la tradition juive qu'islamique, un roi qui persécuta Abraham et dont le nom devint un symbole de grand orgueil.

66. ... Aghsan... ¶42

"Aghsan" (pluriel de Ghusn) est le mot arabe pour "Branches". Ce terme est utilisé par Bahá'u'lláh pour désigner ses descendants mâles. Il a des implications particulières, non seulement pour l'attribution des biens, mais aussi pour la succession de l'autorité après le décès de Bahá'u'lláh (voir note 145) et de `Abdu'l-Bahá. Bahá'u'lláh, dans le Livre de son alliance, désigna `Abdu'l-Bahá, son fils aîné, comme le Centre de son alliance et le chef de la foi. `Abdu'l-Bahá, dans son Testament, désigna Shoghi Effendi, l'aîné de ses petits-fils, comme le Gardien et le chef de la foi.

Ainsi, ce passage de l'Aqdas anticipe la succession d'Aghsan choisis, et donc l'institution du Gardiennat, et il envisage la possibilité d'une interruption dans leur lignée. Le décès de Shoghi Effendi en 1957 précipita la situation prévue dans ce passage, puisque la lignée des Aghsan prit fin avant que la Maison Universelle de Justice ait été établie (voir note 67).

67. ... reviendront au peuple de Baha,... ¶42

Bahá'u'lláh prévoit la possibilité que la lignée des Aghsan s'éteigne avant l'établissement de la Maison Universelle de Justice. Il indiqua que, dans une telle situation, "les dotations reviendraient au peuple de Baha". Le terme "peuple de Baha" a, dans les écrits Bahá'ís, plusieurs sens différents. Dans cet exemple, il est décrit comme ceux "qui ne parlent qu'avec sa permission, et qui ne jugent qu'en accord avec ce que Dieu a décrété dans cette tablette". Au lendemain du décès de Shoghi Effendi en 1957, les Mains de la cause de Dieu dirigèrent les affaires de la cause jusqu'à l'élection de la Maison Universelle de Justice en 1963 (voir note 183).

68. Ne vous rasez pas la tête;... ¶44

Dans certaines traditions religieuses, il est tenu pour désirable de se raser la tête. Se raser la tête est interdit par Bahá'u'lláh, et il explique clairement que la clause contenue dans sa Suriy-i-Hajj demandant aux pèlerins qui se rendent à la sainte Maison à Shiraz de se raser la tête, a été remplacée par ce verset du Kitáb-i-Aqdas (Q&R 10).

69. ... il n'est pas convenable de laisser les cheveux dépasser la limite des oreilles. ¶44

Shoghi Effendi a expliqué clairement que, à l'encontre de l'interdiction de se raser la tête, cette loi interdisant de se laisser pousser les cheveux en dessous du lobe de l'oreille, concerne uniquement les hommes. L'application de cette loi requerra des éclaircissements de la part de la Maison Universelle de Justice.

70. Exil et emprisonnement sont décrétés pour le voleur... ¶45

Bahá'u'lláh déclare qu'il appartient à la Maison Universelle de Justice de déterminer le degré de la peine en fonction de la gravité du délit (Q&R 49). Les punitions réservées au vol sont destinées à un état futur de la société, quand elles auront été complétées et mises en application par la Maison Universelle de Justice.

71. ... au troisième délit, placez une marque sur son front afin que, ainsi identifié, il ne puisse être admis ni dans les villes ni dans les contrées de Dieu. ¶45

La marque qui doit être faite sur le front du voleur a pour objet d'avertir les gens de ses inclinations. Tous les détails quant à la nature de la marque, la façon dont elle devra être appliquée, la durée durant laquelle elle devra être portée, les conditions pour lesquelles elle pourra être retirée, ainsi que l'évaluation des différents degrés de gravité du vol, ont été laissés par Bahá'u'lláh à la discrétion de la Maison Universelle de Justice qui décidera quand appliquer la loi.

72. Quiconque souhaite se servir de vaisselle d'argent ou d'or est libre de le faire. ¶46

Dans le Bayan, le Báb a permis l'utilisation d'ustensiles en or et en argent, abrogeant ainsi la condamnation islamique de leur utilisation, qui ne découle pas d'une injonction explicite du Quran, mais de traditions musulmanes. Bahá'u'lláh confirme ici la règle du Báb.

73. Prenez garde en partageant de la nourriture de plonger les mains dans le contenu des plats ou des coupes. ¶46

Cette interdiction a été définie par Shoghi Effendi comme "plonger la main dans la nourriture". Dans de nombreuses parties du monde, il était coutumier de manger avec les mains en puisant dans un bol commun.

74. Adoptez les usages les plus raffinés. ¶46

C'est là le premier de plusieurs extraits se référant à l'importance du raffinement et de la propreté. Le mot originel arabe "latafah", rendu ici par "raffinement", présente une large gamme de significations aux implications tant spirituelles que physiques, telles qu'élégance, grâce, propreté, courtoisie, politesse, douceur, délicatesse et bienveillance, tout comme le fait d'être discret, raffiné, sanctifié et pur. Conformément au contexte des différents extraits où il apparaît dans le Kitáb-i-Aqdas, il a été traduit soit par "raffinement" soit par "propreté".

75. Celui qui est l'Orient de la cause de Dieu n'a pas de partenaire dans la plus grande Infaillibilité. ¶47

Dans la Tablette d'Ishraqat, Bahá'u'lláh affirme que la plus grande Infaillibilité est limitée aux manifestations de Dieu.

Le chapitre 45 des Leçons de Saint-Jean-d'Acre est consacré à une explication de ce verset de l'Aqdas par `Abdu'l-Bahá. Dans ce chapitre il souligne, entre autres, que l'essentielle "Infaillibilité" est inséparable des manifestations de Dieu, et il affirme que "tout ce qui émane d'elles est identique à la vérité et conforme à la réalité", qu'"elles ne sont pas à l'ombre des lois précédentes", et que "tout ce qu'elles disent est parole de Dieu, et tout ce qu'elles font est action juste".

76. A chaque père il a été enjoint d'instruire son fils et sa fille dans l'art de lire et d'écrire,...¶48

Dans ses tablettes, `Abdu'l-Bahá attire non seulement l'attention sur la responsabilité des parents d'éduquer tous leurs enfants, mais il précise aussi clairement que la "formation et la culture des filles sont plus nécessaires que celles des fils", car un jour les filles deviendront des mères, et les mères sont les premières éducatrices de la nouvelle génération. C'est pourquoi, s'il n'est pas possible à une famille d'éduquer tous ses enfants, la préférence devra être accordée aux filles, car c'est à travers les mères éduquées que le bénéfice de la connaissance pourra être le plus efficacement et le plus rapidement répandu à travers la société.

77. Dieu a imposé à celui ou à celle qui commet l'adultère une amende à payer à la maison de justice :... ¶49

Bien que le terme se traduise ici par adultère il se réfère, dans son sens le plus large, au rapport sexuel illégal entre des personnes mariées ou non (voir note 36 pour une définition du terme), `Abdu'l-Bahá précise que la punition prescrite ici concerne les rapports sexuels entre personnes non mariées. Il indique que ce sera à la Maison Universelle de Justice de déterminer la peine pour un adultère commis par une personne mariée. (Voir également Q&R 49.)

Dans une de ses tablettes, `Abdu'l-Bahá se réfère à certaines des implications spirituelles et sociales de la violation des lois de moralité et, quant à l'amende décrite ici, il indique que le but de cette loi est de rendre plus clair pour tous qu'un tel acte est honteux aux yeux de Dieu et que, dans le cas où le délit peut être établi et l'amende imposée, le but principal est de dénoncer les coupables - de sorte qu'ils soient couverts de honte et disgraciés aux yeux de la société. Il affirme qu'une telle dénonciation représente, en elle-même, la plus grande punition.

La maison de justice dont il est question dans ce verset est vraisemblablement la maison locale de justice, actuellement connue comme assemblée spirituelle locale.

78. ... neuf mithqals d'or, à doubler en cas de récidive. ¶49

Un mithqal est une unité de poids. Le poids du mithqal traditionnel utilisé au Moyen- Orient équivaut à vingt-quatre nakhuds. Cependant, le mithqal utilisé par les Bahá'ís consiste en dix-neuf nakhuds, "en accord avec la stipulation du Bayan" (Q&R 23). Le poids de neuf de ces mithqals équivaut à 32,775 grammes ou 1,05374 onces troy.

Au sujet de l'application de l'amende, Bahá'u'lláh précise clairement que chaque amende successive équivaut au double de la précédente (Q&R 23); ainsi l'amende infligée progresse de façon géométrique. L'imposition de cette amende est destinée à l'état futur de la société, lorsque la loi sera complétée et appliquée par la Maison Universelle de Justice.

79. Nous avons rendu licite l'écoute de la musique et du chant. ¶51

Abdu'l-Bahá a écrit que : "Parmi certaines nations orientales, la musique était considérée comme répréhensible". Bien que le Quran ne contienne aucune directive précise à ce sujet, certains musulmans considèrent qu'écouter de la musique est illicite, alors que d'autres tolèrent la musique dans certaines limites et en fonction de conditions particulières.

Il y a un certain nombre de passages dans les écrits Bahá'ís qui louent la musique. `Abdu'l-Bahá, par exemple, affirme que "chantée ou jouée, la musique est une nourriture spirituelle pour l'âme et pour le coeur".

80. ô vous hommes de justice ! ¶52

Il est expliqué dans les écrits d`Abdu'l-Bahá et de Shoghi Effendi que, bien que la qualité de membre de la Maison Universelle de Justice soit réservée aux hommes, femmes et hommes peuvent être élus membres des maisons secondaires et locales de justice (actuellement désignées sous le nom d'assemblées spirituelles nationales et locales).

81. Les peines encourues pour avoir frappé ou blessé quelqu'un dépendent de la gravité de la blessure; pour chaque degré, le Seigneur du jugement a prescrit une certaine indemnité. ¶56

Alors que Bahá'u'lláh précise que l'importance de la peine dépend de "la gravité de la blessure", il n'y a pas trace de détails qu'il aurait donnés quant à l'importance de l'indemnité à verser selon le degré du délit. C'est à la Maison Universelle de Justice qu'il appartiendra de le faire.

82. En vérité, Nous vous enjoignons d'offrir une fête une fois par mois,... ¶57

Cette injonction est devenue la base pour la tenue de fêtes baha'ies mensuelles, et constitue à ce titre l'institution de la fête des Dix-Neuf jours. Dans le Bayan arabe, le Báb appelle ses disciples à se réunir une fois tous les dix-neuf jours, afin de faire preuve d'hospitalité et de camaraderie. Ici, Bahá'u'lláh confirme et souligne le rôle unificateur de telles occasions.

Abdu'l-Bahá et Shoghi Effendi après lui, ont dévoilé progressivement le sens institutionnel de cette injonction. `Abdu'l-Bahá a souligné l'importance du caractère spirituel et dévotionnel de ces réunions. Shoghi Effendi, à côté d'une élaboration plus poussée des aspects de dévotion et de rencontre sociale de la fête, a développé l'élément administratif de telles réunions et a, en instituant systématiquement la fête, prévu une période réservée à la consultation sur les affaires de la communauté baha'ie, comprenant le partage de nouvelles et de messages.

En réponse à une question demandant s'il était obligatoire d'obéir à cette injonction, Bahá'u'lláh déclara que non (Q&R 48). Shoghi Effendi, dans une lettre écrite de sa part, ajoute :

Assister à la fête des Dix-Neuf jours n'est pas obligatoire mais très important, et chaque croyant devrait considérer comme un devoir et un privilège d'être présent à de telles occasions.

83. Si vous devez chasser à l'aide d'animaux ou d'oiseaux de proie, invoquez le nom de Dieu lorsque vous les lâchez à la poursuite de leur proie. Ainsi, tout le gibier qu'ils attraperont vous sera licite, quand bien même l'auriez-vous trouvé mort. ¶60

Par cette loi, Bahá'u'lláh simplifie beaucoup les pratiques et les règlements religieux du passé relatifs à la chasse. Il déclara également que la chasse à l'aide d'armes telles que, arcs, flèches, fusils et autres armes, fait partie de cette règle, mais que la consommation de gibier trouvé mort dans un piège ou un filet est illicite (Q&R 24).

84. ... prenez garde de chasser à l'excès. ¶60

Bien que la chasse ne soit pas interdite par Bahá'u'lláh, il met en garde contre une chasse excessive. La Maison Universelle de Justice aura, le moment venu, à examiner ce qui constitue un excès en matière de chasse.

85. ... il ne lui a donné aucun droit sur la propriété d'autrui. ¶61

L'injonction de témoigner de la bienveillance envers la parenté de Bahá'u'lláh ne donne pas à celle-ci le droit sur une part des biens d'autrui. Ceci contraste avec l'usage musulman shi`ih, suivant lequel les descendants en ligne directe de Muhammad sont en droit de recevoir une part d'une certaine taxe.

86. Si quelqu'un détruit intentionnellement une maison par le feu, vous le brûlerez aussi; si quelqu'un ôte délibérément la vie à un autre, vous le mettrez à mort lui aussi. ¶62

La loi de Bahá'u'lláh prescrit la peine de mort pour le meurtre et l'incendie criminel, avec l'alternative de l'emprisonnement à vie (voir note 87).

Dans ses tablettes, `Abdu'l-Bahá explique la différence entre la vengeance et la punition. Il affirme que les individus n'ont pas le droit de se venger, que la vengeance est méprisable aux yeux de Dieu, et que le motif de la punition n'est pas la vengeance, mais l'imposition d'une peine pour le délit commis. Dans Les Leçons de Saint-Jean-d'Acre, il confirme que c'est le droit de la société que de punir les criminels afin de protéger ses membres et de défendre son existence.

Au sujet de cette clause, Shoghi Effendi, dans une lettre écrite de sa part, donne l'explication suivante :

Dans l'Aqdas, Bahá'u'lláh décrète la peine de mort pour le meurtre. Cependant, il autorise l'emprisonnement à vie comme alternative. Les deux pratiques seraient en accord avec ses lois. Certains d'entre nous ne sont peut-être pas à même d'en saisir la sagesse lorsqu'elle ne s'accorde pas avec notre propre vision limitée; mais nous devons l'accepter, sachant que sa sagesse, sa miséricorde et sa justice sont parfaites et destinées au salut du monde entier. Si un homme était, à tort, condamné à mort, ne pouvons-nous croire que Dieu Tout-Puissant lui accorderait, pour cette injustice humaine, des milliers de compensations dans l'autre monde ? Vous ne pouvez renoncer à une loi salutaire uniquement parce que, en de rares cas, un innocent pourrait être puni.

Les détails de la loi baha'ie sur la punition du meurtre et de l'incendie criminel, loi destinée à un futur état de la société, n'ont pas été précisés par Bahá'u'lláh. Les différents détails de la loi, tels que les degrés de gravité du délit, si des circonstances atténuantes sont à prendre en considération, et laquelle des deux peines prescrites fera office de norme, sont laissés à la discrétion de la Maison Universelle de Justice qui, à la lumière des circonstances qui prévaudront alors, décidera de l'entrée en vigueur de la loi. La manière dont la punition devra être appliquée est également laissée à la décision de la Maison Universelle de Justice.

En ce qui concerne l'incendie volontaire, la peine dépendra de la "maison" incendiée. Il y a, de toute évidence, une énorme différence dans le degré du délit, entre la personne qui incendie un entrepôt vide et celle qui met le feu à une école remplie d'enfants.

87. Si vous condamnez l'incendiaire et le meurtrier à un emprisonnement à vie, ce sera permis suivant les clauses du Livre. ¶62

Shoghi Effendi, en réponse à une question posée sur ce verset de l'Aqdas, affirma que bien que la peine capitale soit autorisée, une alternative "l'emprisonnement à vie" a été prévue, "par laquelle les rigueurs d'une telle condamnation peuvent être sérieusement atténuées". Il déclare que "Bahá'u'lláh nous a donné un choix et, de ce fait, nous a laissés libres d'utiliser notre propre sagesse dans certaines limites imposées par sa loi". En l'absence de guidance spécifique quant à l'application de cet aspect de la loi baha'ie, il appartient à la Maison Universelle de Justice de légiférer sur le sujet dans l'avenir.

88. Dieu vous a prescrit le mariage. ¶63

Dans une de ses tablettes, Bahá'u'lláh déclare que Dieu, en établissant cette loi, a fait du mariage "une forteresse pour le bien-être et le salut".

Le Synopsis et Codification, ¶ IV. C. 1. a-o., récapitule et synthétise les clauses du Kitáb-i-Aqdas et de Questions et Réponses relatives au mariage et aux conditions dans lesquelles il est permis (Q&R 3, Q&R 13, Q&R 46, Q&R 50, Q&R 84, et Q&R 92), à la loi sur les fiançailles, (Q&R 43) au paiement de la dot, (Q&R 12, Q&R 26, Q&R 39, Q&R 47, Q&R 87, et Q&R 88) aux procédures à adopter en cas d'absence prolongée d'un des conjoints, (Q&R 4 et Q&R 27) et aux autres circonstances diverses (Q&R 12 et Q&R 47). (Voir aussi note 89, note 90, note 91, note 92, note 93, note 94, note 95, note 96, note 97, note 98, note 99.)

89. Prenez garde de prendre plus de deux épouses. Celui qui se contente d'une seule femme parmi les servantes de Dieu vivra avec elle dans la tranquillité. ¶63

Bien que le texte du Kitáb-i-Aqdas semble permettre la bigamie, Bahá'u'lláh conseille que tranquillité et satisfaction soient trouvées dans la monogamie. Dans une autre tablette, il souligne l'importance, pour l'individu, d'agir de façon à "trouver le bien-être pour lui-même et pour son épouse". `Abdu'l-Bahá, l'interprète autorisé des écrits Bahá'ís, déclare qu'en fait, dans le texte de l'Aqdas, la monogamie est enjointe.

Il développe ce thème dans un certain nombre de tablettes, dont la suivante :

Sache que la polygamie n'est pas autorisée par la loi de Dieu, car se contenter d'une seule épouse a été clairement stipulé. Prendre une seconde épouse est conditionné par le respect de l'équité et de la justice envers les deux épouses et ce, en toutes circonstances. Cependant, le respect de la justice et de l'équité envers les deux épouses est totalement impossible. Le fait que la bigamie dépende d'une condition impossible est une preuve évidente de son interdiction absolue. C'est pourquoi il n'est pas permis à un homme d'avoir plus d'une épouse.

Pour la majorité de l'humanité, la polygamie est une très ancienne pratique. L'introduction de la monogamie ne s'effectua que graduellement par l'intermédiaire des manifestations de Dieu. Jésus, par exemple, n'a pas interdit la polygamie, mais a aboli le divorce, sauf en cas de fornication; Muhammad a limité le nombre d'épouses à quatre, mais la pluralité d'épouses fut subordonnée à la justice, et il a réintroduit le divorce; Bahá'u'lláh qui révéla ses enseignements au sein de la société musulmane, introduisit graduellement le sujet de la monogamie, suivant les principes de la sagesse et en dévoilant progressivement son intention. Le fait qu'il laissa à ses adeptes un interprète infaillible de ses Ecrits lui permit d'autoriser, en apparence, dans le Kitáb-i-Aqdas, deux épouses, mais en maintenant une condition qui permit plus tard à `Abdu'l-Bahá d'expliquer que l'intention de la loi était d'imposer la monogamie.

90. ... celui qui prend une femme non mariée à son service, peut le faire avec bienséance. ¶63

Bahá'u'lláh déclare qu'un homme peut employer une servante pour ses services domestiques. Ce n'était pas permis par l'usage musulman shi`ih, à moins que l'employeur n'établisse un contrat de mariage avec elle. Bahá'u'lláh insiste sur le fait que le "service" dont il est question dans ce verset est uniquement "tel qu'accompli par n'importe quelle autre classe de serviteurs, jeunes ou vieux, en échange de gages" (Q&R 30). Un employeur n'a aucun droit sexuel sur sa servante. Elle est "libre de choisir un mari quand il lui plaît", car l'achat de femmes est interdit (Q&R 30).

91. Ceci est mon commandement pour vous; suivez-le, telle une aide pour vous-même, selon le Livre. ¶63

Alors que le mariage est prescrit dans le Kitáb-i-Aqdas, Bahá'u'lláh précise qu'il n'est pas obligatoire (Q&R 46). Dans une lettre écrite de sa part, Shoghi Effendi déclara également que "le mariage n'est en aucune sorte une obligation", et il affirma que, "en dernier ressort, c'est à l'individu de décider s'il souhaite mener une vie de famille ou s'il souhaite vivre dans le célibat". Si quelqu'un doit attendre très longtemps avant de trouver un conjoint ou finalement rester célibataire, cela ne signifie pas que la personne soit par là incapable de réaliser le but de sa vie, lequel est fondamentalement spirituel.

92. ... Nous l'avons conditionné,... à la permission de leurs parents,... ¶65

Dans une lettre écrite de sa part, Shoghi Effendi a commenté cette clause de la loi :

Bahá'u'lláh a clairement déclaré que le consentement de tous les parents vivants est exigé pour le mariage baha'i. Ceci s'applique, que les parents soient Bahá'ís ou non, divorcés depuis plusieurs années ou non. Cette loi importante, il l'a décrétée afin de consolider le tissu social, de resserrer plus étroitement les liens du foyer, afin de mettre dans le coeur des enfants une certaine gratitude et un certain respect envers ceux qui leur ont donné la vie et mis leurs âmes sur la route éternelle vers leur créateur.

93. On ne peut contracter mariage sans le paiement d'une dot... ¶66

Le Synopsis et Codification, ¶ IV. C. 1. j. i-v., résume les principales clauses relatives à la dot. Ces clauses ont leurs antécédents dans le Bayan.

La dot doit être payée par le fiancé à la fiancée. Elle est fixée à dix-neuf mithqals d'or pur pour les citadins, et à dix-neuf mithqals d'argent pour les villageois (voir note 94). Bahá'u'lláh indique que, si, au moment du mariage, le fiancé n'est pas à même de payer la dot en totalité, il lui est permis d'établir une promesse écrite à la fiancée (Q&R 39).

Avec la révélation de Bahá'u'lláh, nombre de concepts familiers, coutumes et institutions sont redéfinis et prennent une nouvelle signification. C'est le cas de la dot. L'institution de la dot est une pratique très ancienne au sein de nombreuses cultures et prend de nombreuses formes. Dans certains pays, c'est un paiement effectué par les parents de la fiancée au fiancé; dans d'autres, c'est un paiement fait par le fiancé aux parents de la fiancée et appelé "prix de la fiancée". Dans ces deux cas, le montant est souvent assez considérable. La loi de Bahá'u'lláh abolit toutes ces variantes et convertit la dot en un acte symbolique par lequel le fiancé présente à la fiancée un cadeau d'une certaine valeur limitée.

94. ... à dix-neuf mithqals d'or pur pour les citadins, et d'argent pour les villageois. ¶66

Bahá'u'lláh précise que le critère qui déterminera le paiement de la dot est le lieu de résidence permanente du fiancé, et non celui de la fiancée (Q&R 87, Q&R 88).

95. A celui qui souhaiterait augmenter cette somme, il est interdit de dépasser la limite de quatre-vingt-quinze mithqals... Cependant, s'il s'en tient au minimum, ce sera mieux pour lui, selon le Livre. ¶66

En réponse à une question relative à la dot, Bahá'u'lláh déclara :

En ce qui concerne ceux qui habitent les villes et les villages, tout ce qui est révélé dans le Bayan est approuvé et devrait être mis à exécution. Cependant, dans le Kitáb-i-Aqdas, il est fait mention du niveau le plus bas; c'est à dire aux dix-neuf mithqals d'argent spécifiés dans le Bayan, pour les villageois. Ceci est plus plaisant aux yeux de Dieu, à condition que les deux parties soient d'accord. Le but est de favoriser le bien-être de tous et d'établir la concorde et l'union parmi les gens. C'est pourquoi, plus on montrera de considération envers ces questions, mieux cela sera... Dans le peuple de Baha, chacun doit s'associer et agir l'un envers l'autre avec le plus grand amour et avec la plus grande sincérité. Chacun devrait être soucieux des intérêts de tous, spécialement des amis de Dieu.

Abdu'l-Bahá, dans une de ses tablettes, résuma certaines des clauses qui déterminent le niveau de la dot. L'unité de paiement mentionné dans l'extrait ci-dessous est le "vahid". Un vahid équivaut à dix-neuf mithqals.

Il déclara :

Les habitants des villes doivent payer en or et les villageois en argent. Cela dépend des ressources financières dont dispose le fiancé. S'il est pauvre, il paie un vahid; si ses moyens sont modestes, il paie deux vahids; si bon lui semble, trois vahids; s'il est riche, quatre vahids; et s'il est très riche, il donne cinq vahids. C'est, en vérité, une question d'accord entre le fiancé, la fiancée et leurs parents. Quel que soit l'accord auquel ils parviendront, celui-ci devra être appliqué.

Dans cette même tablette, `Abdu'l-Bahá encouragea les croyants à s'en référer, pour les questions touchant à l'application de cette loi, à la Maison Universelle de Justice, qui a "l'autorité de légiférer". Il souligna que "c'est cette institution qui mettra les lois en application et qui légiférera sur les questions secondaires qui ne sont pas explicites dans le Texte saint".

96. ... si l'un de ses serviteurs a l'intention de voyager, il doit fixer pour son épouse un temps pour son retour au foyer. ¶67

Si le mari quitte son épouse sans l'informer de la date de son retour, qu'aucune nouvelle de lui ne parvient à celle-ci, et qu'on a perdu toute trace de lui, Bahá'u'lláh a déclaré que, si le mari était au courant de la loi prescrite dans le Kitáb-i-Aqdas, l'épouse pourra se remarier au bout d'une année révolue. Si, cependant, le mari n'était pas au courant de la loi, l'épouse devra attendre jusqu'à ce qu'elle reçoive de ses nouvelles (Q&R 4).

97. ... il convient à la femme d'attendre pendant une période de neuf mois, après laquelle rien n'empêche qu'elle prenne un autre mari;... ¶67

Dans le cas où le mari ne parviendrait pas à rentrer avant la fin de la période fixée ou à signifier un délai à son épouse, celle-ci doit attendre neuf mois, après lesquels elle sera libre de se remarier, bien qu'il soit préférable pour elle d'attendre plus longtemps (voir note 147 au sujet du calendrier baha'i).

Bahá'u'lláh déclare que si, en de telles circonstances, des nouvelles de "la mort ou du meurtre de son mari" parvenaient à l'épouse, elle doit également attendre neuf mois avant de se remarier (Q&R 27).De plus, dans une tablette, `Abdu'l-Bahá précise que la période d'attente de neuf mois qui suit l'annonce du décès du mari ne s'applique que si le mari était au loin au moment de son décès, et non s'il meurt à la maison.

98. ... elle devrait choisir la voie la plus louable. ¶67

Bahá'u'lláh définit "la voie la plus louable" comme "l'exercice de la patience" (Q&R 4).

99. ... deux témoins dignes de foi,... ¶67

Bahá'u'lláh fixe le "critère de justice" en ce qui concerne les témoins, comme "une bonne réputation parmi le peuple". Il déclare qu'il n'est pas nécessaire que les témoins soient Bahá'ís puisque "le témoignage de tout serviteur de Dieu, quelle que soit sa foi ou sa croyance, est acceptable devant son trône" (Q&R 79).

100. Si ressentiment ou aversion devaient survenir entre un mari et sa femme, il ne peut pas divorcer, mais doit faire preuve de patience pendant une année entière... ¶68

Dans les enseignements Bahá'ís, le divorce est fortement condamné. Si cependant, l'antipathie ou le ressentiment apparaissent entre les époux, le divorce est permis après la période d'une année entière. Durant cette année de patience, le mari est obligé de pourvoir au soutien financier de sa femme et de ses enfants, et il est vivement conseillé au couple de s'efforcer d'aplanir leurs différends. Shoghi Effendi affirme que le mari, comme la femme "ont le même droit de demander le divorce" quand l'un des partenaires "estime que c'est absolument indispensable".

Dans Questions et Réponses, Bahá'u'lláh élabore un certain nombre de points relatifs à l'année de patience et à son respect (Q&R 12). Il fixe la date de son commencement (Q&R 19 et Q&R 40), les conditions de réconciliation (Q&R 38), et le rôle des témoins et de la maison de justice locale (Q&R 73 et Q&R 98). En ce qui concerne les témoins, la Maison Universelle de Justice a précisé que, de nos jours, les devoirs des témoins, en cas de divorce, sont remplis par les assemblées spirituelles. Les dispositions détaillées des lois baha'ies sur le divorce sont résumées dans Synopsis et Codification, ¶ IV. C. 2. a-i.

103. ... le sperme n'est pas impur. ¶74

Dans un certain nombre de traditions et dans la pratique musulmane shi`ih, le sperme a été déclaré rituellement impur. Bahá'u'lláh rejette ici ce concept. (Voir également ci-après note 106.)

104. Tenez-vous fermement à la corde du raffinement... ¶74

Abdu'l-Bahá fait référence à l'effet que "pureté et sainteté, propreté et raffinement" ont sur l'exaltation de "la condition humaine et le développement de la réalité intérieure de l'homme". Il déclare : "Le fait d'avoir un corps pur et sans tache exerce une influence sur l'esprit de l'homme". (Voir également note 74.)

105. Lavez tout ce qui est souillé à l'aide d'une eau n'ayant subi d'altération dans aucun de ses trois aspects;... ¶74

Les "trois aspects" dont il est question dans ce verset sont les changements de couleur, de goût ou d'odeur de l'eau. Bahá'u'lláh donne une indication supplémentaire concernant l'eau pure et le moment à partir duquel elle est considérée impropre à l'utilisation (Q&R 91).

106. ... Dieu ... a aboli le concept "d'impureté", par lequel certaines choses et personnes étaient tenues pour impures. ¶75

Le concept "d'impureté" rituelle, tel qu'il était compris et pratiqué dans certaines sociétés tribales et dans les communautés religieuses de certaines dispensations antérieures, fut aboli par Bahá'u'lláh. Il déclare qu'au travers de sa révélation "toutes choses créées furent immergées dans la mer de la purification". (Voir également note 12, note 20 et note 103.)

107. ... premier jour du Ridvan,... ¶75

Référence à l'arrivée de Bahá'u'lláh et de ses compagnons dans le jardin de Najibiyyih, en dehors de la ville de Baghdad, ultérieurement appelé le Jardin du Ridvan par les Bahá'ís. Cet événement, qui eut lieu trente et un jours après Naw-Ruz, en avril 1863, marqua le début de la période durant laquelle Bahá'u'lláh déclara sa mission à ses compagnons. Dans une tablette, il se réfère à sa déclaration comme "le jour de suprême félicité", et il décrit le Jardin du Ridvan comme "l'endroit d'où il répandit sur la création tout entière les splendeurs de son nom, le Très-Miséricordieux". Bahá'u'lláh passa douze jours dans ce jardin avant son départ pour Istanbul, le lieu vers lequel il avait été banni.

La déclaration de Bahá'u'lláh est célébrée chaque année par les douze jours de la fête du Ridvan, décrite par Shoghi Effendi comme "la plus sainte et la plus significative des fêtes baha'ies" (voir note 138 et note 140).

108. ... le Bayan... ¶77

Le Bayan, le Livre Mère de la dispensation Bábie, est le titre donné par le Báb à son livre des lois; ce titre s'applique également à l'ensemble de ses écrits. Le Bayan persan est l'oeuvre doctrinale majeure et le répertoire principal des lois prescrites par le Báb. Le contenu du Bayan arabe est analogue mais plus court et moins important. Décrivant le Bayan persan dans Dieu passe près de nous, Shoghi Effendi indique qu'il devrait être considéré "principalement comme un panégyrique du Promis plutôt que comme un code de lois et d'ordonnances appelé à devenir un guide permanent pour les générations futures".

Abdu'l-Bahá a écrit : "Le Bayan a été remplacé par le Kitáb-i-Aqdas", sauf en ce qui concerne les lois qui furent confirmées et mentionnées dans le Kitáb-i-Aqdas.

109. ... la destruction des livres. ¶77

Dans la Tablette d'Ishraqat Bahá'u'lláh, se référant au fait que le Báb avait établi les lois du Bayan en les soumettant à son approbation, déclare qu'il a mis certaines lois du Báb en vigueur "en les incorporant dans le Kitáb-i-Aqdas en termes différents", alors qu'il en a abandonné d'autres.

Au sujet de la destruction des livres, le Bayan ordonnait aux disciples du Báb de détruire tous les livres à l'exception de ceux qui étaient écrits pour défendre la cause et la religion de Dieu. Bahá'u'lláh abroge cette loi spécifique du Bayan.

Quant à la nature et la sévérité des lois du Bayan Shoghi Effendi, dans une lettre écrite de sa part, fournit le commentaire suivant :

Les lois et les injonctions rigoureuses révélées par le Báb ne peuvent être appréciées et comprises à leur juste valeur que si elles sont interprétées à la lumière de ses propres déclarations quant à la nature, au but et au caractère de sa propre dispensation. Comme ces déclarations le révèlent clairement, la dispensation Bábie avait essentiellement le caractère d'une révolution religieuse et, en fait, sociale; c'est pourquoi, elle devait être de courte durée, mais chargée d'événements tragiques, de réformes drastiques et radicales. Ces mesures énergiques imposées par le Báb et ses disciples furent prises dans le but de saper les fondations mêmes de l'orthodoxie shi`ih, et donc de préparer la venue de Bahá'u'lláh. Afin d'affirmer l'indépendance de la nouvelle dispensation et de préparer aussi le terrain pour la proche révélation de Bahá'u'lláh, le Báb devait révéler des lois très rigoureuses, même si la plupart d'entre elles ne furent jamais appliquées. Mais le seul fait qu'il les révéla fut en soi une preuve du caractère indépendant de sa dispensation et suffit à créer une agitation d'une telle étendue et à susciter, de la part du clergé, une opposition telle, qu'elle le conduisit à provoquer son martyre.

110. Nous vous avons permis d'étudier les sciences qui vous sont profitables, et non celles qui finissent en vaines discussions;... ¶77

Les écrits Bahá'ís enjoignent l'acquisition des connaissances et l'étude des arts et des sciences. Les Bahá'ís sont exhortés à respecter les érudits et les personnes de talent, et ils sont mis en garde contre la poursuite d'études qui ne mènent qu'à de futiles disputes. Dans ses tablettes, Bahá'u'lláh conseille aux croyants d'étudier les sciences et les arts "utiles" qui servent "au progrès et à l'avancement" de la société, et il les met en garde contre les sciences qui "commencent par des mots et finissent par des mots". Shoghi Effendi, dans une lettre écrite de sa part, compara les sciences qui "commencent par des mots et finissent par des mots" à des "excursions stériles dans l'ergotage métaphysique" et, dans une autre lettre, il expliqua que ce que Bahá'u'lláh entendait à l'origine par de telles "sciences" était "ces traités et commentaires théologiques qui encombrent l'esprit humain plutôt que de l'aider à atteindre la vérité".

111. ... Celui qui conversait avec Dieu... ¶80

C'est là un titre traditionnel, juif et islamique, de Moïse. Bahá'u'lláh déclare qu'avec la venue de sa révélation "l'oreille humaine a eu le privilège d'entendre ce que lui, qui conversait avec Dieu, a entendu sur le Sinaï".

112. ... Sinaï... ¶80

La montagne où la loi fut révélée par Dieu à Moïse.

113. ... l'Esprit de Dieu... ¶80

Ceci est un des titres utilisés dans les écrits islamiques et Bahá'ís pour désigner Jésus-Christ.

114. ... Carmel ... Sion... ¶80

Le Carmel, le "Vignoble de Dieu", est en Terre sainte la montagne où sont situés le tombeau du Báb et le siège du centre administratif mondial de la foi.

Sion est une colline de Jérusalem, le site traditionnel du tombeau du roi David, et le symbole de Jérusalem en tant que cité sainte.

115. ... cette arche cramoisie,... ¶84

L'"arche cramoisie" fait référence à la cause de Bahá'u'lláh. Ses disciples sont désignés comme les "compagnons de l'arche cramoisie", loués par le Báb dans le Qayyumu'l-Asma'.

116. ô empereur d'Autriche ! Celui qui est l'Aurore de la lumière de Dieu se trouvait dans la prison d'`Akka lorsque tu te mis en route pour visiter la mosquée El-Aqsa. ¶85

François Joseph (Franz Josef, 1830-1916), empereur d'Autriche et roi de Hongrie, fit un pèlerinage à Jérusalem en 1869. Alors qu'il était en Terre sainte, il ne profita pas de l'occasion pour s'enquérir de Bahá'u'lláh qui, à ce moment-là, était prisonnier à `Akka (Saint-Jean-d'Acre).

La mosquée El-Aqsa, littéralement, la mosquée la "plus éloignée", à laquelle il est fait référence dans le Quran, a été identifiée au mont du Temple à Jérusalem.

117. ... ô roi de Berlin ! ¶86

Le kaiser Guillaume 1er (Wilhelm Friedrich Ludwig, 1797-1888), septième roi de Prusse, fut acclamé premier empereur d'Allemagne en janvier 1871 à Versailles, en France, à la suite de la victoire de l'Allemagne sur la France lors de la guerre franco-prussienne.

118. ... celui dont la puissance dépassait ta puissance et dont le rang surpassait ton rang ? ¶86

Référence à Napoléon III (1808-1873), empereur des Français, qui fut considéré par de nombreux historiens comme le monarque le plus éminent de son temps en Occident.

Bahá'u'lláh adressa deux tablettes à Napoléon III; dans la seconde, il prophétisa clairement que son royaume serait "plongé dans la confusion", que son "empire lui échapperait des mains", et que son peuple connaîtrait de grandes "commotions".

Moins d'un an après, Napoléon III subit une retentissante défaite face au kaiser Guillaume 1er, lors de la bataille de Sedan en 1870. Il fut exilé en Angleterre où il mourut trois ans plus tard.

121. ô rives du Rhin ! ¶90

Dans une de ses tablettes rédigée avant la première guerre mondiale (1914-1918), `Abdu'l-Bahá expliqua que lorsque Bahá'u'lláh mentionnait sa vision des rives du Rhin "couvertes de sang", celle-ci se rapportait à la guerre franco-prussienne (1870-1871), et que des souffrances plus nombreuses étaient encore à venir.

Dans Dieu passe près de nous, Shoghi Effendi déclare que le "traité d'une sévérité accablante" imposé à l'Allemagne après sa défaite lors de la première guerre mondiale "provoqua les "lamentations [de Berlin]" qui, un siècle plus tôt, avaient été prédites de manière si inquiétante".

122. ... ô terre de Ta,... ¶91

"Ta" est la lettre initiale de Tihran, capitale de l'Iran. Bahá'u'lláh a souvent choisi de désigner certains endroits par l'initiale de leur nom. Conformément au système de calcul abjad, la valeur numérique de Ta est neuf, qui équivaut à la valeur numérique du nom Baha.

123. ... en faisant naître en tes murs la manifestation de sa gloire,... ¶92

Ceci se rapporte à la naissance de Bahá'u'lláh à Tihran le 12 novembre 1817.

124. ô terre de Kha ! ¶94

Référence à la province iranienne du Khurasan et des régions avoisinantes, qui comprend la ville d'`Ishqabad (Ashkhabad).

125. Si quelqu'un acquiert cent mithqals d'or, dix-neuf d'entre eux appartiennent à Dieu et doivent Lui être remis,... ¶97

Ce verset instaure le Huqúqu'llah, le droit de Dieu, l'offrande d'une part fixée suivant la valeur des biens du croyant. Cette offrande fut faite à Bahá'u'lláh en tant que manifestation de Dieu puis, après son ascension, à `Abdu'l-Bahá au titre de Centre de son alliance. Dans son testament, `Abdu'l-Bahá stipula que le Huqúqu'llah devait être offert "par l'intermédiaire du Gardien de la cause de Dieu". Comme il n'y a plus de Gardien maintenant, il est offert par l'intermédiaire de la Maison Universelle de Justice, en tant que tête de la foi. Ce fonds est utilisé tant pour la promotion de la foi de Dieu et de ses intérêts, que pour ses différents buts philanthropiques. L'offrande du Huqúqu'llah est une obligation spirituelle, dont l'accomplissement fut laissé à la conscience de chaque baha'i. Alors que les exigences de la loi sur le Huqúq sont rappelées à la communauté, aucun croyant ne peut être sollicité individuellement pour son paiement.

Dans Questions et Réponses, un certain nombre de points expliquent davantage cette loi. Le paiement du Huqúqu'llah est basé sur le calcul de la valeur des biens de l'individu. Si une personne possède des biens équivalents au moins à la valeur de dix-neuf mithqals d'or (Q&R 8), c'est une obligation spirituelle de payer dix-neuf pour cent du montant total et ce, une fois seulement, au titre de Huqúqu'llah (Q&R 89). Par la suite, chaque fois que ses revenus, après règlement de toutes les dépenses, augmentent la valeur de ses biens d'un montant d'au moins dix-neuf mithqals d'or, elle doit payer dix-neuf pour cent de cette augmentation, et il en va de même pour chaque nouvelle augmentation (Q&R 8, Q&R 90).

Certaines catégories de biens, telle sa résidence, sont exemptées du payement du Huqúqu'llah (Q&R 8, Q&R 42, Q&R 95), et des clauses spécifiques prévoient les cas de pertes financières (Q&R 44, Q&R 45), l'échec d'investissements destinés à rapporter un profit (Q&R 102), et le paiement du Huqúq en cas de décès d'une personne (Q&R 9, Q&R 69, Q&R 80). (Dans ce dernier cas, voir note 47.)

De nombreux extraits de tablettes, Questions et Réponses, et d'autres écrits relatifs à la signification spirituelle du Huqúqu'llah et aux détails de sa mise en application ont été publiés dans une compilation intitulée Huqúqu'llah.

126. De nombreuses requêtes de croyants relatives aux lois de Dieu,... sont parvenues jusqu'à Notre trône. En conséquence, Nous avons révélé cette Sainte Tablette et l'avons revêtue du manteau de sa loi afin que, par bonheur, le peuple puisse observer les commandements de leur Seigneur. ¶98

"Durant un certain nombre d'années", déclare Bahá'u'lláh dans une de ses tablettes, "des pétitions de différents pays, sollicitant les lois de Dieu, parvinrent en la plus sainte Présence, mais Nous avons retenu Notre plume jusqu'à ce que le temps fixé soit venu". Ce n'est que plus de vingt ans après la naissance de sa mission prophétique dans le Siyah-Chal de Tihran que Bahá'u'lláh révéla le Kitáb-i-Aqdas, répertoire des lois de sa dispensation. Même après sa révélation, il retint l'Aqdas pendant un certain temps avant de l'envoyer aux amis en Perse. Ce délai, divinement délibéré de la révélation des lois fondamentales de Dieu pour cet âge, ainsi que la mise en oeuvre ultérieure et graduelle de leurs dispositions, illustrent le principe de la révélation progressive qui s'applique de manière identique au sein du ministère de chaque prophète.

127. ... le sanctuaire cramoisi... ¶100

Se rapporte à la ville-prison d'`Akka. Dans les écrits Bahá'ís, le mot "cramoisi" est utilisé dans différents sens allégoriques et symboliques. (Voir aussi note 115.)

128. ... le Sadratu'l-Muntaha... ¶100

Littéralement "le jujubier le plus éloigné" traduit par Shoghi Effendi comme "l'arbre au-delà duquel il n'y a plus de passage". Ce terme est utilisé dans l'islam, par exemple dans le récit du voyage nocturne de Muhammad, comme un symbole marquant le point des cieux au-delà duquel ni hommes ni anges ne peuvent passer dans leur approche vers Dieu et donc, pour fixer les limites de la connaissance divine telle qu'elle est révélée à l'humanité. D'où son utilisation fréquente dans les écrits Bahá'ís pour désigner la manifestation de Dieu en personne. (Voir également note 164.)

129. ... le Livre Mère... ¶103

Le terme "Livre Mère" est généralement utilisé pour désigner le livre central d'une dispensation religieuse. Dans le Quran et dans les hadiths islamiques, le terme est utilisé pour désigner le Quran lui-même. Dans la dispensation Bábie, le Bayan est le Livre Mère, et le Kitáb-i-Aqdas est le Livre Mère de la dispensation de Bahá'u'lláh. De plus, le Gardien, dans une lettre écrite de sa part, a déclaré que ce concept pouvait également être utilisé comme un "terme collectif désignant l'ensemble des enseignements révélés par Bahá'u'lláh". Dans un sens plus large, ce terme est également utilisé pour désigner le recueil divin de la révélation.

130. Quiconque interprète ce qui est envoyé du ciel de la révélation et en altère le sens évident... ¶105

Dans plusieurs de ses tablettes, Bahá'u'lláh affirme la différence entre les versets allégoriques, qui sont sujets à interprétation, et les versets qui ont trait à des sujets tels que les lois et les ordonnances, l'adoration et les observances religieuses, dont les sens sont évidents et réclament l'acquiescement de la part des croyants.

Comme expliqué dans les note 145 et note 184, Bahá'u'lláh désigna `Abdu'l-Bahá, son fils aîné, comme son successeur et l'interprète de ses enseignements. `Abdu'l-Bahá à son tour désigna son petit-fils aîné, Shoghi Effendi, pour lui succéder en tant qu'Interprète des saintes écritures et comme Gardien de la cause. Les interprétations de `Abdu'l-Bahá et de Shoghi Effendi sont considérées comme étant divinement guidées et s'imposent aux Bahá'ís.

L'existence d'interprétations qui font autorité n'empêche pas les individus de s'engager dans l'étude des enseignements et d'atteindre ainsi à une interprétation ou à une compréhension personnelle. Il y a cependant dans les écrits Bahá'ís, une distinction clairement tracée entre l'interprétation qui fait autorité et la compréhension à laquelle parvient chaque individu par l'étude des enseignements. Les interprétations individuelles basées sur la compréhension des enseignements constituent le fruit du pouvoir rationnel de l'homme et peuvent très bien contribuer à une compréhension plus étendue de la foi. De telles vues manquent néanmoins d'autorité. En présentant leurs idées personnelles, les individus sont mis en garde de ne pas s'écarter de l'autorité des paroles révélées, de ne pas nier ou combattre l'interprétation qui fait autorité, et de ne pas s'engager dans la controverse; ils devraient plutôt offrir leurs réflexions comme une contribution à la connaissance, en précisant clairement que ce n'est que leur propre point de vue.

131. ... ne pas approcher les bassins publics des bains persans;... ¶106

Bahá'u'lláh interdit l'utilisation des bassins que l'on trouve dans les bains publics traditionnels de Perse. Dans ces bains, il était d'usage, pour de nombreuses personnes, de se laver dans le même bassin dont l'eau n'était changée qu'à de rares intervalles. De ce fait, l'eau se trouvait altérée, souillée, contraire à l'hygiène, et avait une odeur particulièrement nauséabonde.

132. Evitez de même, les bassins malodorants des cours des maisons persanes,... ¶106

La plupart des maisons en Perse avaient, dans leur cour, un bassin qui servait de réservoir pour l'eau utilisée pour se laver, pour faire la lessive et pour d'autres tâches domestiques. Comme l'eau du bassin était stagnante et n'était habituellement changée qu'au bout de plusieurs semaines, elle avait tendance à dégager une odeur très déplaisante.

133. Il vous est interdit d'épouser les femmes de vos pères. ¶107

Se marier avec sa belle-mère est, ici, explicitement interdit. Cette interdiction s'applique également au mariage avec son beau-père. Lorsque Bahá'u'lláh exprime une loi concernant l'homme vis-à-vis de la femme, celle-ci s'applique mutatis mutandis à la femme vis-à-vis de l'homme, à moins que le contexte ne le permette pas.

Abdu'l-Bahá et Shoghi Effendi confirmèrent que, bien que les belles-mères (seconde épouse du père) soient la seule catégorie parentale mentionnée dans le texte, ceci ne signifie pas que toutes les autres unions au sein d'une famille soient permises. Bahá'u'lláh déclare qu'il appartient à la Maison de Justice de légiférer "concernant la légitimité ou non du mariage entre personnes d'une même famille" (Q&R 50). `Abdu'l-Bahá écrivait que plus la parenté par le sang au sein du couple était éloignée, mieux c'était, car de tels mariages constituent la base du bien-être physique de l'humanité et conduisent à l'amitié parmi le genre humain.

134. ... du sujet des garçons. ¶107

Le mot traduit ici par "garçon" implique, dans ce contexte et dans l'original arabe, la pédérastie. Shoghi Effendi a interprété cette référence comme une interdiction de toutes relations homosexuelles.

Les enseignements Bahá'ís sur la moralité sexuelle basent toute la structure de la société humaine sur le mariage et la famille, et sont destinés à protéger et à consolider cette institution divine. Ainsi, la loi baha'ie limite les relations sexuelles permises à celles qui existent entre un homme et la femme à laquelle il est marié.

Dans une lettre écrite de sa part, Shoghi Effendi déclare :

Quelles que soient la ferveur et la qualité d'un amour entre personnes d'un même sexe, c'est une erreur que de lui permettre de s'exprimer dans l'acte sexuel. Dire que cet amour est idéal n'est pas une excuse. Bahá'u'lláh interdit absolument l'immoralité sous toutes ses formes et, en dehors du fait qu'elles sont contre nature, il considère les relations homosexuelles de la même façon. En être affligé constitue un lourd fardeau pour une âme consciencieuse. Mais, par les conseils et l'aide de médecins, au prix d'un effort sérieux et déterminé, et par la prière, une âme peut surmonter ce handicap.

Bahá'u'lláh stipule qu'il appartiendra à la Maison Universelle de Justice de fixer les peines relatives à l'adultère et à la sodomie, en fonction du degré de l'offense (Q&R 49).

135. Il n'est permis à personne de marmotter des versets sacrés en public en marchant dans la rue ou sur la place du marché. ¶108

Ceci est une allusion à la pratique de certains ecclésiastiques et chefs religieux de dispensations antérieures qui, avec hypocrisie et affectation, et afin de s'attirer la louange de leurs disciples, murmuraient de façon ostentatoire des prières dans les lieux publics pour démontrer leur piété. Bahá'u'lláh interdit une telle conduite et souligne l'importance de l'humilité et de la dévotion sincère à Dieu.

136. Il a été enjoint à chacun de rédiger un testament. ¶109

Selon les enseignements de Bahá'u'lláh, l'individu a le devoir de rédiger un testament, et est libre de disposer de ses biens comme il l'entend (voir note 38).

Bahá'u'lláh affirme qu'en rédigeant son testament, "une personne a pleine juridiction sur ses biens", puisque Dieu a autorisé l'individu "à agir comme elle le désire avec ce qu'Il lui a accordé" (Q&R 69). Il y a, dans le Kitáb-i-Aqdas, des clauses prévues pour la répartition de l'héritage en cas d'intestat (voir note 38, note 39, note 40, note 41, note 42, note 43, note 44, note 45, note 46, note 47, note 48).

137. ... du Plus Grand Nom,... ¶109

Comme expliqué dans la note 33, le Plus Grand Nom de Dieu peut prendre différentes formes, toutes basées sur le mot "Baha". En Orient, les Bahá'ís ont répondu à cette injonction de l'Aqdas en inscrivant en tête de leur testament des phrases telles que "ô toi, Gloire du Très-Glorieux", "Au nom de Dieu, le Très-Glorieux", ou "Il est le Très-Glorieux" etc.

138. Toutes les fêtes atteignent leur couronnement dans les deux plus grandes Fêtes, et dans les deux autres fêtes qui tombent les jours jumeaux... ¶110

Ce passage établit les quatre grandes fêtes de l'année baha'ie. Les deux premières, désignées par Bahá'u'lláh comme "les deux plus grandes Fêtes" sont : premièrement, la fête du Ridvan, qui commémore la déclaration de Bahá'u'lláh de sa mission prophétique, dans le jardin du Ridvan à Baghdad, durant douze jours d'avril/mai 1863, et à laquelle il se réfère en tant que "reine des Fêtes"; et, deuxièmement, la déclaration du Báb, qui eut lieu à Shiraz en mai 1844. Les premier, neuvième et douzième jours de la fête du Ridvan sont des jours saints (Q&R 1), de même que le jour de la déclaration du Báb.

Les "deux autres fêtes" sont les anniversaires de la naissance de Bahá'u'lláh et du Báb. Dans le calendrier lunaire musulman, celles-ci tombent deux jours consécutifs, respectivement, la naissance de Bahá'u'lláh le second jour du mois de Muharram 1233 A. H. (12 novembre 1817) et la naissance du Báb, le premier jour du même mois 1235 A. H. (20 octobre 1819). C'est pourquoi on les appelle les "Anniversaires jumeaux", et Bahá'u'lláh déclare qu'aux yeux de Dieu, ces deux jours sont comptés comme un seul (Q&R 2). Il déclare que, s'ils tombaient durant le mois du jeûne, l'ordre de jeûner ne s'appliquerait pas à ces jours-là (Q&R 36). Le calendrier Bahá'í étant un calendrier solaire (voir note 26 et note 147), il appartient à la Maison Universelle de Justice de décider si les Anniversaires jumeaux devront être célébrés selon le calendrier solaire ou lunaire.

139. ... le premier jour du mois de Baha,... ¶111

Dans le calendrier Bahá'í le premier mois de l'année et le premier jour de chaque mois portent le nom de "Baha". Ainsi, le jour de Bahá du mois de Bahá est le Nouvel An Bahá'í - le Naw-Ruz - qui fut désigné comme une fête par le Báb, et qui est confirmé ici par Bahá'u'lláh (voir note 26 et note 147).

En plus des sept jours saints ordonnés dans ces passages du Kitáb-i-Aqdas, l'anniversaire du martyre du Báb fut, du vivant de Bahá'u'lláh, également commémoré comme un jour saint et, en corollaire, `Abdu'l-Bahá ajouta la commémoration de l'ascension de Bahá'u'lláh, portant à neuf le nombre total de jours saints. Deux autres anniversaires qui sont célébrés, mais durant lesquels le travail n'est pas suspendu sont le Jour de l'alliance et l'Anniversaire de l'ascension de `Abdu'l-Bahá. Voir le paragraphe sur le calendrier Bahá'í dans The Bahá'í World, volume XVIII.

140. La plus grande Fête est, en effet, la reine des Fêtes... ¶112

Une référence à la fête du Ridvan (voir note 107 et note 138).

141. Dans le passé, Dieu avait donné à chaque croyant le devoir d'offrir aux pieds de Notre trône des cadeaux inestimables provenant de ses possessions. Maintenant, ... Nous les avons libérés de cette obligation. ¶114

Ce passage abroge une clause du Bayan qui décrétait que tous les objets incomparables dans leur genre devraient, à l'apparition de Celui que Dieu rendra manifeste, être remis à ce dernier. Le Báb expliquait que, puisque la manifestation est elle-même incomparable, tout ce qui était sans pareil dans son genre devrait lui être réservé de plein droit, à moins qu'il n'en décide autrement.

142. ... l'aube,... ¶115

Se référant à la participation aux prières de l'aube dans le Mashriqu'l-Adhkar, la maison d'adoration baha'ie, Bahá'u'lláh expliqua que si le moment précisé dans le Livre de Dieu est "l'aube", en fait cette participation aux prières est acceptable à tout moment à partir du "point du jour, entre l'aube et le lever de soleil, ou même jusqu'à deux heures après le lever du soleil" (Q&R 15).

143. Ces Tablettes sont ornées du sceau de Celui qui fait se lever l'aube, qui élève sa voix entre les cieux et la terre. ¶117

Bahá'u'lláh affirme de façon répétée l'intégrité absolue de ses Ecrits en tant que parole de Dieu. Certaines de ses tablettes portent aussi la marque de l'un de ses sceaux. The Bahá'í World, volume V, p. 4, contient la photographie de plusieurs sceaux de Bahá'u'lláh.

144. Il est inadmissible que l'homme, qui fut doté de raison, consomme ce qui la lui dérobe. ¶119

Il y a, dans les écrits Bahá'ís, de nombreuses références sur l'interdiction de consommer du vin ou d'autres boissons alcooliques, et qui décrivent les effets nuisibles de telles boissons enivrantes sur l'individu. Dans une de ses tablettes, Bahá'u'lláh déclare :

Prenez garde d'échanger le vin de Dieu contre votre propre vin, car il abrutira votre raison et détournera votre visage de la face de Dieu, le Très-Glorieux, l'Incomparable, l'Inaccessible. Ne vous en approchez pas, car cela vous a été interdit par le commandement de Dieu, le Suprême, le Tout-Puissant.

Abdu'l-Bahá explique que l'Aqdas interdit "les boissons légères et les boissons fortes", et il déclare que la raison de l'interdiction de ces boissons enivrantes est due au fait que "l'alcool égare la raison et affaiblit le corps".

Shoghi Effendi, dans des lettres écrites de sa part, déclare que cette interdiction n'exclut pas seulement la consommation de vin, mais de "tout ce qui dérange la raison", et il explique que l'utilisation de l'alcool n'est permise que lorsqu'elle fait partie d'un traitement médical mis en oeuvre sur le conseil d'"un médecin compétent et consciencieux, qui peut avoir à le prescrire pour la guérison d'un mal particulier".

145. ... tournez votre visage vers celui qui est le Dessein de Dieu, celui qui est la Branche issue de cette Antique Racine. ¶121

Bahá'u'lláh fait allusion ici à `Abdu'l-Bahá comme son successeur et appelle les croyants à se tourner vers lui. Dans le Livre de l'alliance, son testament, Bahá'u'lláh dévoile l'intention de ce verset. Il déclare : "L'objet de ce verset sacré n'est autre que la plus Grande Branche". La "plus Grande Branche" est un des titres conférés par Bahá'u'lláh à `Abdu'l-Bahá. (Voir également note 66 et note 184.)

146. Dans le Bayan, il vous a été interdit de Nous poser des questions. ¶126

Le Báb interdit à ses disciples de poser des questions à Celui que Dieu rendra manifeste (Bahá'u'lláh), à moins que ces questions ne lui soient soumises par écrit et qu'elles touchent à des sujets dignes de son rang élevé (voir Sélection des Ecrits du Báb).

Bahá'u'lláh lève cette interdiction du Báb. Il invite les croyants à poser des questions "qui vous sont nécessaires", et les avise de s'abstenir de poser des "questions futiles" du genre de celles qui préoccupaient "les hommes des temps anciens".

147. Le nombre de mois dans une année est fixé à dix-neuf dans le Livre de Dieu. ¶127

L'année baha'ie, suivant le calendrier badi`, consiste en dix-neuf mois de dix-neuf jours chacun, auxquels s'ajoutent quelques jours intercalaires (quatre pour une année ordinaire, et cinq pour une année bissextile) entre le dix-huitième et le dix-neuvième mois, de manière à ajuster le calendrier à l'année solaire. Le Báb nomma les mois selon certains attributs de Dieu. Le Nouvel An baha'i, le Naw-Ruz, est fixé astronomiquement et coïncide avec l'équinoxe de mars (voir note 26). Pour plus de détails incluant les noms des jours, des semaines et des mois, voir dans The Bahá'í World, volume XVIII, le paragraphe relatif au calendrier baha'i.

148. Le premier d'entre eux fut orné de ce nom qui abrite toute la création. ¶127

Dans le Bayan persan, le Báb octroya le nom de "Baha" au premier mois de l'année (voir note 139).

149. Le Seigneur a décrété que les défunts devraient être enterrés dans des cercueils... ¶128

Dans le Bayan, le Báb prescrivait que le défunt soit enterré dans un cercueil de cristal ou de pierre polie. Shoghi Effendi, dans une lettre écrite de sa part, expliquait que la signification de cette clause était de témoigner du respect envers le corps humain qui "fut un temps exalté par l'âme immortelle de l'homme".

En résumé, la loi baha'ie pour l'enterrement des défunts établit qu'il est interdit de transporter le corps à plus d'une heure de voyage du lieu du décès; que le corps devrait être enveloppé dans un linceul de soie ou de coton, et qu'à son doigt devrait être passée une bague portant l'inscription : "Je vins de Dieu et je retourne à Lui, détaché de tout sauf de Lui, me tenant fermement à son nom, le Miséricordieux, le Compatissant" . Le cercueil devrait être de cristal, de pierre ou de bois noble et dur. Une prière spécifique pour le défunt (voir note 10) est prescrite, et doit être récitée avant l'inhumation. Comme l'ont affirmé `Abdu'l-Bahá et le Gardien, cette loi exclut l'incinération des défunts. La prière officielle et la bague sont destinées à être utilisées pour ceux qui ont atteint l'âge de la maturité, c'est-à-dire quinze ans (Q&R 70).

En ce qui concerne la matière qui doit être utilisée pour la confection du cercueil, l'esprit de la loi dit que les cercueils devraient être d'une matière aussi durable que possible. D'où l'explication de la Maison Universelle de Justice, qui dit qu'en plus des matériaux spécifiés dans l'Aqdas, il n'y a pas d'objection à utiliser, pour le cercueil, le bois le plus dur qui soit disponible, ou le béton. Pour le moment, les Bahá'ís sont libres de faire leurs propres choix en cette matière.

150. ... le Point du Bayan... ¶129

Le "Point du Bayan" est un des titres par lequel le Báb fait référence à lui-même.

151. ... le défunt devrait être enveloppé dans cinq draps de soie ou de coton. ¶130

Dans le Bayan, le Báb précisait que le corps du défunt devrait être enveloppé dans cinq draps de soie ou de coton. Bahá'u'lláh confirme cette clause et, de plus, stipule que : "Pour ceux dont les moyens sont limités, un seul drap d'une de ces matières suffira".

Lorsque l'on demanda à Bahá'u'lláh si les "cinq draps", dont il était question dans la loi signifiaient "un drap équivalant à cinq linceuls d'un seul tenant" ou "cinq pièces d'étoffe comme couramment utilisées jusqu'ici", il répondit que l'intention était d'"utiliser cinq pièces d'étoffe" (Q&R 56).

En ce qui concerne la façon dont le corps devrait être enveloppé, il n'y a rien dans les écrits Bahá'ís qui définisse comment envelopper le corps, que l'on utilise "cinq linceuls" ou qu'il n'y en ait qu'"un seul". Actuellement, les Bahá'ís sont libres d'utiliser leur jugement en la matière.

152. Il vous est interdit de transporter le corps du défunt à une distance de plus d'une heure de trajet de la cité;... ¶130

Le but de ce commandement est de limiter la durée du voyage à une heure, sans tenir compte des moyens de transport choisis pour porter le corps sur le lieu d'inhumation. Bahá'u'lláh affirme que plus tôt on effectuera l'enterrement, et "plus il sera convenable et acceptable" (Q&R 16).

Le lieu du décès peut être considéré comme englobant la cité ou la ville où la personne est décédée; c'est pourquoi le voyage d'une heure peut être calculée à partir des limites de la ville jusqu'à l'endroit de l'inhumation. L'esprit de la loi de Bahá'u'lláh est que le défunt, ou la défunte, soit enterré près du lieu de son décès.

153. Dieu a levé les restrictions, sur les voyages, imposées par le Bayan. ¶131

Le Báb apporta aux voyages certaines restrictions qui devaient être respectées jusqu'à l'avènement du Promis du Bayan, moment auquel les croyants devraient se rendre, même à pied, à sa rencontre, car parvenir en sa présence était le fruit et le but même de leur existence.

154. Magnifiez et exaltez les deux Maisons dans les lieux jumeaux sacrés, ainsi que les autres sites où le trône de votre Seigneur,... fut établi. ¶133

Bahá'u'lláh identifie les "deux maisons" comme étant sa maison de Baghdad, qu'il désigne comme la "plus grande Maison", et la maison du Báb à Shiraz; toutes deux ayant été décrétées par lui, lieux de pèlerinage (voir Q&R 29, Q&R 32, et note 54).

Shoghi Effendi expliqua que les "autres sites où le trône de votre Seigneur... fut établi", fait référence à ces endroits où la personne de la manifestation de Dieu a résidé. Bahá'u'lláh déclare que "les personnes des régions où celles-ci sont situées peuvent choisir de préserver soit chacune des maisons où le trône fut établi, soit l'une d'elles" (Q&R 32). Les institutions baha'ies ont identifié, répertorié et, lorsque c'était possible, acquis et restauré plusieurs sites historiques associés aux manifestations jumelles.

155. Prenez garde que ce qui fut inscrit dans le Livre vous empêche d'écouter le Livre vivant... ¶134

Le "Livre" est le récit de la parole révélée des manifestations de Dieu. Le "Livre vivant" a trait à la personne de la manifestation.

Ces mots contiennent une allusion à une déclaration du Báb dans le Bayan persan au sujet du "Livre vivant", qu'il identifie à Celui que Dieu rendra manifeste. Dans une de ses tablettes, Bahá'u'lláh lui-même déclare : "Le Livre de Dieu est descendu sous la forme de ce jeune homme".

Dans ce verset de l'Aqdas, et à nouveau au paragraphe 168 de l'Aqdas, Bahá'u'lláh fait référence à lui-même en tant que le "Livre vivant". Il met en garde les "disciples de toute autre religion" contre la recherche "dans leurs Livres saints, des raisons" pour réfuter les déclarations du "Livre vivant". Il avertit les gens de ne pas permettre que ce qui fut inscrit dans le "Livre" les empêche de reconnaître son rang et de se tenir fermement à ce qui se trouve dans cette nouvelle révélation.

156. ... hommage à cette révélation de la plume de celui qui fut mon héraut,... ¶135

L'"hommage" que Bahá'u'lláh cite dans ce passage vient du Bayan arabe.

157. "La Qiblih est, en vérité, Celui que Dieu rendra manifeste; quand il se déplace, la Qiblih se déplace, jusqu'à ce qu'il se fixe." ¶137

Pour toute explication sur ce verset, voir note 7 et note 8.

158. "Il est illégal d'épouser quelqu'un qui ne croit pas au Bayan. Si l'une des deux parties d'un mariage embrassait cette cause, ses possessions deviendraient illicites pour l'autre..." ¶139

Le passage du Bayan que Bahá'u'lláh cite ici attire l'attention des croyants sur l'imminence de la venue de "Celui que Dieu rendra manifeste". Son interdiction du mariage avec un non-babi, et sa clause suivant laquelle les biens de l'époux ou de l'épouse qui a embrassé la foi ne peuvent licitement revenir au conjoint non Bábi, furent clairement gardées en suspens par le Báb et, avant même qu'elles puissent prendre effet, elles furent annulées par Bahá'u'lláh. En citant cette loi, Bahá'u'lláh relève le fait qu'en la révélant, le Báb avait clairement prévu la possibilité que la cause de Bahá'u'lláh devienne éminente avant celle du Báb lui-même.

Dans Dieu passe près de nous, Shoghi Effendi indique que le "Bayan devrait être considéré avant tout comme un panégyrique du Promis, plutôt que comme un code de lois et d'ordonnances destiné à devenir un guide permanent pour les générations futures". "Volontairement sévère dans les statuts et règlements qu'il imposait", continue-t-il, "révolutionnaire par les principes qu'il instillait, fait pour réveiller le clergé et le peuple de leur torpeur séculaire, et pour porter un coup soudain et fatal à des institutions obsolètes et corrompues, il proclamait, par ces stipulations rigoureuses, l'avènement du jour attendu, le jour où "Celui qui appelle, enjoindra à une tâche austère", quand il "détruira tout ce qui était avant lui, "de même que l'Apôtre de Dieu avait détruit les voies "de ceux qui le précédèrent" (voir aussi note 109).

159. ... le Point du Bayan... ¶140
Un des titres du Báb.

160. "En vérité, il n'y a pas d'autre Dieu que moi,..." ¶143

Les écrits Bahá'ís renferment de nombreux passages qui élucident la nature de la manifestation et sa relation avec Dieu. Bahá'u'lláh souligne la nature unique et transcendante de la divinité. Il explique que "puisqu'il ne peut y avoir aucun lien de rapport direct entre l'unique vrai Dieu et sa création", Dieu ordonne que, "en chaque âge et en chaque dispensation, une âme pure et sans tache soit rendue manifeste dans les royaumes de la terre et du ciel". Cet "être mystérieux et éthéré", la manifestation de Dieu, possède une nature humaine qui appartient au "monde de la matière", et une nature spirituelle "née de la substance de Dieu Lui-même". Il est également investi d'un "double rang" :

Le premier rang, qui a trait à sa plus profonde réalité, le représente comme quelqu'un dont la voix est la voix de Dieu Lui-même... Le second rang est le rang humain, illustré par les versets suivants : "Je ne suis qu'un homme comme vous". "Dis : Loué soit mon Seigneur ! Suis-je plus qu'un homme, un apôtre ?"

Bahá'u'lláh affirme également qu'au royaume spirituel règne une "unité essentielle" entre toutes les manifestations de Dieu. Elles révèlent toutes la "Beauté de Dieu", manifestent ses noms et ses attributs, et donnent la parole à sa révélation. A ce sujet, il déclare :

Si une seule des manifestations de Dieu qui embrasse tout déclarait : "Je suis Dieu", certes, elle dit la vérité, il n'y a aucun doute à ce sujet. Car il a été démontré à maintes reprises que c'est au travers, de leur révélation, de leurs attributs et de leurs noms, que la révélation de Dieu, de son nom et de ses attributs sont rendus manifestes dans le monde.

Alors que les manifestations révèlent les noms et les attributs de Dieu et sont les moyens par lesquels l'humanité a accès à la connaissance de Dieu et à sa révélation, Shoghi Effendi déclare que les manifestations "ne devraient jamais ... être identifiées avec cette réalité invisible, l'essence de la Divinité elle-même". Au sujet de Bahá'u'lláh, le Gardien a écrit que le "temple humain qui fut le véhicule d'une révélation si irrésistible", ne doit pas être identifié avec la "réalité" de Dieu.

En ce qui concerne le caractère unique du rang de Bahá'u'lláh et la grandeur de sa révélation, Shoghi Effendi affirme que les prophéties relatives au "jour de Dieu", que l'on trouve dans les écrits sacrés des dispensations antérieures, sont accomplies par l'avènement de Bahá'u'lláh :

Pour Israël, il fut ni plus ni moins que l'incarnation du "Père éternel", "Le Seigneur des armées" descendu avec "dix mille de ses saints"; pour la chrétienté, le Christ revenu "dans la gloire du Père"; pour l'islam shi`ih, le retour de "l'imam Husayn"; pour l'islam sunni, la descente de "l'Esprit de Dieu" (Jésus-Christ); pour les zoroastriens, le "Shah-Bahram promis"; pour les hindous, la "réincarnation de Krishna"; pour les bouddhistes, le "cinquième Bouddha".

Bahá'u'lláh décrit le rang de "divinité" qu'il partage avec toutes les manifestations de Dieu comme

... le rang dans lequel on meurt à soi-même pour vivre en Dieu. La divinité, chaque fois que je la mentionne, indique mon parfait et total effacement personnel. C'est le rang où je n'ai aucun contrôle sur mon propre bonheur ou malheur, pas plus que sur ma vie ou ma résurrection.

Et, considérant sa propre relation avec Dieu, il atteste :

Lorsque je considère, ô mon Dieu, la relation qui me lie à toi, je suis poussé à proclamer à toutes choses créées "en vérité je suis Dieu !" et lorsque je considère ma propre personne, voilà que je la trouve plus grossière que l'argile !

161. ... paiement de la zakat. ¶146

La zakat est mentionnée dans le Quran comme un acte de charité régulier imposé aux musulmans. A la longue, le concept évolua en une forme de "taxe-aumône" qui imposait l'obligation de donner une part définie de certaines catégories de revenus, au-delà de limites spécifiées, pour soulager le pauvre, pour réaliser différents buts charitables, et pour assister la foi de Dieu. La limite d'exemption variait selon différents produits, tout comme le pourcentage à payer sur la partie imposable.

Bahá'u'lláh déclare que la loi baha'ie de la zakat suit "ce qui fut révélé dans le Quran" (Q&R 107). Mais du fait que les questions telles que les limites des exemptions, les catégories de revenus concernés, la fréquence des paiements et l'échelle des taux pour les différentes catégories de zakat ne sont pas mentionnées dans le Quran, ces questions devront être réglées, à l'avenir, par la Maison Universelle de Justice. Shoghi Effendi a indiqué qu'en attendant une telle législation, les croyants devraient, suivant leurs moyens et leurs possibilités, contribuer régulièrement au fonds baha'i.

162. Il est illicite de mendier, et il est interdit de donner au mendiant. ¶147

Dans une tablette, `Abdu'l-Bahá explique la signification de ce verset. Il déclare que "la mendicité est interdite et faire la charité aux gens qui font de la mendicité leur profession, est également défendu". De plus, il fait remarquer dans la même tablette que : "L'objectif est de déraciner complètement la mendicité. Cependant, si quelqu'un est incapable de gagner sa vie, est tombé dans une extrême pauvreté ou a besoin d'aide, alors il incombe aux riches ou aux députés de lui fournir une allocation mensuelle pour sa subsistance... Par "députés", il faut entendre les représentants du peuple, c'est-à-dire les membres de la maison de justice".

L'interdiction de faire la charité aux mendiants n'empêche ni les individus ni les assemblées spirituelles d'accorder une aide financière aux pauvres et aux nécessiteux, ni de leur fournir des occasions favorables pour l'acquisition des compétences qui leur permettraient de gagner leur vie (voir note 56).

163. ... une amende ... avait été prescrite,... à quiconque avait causé de la peine à autrui;... ¶148

Bahá'u'lláh abroge la loi du Bayan persan relative au paiement d'une amende en réparation d'une peine causée à son voisin.

164. ... l'Arbre sacré. ¶148

L'"Arbre sacré" est une référence au Sadratu'l-Muntaha, "l'arbre au-delà duquel il n'y a pas de passage" (voir note 128). Son emploi ici est symbolique et désigne Bahá'u'lláh.

165. Récitez les versets de Dieu chaque matin et chaque soir. ¶149

Bahá'u'lláh déclare que la chose essentielle "requise" pour la récitation des "versets de Dieu" est le "désir ardent et l'amour" des croyants "à lire la parole de Dieu" (Q&R 68).

Bahá'u'lláh déclare que, par "versets de Dieu", il faut entendre "tout ce qui a été envoyé du ciel de la parole divine". Shoghi Effendi, dans une lettre adressée à un croyant de l'Est, précisa que le terme "versets de Dieu" ne comprend pas les écrits d`Abdu'l-Bahá; il indiqua de même que ce terme ne s'applique pas à ses propres écrits.

166. Il vous a été enjoint de renouveler le mobilier de votre maison après chaque période de dix-neuf années;... ¶151

Bahá'u'lláh confirme l'injonction du Bayan arabe relative au renouvellement, tous les dix-neuf ans, du mobilier de la maison, à condition que l'on soit à même de le faire. `Abdu'l-Bahá lie cette ordonnance à un encouragement au raffinement et de la propreté. Il explique que le but de la loi est que l'on devrait changer les meubles qui ont vieilli, qui ont perdu de leur lustre et qui suscitent la répugnance. Ceci ne s'applique pas aux choses rares ou de grande valeur, aux antiquités ou aux bijoux.

167. Lavez-vous les pieds... ¶152

Dans le Kitáb-i-Aqdas, les croyants sont exhortés à prendre un bain régulièrement, à porter des vêtements propres et à être, de façon générale, l'essence de la propreté et du raffinement. Le Synopsis et Codification, ¶ IV. D. 3. y. i-vii., résume les clauses pertinentes de la loi. En ce qui concerne le lavage des pieds, Bahá'u'lláh déclare qu'il est préférable d'utiliser de l'eau chaude; cependant, les laver dans de l'eau froide est également permis (Q&R 97).

169. Le jeu... ¶155

Les activités sujettes à cette interdiction n'ont pas été précisées dans les écrits de Bahá'u'lláh. Comme `Abdu'l-Bahá et Shoghi Effendi l'ont indiqué, il appartiendra à la Maison Universelle de Justice de préciser les détails de cet interdit. En réponse à la question de savoir si les loteries, les paris tels que ceux sur les courses de chevaux ou les matches de football, le loto et autres, entrent dans le cadre de cette interdiction de jouer, la Maison Universelle de Justice a indiqué que c'était là une question qui sera examinée en détail dans l'avenir. Entre-temps, il est conseillé aux assemblées et aux individus de ne pas faire de ces questions un problème, et de les laisser à la bonne conscience de chaque croyant.

La Maison de justice a décidé qu'il n'était pas approprié de rassembler des fonds pour la foi au travers de loteries, de tombolas et de jeux de hasard.

170. ... l'usage de l'opium ... toute substance qui produit apathie et torpeur... ¶155

Cette interdiction de l'usage de l'opium se trouve réitérée par Bahá'u'lláh dans le paragraphe final du Kitáb-i-Aqdas. A ce sujet, Shoghi Effendi déclara qu'une des exigences d'"une vie chaste et sainte" est "l'abstinence totale ... de l'opium et de drogues similaires qui créent l'accoutumance". L'héroïne, le haschich et autres dérivés du cannabis telle la marijuana, tout comme les agents hallucinogènes comme le LSD, le peyotl et les substances similaires, sont considérés comme tombant sous cette interdiction.

Abdu'l-Bahá écrivit :

Quant à l'opium, il est infect et exécrable. Dieu nous protège du châtiment qu'Il inflige à son utilisateur. Suivant le texte explicite du Plus Saint Livre, il est interdit, et son usage est absolument condamné. La raison montre que fumer de l'opium est une sorte d'insanité, et l'expérience atteste que l'utilisateur est complètement coupé du royaume humain. Que Dieu vous protège tous de perpétrer un acte aussi hideux que celui-ci, un acte qui ruine les fondations mêmes de ce que signifie être humain, et qui dépossède son utilisateur pour toujours et à jamais. Car l'opium s'accroche à l'âme au point que la conscience de l'utilisateur meurt, que sa raison se trouve annihilée, et ses perceptions érodées. Il fait d'un vivant un mort. Il éteint la chaleur naturelle. On ne peut concevoir de plus grand dommage que celui infligé par l'opium. Heureux ceux qui ne prononcent même pas son nom. Songez alors combien son utilisateur est misérable.

ô vous amoureux de Dieu ! En ce cycle du Dieu Tout-Puissant, violence et force, contrainte et oppression sont toutes et chacune condamnées. Il est pourtant obligatoire d'empêcher l'utilisation de l'opium par tous les moyens possibles afin que, par bonheur, la race humaine puisse être délivrée de ce plus puissant des fléaux. Sinon, malheur et misère à celui qui aura manqué à son devoir envers son Seigneur.

Dans une de ses tablettes, `Abdu'l-Bahá a déclaré au sujet de l'opium : "l'utilisateur, l'acheteur et le vendeur sont tous privés de la bonté et de la grâce de Dieu".

Abdu'l-Bahá a écrit encore dans une autre tablette :

Quant au haschich, vous avez indiqué que certains Persans s'étaient accoutumés à son usage. Dieu Miséricordieux ! C'est là, la pire de toutes les drogues, et son interdiction est explicitement révélée. Son emploi cause la désintégration de la pensée et la complète torpeur de l'âme. Comment quelqu'un pourrait-il rechercher le fruit de l'arbre infernal et, en le prenant, être amené à démontrer les qualités d'un monstre ? Comment pourrait-on user de la drogue interdite et se priver ainsi des bénédictions du Très-Miséricordieux ?

L'alcool consume la raison et pousse l'homme à commettre des actes absurdes, mais cet opium, ce fruit immonde de l'arbre infernal et ce haschich pernicieux éteignent la raison, gèlent l'esprit, pétrifient l'âme, gâchent le corps et laissent l'homme frustré et égaré.

Il faut noter que l'interdiction ci-dessus, relative à la consommation de certaines catégories de drogues, n'interdit pas leur utilisation lorsqu'elles sont prescrites par des médecins qualifiés, dans le cadre d'un traitement médical.

171. ... le "mystère du grand renversement dans le signe du Souverain"... ¶157

Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i (1753-1831), qui fut le fondateur de l'école shaykhie et le premier des "Astres jumeaux qui annoncèrent l'avènement de la foi du Báb", prophétisa qu'à l'apparition du Promis, toutes choses seraient inversées, que le dernier serait le premier et le premier le dernier. Bahá'u'lláh, dans une de ses tablettes, se réfère aux "symbole et allusion" du "mystère du grand renversement dans le signe du Souverain". Il déclare : "Par ce renversement, Il a abaissé l'exalté et exalté celui qui se trouvait abaissé", et il rappelle qu'"au temps de Jésus, ce sont ceux qui se distinguaient par leur savoir, les hommes de lettres et de religion qui le renièrent, alors que les humbles pêcheurs se hâtaient pour être admis dans le royaume". (Voir également note 172.) Pour de plus amples informations sur Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i, voir La Chronique de Nabil, chapitres 1 et 10.

172. ... le "Six" suscité du fait de cet "Alif droit". ¶157

Dans ses écrits, Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i attacha une grande importance à la lettre arabe "Vav". Dans sa Chronique, Nabil déclare que cette lettre "symbolisait, pour le Báb, l'avènement d'un nouveau cycle de révélation divine et que Bahá'u'lláh, depuis, y a fait allusion dans certains passages du Kitáb-i-Aqdas en tant que "mystère du grand renversement" et "le signe du Souverain".

Le nom de la lettre "Vav" consiste en trois lettres : Vav, Alif, Vav. Suivant le calcul abjad, la valeur numérique respective de chacune de ces lettres est 6, 1, et 6. Shoghi Effendi, dans une lettre écrite de sa part à un croyant de l'Est, fournit une interprétation de ce verset de l'Aqdas. Il déclare que l'"Alif dressé" se rapporte à l'avènement du Báb. La première lettre, avec sa valeur de six, qui précède l'Alif, est le symbole des dispensations et manifestations antérieures au Báb, alors que la troisième lettre, dont la valeur numérique est également six, représente la suprême révélation de Bahá'u'lláh, qui fut rendue manifeste après l'Alif.

173. Il vous a été interdit de porter des armes, sauf en cas de nécessité,... ¶159

Bahá'u'lláh confirme une injonction contenue dans le Bayan, qui rend illégal le port d'armes, à moins que celui-ci ne soit nécessaire. Quant aux circonstances dans lesquelles le port d'armes pourrait s'avérer "indispensable" pour un individu, `Abdu'l-Bahá l'autorise au croyant en situation dangereuse, pour sa protection. Shoghi Effendi, dans une lettre écrite de sa part, a indiqué également qu'en cas d'urgence, quand il n'y a pas de force légale proche à laquelle on peut faire appel, il est légitime pour un Bahá'í de défendre sa vie. Il existe un certain nombre d'autres situations où les armes sont nécessaires et peuvent être utilisées légitimement; par exemple, dans les pays où l'on chasse pour se nourrir et pour se vêtir, ainsi que dans les sports comme le tir à l'arc, le tir d'adresse et l'escrime.

Au niveau social, le principe de la sécurité collective énoncé par Bahá'u'lláh (voir Extraits des Ecrits de Bahá'u'lláh, chapitre CXVII) et développé par Shoghi Effendi (voir les Lettres du Gardien dans L'Ordre mondial de Bahá'u'lláh) ne présuppose pas l'abolition de l'usage de la force, mais prescrit "un système dans lequel la force est mise au service de la justice", et qui prévoit l'existence d'une force internationale pour la sauvegarde de la paix qui "protégera l'unité organique de la fédération tout entière". Dans la Tablette de Bisharat, Bahá'u'lláh exprime l'espoir que "les armes de guerre à travers le monde puissent être converties en instruments de reconstruction, et que les dissensions et les conflits puissent être écartés du monde".

Dans cette même tablette, Bahá'u'lláh souligne l'importance de la fraternité entre les disciples de toutes les religions; il déclare aussi que "la loi de la guerre sainte a été rayée du Livre".

174. ... et il vous est permis de vous vêtir de soie. ¶159

Suivant la pratique islamique, le port de la soie par les hommes était généralement interdit, sauf en période de guerre sainte. Cette interdiction, qui ne reposait pas sur des versets du Quran, fut abrogée par le Báb.

175. Le Seigneur,... a supprimé les anciennes restrictions concernant les vêtements et la taille de la barbe. ¶159

De nombreuses règles sur l'habillement trouvaient leur origine dans les lois et les pratiques traditionnelles des religions du monde. Par exemple, le clergé shi`ih adopta pour lui-même une coiffure et des vêtements distinctifs et, à une certaine époque, interdit au peuple le port de vêtements européens. La pratique musulmane, dans son désir de répandre la coutume du Prophète, introduisit également un certain nombre de restrictions quant à la taille de la moustache et la longueur de la barbe.

Bahá'u'lláh leva de telles restrictions sur le vêtement et la barbe. Il laisse ces questions à la "discrétion" de l'individu et, en même temps, il appelle les croyants à ne pas transgresser les limites de la bienséance et à exercer la modération dans tout ce qui touche à l'habillement.

176. ô Terre de Kaf et Ra ! ¶164

Kaf et Ra sont les deux premières consonnes de Kirman, le nom d'une ville et d'une province d'Iran.

177. ... Nous percevons ce qui se diffuse secrètement et furtivement de toi. ¶164

Ce passage a trait aux intrigues d'un groupe d'azalis, disciples de Mirza Yahya, (voir note 190), associé à la ville de Kirman. Parmi eux se trouvaient Mulla Ja`far, son fils Shaykh Ahmad-i-Ruhi et Mirza Aqa Khan-i-Kirmani (tous deux gendres de Mirza Yahya), ainsi que Mirza Ahmad-i-Kirmani. Ils ne cherchèrent pas seulement à ébranler la foi, mais se mêlèrent aux intrigues politiques qui culminèrent dans l'assassinat de Nasiri'd-Din Shah.

178. Souvenez-vous du shaykh qui répondait au nom de Muhammad-Hasan,... ¶166

Shaykh Muhammad-Hasan, un des principaux interprètes de l'islam shi`ih, rejeta le Báb. Auteur d'écrits volumineux sur la jurisprudence shi`ih, sa mort est signalée aux alentours de 1850. Nabil, dans sa Chronique, décrit la rencontre qui eut lieu à Najaf entre Mulla `Aliy-i-Bastami, une des Lettres du Vivant, et Shaykh Muhammad-Hasan. Au cours de la réunion, Mulla `Ali annonça la manifestation du Báb et loua la puissance de sa révélation. A l'instigation du shaykh, Mulla `Ali fut sur le champ déclaré hérétique et expulsé de la réunion. Il fut jugé, transféré à Istanbul, et condamné aux travaux forcés.

179. ... qu'un tamiseur de blé et d'orge... ¶166

Ceci est une allusion à Mulla Muhammad Ja`far Gandum-Pak-Kun, la première personne d'Isfahan à accepter la foi du Báb. Il est cité dans le Bayan persan, et loué comme l'un de ceux qui "revêtirent la robe de disciple". Dans sa Chronique, Nabil décrit l'acceptation sans réserve du message par le "tamiseur de blé", et son plaidoyer zélé en faveur de la nouvelle révélation. Il rejoignit la compagnie des défenseurs du fort de Shaykh Tabarsi et périt durant ce siège.

180. Prenez garde que le mot "prophète" ne vous retienne loin de cette très Grande Nouvelle,... ¶167

Bahá'u'lláh avertit les gens doués "de discernement" de ne pas permettre à leurs interprétations des écrits saints de les empêcher de reconnaître la manifestation de Dieu. La dévotion envers leur fondateur fit que les croyants de toutes les religions eurent tendance à considérer sa révélation comme la parole finale de Dieu, et de rejeter ainsi la possibilité de l'apparition d'un prophète ultérieur. Ceci fut le cas pour le judaïsme, le christianisme et l'islam. Bahá'u'lláh rejette la validité de ce concept de finalité, tant pour les dispensations passées que pour la sienne. En ce qui concerne les musulmans, il a écrit dans le Kitáb-i-Iqan que le "peuple du Quran ... a permis aux mots "Sceau des prophètes" de voiler leurs yeux, d'obscurcir leur entendement et de les priver de la grâce de toutes ses multiples bontés !" Il affirme que "ce sujet fut ... une épreuve sévère pour toute l'humanité", et se lamente sur le sort de "ceux qui, s'accrochant à ces mots, n'ont pas cru en lui qui est leur véritable révélateur". Le Báb se réfère à ce même sujet lorsqu'il met en garde : "Ne laissez pas de noms vous séparer, comme le ferait un voile, de celui qui est leur Seigneur. même le nom de prophète, car un tel nom n'est qu'une création de sa parole".

181. ... qu'une référence à la "vice-royauté" ne vous éloigne de la souveraineté de celui qui est le vice-roi de Dieu... ¶167

Le mot traduit ici par "vice-royauté" est, dans l'original arabe, "vilayat", qui a toute une série de significations, y compris "vice-royauté", "gardiennat", "protectorat" et "successorat". Il est utilisé en rapport avec Dieu Lui-même, sa manifestation, ou ceux qui sont les successeurs désignés d'une manifestation.

Dans ce verset de l'Aqdas, Bahá'u'lláh met en garde contre le fait de laisser de tels concepts nous empêcher de voir la "souveraineté" de la nouvelle manifestation divine, le véritable "vice-roi de Dieu".

182. Souvenez-vous de Karim... ¶170

Haji Mirza Muhammad Karim Khan-i-Kirmani (1810 circa 1873) s'était auto-désigné chef de la communauté shaykhie après la mort de Siyyid Kazim, le successeur désigné de Shaykh Ahmad-i-Ahsa'i (voir note 171 et note 172). Il se consacra à la promotion des enseignements de Shaykh Ahmad. Les opinions qu'il exprima devinrent le sujet de controverses, tant parmi ses partisans que parmi ses opposants.

Considéré comme un des savants éminents et des auteurs prolifiques de son temps, il écrivit de nombreux livres et épîtres dans les différents domaines de l'érudition cultivée à l'époque. Il s'opposa activement au Báb et à Bahá'u'lláh, et utilisa ses traités pour attaquer le Báb et ses enseignements. Dans le Kitáb-i-Iqan, Bahá'u'lláh condamne le ton et la teneur de ses écrits et choisit pour en faire la critique, un des ouvrages renfermant des allusions négatives sur le Báb. Shoghi Effendi le définit comme "démesurément ambitieux et hypocrite" et décrit comment, "à la demande expresse du shah il avait, dans un traité, vicieusement attaqué la foi nouvelle et ses doctrines".

183. ... ô vous les savants en Baha. ¶173

Bahá'u'lláh fait l'éloge des savants parmi ses disciples. Dans le Livre de son alliance, il a écrit : "Bénis sont les dirigeants et les savants parmi le peuple de Baha". Se référant à cette déclaration, Shoghi Effendi écrivit :

En ce cycle saint, les "savants" sont d'une part, les Mains de la cause de Dieu et d'autre part, les enseignants et les diffuseurs de ses enseignements qui n'ont pas le même rang que les Mains, mais qui ont atteint une position éminente dans le travail d'enseignement. Quant aux "dirigeants", ce mot se réfère aux membres des maisons locales, nationales et internationale de justice. Les devoirs de chacune de ces âmes seront définis dans l'avenir.

Les Mains de la cause de Dieu étaient des personnes désignées par Bahá'u'lláh et chargées de diverses tâches, en particulier de la protection et de la propagation de sa foi. Dans Memorials of the Faithful, `Abdu'l-Bahá se réfère à d'autre croyants éminents comme Mains de la cause et dans son Testament, il inclut une clause appelant le Gardien de la foi à nommer des Mains de la cause à sa discrétion. Shoghi Effendi, dans un premier temps, éleva au rang de Mains de la cause à titre posthume un certain nombre de croyants, et durant les dernières années de sa vie, il nomma un total de trente-deux croyants de tous les continents à cette position. Dans la période comprise entre le décès du Gardien en 1957 et l'élection de la Maison Universelle de Justice en 1963, les Mains de la cause dirigèrent les affaires de la foi en tant que régisseurs en chef de la fédération mondiale embryonnaire de Bahá'u'lláh (voir note 67). En novembre 1964, la Maison Universelle de Justice décida qu'elle ne pouvait légiférer pour rendre possible la désignation de Mains de la cause. A la place, et par une décision de la Maison de justice de 1968, les fonctions des Mains de la cause quant à la protection et à la propagation de la foi furent étendues dans le futur par la création des Corps continentaux de conseillers et en 1973, par l'établissement du Centre international d'enseignement, qui a son siège en Terre Sainte.

La Maison Universelle de Justice nomme les conseillers membres du Centre international d'enseignement et les conseillers continentaux. Les membres des corps auxiliaires sont nommés par les conseillers continentaux. Toutes ces personnes rentrent dans le cadre de la définition de "savants" donnée par Shoghi Effendi dans la déclaration citée plus haut.

184. ... adressez-vous pour tout ce que vous ne comprenez pas dans le Livre à celui qui est la Branche issue de cette puissante Souche. ¶174

Bahá'u'lláh investit `Abdu'l-Bahá du droit d'interpréter ses Ecrits saints (voir également note 145).

185. ... l'école de la transcendante unicité. ¶175

Dans ce verset et dans ceux qui lui font immédiatement suite, Bahá'u'lláh affronte une des raisons pour lesquelles certains Bábis rejetèrent sa revendication d'être le Promis du Bayan. Leur rejet reposait sur une tablette adressée par le Báb à "Celui qui sera rendu manifeste", et au dos de laquelle le Báb avait écrit : "Puissent les regards de Celui que Dieu rendra manifeste, illuminer cette lettre à l'école première". Cette tablette est publiée dans Sélection des Ecrits du Báb.

Ces Bábis maintinrent que, puisque Bahá'u'lláh avait deux ans de plus que le Báb, il ne lui était pas possible de recevoir cette tablette "à l'école première".

Bahá'u'lláh explique ici que la référence se rapporte à des événements qui se passent dans les mondes spirituels, au-delà de ce plan d'existence.

187. ô peuple du Bayan ! ¶176
Référence aux disciples du Báb.

188. ... soient jointes et liées les lettres du mot "sois"... ¶177

Shoghi Effendi, dans des lettres écrites de sa part, expliqua la signification des "lettres S, O, I, S". Elles constituent le mot "Sois" qui, déclare-t-il, "signifie le pouvoir créateur de Dieu qui, par son commandement, appelle toutes choses à l'existence" et "le pouvoir de la manifestation de Dieu, sa grande force créatrice spirituelle".

L'impératif "sois" dans l'original arabe est le mot "kun", qui se compose des deux lettres : "kaf" et "nun". Shoghi Effendi les a traduites comme ci-dessus. Ce mot a été utilisé dans le Quran comme l'ordre de Dieu appelant la création à l'existence (Note de l'éditeur : Les écrits de Shoghi Effendi contenaient les lettres "B" et "E" formant en anglais l'impératif "be", dont la traduction française est "sois". Ce mot de deux lettres en anglais convenait parfaitement pour rendre l'impératif, qui en arabe est également de deux lettres. Malheureusement nous n'avons pas cet avantage en français.).

189. ... ce nouvel ordre mondial. ¶181

Dans le Bayan persan, le Báb déclara : "Heureux celui qui fixe son regard sur l'ordre de Bahá'u'lláh et qui rend grâce à son Seigneur. Car il sera assurément rendu manifeste. Dieu, en vérité, l'a irrévocablement décrété dans le Bayan". Shoghi Effendi identifie cet "ordre" avec le système que Bahá'u'lláh envisage dans l'Aqdas, dans lequel il témoigne de son effet révolutionnaire sur la vie de l'humanité, et révèle les lois et principes qui régissent son fonctionnement.

La physionomie du "nouvel ordre mondial" se trouve esquissée dans les écrits de Bahá'u'lláh et d`Abdu'l-Bahá, dans les lettres de Shoghi Effendi et de la Maison Universelle de Justice. Les institutions de l'ordre administratif Bahá'í actuel, qui constituent les "bases structurales" de l'ordre mondial de Bahá'u'lláh, parviendront à maturité et évolueront en fédération mondiale baha'ie. A ce sujet, Shoghi Effendi affirme que l'ordre administratif, "dès que ses parties composantes, ses institutions organiques, commenceront à fonctionner avec efficacité et vigueur, fera valoir sa revendication et démontrera sa capacité à être considéré non seulement comme le noyau, mais comme le seul modèle du nouvel ordre mondial appelé à embrasser, dans la plénitude des temps, l'humanité tout entière".

Pour toute information complémentaire sur l'évolution de ce nouvel ordre mondial, voir par exemple, les Lettres de Shoghi Effendi publiées dans L'Ordre mondial de Bahá'u'lláh.

190. ô source de perversion ! ¶184

Ceci se réfère à Mirza Yahya, connu sous le nom de Subh-i-Azal (Matin d'éternité), un demi-frère plus jeune de Bahá'u'lláh, qui se dressa contre lui et s'opposa à sa cause. Mirza Yahya fut désigné par le Báb comme figure de proue de la communauté Bábie en attendant l'imminente manifestation du Promis. A l'instigation de Siyyid Muhammad-i-Isfahani, (voir note 192), Mirza Yahya trahit la confiance du Báb, proclama être son successeur et intrigua contre Bahá'u'lláh, tentant même de le faire assassiner. Lorsque Bahá'u'lláh, à Andrinople, lui déclara formellement sa mission, Mirza Yahya répondit en allant jusqu'à avancer sa propre revendication d'être le récipiendaire d'une révélation indépendante. Ses prétentions furent, en fait, rejetées par tous, à l'exception de quelques-uns qui furent dès lors connus sous le nom d'azalis (voir note 177). Il est décrit par Shoghi Effendi comme l'"Archibriseur de l'alliance du Báb" (voir Dieu passe près de nous, chapitre X).

191. Souviens-toi ... comment nous t'avons nourri jour et nuit pour le service de la cause. ¶184

Dans Dieu passe près de nous, Shoghi Effendi fait allusion au fait que Bahá'u'lláh, qui avait treize ans de plus que Mirza Yahya, le conseilla et veilla sur lui de sa jeunesse à sa maturité.

192. Dieu s'est emparé de celui qui t'a égaré. ¶184

Une référence à Siyyid Muhammad-i-Isfahani, décrit par Shoghi Effendi comme "l'Antéchrist de la révélation baha'ie". C'était un homme au caractère corrompu et ayant une grande ambition personnelle, qui poussa Mirza Yahya à s'opposer à Bahá'u'lláh et à se proclamer lui-même prophète (voir note 190). Bien que partisan de Mirza Yahya, Siyyid Muhammad fût exilé avec Bahá'u'lláh à `Akka. Il continua à exciter l'opinion publique et à comploter contre Bahá'u'lláh. En décrivant les circonstances de sa mort, Shoghi Effendi écrivit dans Dieu passe près de nous :

Un nouveau danger, c'était évident, menaçait à présent la vie de Bahá'u'lláh. Bien qu'il eût rigoureusement interdit à ses fidèles, à plusieurs reprises, tant verbalement que par écrit, toute action de représailles contre leurs bourreaux, et qu'il eût même renvoyé à Beyrouth un Arabe converti, irresponsable, qui méditait de venger les torts endurés par son chef bien-aimé, sept de ses compagnons recherchèrent et tuèrent clandestinement trois de leurs persécuteurs, parmi lesquels se trouvaient Siyyid Muhammad et Aqa Jan.

La consternation qui s'empara d'une communauté déjà accablée fut indescriptible. L'indignation de Bahá'u'lláh ne connut plus de bornes. Dans une tablette révélée peu de temps après que cet acte eut été commis, Bahá'u'lláh exprima ainsi son émotion : "S'il nous fallait faire mention de ce qui nous est arrivé, les cieux se fendraient et les montagnes s'écrouleraient". "Ma captivité", écrit-il en une autre occasion, "ne peut me faire de mal. Ce qui peut me faire du mal, c'est la conduite de ceux qui m'aiment, qui se réclament de moi, et qui pourtant commettent ce qui fait gémir mon coeur et ma plume".

193. Choisissez une seule langue ... adoptez une écriture commune. ¶189

Bahá'u'lláh enjoint l'adoption d'une langue et d'une écriture universelles. Ses écrits envisagent un processus en deux étapes. La première étape doit consister en la sélection d'une langue existante, ou d'une langue inventée, qui sera alors enseignée dans toutes les écoles du monde comme langue auxiliaire aux langues maternelles. Les gouvernements du monde, par l'intermédiaire de leurs parlements, sont invités à effectuer cette promulgation capitale. La seconde étape, dans un avenir lointain, serait l'adoption finale d'une seule langue et d'une écriture commune à tous les habitants de la terre.

194. Nous avons désigné deux signes pour la maturité de la race humaine :... ¶189

Le premier signe de la maturité de la race humaine dont il est question dans les Ecrits de Bahá'u'lláh, est l'émergence d'une science décrite comme cette "philosophie divine" qui comprendra la découverte d'une approche radicalement différente de la transmutation des éléments. C'est là une indication des splendeurs du développement prodigieux de la connaissance dans l'avenir.

En ce qui concerne le "second" signe, dont Bahá'u'lláh indique qu'il a été révélé dans le Kitáb-i-Aqdas, Shoghi Effendi déclare que Bahá'u'lláh, "... dans son Plus Saint Livre, a enjoint le choix d'une seule langue et l'adoption d'une écriture commune destinées à être utilisées par tous les habitants de la terre, une injonction qui, lorsqu'elle sera respectée devrait, comme il l'affirme lui-même dans ce Livre, être l'un des signes de "la maturité de la race humaine".

La déclaration suivante de Bahá'u'lláh permet de mieux saisir encore ce processus de l'entrée de l'humanité dans l'âge adulte et de son cheminement vers la maturité :

Un des signes de la maturité du monde est que nul n'acceptera de porter le poids de la royauté. La royauté ne trouvera personne qui souhaite porter seul son poids. Ce jour sera le jour où la sagesse sera manifestée parmi le genre humain.

Shoghi Effendi a associé l'âge adulte de la race humaine à l'unification de l'humanité tout entière, à l'établissement d'une fédération mondiale, et à une stimulation sans précédent de "la vie intellectuelle, morale et spirituelle de la race humaine tout entière".


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